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L'HYPNOTISME

ESQUISSE D'UNE THÉORIE NOUVELLE

I

LA DÉFINITION

SOMMAIRE :

1. Formule de la définition: Les faits à définir.

Les définitions propo

Sa formule.

sées jusqu'à ce jour; pourquoi les rejeter ? Notre définition ramène l'hypnose à un fait saillant et à une loi générale. 2. Premier élément de la définition, par où l'hypnose se distingue de tous les autres phénomènes à l'exception du sommeil : C'est un état, et par là elle se distingue des « absences » rapides; - un état de conscience, et par là elle se distingue des phénomènes inconscients; un état second,

et par là elle se distingue de la vie normale et de la folie.

3. Analogies du sommeil et de l'hypnose: La suggestion et ses caractères. Explication des anomalies.

La mémoire alternante.

4. Le second élément de la définition, par où l'hypnose se distingue du sommeil Dans l'hypnose, on pense comme à l'état de rêve, mais on agit comme à l'état de veille. Interprétation des cas douteux. — Justification des termes : «hypnotisme » ou « hypnose » et « somnambulisme».

1. Formule de la définition. Les faits principaux de l'hypnotisme sont connus (1). De leur enchevêtrement en apparence inextricable nous voudrions dégager

(1) Nous croyons inutile de les rappeler ici : nous ne pourrions que refaire un travail que tant d'autres ont déjà fait avec plus de compétence. On trouverait, par exemple, un résumé très complet et très méthodique dans L'hypnotisme et la suggestion du Dr Grasset, Paris, Doin, 1904.

ceux qui sont essentiels. En d'autres termes, nous voudrions trouver sa définitionnon pas une dėtinition de mot, propre seulement à grouper des expériences mais une définition de chose qui en serait la conclusion et en contiendrait la théorie.

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Et si c'est dire l'intérêt, c'est avouer aussi l'immense difficulté de notre tâche.

Mais, si c'est aux professionnels de multiplier les expériences et de vérifier les faits, c'est peut-être aux philosophes de travailler sur les données fournies par les professionnels et d'en chercher l'explication.

Il y a lieu d'abord de préciser les données que nous retenons dans cette étude; en d'autres termes, de bien circonscrire les faits à définir.

Nous n'avons en vue que l'hypnotisme franc (1), l'hypnotisme sans rien d'autre, réduit à lui-même, dépouillé de tous les phénomènes naturels ou extranaturels qui pourraient s'y mélanger à l'occasion. C'est dire que, si nous devons faire état des faits tout le monde s'accorde à déclarer hypnotiques, nous écartons les faits de spiritisme ou même de magnétisme, ceux-ci du moins pour autant qu'ils peuvent se distinguer de l'hypnotisme proprement dit (2).

que

(1) C'est une expression due au P. Coconnier, et qui sert de titre à son ouvrage édité chez Perrin, Paris, 1898.

(2) On peut voir dans le Dr Grasset (L'Occultisme, hier et avjourd'hui, Montpellier, Coulet, 1908, III partie), combien le spiritisme est encore loin d'être « désocculté » par la science. La littérature spirite est extrêmement abondante, à notre époque. C'est une loi de l'histoire que la superstition pullule quand la foi s'affaiblit. (Voyez notre volume Païens, Paris-Lyon, Vitte, nouvelle édition, 1904, VI et VII Confér.: «La rançon de l'incroyance », et note XXI: «Les forces occultes ».) Mais, en général, les auteurs spirites manquent, à un degré rare, de critique dans les faits et de logique dans les déductions, et l'on s'explique l'hésitation des savants à prendre au sérieux leurs témoignages; d'autant plus que, si les interventions préternaturelles sont toujours difficiles à établir, il a été facile de mettre à découvert de nombreuses interventions... humaines dues à la fraude, consciente ou inconsciente, des médiums. En somme, les faits authentiques sont rares; mais il ne paraît pas possible vraiment de les nier tous. (Voyez la discussion du Dr Lapponi, L'hypnotisme et le spiritisme, trad. franç., Paris, Perrin, 1907,

