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curiales, de possesseurs, de colons qu'on appelle aussi lidi, de serfs, de loi romaine ou théodosienne, de casati, de bénéficiaires qu'on appelle aussi vassali, de fidèles ou barons, de ducs, de comtes, de centeniers, de juges que dans les cités on devait désigner sous le nom d'échevins, scabini. Ainsi, il est constaté que ces nombreux capitulaires ne peuvent avoir d'autre but que d'introduire des dispositions relatives au rétablissement et à la solidité de l'ordre administratif, ou à la confirmation des devoirs et des droits : s'ils apportent quelques modifications à l'ancien régime, elles ne peuvent être que fort légères.

Les cités étaient restées constituées ainsi que nous l'avons vu dans notre premier livre: seulement elles n'avaient plus de sénat, mais les familles sénatoriales existaient toujours. On les désignait par le nom de nobiles, ou d'homines franci. Ces mêmes noms s'appliquaient aussi, souvent, aux hommes libres qui vivaient du revenu de leurs terres (1). Il est probable que l'institution du sénat, qui n'existait déjà plus chez les Bagaudes du cinquième siècle, avait disparu partout dans les troubles civils de la fin de la première race. Le peuple des cités était encore divisé en plusieurs classes : les curiales, les possesseurs, les hommes qui se livraient au négoce, à la navigation ou au transport des marchandises, et les ouvriers. Les évêques, et toute cité avait le sien, avaient une grande part dans l'administration; ils tenaient l'état civil de l'époque; ils suspendaient les jugements, et, souvent revêtus du titre d'envoyés (missi dominici), ils tenaient des plaids et jugeaient au civil et au criminel, militaires et bourgeois, etc. Chaque cité avait un comte qui représentait le roi, ou, en son absence, un vicaire ou vicomte. Il tenait ce qu'on appelait un plaid, qui rendait la justice et faisait des règlements de police. Il ne pouvait agir qu'assisté de ses assesseurs, scabini, choisis par les citoyens curiales ou possesseurs, par l'élection du peuple et l'assentiment du comte (2). Ce représentant de l'empereur ne pouvait infirmer la décision des échevins; il n'en était, à ce qu'il paraît, que l'exécuteur.

A l'occasion des cités, nous devons parler d'une classe de fondations royales, dont l'exemple fut donné sous la première race et qui devinrent très-nombreuses sous la seconde. Nous voulons parler des villa. Elles furent l'origine d'un grand nombre de villages et de villes, ainsi que leur nom même l'indique. Le système d'administration de ces villes que les capitulaires d'institution nous font

Ibid. p. 661,

(1) Textes des capitul., passim. - Polyptique d'Irminon, prolog., p. 213. (2) Baluze, t. I, p. 68; ibid., t. I, p. 465, art., XXII. t. I; alia capitul. XI.

connaître complétement, a été, plus tard, celui d'autant de villes et villages.

Les villa étaient les maisons de campagne qu'habitaient les rois, villa capitanec (villes impériales), ou les fermes qu'ils possédaient en propre (villes ou villages). Les princes de la première et de la seconde race séjournaient en effet rarement dans les cités, où il n'y avait d'autres palais que ceux construits pour l'usage public, et où, très-souvent d'ailleurs, ils n'étaient point les maîtres. L'histoire de la décadence de Clovis nous présente en effet plusieurs détails d'où l'on doit inférer ce dernier fait : ils habitaient donc leur propre domaine. Aix-la-Chapelle fut primitivement une villa capitanea de Charlemagne. L'administration était ainsi réglée il y avait un major, mayeur, maire, qui gouvernait la communauté; un juge qui administrait la justice; des colons cultivateurs, les ouvriers divisés en plusieurs catégories ou corporations parmi lesquelles on n'oubliait jamais celles des distillateurs-liquoristes; il y avait enfin un gynécée ou manufacture d'étoffes, etc. N'y a-t-il pas là, en effet, selon la population, les éléments complets d'une ville ou d'un village. Ces villas durent devenir très-peuplées, parce que leurs habitants furent, pendant longtemps, exempts du service militaire et du cens.

