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vocable que ce qui ne l'est jamais dans une armée dès qu'elle est formée savoir, le peuple militaire et le général; tout ce qui n'était ni l'un ni l'autre était à la nomination du roi.

Lorsque l'on sort de ce point de vue, on cesse de comprendre les actes des rois de la première race et la chute même de la dynastie de Clovis.

Alors, on traite de violences atroces les exécutions militaires, parce qu'elles ne furent précédées d'aucune autre forme judiciaire que de celle usitée dans une armée en campagne. Or, on ne faisait pas autrement dans les camps romains. Les évêques, qui, à cette époque, ne manquaient ni de sévérité, ni de courage, acceptaient ces nécessités de l'organisation militaire; ils les déploraient sans les blâmer.

Alors, on ne conçoit pas ce lien de protection et de recommandation qui unissait tous les officiers du même corps, qui entait la fortune des enfants sur le mérite des pères, et faisait d'un corps d'armée une sorte de province militaire; car il ne faut pas oublier que chaque soldat avait ses chefs, là où il avait sa résidence et son bénéfice.

Alors, enfin, on ne comprend pas le mode de succession de la royauté franque. C'était le roi actuellement en possession du pouvoir qui nommait ses successeurs. Il le faisait en leur donnant, de son vivant, le second rang dans la hiérarchie du commandement, afin qu'après sa mort ils se trouvassent naturellement les premiers, c'est-à-dire en possession du pouvoir souverain. Dans notre langage actuel, nous disons qu'il associait ses enfants à la royauté pour la leur assurer. Lorsque le roi laissait un enfant en bas âge, trop jeune pour être revêtu d'un grade militaire, il était obligé de confier sa fortune à venir à quelqu'un de ses frères ou de ses oncles, déjà revêtu d'un commandement, et de se contenter de la promesse que celui-ci lui faisait d'appeler un jour son jeune protégé à partager son pouvoir. D'autres fois, ce devoir était légué à un simple général provincial, à un duc, et c'est à cause de cela que nous voyons, sur la fin de la première race, des ducs et des maires choisir des rois. Sous ce rapport, on peut diviser l'histoire de la première race en deux périodes: l'une, où la succession fut assurée dans la famille de Clovis, par la transmission directe du grade, faite par le père à ses enfants en les appelant au partage pendant sa vie; l'autre, qui dura un peu plus de soixante-dix ans, où ce furent les généraux qui transmirent la royauté. A l'occasion de cette dernière, on peut demander pourquoi ces ducs, ces maires, persistèrent à choisir parmi les descendants de Clovis.

C'est qu'il faut reconnaître que cette famille avait une sorte de légitimité aux yeux du peuple des camps et des villes, légitimité fondée sur de grands services rendus. Lorsque, après plus d'un siècle d'imbécillité, sa popularité fut complétement perdue, la royauté tendait à ne plus être héréditaire, ainsi que cela était depuis longtemps dans l'empire romain. Aussi fallut-il, pour constituer une nouvelle hérédité et pour l'établir dans la famille de Pépin, que l'autorité du pape intervînt et que l'excommunication fût lancée contre ceux qui oseraient rompre le droit qui, de Pépin, devait être transmis, avec son sang, à tous ses descendants.

Les historiens ont, en général, décrit et jugé cette époque avec des idées de notre temps. Aussi ont-ils mal compris et fait encore plus mal comprendre quelles étaient les causes de la solidité de cette société. Après les avoir lus, on a le droit de s'étonner que tant de désordres et tant d'anarchie aient produit de si grandes choses et même que la France ait vécu. C'est qu'ils ont pris les temps qu'occupaient les disputes de commandement entre frères, pour des guerres entre royaumes; des corps d'armées pour des peuples différents; c'est, enfin, qu'ils n'ont jamais pu concevoir un pouvoir autrement établi que celui de leur temps, autrement fondé que sur un certain arrangement matériel. La conservation de la société française était fondée sur ce qu'il y a de plus puissant pour maintenir l'union parmi les hommes, sur la communauté de croyance et de but. Son véritable roi, son véritable maître était le catholicisme. Il y avait pour l'armée un principe secondaire; c'était la religion du serment militaire, qui liait chaque subordonné au chef qui lui était immédiatement supérieur. Ce lien était d'ailleurs complétement revêtu de la forme catholique. Le serment se prêtait sur les choses saintes et il n'y avait que le supérieur qui pût délier les inférieurs de leurs devoirs réciproques, car l'inférieur ne prêtait serment que dans la supposition que celui envers lequel il se liait était lié lui-même à un supérieur, et cela qu'il s'agit d'un centenier, d'un comte, d'un duc ou d'un roi. Or, dans l'armée, quel était le supérieur? c'était le roi. Nul subordonné ne pouvait donc s'élever contre lui. Le roi n'avait qu'un supérieur, c'était l'Église. Tel était le terme de cette hiérarchie toute morale. Le roi donc ne pouvait quitter la couronne que par sa volonté, ou par le jugement de l'assemblée des évêques.