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Mais nous n'avons pas à distinguer entre l'hypnotisme et le somnambulisme, puisque si l'on s'en rapporte au sens habituel donné à ces deux mots quand on ne les confond pas-les phénomènes qu'ils désignent ne diffèrent l'un de l'autre que par leur mode d'apparition, l'hypnotisme n'étant que le somnambulisme provoqué, et le somnambulisme n'étant que l'hypnotisme spontané (1). Or, le mode de leur apparition, au moins pour le moment, ne nous intéresse pas : nous avons à dire, non pas leur genèse, mais leur essence; ch. VI, et le BULLETIN DE L'INSTITUT GÉNÉRAL DE PSYCHOLOGIE, nov.-déc. 1908, à propos des séances d'Eusapia Palladino.) Parmi ceux qui sont authentiques, les uns, peut-être, seront « désoccultés » un jour; mais les autres, divinations, apports, matérialisation, etc.? M. Grasset, restant en face des faits, se contente de dire que leur «désoccultation », « si elle est possible, paraît, en tous cas, lointaine ». M. Lapponi, raisonnant sur les faits, déclare que <« nous sommes obligés d'y voir des manifestations d'ordre préternaturel ». Dans l'un comme dans l'autre cas, l'hypnotisme franc » n'a rien à y voir..... Quant au magnétisme, il a eu des fortunes diverses: mis en vogue par Mesmer, il reçut un très mauvais accueil de l'Académie de Médecine, qui, après une série d'interventions répétées pendant soixante ans, jugeant la question épuisée, décida (1er août 1840) qu'elle ne répondrait plus aux communications sur ce sujet, pas plus que l'Académie des Sciences ne répondait aux communications relatives à la quadrature du cercle. « Deux ans après, Braid va faire entrer [la question] dans la science positive (Grasset, ouvr. cité, p. 28). » Mais l'hypnotisme se substitue au magnétisme, et bientôt semble l'avoir «rayé du rôle ». Or, voici qu'il se représente à nouveau devant l'opinion, en se donnant comme appuyé sur des faits authentiques. (Voyez, par exemple, E. Boirac, La psychologie inconnue, Paris, Alcan, 1908). = Que l'homme possède le pouvoir d'exercer sur les autres une action analogue à celle de l'aimant (en latin, magnes); en d'autres termes, que la force nerveuse mise en mouvement par ses idées et ses vouloirs ne s'enferme pas tout entière dans le conduit nerveux, pas plus que l'électricité ne se cantonne dans le fil conducteur; mais qu'elle puisse s'extravaser, pour ainsi dire, et influencer, à travers une certaine distance, un autre système nerveux, comme l'aimant ou l'électricité influence un autre circuit métallique, << par induction », il n'y a rien, là, qu'on puisse déclarer impossible. C'est aux faits de répondre; mais la plupart des faits allégués posent, s'ils sont authentiques, une question différente de celle de l'hypnotisme et nous n'avons pas à nous en préoccuper ici.

(1) Si cependant l'on conteste l'identité foncière des deux phénomènes, nous en serons quittes pour répondre que notre intention est d'envelopper, dans cette étude, les faits que tout le monde s'accorde à étiqueter sous cette double formule: « hypnotisme ou somnambulisme » et ceux-là seulement. Ayant ainsi délimité les faits et d'ailleurs déjà défini les termes, nous sommes en règle avec la logique.

non pas les procédés par lesquels on les obtient, mais les éléments qui les constituent. Et puisque, en dehors de leur origine, l'usage identifie pour le fond ces deux hypnotisme et somnambulisme

mots

peu nous

importent les mots; sous les mots, il s'agit de voir la chose, de constater quels phénomènes ils désignent, quels sont du moins les plus importants, les plus constants, les plus clairs, ceux que tout le monde s'accorde à y reconnaître; et, en face de ces phénomènes, il faut voir quels en sont les éléments essentiels et caractéristiques; il faut nous demander: En somme et au fond, qu'est-ce que c'est ? - La réponse à cette question sera la définition même que nous avons à formuler.

