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liberte publique, restaurateur de la prospérité nationale, le père du peuple français.

Le roi a voulu parler; mais l'émotion trop forte dont il était pénétré, ne lui a pas permis de prononcer son discours. M. Bailly s'est approché de Sa Majesté, et après avoir reçu ses ordres, a dit que le roi était venu pour calmer les inquiétudes qui pouvaient encore subsister sur les dispositions qu'il avait fait connaître à la nation, et pour jouir de la présence et de l'amour de son peuple; que Sa Majesté désirait que la paix et le calme se rétablissent dans la capitale, que tout y rentrât dans l'ordre accoutumé, et que, s'il survenait quelque infraction aux lois, les coupables fussent livrés à la justice.

M. Bailly ayant dit ensuite que Sa Majesté permettait de parler, M. le comte de Lally-Tolendal s'est levé, et a dit :

<< Eh bien! citoyens, êtes-vous satisfaits? Le voilà ce roi que vous demandiez à grands cris, et dont le nom seul excitait vos transports, lorsqu'il y a deux jours nous le proférions au milieu de vous. Jouissez de sa présence et de ses bienfaits. Voilà celui qui vous a rendu vos assemblées nationales, et qui veut les perpétuer. Voilà celui qui a voulu établir vos libertés, vos propriétés, sur des fondements inébranlables. Voilà celui qui vous a offert, pour ainsi dire, d'entrer avec lui en partage de son autorité, ne se réservant que celle qui lui est nécessaire pour votre bonheur, celle qui doit à jamais lui appartenir, et que vous-mêmes devez le conjurer de ne jamais perdre. Ah! qu'il recueille enfin des consolations; que son cœur noble et pur emporte d'ici la paix dont il est si digne; et puisque, surpassant les vertus de ses prédécesseurs, il a voulu placer sa puissance et sa grandeur dans notre amour, n'être obéi que par l'amour, n'être gardé que par l'amour, ne soyons ni moins sensibles ni moins généreux que notre roi, et prouvons-lui que même sa puissance, que même sa grandeur, ont plus gagné mille fois qu'elles n'ont sacrifié.

« Et vous, sire, permettez à un sujet qui n'est ni plus fidèle, ni plus dévoué que tous ceux qui vous environnent, mais qui l'est autant qu'aucun de ceux qui vous obéissent, permettez-lui d'élever sa voix vers vous, et de vous dire : Le voilà, ce peuple qui vous idolâtre, ce peuple que votre seule présence enivre, et dont les sentiments pour votre personne sacrée ne peuvent jamais être l'objet d'un doute. Regardez, sire, consolez-vous en regardant tous ces citoyens de votre capitale. Voyez leurs yeux, écoutez leurs voix; pénétrez dans leurs cœurs, qui volent au-devant de vous. Il n'es pas ici un seul homme qui ne soit prêt à verser pour vous, pour

votre autorité légitime, jusqu'à la dernière goutte de son sang. Non, sire, cette génération de Français n'est pas assez malheureuse pour qu'il lui ait été réservé de démentir quatorze siècles de fidélité. Nous péririons tous, s'il le fallait, pour défendre un trône qui nous est aussi sacré qu'à vous et à l'auguste famille que nous y avons placée il y a huit cents ans. Croyez, sire, croyez que nous n'avons jamais porté à votre cœur une atteinte douloureuse qui n'ait déchiré le nôtre; qu'au milieu des calamités publiques, c'en est une de vous affliger, même par une plainte qui vous avertit, qui vous implore, et qui ne vous accuse jamais. Enfin, tous les chagrins vont disparaître, tous les troubles vont s'apaiser. Un seul mot de votre bouche a tout calmé. Notre vertueux roi a rappelé ses vertueux conseils. Périssent les ennemis publics qui voudraient encore semer la division entre la nation et son chef! Roi, sujets, citoyens, confondons nos cœurs, nos vœux, nos efforts, et déployons aux yeux de l'univers le spectacle magnifique d'une de ses plus belles nations, libre, heureuse, triomphante sous un roi juste, chéri, révéré, qui, ne devant plus rien à la force, devra tout à ses vertus et à son amour. >>

Ces divers discours ont été interrompus à chacun des traits qui exprimaient les dispositions du peuple à l'égard de son roi, par les acclamations de toute l'assemblée.