La société civile était si complétement séparée de la société militaire, qu'elle ne lui prêtait point de serment. Elle ne lui était unie que par la communauté de croyance et par le devoir du tribut. D'ailleurs, l'armée imitait les habitants des villes dans tout ce

qui était religieux, dans tout ce qui était sacrement, dans le baptême, le mariage, etc.; ce qu'elle possédait, hors des bénéfices militaires, était soumis à la loi civile de l'héritage et de l'impôt, etc. Les cités ne commencèrent à être ramenées sous la domination royale que sous la deuxième race. Sous la première, on trouve, au contraire, de très-nombreuses preuves de leur indépendance. Ainsi, Paris a été plusieurs fois le théâtre d'événements qui montrent que le commandement militaire de la cité n'était pas en la possession du roi, mais dans celle de ses habitants; on vit des cités se faire la guerre, etc.

La foi, qui servait de sanction et de lien à tous les devoirs, était d'ailleurs universelle et toute-puissante, plus développée peut-être chez les grauds que chez les petits. Et ce n'était point seulement une grossière superstition; elle était éclairée et féconde. Nous devons juger des motifs qui portèrent les rois de nos premières races, et les seigneurs militaires et civils, à créer tant de couvents et d'églises, par ceux qui leur dictèrent plusieurs actes où l'humanité était seule intéressée. Ainsi, parce que plusieurs fois ils sacrifièrent à Dieu leurs revenus, en supprimant les impôts qui pesaient sur le pauvre, ou en affranchissant des esclaves, nous devons dire qu'ils fondèrent des couvents pour ouvrir des asiles à la science et des églises pour constituer des centres d'enseignement et de population; au moins nous ne devons pas croire que ces pensées leur fussent absolument étrangères. Enfin, grâce à la croyance religieuse, les évêques furent appelés jusque dans les plaids militaires; ils purent intervenir dans la politique, tantôt pour mettre fin à des discussions de famille, et tantôt pour déterminer des invasions sur le territoire étranger.

C'est par ces causes que la France resta pendant quatre siècles un centre militaire qui fit rayonner la conquête sur toute sa circonférence et qui porta sur tous ses rayons le système qu'elle avait adopté elle-même; et ce système était complétement romain, c'està-dire tel que l'avait fait l'empereur Constantin, ainsi que nous l'avons vu. Aussi arriva-t-il que la France engendra en Allemagne un empire qui prétendit imiter les usages de la cour de Ravenne. En effet, notre nation n'étendit pas seulement autour d'elle une organisation militaire et civile d'origine romaine; elle répandit aussi un esprit qui était resté aussi romain que l'avait permis le catholicisme. Elle propagea l'usage de la langue et de la littérature latines. Dans les arts, nous fûmes pendant quatre siècles imitateurs des artistes de Rome chrétienne, et l'Europe les imita avec nous. Toutes nos églises furent bâties dans ce qu'on appelle aujourd'hui le

style byzantin, c'est-à-dire dans le premier style chrétien. Le style catholique, proprement dit, ne fut créé en France que dans le onzième siècle; enfin nous reçûmes des Romains nos arts, nos sciences, nos armes, nos lois, et nous donnâmes aux autres ce que nous avions reçu.

Telle est l'idée générale de la société française du cinquième au dixième siècle; tel est le germe des révolutions de toute espèce qui se préparèrent et s'achevèrent plus tard; et c'est en liant ainsi cet avenir, du dixième au dix-huitième siècle, aux années qui les ont précédées, que l'on aperçoit clairement comment c'est en France que se trouve le lien qui unit la civilisation moderne à la civilisation antique. Pour achever l'objet spécial de ce chapitre, il nous reste à donner les différences principales qui signalèrent le règne de la première et de la seconde race.

