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dirons, en effet, de cette tactique, ce que nous avons dit du traitement moral des psychonévroses. C'est un traitement symptomatique. Il attaque des manifestations du mal, mais il laisse subsister le mal lui-même.

Nous pensons, comme Laignel-Lavastine, que lorsqu'on se décidera à faire des tempéraments une étude sérieuse, on trouvera, à l'origine de quelques-uns, des perturbations glandulaires plus ou moins prononcées, et on se rendra compte peut-être alors que ce n'est pas par des efforts de volonté qu'un malade peut améliorer son tempérament, car ce n'est pas par des efforts de volonté qu'il peut réparer ses organes glandulaires.

De cette connaissance résultera sans doute aussi une appréciation plus équitable de la responsabilité du délinquant, dans les actes délictueux qui relèvent de son tempérament, et surtout une thérapeutique mieux appropriée à son état. Sans abandonner, pas plus dans ce cas que dans les autres, le traitement moral, et tout en recommandant la résistance calme de la volonté à toutes les manifestations psychiques morbides, de quelque ordre qu'elles soient, on n'oubliera pas qu'il y a un travail plus profond et plus efficace à entreprendre : celui de reconstituer les parties de l'organisme qui sont en souffrance, et dont l'altération peut avoir un si déplorable retentissement dans la vie intellectuelle et morale de l'homme.

L. BOULE, S. J.

L'INSTRUCTION ET L'AVENIR DE LA FEMME

A LA CAMPAGNE

A la fin du mois de septembre 1908 s'est tenu à Fribourg, en Suisse, sous la présidence du très distingué professeur des facultés de Lausanne et de Fribourg, M. Jean Brunhes, un Congrès des écoles ménagères auquel assistèrent plusieurs de nos compatriotes. Nous cùmes l'honneur d'être délégué par le gouvernement belge, à titre d'organisateur de l'enseignement ménager agricole, et ce fut pour nous une véritable bonne fortune d'assister à ces débats, dirigés avec un tact et une maestria incomparables par le jeune maître qui professe aussi la géographie et la géologie au Collège libre des sciences sociales de Paris.

Un grand nombre de mémoires avaient été adressés au bureau par des savants pédagogues et par des maîtresses d'écoles normales ménagères, d'écoles de laiterie, etc., qui suivirent très assidùment toutes les séances du Congrès. Ces mémoires ont paru intégralement dans le premier volume des comptes rendus publié à Fribourg, à l'imprimerie St-Paul.

Le Congrès de Fribourg s'est avant tout préoccupé de substituer aux usages routiniers les conclusions autorisées d'une pédagogie scientifique et notamment de la méthode intuitive que nous avons appliquée depuis vingt ans avec succès en Belgique, dans nos écoles ménagères agricoles.

En attribuant à l'enseignement ménager un carac

tère scientifique, le Congrès, s'inspirant de l'esprit de ses organisatrices, a voulu intéresser spécialement à cet enseignement les femmes les plus intellectuelles qui, sans cela, n'auraient pu vaincre leur répugnance pour les travaux matériels du ménage.

Il a émis, notamment, les voeux suivants :

L'enseignement ménager doit préparer la femme à la lutte contre l'alcoolisme, dans laquelle son action peut être très efficace, et contre la tuberculose, en vue d'amener par la science de l'hygiène une réduction de la mortalité infantile. Pour atteindre ce but, il faut que l'enseignement ménager s'adresse d'abord à des jeunes filles ayant la maturité d'esprit nécessaire, c'est-à-dire ayant reçu une formation spéciale dans une école normale établie à cet effet. »

La discussion du programme de ces écoles normales nouvelles a donné lieu à un échange de vues fort intéressant, qui a mis à la fois en lumière l'insuffisance et la surcharge des anciens programmes officiels. Comme nous avons eu l'occasion de le faire observer aux orateurs qui proposaient d'ajouter à ces programmes les nouvelles matières à enseigner aux jeunes filles, il importe de créer des écoles normales spéciales pour l'enseignement ménager où l'on tiendra compte enfin des exigences de l'hygiène physique et morale de la femme; c'est-à-dire où l'on prendra soin tout d'abord d'éviter le surmenage inconscient qui com-promet à jamais la santé ou l'équilibre mental des jeunes filles à un àge où l'organisme subit une transformation physiologique qu'il importe de ne pas entraver. « Il est déplorable, avons-nous dit (1), de voir encore aujourd'hui tant de jeunes filles sortir de nos écoles normales avec une santé délabrée, détériorée à jamais.

