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Entretien, réparations et constructions de bâtiments employés à la chose publique...

Dépenses de plantations dans les forêts, de curement de rivières, et d'autres objets dont le payement est assigné sur le produit des bois.

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Frais de procédures criminelles, et dépenses de prisonniers.

Dépenses dans les provinces dont l'objet varie tous les ans, et qui se renouvellent de différentes manières..

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1,900,000

500,000

5,180,000

4,500,000

5,000,000

531,444,000

531,444,000

475,294,000

56,150,000

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M. Necker a lu lui-même la récapitulation de son discours, ce qui a contribué à soutenir l'attention de l'assemblée, un peu fatiguée par la longeur de cette lecture.

Le roi lève la séance, et sort de la salle précédé de ses gardes et accompagné de son cortége, pendant que des cris de vive le roi se font entendre dans l'assemblée.

Les députés sortent ensuite. Il est quatre heures et demie.

Les détails de cette mémorable séance furent accueillis à Paris avec des sentiments divers. On se récriait sur la longueur du discours de M. Necker. On lui reprochait de ne pas avoir dit un mot de la constitution, de n'avoir parlé que de finances, à des hommes assemblés pour réformer le pays. A cette occasion, on disait qu'il s'était laissé circonvenir par la reine et le triumvirat; c'est ainsi qu'on appelait les princes qui avaient signé le mémoire au roi. D'autres se plaignaient qu'il eût ménagé les ordres privilégiés, qu'il n'eût pas avoué la prédilection qu'on lui supposait pour le tiers état. Quelques hommes même, dit le journal l'Ami du roi, regrettaient que Louis XVI n'eût pas abdiqué son pouvoir devant la nation assemblée, pour le recevoir de sa libre reconnaissance.

Toutes ces réflexions ne faisaient qu'accroître la disposition de la bourgeoisie à ne compter que sur elle-même. Car, on n'oubliait pas ce que l'on appelait les mépris du maître des cérémonies pour le

tiers. D'ailleurs quelques actes du gouvernement étaient de nature à faire soupçonner la sincérité des intentions qu'il s'était laissé prêter, mais qu'il n'avait lui-même jamais avouées. Deux régiments nouveaux, Royal-cravate, Bourgogne-cavalerie et un bataillon suisse venaient d'entrer dans Paris, et l'on disait que plusieurs autres étaient en marche. Enfin, Mirabeau ayant publié la première feuille d'un Journal des États généraux, un arrêt du conseil du roi du 6 mai venait de le supprimer, en défendant qu'aucun écrit périodique fût publié à l'avenir sans permission. A cette occasion, Mirabeau publia une lettre à ses commettants où il disait :

<< Nommé votre représentant aux états généraux, je vous dois un compte particulier de tout ce qui est relatif aux affaires publiques. Puisqu'il m'est physiquement impossible de remplir ce devoir envers vous tous autrement que par la voie de l'impression, souffrez que je publie cette correspondance, et qu'elle devienne commune entre vous et la nation; car bien que vous ayez des droits plus directs aux instructions que mes lettres pourront renfermer, chaque membre des états généraux devant se considérer, non comme le député d'un ordre ou d'un district, mais comme le procureur fondé de la nation entière, il manquerait au premier de ses engagements, s'il ne l'instruisait de tout ce qui peut l'intéresser; personne, sans exception, ne pourrait s'y opposer, sans se rendre coupable du crime de lèse-majesté nationale, puisque même de particulier à particulier, ce serait une injustice des plus atroces.

« J'avais cru qu'un journal, qu'on a annoncé, dans son prospectus, comme devant être rédigé par quelques membres des états généraux, pourrait, jusqu'à un certain point, remplir envers la nation ce devoir commun à tous les députés : grâce à l'existence de cette feuille, je sentais moins strictement l'obligation d'une correspondance personnelle; mais le ministère vient de donner le scandale public de deux arrêts du conseil, dont l'un, au mépris avoué du caractère de ses rédacteurs, supprime la feuille des États généraux, et dont l'autre défend la publication des écrits périodiques.

