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permet de comprendre les faits, en apparence si déconcertants, que nous révèle la dactyloscopie. Examinons un instant ce que les coupes microscopiques nous montrent sur l'anatomie intime du corps papillaire. Cette région doit son nom aux innombrables élevures ou papilles dont sa surface est parsemée et qui s'enfoncent dans l'épiderme, en s'en revêtant comme d'un gant. L'architecture de chacune de ces papilles cutanées est très délicate: elle se compose d'une charpente de tissu élastique, constituant un élégant treillis cylindroconique, qui sert de soutien aux vaisseaux et aux fibrilles nerveuses qui s'y enchevêtrent en un fin réseau. Habituellement la papille renferme un corpuscule nerveux, doué de pouvoir tactile le corpuscule de

Meissner.

Le nombre des papilles que renferme la peau est considérable, surtout à la figure, à la paume de la main et aux orteils; à l'extrémité de nos doigts on en compte en moyenne quarante par millimètre carré. Fait important, la forme des papilles dermiques est très variable; fréquemment coniques ou hémisphériques, elles se présentent aussi sous l'aspect d'une pyramide, d'une verrue, d'une poire ou d'une crête à sommet souvent bifurqué.

Nous voilà bien loin, semble-t-il, de l'explication des faits curieux que révèle la Dactyloscopie. Nullement. A l'aide des notions sommaires d'histologie cutanée que je vous ai exposées, nous allons pouvoir reconstituer sans trop de peine le dessin papillaire.

Réunissons par la pensée quelques milliers de papilles, en leur attribuant les formes variées que je viens de décrire et un volume qui va de 100 à 225 millièmes de millimètre; rappelons-nous que la surface d'une phalange en comprend environ trente mille. Juxtaposons ces papilles les unes aux autres, disposonsles en rangées que nous doublerons pour en former

les lignes papillaires; voilà constituées les crêtes digitales que nous séparerons par un sillon afin de mieux les différencier. Il nous reste à combiner, à grouper les crêtes et sillons ainsi obtenus, à leur imprimer une direction curviligne pour reconstituer le dessin digital.

A première vue, ce dessin nous semblera très régulier, mais sa régularité n'est qu'apparente et sa complexité nous apparaîtra formidable si nous l'étudions à la loupe. On s'aperçoit, en effet, qu'au lieu de crêtes bien rectilignes et d'aspect uniforme telles que se montrent, à un examen superficiel, les lignes de nos phalanges, on trouve, sur l'empreinte digitale, des traînées très irrégulièrement segmentées, offrant dans la combinaison de leur dessin, d'innombrables détails de conformation. Ici se voient des bifurcations, des anastomoses, ailleurs des interruptions de lignes, ailleurs encore des points, des ovales, tout un monde d'éléments papillaires différemment disposés dont la complication est telle qu'elle permet de distinguer aisément, l'une de l'autre, des empreintes digitales qu'à première vue on croirait exactement semblables.

Que s'est-il passé? Si, pour reconstruire les crêtes cutanées, nous eussions disposé de papilles de conformation bien identique et de volume uniforme, nous eussions obtenu des lignes papillaires parfaitement homogènes, composées de segments tous égaux. Mais tout autre est la formation de notre derme, auquel le polymorphisme des papilles cutanées impose une complexité qui paraît étrange à celui qui n'en a pas pénétré la raison anatomique et la nécessité physiologique. L'adossement de papilles, aussi inégales de volume que variées dans leur forme, doit inévitablement nous donner un dessin digital irrégulier, accidenté, offrant dans la combinaison de ses lignes de nombreuses anomalies.

C'est donc, en dernière analyse, à l'extrême variété

de conformation papillaire que les empreintes de nos doigts doivent leur caractère personnel. Il en est des combinaisons papillaires comme des types de physionomie quoique formées d'organes identiques, les figures humaines seront toujours et partout différentes. Très ressemblantes parfois, si on les considère dans leur ensemble, elles se différencient sans peine si on analyse les traits par le détail. Doit-on, dès lors, s'étonner quand l'observation de tous les jours nous prouve que non seulement il n'est pas deux hommes dactyloscopiquement semblables, mais qu'il ne se voit pas et qu'il ne se verra probablement jamais, deux empreintes digitales parfaitement identiques dans leurs moindres détails?

L'étude anatomique de la peau nous donne encore l'explication d'une autre constatation dactyloscopique non moins surprenante que la première : aussi longtemps que les éléments papillaires restent intacts, rien ne peut modifier le dessin de nos pulpes digitales; fout le secret de l'immutabilité de l'empreinte est là, immutabilité que ni l'âge, ni la profession, ni la maladie ne peuvent entamer.

