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que possible. Ce fut la raison qui le décida à aborder une autre élite, généralement indifferente, parfois hostile, aux controverses des savants; il le fit dans une série de revues le CORRESPONDANT, la REVUE DE L'INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS, la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES. Il voulait faire euvre d'homme d'action, en même temps que de savant, et montrer l'accord de sa science et de ses convictions religieuses.

Dans ces milieux nouveaux, si largement ouverts à la critique, il se garda, fidèle à sa méthode, de réclamer pour aucun des systèmes qu'il préconisait quelque chose qui ressemblàt à un privilège d'infaillibilité ; il se maintint systématiquement sur le terrain de l'observation et de l'expérience, persuadé que ses démonstrations auraient plus de force aux yeux de ceux qui voudraient y chercher un témoignage en faveur de croyances supérieures, autrement importantes, il faut bien l'avouer, pour le perfectionnement de l'humanité, qu'une connaissance plus exacte du sol qu'elle foule aux pieds.

Pour lui, l'œuvre accomplie par le savant n'était jamais définitive; la science admettait sans cesse de nouveaux perfectionnements. Homme de parti, appelant sa science au secours de sa foi, il tenait à mériter qu'on le tint pour un rapporteur impartial et scrupuleux de l'état actuel de la science, supérieur au parti pris, ne cherchant sa force que dans des arguments scientifiquement démontrés.

L'histoire de la terre devait lui fournir ses horizons les plus lumineux; il estimait qu'aucune autre ne lui permettrait de mettre mieux en évidence l'ordre et la suite qui existent dans la nature, et qui, affermissant sa foi, le remplissaient de tant d'admiration. Mais, soit crainte que son thème ne parût trop étroit à un public non spécialisé, soit désir d'étendre son action, il élargit considérablement le cercle de ses études ordinaires :

son érudition dépassait singulièrement les limites de la géologie. Chroniqueur scientifique, sans égal, on le vit pendant des années, à l'affût de toutes les actualités qui ressortissaient au domaine de la science; et successivement, il décrit l'âge de fer, nôtre àge de fer, et il devine le rôle prochain des constructions métalliques ; il examine la situation des chemins de fer en France et la circulation à la fin du siècle; il expose les principes de la Télémécanique et les expériences de M. Branly ; il aborde aussi les questions relatives aux atomes, aux molécules, à la matière radio-active. Puis il suit les géographes, de l'équateur aux pôles, et leurs découvertes lui fournissent l'occasion d'exposés savants sur les déserts, les glaciers, les pôles; il discute les causes de l'ancienne extension des glaciers, et parle du déplacement de l'axe des pôles. L'éruption de la Martinique lui fournit l'occasion de développer les nouveaux aspects du vulcanisme, et un tremblement de terre l'amène à expliquer la nature de ces frémissements.

Il ne perdait pas une occasion d'exposer dans son style aisé, sous la forme claire et singulièrement limpide qui lui était propre, les problèmes scientifiques à l'ordre du jour, et même, pour éveiller la curiosité des lecteurs indifférents, il n'hésitait pas à user de titres qui forçaient l'attention: Paris aux travaux forcés, Les surprises de la stratigraphie, L'épopée saharienne, La fièvre polaire, etc. Nombre de ces articles sont des chefs-d'œuvre d'exposition familière et il serait difficile de dire par qui ils étaient plus goûtés, des gens du monde auxquels ils étaient destinés, ou des savants, toujours surpris de voir exposer de la sorte, par un des leurs, les questions les plus ardues.

Jamais de Lapparent ne se trouva arrêté par la difficulté de présenter joliment un sujet technique, quelque spécial qu'il fût. Est-il en effet des problèmes plus difficiles, parmi ceux que soulève la géologie et

apparemment plus fermés pour le grand public, que ceux qui ont trait à la formation de la première écorce terrestre, à la nature et au sens des mouvements de cette écorce, à la destinée de la terre ferme, à la durée des temps géologiques? Ce sont cependant des questions que de Lapparent a cherché à faire pénétrer dans les couches profondes des lecteurs, sans même leur faire grâce des controverses auxquelles elles donnaient lieu. I osa ainsi défendre devant le public, dans de petits livres vendus à bon compte, l'hypothèse de la nébuleuse primitive terrestre, il y plaida en faveur des soulèvements contre les affaissements du sol, il imprima que la vie avait pu mettre neuf cent mille siècles à se développer sur la terre. Sans doute une partie de ceux qui le lisaient a pu perdre de vue les bases de ses raisonnements, mais tous ont retenu que l'histoire de la terre était de longue durée, qu'elle s'exprimait en termes finis et que l'expression numérique de cette durée n'a pas besoin d'emprunter une unité différente de celle qui sert aux calculs de l'humanité. Cet enseignement fut apprécié de telle sorte que huit éditions de ces livrets furent publiées, enlevées en un temps et en un pays ой la foule préfère cependant disserter d'échéances plus prochaines que celles qui absorbent l'attention des géologues.

