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crime, ne trouble-t-elle pas profondément les indécis, les dégénérés, les meurtris de la vie, par ces hideuses reproductions de crimes auxquelles certaines feuilles. illustrées semblent devoir leur vogue et par ces descriptions, abondant en détails suggestifs et macabres, que le journal moderne lance dans ses éditions spéciales? Et que dire de ce reportage judiciaire effréné qui amène à l'audience un public friand d'émotion, avide de scandale, venant se complaire au spectacle de cet accusé qui s'effondre, et se délecter des misères intimes étalées au grand jour comme, jadis, les citoyens romains accouraient au cirque voir souffrir les victimes jetées aux bêtes ?

Et l'on s'étonne de constater dans une société soumise à tant de ferments d'énervement et de dissolution, que la marée criminelle monte irrésistiblement ? Est-il surprenant, par exemple, que les crimes passionnels et les délits commis par des adolescents, se multiplient quand le roman, le théâtre et le journal s'efforcent de créer autour de leurs auteurs une atmosphère de sympathie, d'excuse, j'allais dire d'admiration ?

Au péril grandissant de la criminalité, la Société a le devoir d'opposer une action vigoureuse. Tout en reconnaissant l'importance primordiale d'une prophylaxie sociale éclairée qui, seule, peut atteindre le mal dans ses racines, elle se doit de recourir à une répression énergique, en utilisant les armes si parfaites que la police scientifique moderne met à sa disposition. Car il ne faut pas se le dissimuler, si le danger criminel grandit avec le nombre de délits, il revêt surtout un caractère de spéciale gravité, par le fait de l'ingéniosité et de l'habileté professionnelle toujours croissantes des malfaiteurs. La diffusion de l'instruction, la vulgarisation des notions scientifiques, les conditions de la vie moderne ont créé une génération nouvelle de criminels, intelligents et adroits dans la conception et l'exé

cution de leurs actes, prudents, attentifs à éviter les moindres fautes, utilisant les derniers procédés de la science, possédant un outillage merveilleux, plus dangereux aussi et plus brutaux, car ils sacrifient sans merci la victime qui trouble leurs opérations ou l'audacieux qui s'oppose à leur fuite.

Mais si le xxe siècle a vu naître des artistes en criminalité comme il a vu fonder des écoles de cambrioleurs, il a vu se produire aussi, par une réaction naturelle de défense sociale, une organisation policière et judiciaire scientifiques, résultat fécond de l'oeuvre considérable accomplie, en ces vingt dernières années, dans le domaine de l'anthropologie criminelle.

Parmi tant d'armes nouvelles pour assurer la découverte du coupable et l'arrestation des criminels, pour établir leur identité et rechercher leur passé judiciaire, la méthode des empreintes digitales a été évoquée à son heure, répondant à une nécessité indiscutable et n'ayant failli à aucune de ses plus audacieuses pro

messes.

Puisse cet exposé vous avoir démontré que, basée sur des éléments scientifiques qui ne peuvent changer et ne sauraient tromper, la dactyloscopie possède en elle la certitude absolue, indispensable, dès que l'on veut toucher à la liberté humaine. Puisse-t-il vous avoir convaincu du rôle prédominant qu'elle est appelée à jouer dans l'enquête criminelle moderne, quand dégagée des hésitations et des imperfections du début, la dactyloscopie judiciaire pourra, dans la plupart des cas, nous révéler le nom du criminel, en analysant la signature digitale que, fatalement, il doit abandonner sur les lieux de son crime.

Dr L. VERVAECK, Médecin de la Prison de Bruxelles.

LA PEUR DE L'ENFANT

DANS LES CLASSES DIRIGEANTES (1)

Des dix plaies qui désolèrent l'Égypte, celle qui mit le comble à l'épouvante de la nation, et arracha à l'obstination du Pharaon l'édit libérateur d'Israël, fut le coup porté à la population par l'extermination des premiers-nés. En ces temps-là, les époux n'entrevoyaient pas de perspective plus délicieuse que des fils et des filles leur faisant une couronne d'honneur et se pressant autour de leur table, comme les jeunes pousses au pied de l'olivier. Qui, alors, eût prévu des jours où une pluie de santerelles semblerait plus redoutable que la disparition des enfants, où, prévenant les coups d'un glaive vengeur, des instigations criminelles et contre nature mettraient à la mode le dépeuplement volontaire des foyers?