(1) Séance du 30 septembre 1908, p. 153.

» Dernièrement encore une de nos meilleures maîtresses nous disait que 50% des filles qui sortent de nos écoles sont névropathes, neurasthéniques ou souffrantes de la poitrine. Voilà le déplorable résultat auquel nous arrivons et que j'ai cru devoir signaler afin que dans l'organisation de nos écoles ménagères on sache s'inspirer précisément d'une autre méthode, celle que je préconise depuis tant d'années, la méthode expérimentale, la méthode scientifique. »

Nous avions soutenu la même thèse à la Société scientifique dès 1896 (1) et plus récemment à Leuze, en 1907, lors du Congrès agricole de l'École d'agriculture régionale dirigée avec tant d'intelligence des besoins. des cultivateurs par M. Moulart, et dans cette REVUE même où nous avons insisté à maintes reprises sur le role social de la femme à la campagne lorsqu'elle est initiée aux principes de la science naturelle appliquée à l'agriculture. Depuis lors, cette idée a été développée par plusieurs sociologues et agronomes, notamment par M. De Vuyst dans son ouvrage intitulé Le Role social de la fermière, où il expose notre programme et préconise la création de cercles de fermières en Belgique, comme en Amérique. Dans le pays flamand, les Boerenbonden ont, par leurs conférences données dans leurs assemblées régionales par les anciens élèves de l'Institut agronomique de Louvain, contribué à vulgariser ces notions d'agriculture rationnelle et d'hygiène, indispensables aux cultivateurs. Mais le plan que nous avions tracé ici même-et qui consiste à initier la jeune fille, dans des cours spéciaux analogues aux Winterschüle de l'Allemagne, non seulement à ces premiers principes, aux notions d'économie rurale de laiterie, d'horticulture et d'aviculture, mais à la statique agri

(1) Voir les comptes rendus des assemblées générales d'avril: ces discussions ont été reproduites ou résumées dans notre ouvrage, La Réforme des humanités, 1896, Schepens, Bruxelles.

cole sur laquelle repose toute la comptabilité d'une ferme n'a pas encore été réalisé dans la plupart de nos régions agricoles.

C'est là l'idéal qu'il faut poursuivre et qui n'est pas irréalisable, l'exemple du Hainaut et de la Flandre occidentale le prouve. Il importe de le rappeler, les concours de comptabilité entre fermtères, anciennes élèves de nos écoles, ont donné dans la Flandre surtout les résultats les plus encourageants.

Les patientes recherches des Lavoisier, des Berthelot, des Boussingault, des Dumas, des Liebig, etc. ont permis de fonder sur des bases certaines cette comptabilité des atomes qui, dans une exploitation agricole, permet seule de se rendre un compte exact des profits et pertes de l'exploitation, de remonter et de remédier aux causes du déficit, particulièrement dans l'élevage. « Le cycle vital de la matière (1), du sol à la plante, de la plante à l'animal et de l'animal au sol, est aujourd'hui bien facile à établir», pouvionsnous écrire déjà en 1879, dans la première édition de notre Traité de Chimie agricole (2). Si l'on avait pu créer, dès lors, dans tous les cantons du pays agricole, des écoles comme nous en possédons plusieurs, grâce à l'initiative du gouvernement et de quelques personnes généreuses et éclairées, le bien-être des cultivateurs serait assuré partout et la dépopulation des campagnes ne serait plus qu'un souvenir.

C'est la femme qui doit tenir la plume à la ferme comme au château pour surveiller le ménage en connaissance de cause.

La main du paysan qui dirige la charrue est ou devient trop souvent inhabile à la tenue des livres ; sans vouloir le moins du monde transformer la fer

(1) Voir REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, juillet, 1880; REVUE CATHOLIQUE DE LOUVAIN, 1879: Les sciences naturelles appliquées à l'agriculture. (2) Palmé, Paris.

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