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vieillesse, ni le repos mérité du travail, ni même ce besoin si général à l'homme de réserver dans sa vie une part pour la famille. De Lapparent ne savait se donner à demi; et il s'était donné tout entier aux siens, comme il s'était donné à la science, à son enseignement, à sa foi. Ses amis, accueillis sous son toit hospitalier, se réjouissaient de la douceur de sa vie privée, à un foyer uni et calme, auprès d'une compagne digne de lui, entouré de ses enfants, dont il faisait l'orgueil et le bonheur. Il avait épousé, en 1868, Mademoiselle Adèle Chenest, et de cette union heureuse naquirent neuf enfants, dont trois moururent en bas âge; les autres lui donnèrent de son vivant huit petits-enfants.

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C'était en famille, au milieu de ses enfants et de ses petits-enfants, qu'il goûtait, au temps des vacances -quand il n'y avait ni congrès, ni réunions ses joies les plus intimes. Il menait alors une vie patriarcale, à la campagne, au grand air, auprès de la bisaïeule vénérée, dans le vieux bien familial de la Cassine, retiré au fond des collines forestières de l'Argonne qui constituent l'enceinte orientale de l'Ilede-France. Dès l'aube, il partait avec les plus vaillants de la famille. Il parcourait, avec eux, les grands bois qui s'échelonnent au rebord du plateau, ou tantôt, laissant les contreforts boisés, s'aventurait dans les prairies humides des vallées longitudinales, et parfois, quand l'état de l'atmosphère ly conviait, il montait voir le panorama géologique sur le plateau découvert du faite de l'Argonne. Dans ces promenades, il recherchait les les arbres connus, quittés l'année précédente, saluait ses chênes préférés et ses vieux hêtres au feuillage toujours sombre. Partisan du reboisement, il eût aimé voir ses bois plus étendus déborder, en les enrichissant, les vallées herbues et les plateaux dénudés, et il prenait la chaîne et le niveau, traçait des chemins d'exploitation parmi les rochers et les pentes boisées, dressait

des plans d'aménagement, plantait des pépinières, ou décidait des coupes de l'hiver. Mais combien étaient courtes, pour de Lapparent, ces villégiatures du forestier, et combien souvent il dut constater que les défilés de l'Argonne, qui avaient arrêté des armées, étaient incapables d'arrêter, dans sa marche, un éditeur chargé d'épreuves à corriger! Jamais cependant il ne demanda grace; on le trouvait toujours prêt pour l'action.

La superbe activité de de Lapparent s'était développée sans arrêt, pendant cinquante ans.

Travailleur infatigable, son labeur s'est manifesté par une série presque ininterrompue de publications où tour à tour il a abordé les questions spéciales et les problèmes généraux de l'histoire du globe, l'exposé didactique de trois sciences, la discussion des relations de la science et de la religion. Sans jamais chercher à créer une doctrine qui lui fût personnelle, il a néanmoins exercé, en fait, une véritable juridiction parmi les géologues de son temps, d'autant plus efficace et d'autant mieux acceptée, qu'elle n'admettait d'autre souci que la recherche de la vérité, d'autre sanction que celle de l'opinion publique. Personne autant que lui n'a contribué à répandre en France les notions modernes concernant l'histoire de la terre, la connaissance et l'ordonnance des lois qui président à l'évolution du monde inorganique. Il a fait penser beaucoup d'hommes, et non aux choses qui les divisent le moins, leur montrant par son exemple, qu'une noble façon d'aimer son pays et son temps, est de travailler avec ardeur à préparer l'avenir, sans méconnaître le passé. Et il a mérité que son œuvre s'impose à tous, comme un témoignage en faveur de la liberté d'enseigner.

Bonne et utile, sa vie a été belle par son unité. Le cours s'en est déroulé suivant une voie très droite. illuminée par la splendeur de sa foi. De Lapparent était un croyant. Il avait foi en la science, sans la

croire infaillible; foi dans l'affection, le dévouement, l'honneur, le sacrifice, choses qu'il tenait pour plus belles et plus nobles que tous les résultats du haut savoir; foi dans les vérités religieuses, qui planent au-dessus des contingences humaines; foi même dans la justice des hommes; foi dans ses rêves d'école et de camaraderie polytechnicienne! Et sa foi ne devait être démentie en aucun point: il avait mis son idéal plus haut que les réalités terrestres.

Homme de combat, il eut durant sa vie, cette paix radieuse que l'Écriture promet aux hommes de bonne volonté. Il a laissé en mourant une mémoire glorieuse pour son école et pour son parti, un nom pour la science française.

CH. BARROIS,

Membre de l'Institut.

LES EMPREINTES DIGITALES

Les bases scientifiques de la Dactyloscopie.

ET

ses applications judiciaires (1)

Il y a quelque vingt ans, lorsque Galton fit sa première communication à l'Institution Royale de Londres, sur l'identification par les empreintes digitales, dont ses patientes recherches venaient de démontrer l'absolue immutabilité et le caractère éminemment personnel, le monde scientifique accueillit ses conclusions avec un scepticisme très marqué; mais quand, deux ans plus tard, Forgeot en France affirma dans sa thèse la possibilité de révéler les empreintes digitales invisibles, laissées sur les lieux du crime et d'y lire le signalement du coupable, des protestations s'élevèrent de toute part. Qui donc oserait affirmer l'identité d'un homme en se basant sur l'empreinte de ses doigts, et faire dépendre la liberté d'un prévenu, sa vie peut-être, de quelques lignes trouvées à la surface de la peau, alors que nous connaissons la variabilité de tous les éléments organiques, le renouvellement continuel de l'épiderme qui nous protège, à son détriment, contre les heurts incessants des corps ambiants?

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique, le 20 avril 1909.

Et cependant, sur le petit espace limité par nos dernières phalanges, se trouve un dessin caractéristique, immuable, extrêmement complexe, différent non seulement pour tous les hommes, mais encore pour tous les doigts.

Je vais essayer de vous en faire la démonstration, de vous prouver que le dessin papillaire possède bien tous ces caractères et que, s'il les possède, c'est en raison de la structure anatomique de la peau, c'est que les nécessités physiologiques de la fonction tactile l'exigent.

Historique. L'existence des crêtes papillaires de la peau ne semble pas avoir échappé aux peuples préhistoriques: le fait paraît indiqué par la découverte d'un pétroglyphe en Nouvelle-Ecosse. On distingue nettement sur ce silex, trouvé par le colonel Garrick Mallory, le dessin d'une main humaine portant quelques crêtes papillaires parfaitement tracées.

Il faut toutefois arriver aux anatomistes du XVIIe siècle pour obtenir une description sommaire des spires et des tourbillons qui ornent la pulpe de nos doigts. Avec leur esprit d'observation très affiné, ils reconnurent et décrivirent les dessins cutanés qui existent en plusieurs régions du corps, et ils les retrouvèrent, plus ou moins ébauchés, chez un certain nombre d'animaux.

En 1823, un célèbre anatomiste de Breslau, Purkinje, décrivit le premier les systèmes de sinuosités papillaires qui ornent les pulpes digitales: sa description, d'une netteté classique, n'a nul besoin d'être modernisée et peut encore parfaitement servir d'introduction à un cours de dactyloscopie scientifique. Notons-le en passant, l'utilisation empirique de faits d'observation, qui serviront plus tard de base aux plus belles conquêtes de la science, a souvent précédé de plusieurs siècles leur découverte officielle par les savants. L'histoire rétrospective de la dactyloscopie en est un exemple.

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