Le mal cependant ne date pas d'hier on en trouve des traces dans la Bible, et la Grèce en souffrit au Iv° siècle avant notre ère. Sparte, notamment, connut ce que nous appellerions aujourd'hui une crise de la famille, et même une crise du mariage, que le Gouvernement essaya vainement d'enrayer par des faveurs légales trois enfants libéraient les citoyens de certaines corvées; quatre, les affranchissaient de tout

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique le 22 avril 1909.

impôt (1). Quant aux esclaves, ils étaient en cela comme en tout le reste à la merci de leur maître.

A son tour, Rome, amollie par un paganisme égoïste et jouisseur, trouva dans l'opulence même le principe de sa ruine elle n'eut plus ni la force d'aimer que demande l'union' conjugale, ni la force d'élever les enfants qui en sont le fruit; et l'empereur Auguste fit une tentative inutile pour multiplier les mariages et accroitre les familles (2).

La préoccupation de maintenir, dans leurs républiques idéales, soit l'aisance moyenne qu'ils prétendaient. assurer à tous les citoyens, soit l'égalité des biens qui devait, pensaient-ils, prévenir tous les conflits sociaux, inspira aux deux plus illustres philosophes de l'antiquité, des vues et des conseils opposés aux familles nombreuses. Platon charge le pouvoir souverain de veiller efficacement à ce que dans son Etat idéal le nombre des foyers demeure invariablement le même (3); Aristote réglemente l'âge du mariage, et les conditions qui permettent de laisser la vie aux enfants (1). Infatuation statique, qu'excuse l'enfance de la science économique, mais qui s'égarait en cherchant l'ordre et la paix où elle ne pouvait trouver que la paralysie, la corruption et la mort.

Sous une image qui serait plaisante, si la réalité n'était si triste, un poète ovidien de quelque mérite nous a dépeint la peur de l'enfant dans la Rome décadente. C'est la « complainte d'un vieux noyer » (5).

« Jadis, en des temps meilleurs, les arbres rivali

(1) P. Guiraud. La population de la Grèce ancienne. REVUE DE PARIS, 1 novembre 1904.

(2) Ler Julia, de ordinibus maritandis, à joindre à la Ler Papia Poppaea. (3) Les lois. 1. 5, c. 8-10.

(4) Voy. Pöhlmann. Geschichte des antiken Komunismus und Socialismus, t. I, p. 601 ss.

(5) Nux. L'élégie fut publiée parmi les œuvres d'Ovide. L'auteur, dont le nom est inconnu, appartient au siècle d'Auguste.

saient de fécondité; et au moment de la récolte, les propriétaires déposaient sur le front des dieux champêtres des couronnes de reconnaissance. Maintenant, la vogue est au platane, dont l'ombre est épaisse, mais stérile. Et moi, pauvre noyer, planté au bord du chemin, je me vois traité en malfaiteur. On me lapide; les coups de gaule pleuvent dru sur ma ramée. Quel est donc mon crime? Je m'obstine à porter des noix. » On l'aura remarqué, dans la société antique, la de l'enfant n'est liée à aucun danger de surpopulation: l'Italie se dérobe aux charges de la famille, alors qu'elle constate chez elle une forte baisse de la population. Les influences contraires à la natalité résident dans les spéculations politiques de théoriciens philosophes, dans la tyrannie oppressive des maîtres, et dans la paresse égoïste de citoyens démoralisés.

peur

Les barbares qui se ruent sur l'empire romain ignorent, dans leur vigoureuse rudesse, les raffinements et les vices des sociétés décrépites. Ils sont trop jeunes pour ne pas aimer à répandre la vie; et par leurs incursions, les batailles qu'ils livrent, la résistance qu'ils rendent nécessaire, ils obligent les provinces qu'ils envahissent à se préparer des guerriers en multipliant les enfants.

Au moyen âge, deux ennemis de la vie humaine, la guerre et la peste, ravagent l'Europe et lui font redouter le vide bien plus que le trop plein. La seule peste noire, qui sévit de 1316 à 1353, retrancha 23 millions d'hommes à l'Asie, et mit à peine trois ans pour enlever à l'Europe 25 millions d'habitants : plus d'un siècle fut nécessaire pour combler pareil déficit.

On observe, d'ailleurs, au cours du moyen âge et de l'époque moderne, de grandes fluctuations dans le peuplement des mêmes contrées. Ainsi l'Allemagne d'avant la Réforme possédait quelque vingt millions d'habi

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