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de vie végétative se distingue de celle de l'être inorganique par son caractère d'immanence ou d'autotéléologie, pour parler comme les psychobiologistes, et de celle de l'être doué de connaissance par son caractère d'inconscience et de déterminisme aveugle. Mais qui dit déterminisme et absence de liberté ne dit pas pour cela, remarquons-le bien, mécanicisme et absence de finalité.

Il y a donc place entre la théorie des psychobiologistes et celle des mécanicistes pour une théorie intermédiaire: celle même de la philosophie aristotélicienne et scolastique (1).

La raison dernière qui nous la fait préférer est ce principe sans lequel toute inquisition philosophique est impossible, que là où une activité d'ordre inférieur suffit pour expliquer un phénomène, il ne faut pas recourir à une activité d'ordre supérieur. Or, nous comprenons la finalité de l'être vivant sans lui attribuer

(1) Le souci constant qu'a Francé de montrer que la théorie psychobiologique permet de se passer de toute interprétation theiste en philosophie biologique est caractéristique. Si Reinke et les jésuites (?!) admettent que les êtres vivants sont des machines, c'est qu'ils sont plus sùrs de démontrer dans cette hypothèse l'existence de Dieu : « Reinke hält kramphaft an dem Maschinenvergleich fest, weil er unbedingt glaubt, dass eine intelligente Urkraft die Organismen hervorgebracht habe, und diesen Glauben nicht anders aufrechthalten kann. » On est stupéfait de pareilles insinuations. M. Francé parte souvent du jésuite Wasmann. Il nous ferait croire qu'il l'a lu bien distraitetement, s'il l'a pris pour un partisan du mécanicisme. Reinke, c'est vrai, tout en se rapprochant du vitalisme, reste mécaniciste mais soutenir qu'il est mécaniciste parce que théiste, c'est vraiment trop fort.

La haine trop passionnée qui domine Francé, toutes les fois que la question du théisme est en jeu, lui rend de bien mauvais services. Le fait de la mort des êtres vivants est, parait-il, doublement << fatal » pour la philosophie théiste. La démonstration qu'en donne Francé vaut la peine d'être citée : « Die fatale Tatsache dass wir sterben müssen, ist für die Verteidiger einer theistischen Teleologie doppelt fatal, denn um sie zu erklären, müssen sie zu einem neuen höchst unvernünftigen Wunder ihre Zuflucht nehmen, dass nämlich nach so vielen Jahren diese kosmische Intelligenz auf einmal die Lust verliert, sich immer wieder in das Wechselgetriebe der organischen Vorgänge einzumengen... (Das Leben der Pflanze, t. 2, p. 371). »

d'intelligence, nous n'avons donc aucun motif sérieux d'admettre une intelligence organique.

Que serait, d'ailleurs, cette intelligence?

Les psychobiologistes lui donnent des caractères que j'ai bien de la peine à trouver cohérents.

D'une part on nous dit que cette intelligence juge, de l'autre que ses jugements sont inconscients. Que peut bien être un acte d'intelligence, un jugement inconscient?

On reconnaît que cette intelligence organique est extrêmement bornée, rudimentaire, en comparaison de celle de l'homme et cependant la plus humble cellule en sait plus long sur la structure du protoplasme et sur toute la chimie biologique que l'homme le plus

savant!...

Il reste néanmoins quelque chose du raisonnement des psychobiologistes. Ils diraient vrai, s'ils affirmaient qu'en dernière analyse toute tendance vers une fin suppose quelque part une intelligence. C'est bien ce que nous soutenons nous-mêmes. Pour nous, la finalité qui se manifeste dans le monde de la vie prouve, beaucoup mieux que celle de n'importe quelle machine, l'existence d'une Intelligence suprême créatrice et organisatrice de la vie. D'elle-même, en effet, la matière inintelligente, qu'elle soit vivante ou non, est incapable de produire de toutes pièces cette merveille de finalité qu'est le plus humble des organismes.

