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champ de glace, l'abaissement de la température. L'état de santé des explorateurs laissa bientôt à désirer; la nourriture, bien qu'abondante, ne suffisait pas ; l'horreur de cette nuit sans fin impressionnait péniblement. Le lieutenant Danco, déjà malade avant le départ, mourut le 5 juin. Lecointe était sérieusement fatigué et chacun était plus ou moins frappé soit physiquement, soit moralement.

Cependant, l'hiver passé, tout le monde se reprit à espérer; la santé revint avec la lumière. Le 22 février, le froid qui s'était modéré un instant redoubla d'intensité et, le 8 septembre, le thermomètre descendait à 42°,77 centigrades et le mercure était congelé.

Ensuite vint l'été avec son soleil perpétuel; Noël passa, puis le premier de l'an 1899, et la banquise restait toujours dans le même état : le navire était emprisonné dans une masse de glace de six kilomètres de diamètre.

Cependant la nourriture diminuait rapidement, et s'il devenait impossible de dégager le navire, c'était la famine à brève échéance : c'était la mort. Des trous furent creusés dans la glace, des mines installées. L'explosion amena la formation de fentes, de cassures. Enfin, la Providence aidant, la petite expédition réussit à se dégager et à gagner la mer libre. Le 28 mars 1899, elle débarquait à Punta Arenas.

Les explorateurs furent reçus dans tous les ports de l'Amérique du Sud par des fêtes splendides. Ils rentraient en Belgique en novembre 1899 après une absence de 27 mois, dont plus de 14 passés au sud du 60° parallèle. Cette expédition était d'une importance sans précédent pour la durée et la régularité des observations scientifiques, ainsi que pour le zèle et le courage des savants de toutes nationalités qui la composaient. Sans doute, aucune terre nouvelle pendant la dérivation du navire ne fut reconnue au sud du cercle

antarctique, mais après 70° de latitude et au delà de I'lle Pierre I, la profondeur était relativement faible et vraisemblablement le continent se trouvait à peu de distance du côté du Pôle ; tout prouvait aussi que l'ile elle-même était de peu d'étendue.

Expédition de la Southern Cross (1898-1900) (1). Nous avons vu plus haut que M. Borchgrevink avait déjà pris part à une expédition de pêche à la baleine en 1894-1895 avec M. Bull qui explora en outre la Terre Victoria dans le but de découvrir une cargaison rémunératrice et de trouver du guano à l'Ile Possession.

En 1898, M. Borchgrevink réussit à convaincre Sir George Newnes d'organiser une expédition scientifique particulière sur un petit navire : c'était un vieux baleinier norvégien, le Pollux, de même grandeur que la Balana; il fut pourvu d'une installation à vapeur d'une grande puissance et rebaptisé pour la circonstance la Southern Cross.

M. Borchgrevink fut singulièrement heureux dans le choix de son personnel. Comme capitaine, il avait Bernhard Jensen qui avait déjà visité l'Antarctique en 1894 comme second maître sur un baleinier et avait précédemment commandé pendant longtemps un navire de pêche dans les régions boréales. William Colbeck, sous-lieutenant de la réserve navale royale, navigateur de premier ordre, fut chargé des observations magné tiques. Louis Bernacchi, sujet anglais de naissance tasmanienne, dut s'occuper de la météorologie; son

(1) Carstens Egeberg Borchgrevink, First on the Antarctic Continent, being an account of the British Antarctic Expedition, 1898-1900. Londres, 1901.

Cette relation a été résumée dans GEOGR. JOURN., 1901, p. 478.

Louis Bernacchi, To the South Polar Regions. Expédition, 1898-1900. Loudres, 1901.

British Museum: Report on the Collections of Natural History made in the Antarctic Regions during the voyage of the Southern Cross. Londres,

intention première avait été de rejoindre la Belgica, mais quand il devint certain que l'expédition belge était retenue prisonnière dans les glaces, il se rendit à Londres offrir ses services à M. Borchgrevink.

La Southern Cross quitta la Tamise le 22 août 1898. Le voyage à Hobart dura 98 jours et, le 1er décembre, le navire prenait définitivement la route du sud. Arrêté par le pack dans le voisinage des Iles Balleny où il resta emprisonné pendant 48 jours, M. Borchgrevink remonta au nord et reprit la route du sud un peu plus loin, en un point où le champ de glace paraissait moins dense. En six heures, il l'avait traversé et le 11 février 1899 la Southern Cross s'avançait en eau libre à la latitude de 70°S. et à la longitude 174° E. La terre fut aperçue le 16, et le 17 pour la première fois une ancre mordait le fond de l'océan à l'intérieur du cercle antarctique dans la Baie Robertson.