:

Les bénéfices militaires subsistaient. Un grand nombre de ceux qui existaient autrefois avaient été convertis en biens propres ou en aleuds. Dans plusieurs instructions données aux missi dominici, on trouve l'ordre de rechercher les bénéfices qui ont été retirés par fraude du domaine public, pour être convertis en propriétés particulières. Plusieurs désordres s'étaient d'ailleurs introduits dans le régime intérieur de ceux qui avaient conservé leur titre primitif. Mais ces irrégularités avaient acquis la prescription de l'ancienneté; en sorte que la loi les respecta comme des droits. Ainsi, il n'en était plus comme dans les premiers temps, où tout bénéficiaire était possesseur d'un certain territoire. Quelques-uns possédaient plusieurs manoirs; quelques autres, un seul. Il était résulté de là, que dans chaque bourg militaire, pagus, le pouvoir avait choisi pour chefs du corps, les plus riches, ceux qui possédaient le plus de manoirs, et qui, par suite, avaient le plus d'influence parmi les casati. Ce titre même était devenu presque héréditaire de fait, sans l'être de droit. Ces chefs immédiats des bénéficiaires étaient appelés doyens ou seigneurs, seniores.

Sous Pépin et surtout sous Charlemagne, le corps des bénéficiaires était insuffisant. Il en résulta que tous les hommes libres furent appelés à faire le métier des armes. Il ne peut y avoir de doutes à cet

égard, les textes sont positifs, le possesseur de douze manses devait marcher et avoir une armure complète. Il en était de même de ceux qui possédaient plus de trois manses. Mais celui qui ne possédait que trois manses devait se joindre à un concitoyen pour fournir un homme armé, etc., (1).

Il y avait cependant cette différence entre les bénéficiaires et les simples possesseurs que les premiers, s'ils manquaient à l'appel, perdaient leurs bénéfices, tandis que les seconds étaient seulement frappés d'une amende (2).

Lorsque le ban était publié, tout homme devait marcher à l'ennemi avec des vivres pour toute la durée de la guerre, qui était au moins de quarante jours, et tout équipé, c'est-à-dire monté, couvert d'un bouclier et accompagné de la suite de serviteurs qui lui étaient nécessaires. C'était parmi les pauvres qu'on choisissait les hommes de pied. Ceux-ci étaient armés de l'épée, de l'arc, et portaient seulement pour arme défensive un bouclier. Pendant la route, et sans doute aussi dans le camp, les soldats étaient sous la direction et sous la surveillance de leurs seigneurs (3). Enfin, toute la troupe était commandée par le comte, le chef du comté, comitatús.

En temps de paix, les bénéficiaires, aussi bien que les citoyens appelés, par leur fortune, au service militaire, devaient subir chaque année, trois revues du comte ou des missi dominici. Dans le langage du temps, on disait qu'ils devaient se rendre tout armés aux plaids généraux du comté, qui avaient lieu trois fois par an. C'était le moment des admonitions, des plaintes et des actes de justice. Dans les cités, les juges siégeaient au moins une fois par semaine.

Dans l'esquisse que nous venons de présenter du système militaire en usage, sous Pépin, Charlemagne et Louis le Débonnaire, on devra remarquer, en même temps que des similitudes, de grandes différences avec ce qui existait sous les Romains et sous Clovis. L'armée n'est plus composée d'hommes d'origine militaire seulement, mais de tous les citoyens libres possesseurs des Gaules. Tous reçoivent, dans les chroniques, le nom de Franci, quoique certainement les descendants des Francs ou Germains de Clovis en forment le très-petit nombre.

Les conquêtes de Charlemagne firent une grande consommation d'hommes, non pas tant par suite des pertes faites sur les champs

(1) Capitul. Reg. franc. t. I, p. 458, 490, etc.

(2) Capitul. collect. ab Ansegivo. - Ibid 3, 67 et seq.

(3) Cap. Lud. Pii, anno 822. Recueil des Bénédictins de Saint-Maur, t. VI, p. 433, art. XV.

de bataille, que par la nécessité d'établir un grand nombre de garnisons. En effet, ces garnisons, à cette époque, consistaient dans l'établissement de comtés de bénéficiaires, composés d'un certain nombre de bourgs. On avait puisé ces soldats dans la vieille France, et on en avait peuplé la Marche, c'est-à-dire la frontière d'Espagne; on en avait semé l'Italie, la Saxe, et même les bords du Danube. Les Capitulaires contiennent une ordonnance pour l'établissement d'un comté militaire en Saxe. Il arriva qu'après avoir fourni à tant de garnisons, la population militaire de France fut très-diminuée; alors, dans les pressants besoins, on appela à marcher même les colons (lidi) des bénéfices.