Le roi, toujours plus ému, a pu à peine proférer ces paroles, qui ont été répétées : Mon peuple peut toujours compter sur mon amour. La séance étant terminée, le roi s'est montré par une fenêtre à un peuple innombrable rassemblé sur la place de Grève, à toutes les fenêtres, et qui couvrait tous les toits. Les cris universels de vive le roi! ont retenti de toutes parts.

Sa Majesté est ressortie de l'hôtel de ville, et a retrouvé sur son passage les mêmes transports d'amour et de joie. »

A la séance du 18, l'assemblée nationale eut à s'occuper des ouvriers qui avaient pris la Bastille.

M. Bessin, procureur au Châtelet, commandant la garde bourgeoise du district de Saint-Merry, est introduit dans l'assemblée, et lui adresse la parole en faveur des malheureux habitants du faubourg Saint-Antoine, qui, depuis cinq jours qu'ils avaient quitté leurs travaux pour la patrie, étaient sans pain.

Messieurs, s'écrie M. Bessin, vous êtes les sauveurs de la patrie, mais vous-mêmes, vous avez des sauveurs !... Ce sont les hommes intrépides qui viennent de prendre la Bastille.

Ces premières paroles fixent l'attention de l'assemblée. Elle

écoute avec intérêt le récit que fait l'orateur des actions courageuses des habitants du faubourg Saint-Antoine; il expose ensuite avec chaleur les besoins urgents qui les tourmentent, et le premier, il excite la générosité des représentants de la nation, en déposant sa bourse sur le bureau, pour soulager, à l'instant même, cette partie des vainqueurs de la Bastille.

M. l'archevêque de Paris appuie fortement les représentations de M. Bessin.

M. le président invite les membres qui composent la députation de Paris à se réunir pour délibérer sur les moyens de procurer aux ouvriers du faubourg Saint-Antoine les secours dont ils ont besoin. En effet, une souscription volontaire fut ouverte parmi les membres de la députation, et produisit 45,000 livres. M. de Juigné, archevêque, donna pour sa part 20,000 livres.

Le même jour, la commune prenait l'arrêté suivant :

L'assemblée arrête : « Que les ouvriers sont invités à reprendre leurs travaux, et qu'en rapportant un certificat de leurs maîtres, ou chefs d'ateliers; portant qu'ils ont repris leurs travaux, et un certificat du district portant qu'ils ont déposé leurs armes dans le dépôt indiqué par le district, il leur sera payé une somme de 9 livres, savoir dans trois jours, à compter du présent arrêté, 6 livres à ceux qui auront rapporté une arme à feu, et 3 livres à ceux qui n'auront pas rapporté une arme à feu; et, huitaine après, les 3 livres restantes à chaque ouvrier sans distinction. L'assemblée déclare s'en rapporter à la prudence des districts à l'égard des ouvriers journaliers et autres qui, n'ayant aucun maître, aucun chef d'atelier, seront dans l'impossibilité de rapporter un certificat de reprise de travail. La présente proclamation sera imprimée et affichée. »>

Le mouvement insurrectionnel était terminé. Mais une vive effervescence régnait encore. Le 18, le peuple saisit à la porte même de l'assemblée nationale deux hussards et voulut les pendre. Ils ne furent sauvés que par l'intervention de l'assemblée. A Paris, on mettait déjà en doute le patriotisme des électeurs. Le 18, ceux-ci renvoyèrent devant la justice un nommé Duhamel, arrêté au Palais-Royal lorsque, monté sur une chaise et environné de la foule, il déclamait contre l'aristocratie de l'hôtel de ville. En même temps, on apprenait divers soulèvements qui avaient lieu en province, et déjà l'assemblée avait été forcée d'intervenir elle-même (17 et 18 juillet), pour apaiser un mouvement qui avait éclaté aux portes de Versailles, à Poissy.

CHAP. II.

La

Retentissement des événements de Paris dans les provinces. bourgeoisie s'organise. - Troubles de Rennes, de Grenoble, de Lyon, de Caen, de Strasbourg, de Verdun. Premières manifestations contre les châteaux.

Rennes. La nouvelle du renvoi de M. Necker excita à Rennes le même mouvement qu'à Paris on l'apprit le 15. Le 16, la jeunesse pilla les magasins d'armes. M. Langeron, commandant de la ville, fit prendre les armes aux troupes. Elles se composaient de trois régiments d'infanterie, Artois, Ile-de-France et Lorraine, avec leurs canons, et des dragons d'Orléans; mais elles refusèrent de charger, et se mêlèrent à la population. Un jeune homme, nommé Sevushe, fut promu au commandement de la force armée. Une assemblée populaire prit le gouvernement de la ville, et l'on s'occupa sur-le-champ de rechercher les magasins de blé. On continua cependant à reconnaître M. Thiars comme commandant de la province. (Nouvelles de Bretagne, brochure du 24 juillet.— Relation de ce qui s'est passé à Rennes lors du renvoi de M. Necker.)