L'équipage construisit aussitôt l'abri où devaient vivre les explorateurs pendant la longue nuit polaire. Ce n'était pas sans dangers, car d'effrayantes tempêtes interrompaient parfois toute communication entre le navire et le rivage. D'autre part, il n'y avait pas de temps à perdre si on ne voulait pas voir le navire emprisonné lui-même dans les glaces.

Enfin le 2 mars, les préparatifs étant terminés, la Southern Cross repartait pour la Nouvelle Zélande, laissant pour une année sur ce rivage inhospitalier un petit groupe de dix hommes.

L'hiver fut très rigoureux; de violentes tempêtes pendant lesquelles il était impossible de sortir même en se traînant sur le sol, secouaient la petite maison de bois elles étaient accompagnées de brusques élévations de température, le thermomètre montant parfois de 35° à + 20° en quelques heures.

Les explorateurs supportèrent très bien l'hivernage sans aucun des malaises qui firent souffrir l'expédition

belge. Cependant M. Hanson, le zoologue, fut atteint de scorbut; la maladie devint rapidement grave et il mourut au commencement du printemps, le 14 octobre 1899.

Mais une catastrophe qui aurait pu avoir des conséquences extrêmement fâcheuses, s'abattit sur la petite colonie le feu prit à la cabane et ne fut éteint qu'avec les plus grandes difficultés.

Avec le printemps et le retour du Soleil, la vie reparut dans ces régions désolées ; des légions de pingouins se montraient de toutes parts, et dans les eaux les phoques évoluaient en troupes nombreuses.

L'espoir de revoir bientôt le navire soutenait les courages; mais les jours et les semaines se passaient sans rien amener de nouveau ; déjà on était au milieu de l'été et les pauvres solitaires se croyaient abandonnés pour une nouvelle année quand, un matin, ils furent réveillés par une voix joyeuse leur souhaitant bon espoir. C'était le capitaine Jensen qui tenait à la main des lettres et des journaux. On était alors au 28 janvier et, le 2 février 1900, hommes et chiens étaient embarqués le navire continuait sa route vers le sud, laissant la cabane avec tout le matériel qu'elle contenait à la disposition des voyageurs qui pourraient en avoir besoin plus tard.

Les explorateurs suivirent la route de Ross, le long de la côte découverte par l'illustre marin anglais. De grands glaciers provenant d'un énorme plateau visible à l'horizon descendaient jusque dans la mer.

Un débarquement fut opéré à l'Ile Coulman par 73° 20′ S., mais on ne resta à terre que vingt minutes, les puissantes assises de roches basaltiques ou magnėtiques enlevant tout espoir de faire des observations magnétiques.

Le navire put pénétrer dans Wood Bay à laquelle on reconnut une plus grande profondeur que Ross n'avait

indiqué. On prit terre de nouveau au pied du Mont Melbourne sur le rivage on trouva un épais tapis de mousse de renne. A partir du Cap Washington, une large bande de glace empêcha d'approcher la terre, mais la côte elle-même était facilement visible. D'une façon générale, on peut dire d'ailleurs que la Southern Cross trouva la mer beaucoup plus libre de glace que l'Erebus et le Terror.

Le 9 février, on aborda l'Ile Franklin où des observations magnétiques furent faites sur une plage couverte de pingouins bruyants. Là encore, il y avait de la mousse de renne. Le lendemain, le navire atteignait le Cap Crozier où les explorateurs trouvèrent établie la plus grande rockery de pingouins qu'ils eussent encore vue. M. Bernacchi estimait que le nombre de ces oiseaux n'était pas inférieur à plusieurs millions.

Il fut possible aux explorateurs de jouir de la vue du Mont Terror: le voile de nuages qui le recouvre ordinairement se déchira et le sommet du volcan apparut libre de neige mais parsemé de cônes adventifs, chacun avec son cratère.

A partir de ce moment, la Southern Cross longea la grande barrière de glace qui s'étendait vers l'est jusqu'à une distance indéterminée. Grâce à ses puissantes machines, elle pouvait voguer le long de l'énorme muraille, beaucoup plus près que n'avait pu faire Ross

avec ses navires à voiles.

Le 11 février, le navire dépassait le point extrême atteint par l'Erebus et le Terror et les explorateurs atteignaient la plus grande latitude australe où fût encore jamais parvenu aucun homme, 78°21' S. La joie régnait à bord, malgré le temps détestable menaçant à chaque instant de lancer le navire sur les masses de glace qui l'entouraient.

Cependant, en gagnant vers le sud, la température devint plus clémente, la muraille de glace perdit de sa

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