Dans un livre Science et Apologétique, qui devait être le dernier sorti de sa plume, il voulut défendre ses idées religieuses et s'opposer au prétendu antagonisme des sciences et de la religion: il établit dans ces pages vibrantes que si la vérité religieuse n'est pas susceptible d'une démonstration purement rationnelle, rien dans la science n'est en opposition avec les croyances religieuses. Il sut sauvegarder devant les incrédules l'honneur de sa religion et le fondement de sa croyance, mais en même temps il donna aux croyants une saine appréciation de l'ouvre accomplie et des services

rendus par la science. Le petit livre est remarquable par l'étendue de l'érudition qu'il y déploie la géométrie, la mécanique, la physique, la chimie, les sciences exactes et naturelles viennent témoigner à leur tour. C'est à elles qu'il en appelle, comme aux sources de ses idées philosophiques, et, fort de leur mutuel appui, il fournit de nouveaux arguments en faveur des causes finales et des notions de perfection et d'harmonie qui président à l'ordre du monde.

Dans l'histoire religieuse de ces dernières années le nom de de Lapparent ne fut pas mêlé seulement aux questions d'apologétique, mais aussi, et d'une façon plus personnelle encore, aux questions qui touchent à la politique et à l'économie religieuses. Au lendemain de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il était des 23 catholiques éminents qui adressèrent aux évêques une supplique devenue célèbre. Il écrivit aussi, pour les catholiques, un article sur le devoir de la concentration, où il les engageait à concentrer de préférence leurs efforts sur le terrain légal. Les convictions religieuses s'alliaient chez lui à la plus parfaite tolérance. « Ah! qu'il eût aimé à voir régner partout la concorde, pour savourer amplement, à la faveur d'une paix. fondée sur une mutuelle indulgence, les plus hautes jouissances de l'esprit et du cœur (1)! »

Il dut goûter une de ces jouissances, le jour où l'antique Université de Cambridge, fondée au temps de la réforme pour lutter contre l'influence des moines, et où les diplômes n'étaient donnés jusqu'en 1858 qu'après profession de fidélité à l'église anglicane, lui décerna le titre de Docteur honoraire. Son coeur dut ètre agité de sentiments bien divers (2), quand il vit

(1) de Lapparent : Éloge de Fuchs, ANNALES DES MINES, 1890, p. 336. (2) To day there is in my mind something that you perhaps can hardly realize » (Cambridge, Discours du récipiendaire, QUART. JOURN, GEOL. Soc., 1909, p. 162).

les portes de la vieille citadelle s'abaisser, à leur honneur et au sien, devant le professeur catholique militant, devant le commandeur de l'ordre de St-Grégoire le Grand.

C'était le réconfort d'un souffle libéral, réchauffant, au soir de la vie, et sous ce ciel « where the greatest respect for the past allies itself with a strong love for progress » (1), le savant fatigué déjà, mais dont la valeur, le charme, la sincérité, avaient su se faire apprécier.

Par la droiture de son caractère, autant que par la souplesse de son talent, de Lapparent avait su, au cours d'une vie si diverse et si féconde, gagner la sympathie et provoquer l'admiration de tous, et de ceux-là mêmes qu'éloignaient de lui leurs conceptions religieuses, sociales ou politiques.

Ses pairs l'avaient introduit comme membre d'honneur dans la plupart des Académies et Sociétés savantes: Académie royale de Bruxelles, de Rome, géographique de Berlin, géologique de Londres, etc. Les savants français lui témoignèrent leurs sentiments à son égard, en le faisant entrer en 1897 à l'Académie des sciences. Dix ans plus tard, en 1997, une imposante majorité lui attribuait le poste de Secrétaire perpétuel de cette Académie et le faisait succéder à Berthelot et à son maître Elie de Beaumont. Hélas, de Lapparent n'a pas assez vécu pour rendre comme Secrétaire perpétuel tous les services que l'Académie attendait de lui; il fit assez cependant pour mériter les regrets unanimes de ses confrères, quand la mort vint le frapper d'une façon si imprévue, moins d'un an après sa nomination.

Malgré ses 69 ans, il était resté jeune et alerte, au physique comme au moral, et rien ne pouvait faire. présager sa fin. Il ne connut ni les atteintes de la

(1) Discours du récipiendaire, QUART. JOURN. GEOL. Soc., 1909, p. 162.

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