<< Il est donc vrai que, loin d'affranchir la nation, on ne cherche qu'à river ses fers! que c'est en face de la nation assemblée qu'on ose produire ces décrets auliques, où l'on attente à ses droits les plus sacrés; et que, joignant l'insulte à la dérision, on a l'incroyable impéritie de lui faire envisager cet acte de despotisme et d'iniquité ministériels, comme un provisoire utile à ses intérêts!

« Il est heureux, messieurs, qu'on ne puisse imputer au monarque ces proscriptions que les circonstances rendent encore plus criminelles. Personne n'ignore aujourd'hui que les arrêts du conseil sont

TOME I.

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des faux éternels, où les ministres se permettent d'apposer le sceau du roi on ne prend pas même la peine de déguiser cette étrange malversation. Tant il est vrai que nous en sommes au point où les formes les plus despotiques marchent aussi rondement qu'une administration légale!

Vingt-cinq millions de voix réclament la liberté de la presse : la nation et le roi demandent unanimement le concours de toutes les lumières. Eh bien! c'est alors qu'après nous avoir leurrés d'une tolérance illusoire et perfide, un ministère, soi-disant populaire, ose effrontément mettre le scellé sur nos pensées, privilégier le trafic du mensonge, et traiter comme objet de contrebande l'indispensable exportation de la vérité.

<< Mais de quel prétexte a-t-on du moins essayé de colorer l'incroyable publicité de l'arrêt du conseil du 7 mai? A-t-on cru de bonne foi que des membres des états généraux, pour écrire à leurs commettants, fussent tenus de se soumettre aux règlements inquisitoriaux de la librairie? Est-il, dans ce moment, un seul individu à qui cette ridicule assertion puisse en imposer? N'est-il pas évident que ces arrêts proscripteurs sont un crime public, dont les coupables auteurs, punissables dans les tribunaux judiciaires, seront bien forcés, dans tous les cas, de rendre compte au tribunal de la nation? Eh! la nation entière n'est-elle pas insultée dans le premier de ces arrêts, où l'on fait dire à Sa Majesté qu'elle attend les observations des états généraux; comme si les états généraux n'avaient pas d'autres droits que celui de faire des observations?

<< Mais quel est le crime de cette feuille qu'on a cru devoir honorer d'une improbation particulière? Ce n'est pas sans doute d'avoir persiflé le discours d'un prélat qui, dans la chaire de la vérité, s'est permis de proclamer les principes les plus faux et les plus absurdes; ce n'est pas non plus, quoiqu'on l'ait prétendu, pour avoir parlé de l'intendance de la feuille des bénéfices? Est-il personne qui ne sache et qui ne dise que la feuille des bénéfices est un des plus puissants moyens de corruption? Une vérité si triviale aurait-elle le droit de se faire remarquer? Non, messieurs, le crime véritable de cette feuille, celui pour lequel il n'est pas de rémission, c'est d'avoir annoncé la liberté, avec l'impartialité la plus sévère; c'est surtout de n'avoir pas encensé l'idole du jour, d'avoir cru que la vérité était plus nécessaire aux nations que la louange, et qu'il importait plus, même aux hommes en place, lorsque leur existence tenait à leur bonne conduite, d'être servis que flattés. D'un autre côté, quels sont les papiers publics qu'on autorise? Tous ceux avec lesquels on se flatte d'égarer l'opinion: coupables lors

qu'ils parlent, plus coupables lorsqu'ils se taisent, on sait que tout en eux est l'effet de la complaisance la plus servile et la plus criminelle; s'il était nécessaire de citer des faits, je ne serais embarrassé que du choix.

« Sous le duumvirat Brienne et Lamoignon, n'a-t-on pas vu le Journal de Paris annoncer comme certaine l'acceptation de différents bailliages, dont les refus étaient constatés par les protestations les plus énergiques? Le Mercure de France ne vient-il pas tout récemment encore de mentir impudemment aux habitants de la capitale et des provinces? Lisez l'avant-dernier numéro, vous y verrez qu'à Paris, aux assemblées de district, les présidents nommés par la municipalité se sont volontairement démis de la présidence, et l'ont presque tous obtenue du suffrage libre de l'assemblée, tandis qu'il est notoire qu'ils ont opposé la résistance la plus tenace et la plus indécente, et que sur le nombre de soixante, à peine en compte-t-on trois ou quatre à qui les différentes assemblées aient décerné l'honneur qu'on leur accorde si gratuitement dans le Mer

cure.