Le mode d'établissement des garnisons varia. Ainsi on voit Charlemagne assigner, en Saxe, à un évêque un certain nombre de cantons, non-seulement pour l'entretien de l'église, mais pour l'entretien d'un corps de troupes destiné à la garder. Il fit la même chose pour la défense de plusieurs frontières.

Indépendamment de ces troupes, les rois avaient avec eux un corps de capitaines et de soldats attachés à leur personne, et vivant de leurs largesses; c'est ce qu'on appelait la scara. C'était parmi ceux-là qu'on choisissait les commandants de province. C'était pour eux qu'était établie l'école du Palais. Le titre de soldat, miles, caballerus, ne pouvait être acquis qu'après un certain apprentissage, dont les conditions rappellent l'usage suivi par les Romains dans leurs camps des frontières, et ce qu'on nomma plus tard chevalerie. Ainsi, comme chez les Romains, pour être reçu novice, tiro, il fallait prêter le serment militaire. Alors on avait le droit de porter le baudrier militaire. Ce n'était qu'après avoir fait ses preuves que l'on pouvait recevoir le titre de miles ou de chevalier, car c'est par ce dernier mot que l'on a traduit celui de miles, qui se trouve dans les chroniques latines des onzième et douzième siècles. Au reste, ainsi que les rois, les ducs et les comtes étaient accompagués d'un certain nombre de ces novices d'armes. Il en existait, en effet, également dans les bourgs; aussi on trouve les mots erronei tirones, opposés à ceux de casati ti

rones.

On appelait encore bénéfices les terres de l'Église, et comme il avait été reconnu que celle-ci avait reçu en don, dans les temps de désordre, des terres qui appartenaient au domaine militaire, à cause de cela, il arriva que quelques églises et plusieurs couvents furent tenus de fournir un certain nombre d'hommes d'armes. Autrement, l'Église jouissait d'une grande indépendance et d'une grande richesse. Elle recevait la dîme; il est vrai qu'elle devait en

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donner un quart aux pauvres et en consacrer un quart aux frais matériels du culte.

Ainsi, il y avait encore trois classes d'hommes libres : les habitants des cités, qui avaient leurs lois et leur justice à part; mais parmi eux, les possesseurs, c'est-à-dire les nobles et les curiales, faisaient de plus qu'autrefois le service militaire; les habitants des bourgs militaires soumis au service de guerre; les hommes de l'Église, divisés en prêtres et en clercs, qui étaient régis souverainement par les évêques et les canons. Il y avait encore deux classes de serfs : les colons fermiers ou ouvriers de l'Église, du roi, ou des autres domaines; et les serfs de corps. Ceux-ci avaient déjà acquis quelque amélioration dans leur condition: car ce n'était déjà plus pour personne une mésalliance que le mariage avec un individu de condition servile.

L'ordre fut maintenu dans cette vaste machine par la régularité des plaids de tous les degrés. L'empereur tenait annuellement une assemblée générale, où devaient se rendre tous les grands officiers, les rois, les ducs, les comtes, les principaux évêques et ses missi dominici; en langue ecclésiastique, c'était un vrai concile. Dans toutes les divisions du territoire et sur tous les degrés de la hiérarchie sociale, les mêmes plaids devaient se répéter, et là on publiait les décisions prises dans l'assemblée générale. On appelait synodes les assemblées provinciales du clergé. Chaque député de l'empereur, en d'autres termes chaque missus dominicus se rendait annuellement de l'assemblée générale dans la division de territoire soumise à sa souveraine juridiction; il y faisait exécuter les règlements arrêtés dans ces assemblées, qu'on appelait capitulaires, parce qu'ils représentaient l'unité nationale; puis il revenait rapporter des extrémités au centre, les besoins, les exigences du peuple. Il faut dire que ces envoyés étaient le plus souvent des ecclésiastiques, et que, lorsqu'une mission était confiée à un laïque, on lui adjoignait toujours un homme d'Église.

Les habitants des cités ne pouvaient être jugés que par leurs pairs, les échevins; ceux des villes, par les juges préposés par le roi; ceux des bourgs militaires, par leurs centeniers, leurs comtes; les comtes, les ducs, ne pouvaient l'être que dans le plaid impérial, c'est-à-dire par leurs pairs.

Tel était, en abrégé, dans les premières années du règne de Louis le Débonnaire, l'état de l'empire français. Il nous eût été facile de nous étendre davantage, et, certainement, en ajoutant des détails à cet exposé, nous l'eussions rendu plus intéressant. Mais nous sommes renfermés dans des limites déterminées. Nous avons

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