Je vous disais tantôt que l'épiderme recouvre, comme d'un vernis, les papilles qui font saillie à la surface du derme; il n'est pas étonnant dès lors, que toutes les lésions superficielles de la peau, contusions ou brùlures affectant exclusivement l'épiderme, restent sans influence sur le dessin papillaire, partant sur l'empreinte digitale. Mais il y a plus. Par une de ces réactions de défense que les merveilleuses ressources de notre organisme permettent d'évoquer ici, s'improvise, pour ainsi dire sur-le-champ et sur place, la protection des papilles menacées par un ennemi du dehors. Que ce soit un traumatisme, la chaleur, les caustiques ou un instrument tranchant, la région papillaire mise en péril réagit presque automatiquement; elle interpose avec plus ou moins de succès, suivant la vigueur de

l'attaque, entre l'agresseur et les lignes de papilles, une exsudation séreuse ou sanguinolente qui soulève l'épiderme; il s'établit ainsi, au devant du corps papillaire, une zone de protection où viennent s'amortir les influences nocives. Le danger passé, l'exsudat se résorbe ou s'épanche au dehors, l'épiderme se flétrit et tombe, laissant apparaitre, sous la nouvelle membrane qui le remplace, le dessin papillaire intact.

Si la lésion de la peau est plus grave, si la brûlure atteint le derme ou si quelque blessure sectionne les travées papillaires, le mal est irréparable. L'organisme a beau refermer la plaie, combler la région papillaire brûlée au moyen d'un tissu de néoformation: la cicatrice qui en résulte déformera plus ou moins profondément le dessin digital, rétractant ses lignes, modifiant les rapports de ses sillons et surchargeant l'empreinte d'une marque ineffaçable.

Le derme, en effet, ne jouit pas de cette précieuse propriété de régénération « ad integrum » que possède l'épiderme; la papille, comme la cellule nerveuse, comme tous les éléments nobles de l'organisme, ne se reforme pas; une crête papillaire sectionnée ou brûlée est perdue pour le tact, elle disparaît de l'image digitale, et l'empreinte ne nous montre plus qu'une ligne cicatricielle, plus ou moins large suivant l'étendue du dommage.

Est-ce à dire que l'identification d'un tel doigt soit mise en péril par cet accident? Nullement. La cicatrice, une fois fixée dans sa forme définitive après un laps de temps, variable suivant la profondeur de la lésion, devient à son tour indélébile et immuable; elle constitue dès lors un nouvel élément d'identité de grande importance, car pas plus que les empreintes digitales qu'elles surchargent, les cicatrices ne se ressemblent. Leur étude soigneuse, leur mensuration, le dénombrement des sillons et des crêtes papillaires intéressés

sont autant de points de repère précieux dans les recherches d'identité.

C'est parce qu'ils ignorent cette loi anatomique qui régit l'évolution des traumatismes de la peau, que certains malfaiteurs s'illusionnent, en espérant empêcher leur identification par la lésion volontaire de leurs pulpes digitales. Ils auront beau déchiqueter leurs doigts à l'aide de leurs dents, d'aiguilles ou de clous, user leur peau contre les pierres et les meubles de leur cellule, érailler l'épiderme digital par des frictions prolongées durant des heures sur leurs vêtements, ils ne réussiront jamais à se soustraire à la justice. Il suffira de quelques jours de patience, d'un petit pansement au collodion et d'un peu de surveillance, pour voir reparaître intact et plus accusateur le dessin digital qu'ils s'étaient flattés de détruire. Je ne sache pas, au surplus, qu'il puisse se rencontrer un magistrat éprouvant scrupule à maintenir en détention préventive des inculpés aussi soucieux de dérober leur état civil à ses recherches.

Il me reste, avant de quitter le terrain anatomique, à vous signaler un dernier détail important de la structure des lignes papillaires : il a trait aux relations qui existent entre elles et les glandes sudoripares.

Je vous disais, il y a quelques instants, que la pression de la main sur une surface lisse, y abandonne une trace reproduisant fidèlement l'image digitale. Cette curieuse propriété de la peau résulte de la présence, au sommet des crêtes papillaires, des canaux excrẻteurs de la sueur.

Les glandes sudoripares siègent dans le tissu cellulaire sous-cutané et les couches profondes du derme ; elles émettent des canalicules excréteurs qui traversent la région papillaire et l'épiderme, en y décrivant une dizaine de tours de spire, et viennent émerger à distance assez régulière dans un léger sillon qui sépare,

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