<< Vous trouverez encore dans ce même journal, de perfides insinuations en faveur de la délibération par ordre. Tels sont cependant les papiers publics auxquels un ministère corrupteur accorde toute sa bienveillance. Ils prennent effrontément le titre de papiers nationaux; on pousse l'indignité jusqu'à forcer la confiance du public par ces archives de mensonges; et ce public, trompé par abonnement devient lui-même le complice de ceux qui l'égarent.

« Je regarde donc, messieurs, comme le devoir le plus essentiel de l'honorable mission dont vous m'avez chargé, celui de vous prémunir contre ces coupables manœuvres; on doit voir que leur règne est fini, qu'il est temps de prendre une autre allure ou s'il est vrai que l'on n'ait assemblé la nation que pour consommer avec plus de facilité le crime de sa mort politique et morale, que ce ne soit pas du moins en affectant de vouloir la régénérer. Que la tyrandie se montre avec franchise, et nous verrons alors si nous devons nous roidir ou nous envelopper la tête.

<«< Je continue le Journal des États généraux, dont les deux premières séances sont fidèlement peintes, quoiqu'avec trop peu de détails, dans les deux numéros qui viennent d'être supprimés, et que j'ai l'honneur de vous faire passer. »>

Ce journal fut en effet continué. Mais comme il est infiniment moins complet que le Moniteur, nous suivrons les séances dans ce dernier.

Ce fut à l'occasion de cette mesure que la commune de Paris fit,

pour la première fois, acte d'intervention dans les affaires générales de son pays.

-

Les représentants de cette ville, qui s'occupaient encore de la rédaction de leur cahier, s'interrompirent, le 7 mai, pour rédiger l'arrêté suivant, qui fut rendu public. « L'assemblée du tiers état de la ville de Paris réclame unanimement contre l'acte du conseil qui supprime le Journal des États généraux, et en défend les suites, et qui prononce des peines contre l'imprimeur, sans néanmoins entendre par là approuver, ni blâmer le journal; - elle réclame en ce que cet acte du conseil porte atteinte à la liberté publique, au moment où elle est la plus précieuse à la nation; en ce qu'il viole la liberté de la presse réclamée par la France entière; - en ce qu'enfin cet acte rappelle au premier moment de la liberté nationale, une police et des règlements qui avaient été suspendus par la sagesse et la bonté du roi; et en conséquence l'assemblée du tiers a unanimement résolu que le présent arrêté sera présenté aux chambres du clergé et de la noblesse, et qu'ils seront invités à se réunir au tiers, pour faire révoquer ledit acte du conseil, et pour procurer à l'assemblée nationale la liberté provisoire de la presse. »

Cette pièce, que nous réimprimons textuellement parce que nous croyons que c'est à son point de départ surtout qu'il faut montrer le mouvement révolutionnaire, cette pièce nous révèle plus nettement l'état de l'opinion qu'une multitude d'anecdotes dont nous pourrions encombrer notre narration. Elle nous montre qu'il existait une puissance d'opinion prête aux derniers excès de la résistance. Nous verrons bientôt qu'il y avait ailleurs une puissance d'intérêts qui se préparait à toutes les violences de la colère et de la conservation. L'assemblée, placée entre ces deux forces, les possédant en quelque sorte représentées dans son sein, joua un rôle de médiateur. Elle sauva les vaincus de la destruction.

CHAP. II. - Question de la vérification des pouvoirs. Inaction du tiers état.Première tentative de conciliation.

ÉTATS GÉNÉRAUX. SÉANCE DU 6 MAI. Communes (1). Le 6 mai, le tiers état se rendit dans la salle des Menus qui lui avait été réservée pour ses séances particulières, pendant que les deux autres ordres s'assemblaient aussi séparément. Une foule de curieux

(1) Les députés du tiers état prirent aussitôt le titre des représentants des communes, pour indiquer qu'ils se considéraient comme représentants, non d'un ordre, mais de la nation entière, formée de l'ensemble des communes. Ainsi que nous l'avons dit, la commune comprenait la totalité des habitants d'un lieu, sans distinction d'ordres.

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