Au point de vue catholique, l'avénement de la première race répondit à la nécessité de combattre l'arianisme, et elle s'éteignit presque en même temps que lui. La seconde race vint pour combattre le mahométisme et pour mettre fin au paganisme du Nord. Si elle ne parvint pas à opérer la destruction de ces deux doctrines, au moins est-il vrai de dire qu'elle en brisa les forces et qu'elle leur créa des ennemis qui furent plus tard suffisants pour les anéantir.

Au point de vue de la vie intérieure, la première race différa de la seconde en ce que, sous son règne, l'organisation sociale resta la même que nous l'avons vue au cinquième siècle; elle fut seulement étendue à toutes les Gaules. Sous la seconde, les plaids militaires furent convertis en conciles généraux, où les évêques venaient représenter leurs diocèses, et les généraux, leurs armées. Ainsi le droit de légiférer au civil fut réuni au droit de réglementer pour la milice. L'Église acquit, non pas une prépondérance plus considérable, mais une influence plus grande. Ainsi presque tous ces missi dominici, ces envoyés qui allaient dans les provinces pour réformer et l'administration et la justice, furent des membres du clergé les listes que nous possédons en font foi. Il dut résulter de là que l'esprit chrétien pénétra plus profondément, non pas les consciences, mais les lois, les habitudes et fit naître les devoirs et le sentiment de l'égalité; il dut en résulter encore que les différences qui séparaient le gouvernement des villes de celui des camps furent diminuées; etc.

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Les révolutions intérieures restèrent cependant encore principalement militaires. En effet, sous la dynastie de Pépin, comme sous celle de Clovis, l'œuvre française fut surtout l'extension et la défense des doctrines de l'Église romaine.

Mais, dira-t-on, l'activité militaire des Français pendant ces cinq siècles fut-elle utile et civilisatrice? Pour résoudre la question, il suffit d'examiner les doctrines contre lesquelles elle s'exerça.

Nous avons déjà fait connaître l'arianisme. Il nous reste à dire quelques mots des deux autres ennemis contre lesquels nous verrons les Français lutter avec un acharnement qui leur valut enfin la victoire. Nous pouvons reconnaître aujourd'hui si ce fut un bonheur pour l'humanité : nous pouvons voir quels fruits a portés le mahométisme, là même où son développement a été complétement libre, en Perse, en Arabie, à Maroc et à Fez. Quant aux barbarès du Nord, il suffit de posséder quelques généralités sur leurs doctrines sociales, pour décider si leur destruction fut un bienfait. Toutes ces religions du Nord, quel qu'en fût le nom, admettaient qu'il existait deux races d'hommes, l'une venue du bien, l'autre du mal; la première d'origine divine, ayant une âme immortelle; la seconde n'ayant, ainsi que les animaux, qu'une âme mortelle comme les corps. Les prêtres et les guerriers étaient de la première, c'étaient des dieux mortels; les esclaves, et presque toujours les ennemis, étaient de la seconde. Aussi, tout ce qui venait de la naissance était juste: le pouvoir et le bien pour les uns; la misère et le mal pour les autres. Or, comme il y a toujours lutte entre le bien et le mal, la guerre était un état normal. C'était aux guerriers qu'appartenait particulièrement cette fonction du combat. Pour avoir droit aux récompenses éternelles, ils devaient périr les armes à la main; celui qui mourait en lâche, autrement que par le glaive, était puni dans l'autre vie. La sévérité du culte répondait à la férocité des doctrines, car c'était par des sacrifices humains qu'on attirait la protection des dieux. Plus le sang de la victime était précieux, plus le sacrifice avait de puissance. D'ailleurs, qui ressemblât à ce que dans la société romaine on appelait arts, sciences, industrie. Leur art, c'était ce culte barbare et tous ces mystères sombres et redoutables dont on pourra lire le détail dans l'histoire des Celtes et des Scandinaves; leur science, c'était la magie; leur industrie, la guerre. C'est comme un reste, comme une émanation de ces doctrines, que nous sont venues toutes ces superstitions contre lesquelles l'Église n'a cessé de lutter dans les premiers siècles: ces croyances aux sorciers, aux présages, aux magiciens, etc.

rien

Le mahométisme, né en 622, époque où commence l'hégire, n'était pas moins redoutable pour la civilisation. On peut juger de ce que l'Europe devait en attendre par ce qu'il a donné dans l'Orient. Ses fruits sont le despotisme, l'ignorance, la férocité, la dépopula

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