Saint-Malo. La jeunesse s'assembla et s'organisa pour marcher au secours de l'assemblée nationale; et les troupes refusant d'agir, les insurgés se trouvèrent maîtres de la ville.

Grenoble.-Le 15 juillet, les citoyens de tous les ordres s'assemblèrent dans l'église Saint-Louis; et, après avoir protesté contre le renvoi des ministres et les intentions de la cour, ils déclarèrent que le payement des impôts serait suspendu du jour où la moindre atteinte serait portée à la liberté de l'assemblée nationale. Ils ordonnèrent que cet arrêté serait adressé à l'assemblée, au duc d'Orléans, au gouverneur, et à toutes les villes et bourgs de la province. Nous avons cet arrêté sous les yeux. Les premiers signataires sont Savoye, chanoine de la cathédrale; Helie, curé de Saint-Hugues ; Reval, consul; Botur, syndic général du commerce; AllemandDulauron, procureur du roi, etc.

Lyon. Le commencement du mois avait été signalé par un engagement de la population avec les troupes. Le peuple, affamé et irrité parce que, dans une fête qui avait eu lieu les 2 et 3, à l'occasion de la réunion des trois ordres, la bourgeoisie avait élevé un mai devant l'hôtel du commandant de la ville, avec cette devise, Cives, dilecto civi, le peuple renversa ce mai pendant la nuit, désarma les troupes éparses dans le corps de garde, et alla attaquer la barrière Saint-Clair et le bureau des Fermes. On fit marcher des dragons sur le rassemblement principal; les troupes firent feu, le peuple résista. Il y eut de part et d'autre des morts et des blessés.

Enfin les dragons se retirèrent sur la Croix-Rousse, et la nuit ramena le calme.

A la nouvelle du renvoi des ministres, les trois ordres s'assemblèrent, protestèrent contre la conduite du gouvernement, et rédigèrent une adresse à l'assemblée.

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La plupart des villes obéirent successivement au mouvement. Partout, même dans les campagnes, on s'arma, on se forma en milice bourgeoise, on établit des corps de garde. Partout on essaya de faire quelque chose dans l'intérêt commun; mais partout aussi la préoccupation de la famine se mêla à ce soulèvement, et lui imprima un caractère particulier. Le premier soulèvement fut uniquement patriotique; le second fut intéressé il fut dirigé contre les accapareurs.

A Caen, à la première nouvelle de la révolution, tous les citoyens arborèrent la cocarde; on prit la citadelle, on s'empara des armes, on força la tour Levi, «prison d'un de ces odieux tribunaux connus sous le nom de commissions, où des juges stipendiés par la ferme renfermaient des malheureux qu'ils envoyaient aux galères ou au gibet, pour avoir vendu à un prix modique ce sel que l'avare ignorance du gouvernement contraignait d'acheter pour ainsi dire au poids de l'or. » Mais la fureur du peuple menaça bientôt les papiers, les maisons et les employés des agents du fisc. Dans cette extrémité, les officiers municipaux ordonnèrent une diminution sur le prix du pain, formèrent une garde bourgeoise, et tout rentra dans l'ordre.

Peu de jours après, quelques soldats du régiment d'Artois, en garnison à Rennes, se rendirent à Caen. Ils étaient décorés d'une médaille, récompense honorable de leur dévouement à la cause commune. Quelques soldats du régiment de Bourbon insultèrent ces patriotes, qui étaient sans armes; et, après un combat inégal, mais sanglant, leur arrachèrent leurs médailles. Les vaincus font retentir la ville de leurs plaintes. On accuse M. de Belzunce, major en second de ce régiment, d'avoir excité ses guerriers, par l'appât d'une récompense, à cette odieuse et lâche expédition. Le peuple indigné court aux armes et à la vengeance. Le régiment de Bourbon se renferme dans les casernes. A l'entrée de la nuit, un piquet de grenadiers tente de s'emparer du pont de Vaucelles. La sentinelle bourgeoise fait feu, et crie aux armes. A l'instant le tocsin sonne, les habitants même des campagnes accourent; et à minuit, plus de vingt mille hommes, avec du canon, investissent le quartier.

Les officiers municipaux et ceux du régiment, désirant prévenir

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