Naturellement, cette question, d'autres l'ont posée avant nous, et, pour trouver la réponse, les tentatives n'ont pas manqué jusqu'à ce jour. Il semble même qu'on ait épuisé toutes les hypothèses possibles. On a cru d'abord devoir rapporter l'hypnotisme à un état organique spécial, qu'on s'est efforcé en vain de préciser (1). Actuellement, on est à peu près unanime à le considérer comme un phénomène essentiellement psychologique ; mais les divergences apparaissent dès qu'il s'agit d'en indiquer le caractère distinctif.

Tantôt on a cru le voir dans une certaine forme de l'attention; mais tandis que les uns, comme Carpenter, parlent d'une attention distraite; les autres, comme Stanley-Hall, parlent d'une attention surexcitée, d'une << crampe de l'attention » (2). Tantôt on le rattache à la mémoire : « 1o Oubli complet, pendant l'état de veille normale, de tout ce qui s'est passé pendant le somnambulisme; 2o souvenir complet, pendant un somnambu

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(1) Le Dr Bérillon, tout récemment, dans la REVUE DE L'HYPNOTISME, mai 1909, p. 333, suppose un centre du réveil et nous dit : « L'hypnotisme ne serait donc pas autre chose que l'inhibition du centre du réveil. » Malgré l'autorité de son auteur, cette explication a peu de chance de faire fortune. (2) Voir Gurney, Problems of hypnotism, II, p. 266.

lisme nouveau, de ce qui s'est passé pendant le somnambulisme précédent», voilà nous dit Pierre Janet (1), après J. Braid, « le signe caractéristique de l'état somnambulique ». Tantôt on le demande à un état particulier de l'activité vitale ou de la volonté : « Le trait caractéristique du somnambulisme, déclare Lapponi (2), est l'exaltation de la force musculaire et de l'acuité des sens spécifiques. » Pour Bernheim et son école, « tout est dans la suggestion » et dans une diminution de la maîtrise de soi-même ; « l'état hypnotique n'est autre chose qu'un état de suggestibilité exaltée » (3). Cette dernière opinion semble rallier beaucoup de suffrages parmi les plus honorables; Grasset, par exemple, la fait sienne (4) et, au moins pour le fond, J. Babinski, l'un des représentants de l'Ecole de la Salpêtrière (5).

Mais les faits semblent déjouer malicieusement toutes les théories. Sans nous attarder à la critique de ces diverses définitions, il suffit de constater que chacun des phénomènes donnés comme essentiels et caractéristiques de l'hypnotisme, peut lui faire défaut et peut se rencontrer d'ailleurs dans d'autres états psychologiques. Il y a des sujets plus suggestibles à l'état de veille qu'à l'état d'hypnose (6); le phénomène de l'oubli

(1) Automatisme psychologique, Paris, Alcan, 3o édition, 1899, p. 73. (2) L'hypnotisme et le spiritisme, édit. franç., Paris, Librairie académique Perrin, 1907, p. 89.

(3) Hypnotisme, suggestion, psychothérapie, Paris, Doin, 1891, pp. 500, 76, 77, etc. La même définition est souvent répétée dans tous ses ouvrages. (4) L'Occultisme, hier et aujourd'hui, Montpellier, Coulet, 1908, p. 86: « Le seul caractère constant, spécifique de l'hypnose est l'état de suggestibilité. » Voir aussi, du même auteur, Le psychisme inférieur, Paris, Chevalier et Rivière 1904, p. 63; et L'hypnotisme et la suggestion, Paris, Doin, 1904, ch. II.

(5) Ma conception de l'hystérie et de l'hypnotisme, Chartres, Imprimerie Durand, 1906, pp. 26 et suiv. : « Voici comment je définis l'hypnotisme : L'hypnotisme est un état psychique rendant le sujet qui s'y trouve susceptible de subir la suggestion d'autrui. Il se manifeste pas des phénomènes que la suggestion fait naître, que la suggestion fait disparaître, et qui sont identiques aux accidents hystériques. »

(6) Nous sommes très convaincu que la suggestion joue un rôle considé

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