S'il fallait en terminant caractériser d'un mot les doctrines psychobiologiques, je dirais qu'elles sont l'exagération outrancière d'une bonne tendance. Les partisans de cette théorie s'étaient engagés dans une excellente voie en réagissant contre le mécanicisme. Ils ont ensuite dévié.

Quelle a été l'unique cause de leurs erreurs ? Des préjugés philosophiques. Il en est ainsi toutes les fois

que l'on veut imposer à la nature une théorie précon çue. Elle se venge en nous dérobant ses secrets. La vraie méthode scientifique exige plus de liberté d'esprit.

Il n'est permis en science, comme le dit fort bien Reinke, d'avoir de culte que pour un seul monisme, celui de la vérité.

R. DE SINETY, S. J.

LES PORTS

ET LEUR FONCTION ÉCONOMIQUE (1)

XXXII

Le port de Venise au moyen âge

Lorsque, au cinquième siècle de notre ère, quelques habitants de l'ancien territoire des Vénètes, fuyant devant les barbares, vinrent chercher refuge sur les îlots des lagunes, nul ne pouvait prévoir que sur ces plages arides allait s'élever un jour une ville splendide, bâtie de marbre et d'or, maîtresse de l'océan et entrepôt de toutes les richesses que pouvaient apporter les flots depuis le Maroc jusqu'à la Mer Noire et depuis l'Islande jusqu'au Japon.

Il eût été difficile de trouver un endroit plus pauvre et plus désolé que ce golfe du nord-ouest de l'Adriatique où le sable, les limons et les algues accumulés avaient formé une soixantaine d'îlots. C'était une région indécise, où la terre et l'eau se confondaient en une lutte incessante, un ensemble de lagunes, de bas-fonds et de plages stériles, balayées par les vagues, dépourvues

(1) Voir la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, 3a série, t. IX, avril 1906, p. 357; t. X, juillet 1906, p. 110; t. XI, avril 1907, p. 494; t. XII, juillet 1907, p. 86; t. XIII, avril 1908, p. 461 ; t. XIV, juillet 1908, p. 55; octobre 1908, p. 475; t. XV, janvier 1909, p. 92; avril 1909, p. 474; t. XVI, juillet 1909, p. 133; octobre 1909, p. 511; t. XVII, avril 1910, p. 534.

d'eau potable et de végétation, n'offrant aucune espèce de matériaux dont l'homme pût se servir pour construire sa demeure, et incapables de nourrir d'autres êtres que les mouettes et les goélands.

Les exilés qui avaient cherché refuge dans ce site sauvage et ingrat, appartenaient à une race énergique et se sentaient capables de plier la nature à leurs besoins et de commander aux éléments. Puisque le sol sur lequel ils avaient transporté leurs demeures ne leur offrait aucune ressource, ils demanderaient aux flots de leur procurer, par le trafic et la navigation, la nourriture et les richesses que la terre leur refusait.

Les ilots sur lesquels allait s'élever la reine de l'Adriatique étaient admirablement placés au point de vue du commerce. Située au fond d'une mer qui, pénétrant comme un long canal entre les terres, constituait le chemin le plus direct entre l'Orient et l'Occident, Venise était naturellement désignée comme l'entrepôt de tous les produits de l'Asie et de l'Afrique, et les fleuves qui se jetaient dans ses lagunes lui amenaient, sans danger et sans frais, toutes les productions de la grande et fertile plaine de l'Italie et la mettaient en communication directe avec les principaux passages, par lesquels les marchandises de l'Europe occidentale et centrale pouvaient traverser les Alpes pour s'échanger contre les produits du Levant.

des

Les lagunes fournissaient à Venise deux articles d'échange, le poisson et le sel, dont elle pouvait se servir pour acheter aux habitants de la terre ferme le blé et les denrées nécessaires à sa subsistance. Et comme les populations du continent, désolées par invasions et des guerres continuelles, ignorantes des choses de la navigation, ne pouvaient rien apporter à leurs voisins des lagunes, les Vénitiens, contraints de chercher eux-mêmes ce qui leur manquait, prirent l'habitude du trafic maritime.

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