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blesse; aussi se refusa-t-il à de nouvelles temporisations, et, au mois de mars de l'année 1314 (1), il fulmina contre Louis la sentence d'excommunication, suivie peu après d'une déclaration portant que ce prince ne pouvait être élu roi des Romains (2); cette excommunication impliquait la peine de l'interdit ipso facto pour les États et les corporations qui resteraient plus longtemps dans le parti de Louis. Cependant c'était une opinion généralement répandue en Allemagne que le pape avait porté atteinte aux prérogatives des princes électeurs; Jean se vit dans la nécessité de la réfuter (3). Les électeurs avaient sans doute leurs droits, que le pape lui-même devait reconnaître et respecter; mais ils avaient aussi leurs devoirs, et, parmi ces devoirs, l'un des plus impérieux, depuis les tristes expériences de plus d'un siècle, était celui de réunir unanimement leurs suffrages sur un même candidat; en cas de partage, la coutume, depuis longtemps établie, voulait que le collége électoral attendit la décision du pape (4). Tant qu'il n'y eut pas de règle déterminée de majorité légale, et que néanmoins les électeurs manquaient d'unanimité, c'était là l'unique principe conciliateur sans lequel, à la mort de chaque roi, l'Allemagne eût été déchirée par des luttes sanglantes, comme cela n'arrivait encore que trop sou vent. Cette coutume, fréquemment invoquée à dater de la déposition d'Othon IV (§ 128), avait son fondement, non point dans l'usurpation des papes oublieux de leurs devoirs, mais dans l'oubli où les électeurs étaient tombés à l'égard de leurs propres obligations.

Quant à cet autre usage qui investissait le souverain pontife du droit de contrôler même l'élection unanime, il dérivait de la même source. L'expérience n'avait que trop souvent dévoilé au chef de l'Église la cupidité des princes électeurs, qui se préoccu

(1) Olenschlager, loc. cit., N. 39, S. 96.

Olenschlager, loc. cit., N. 42, S. 106.

(3) Olenschlager, loc. cit., N. 40, S. 104.

(4) Richard avait relevé d'avance plusieurs villes du serment qu'elles lui avaient prêté dans le cas où son élection aurait dû n'être pas ratifiée par le saint-siége. Bohmer, Cod. dipl. Mono-Francof., J, 116.

paient beaucoup plus du haut prix qu'ils recevaient en échange de leurs voix que des intérêts et de la dignité de l'Église. Ce n'est pas que le roi élu à l'unanimité n'entrât immédiatement dans le plein exercice de son pouvoir gouvernemental, mais il devait être bien entendu pour lui que, si des raisons décisives d'infirmer son élection venaient à se révéler, il ne pouvait compter sur la reconnaissance du saint-siége qu'après avoir levé l'empêchement, comme l'avait fait Henri VII, soupçonné de haute trahison contre Albert, par une justification écrite.

Louis excommunié, le pape aurait pu, d'après l'usage d'alors, reconnaître Frédéric le Beau comme roi de Rome, en lui promettant la collation ultérieure de la couronne impériale; mais Frédéric, homme faible, et qui, sous bien des rapports, était loin de répondre aux espérances qu'on avait conçues de lui, avait conclu avec Louis cet étrange traité par lequel il convenait de gouverner conjointement avec lui le royaume d'Allemagne (1). Cet acte n'était pas de nature à encourager les dispositions bienveillantes de Jean XXII. Toutefois le véritable motif des prétextes de toutes sortes au moyen desquels ce pontife ajournait indéfiniment la reconnaissance du nouveau roi, c'était l'influence française, ou plutôt son propre orgueil national, qui se complaisait dans la pensée de voir la couronne impériale sur la tête du roi de France. C'est sous l'empire de cette pensée qu'il invita les princes allemands à procéder à une nouvelle élection, sans prononcer même le nom de Frédéric.

Quant à l'intention du pape d'écarter du trône Louis de Bavière, la conduite de ce prince ne permettait aucun doute à cet égard. Non-seulement il n'avait absolument rien fait pour se réconcilier avec le chef de l'Église, mais il avait mis au contraire

(1) Baumann, Voluntarium imperii consortium inter Frider. Austr. et Ludov. Bavar. (Fracf. et Lips. 1735, in-fol.), p. 92. Le traité fut conclu le 7 septembre. Dès avant, des lettres d'Allemagne avaient donné au pape avis d'un projet d'après lequel Frédéric devait gouverner le royaume, et Louis, l'empire (Boehmer, S. 217, n. 41). Il est encore question d'un autre traité qui stipulait, de la part de Frédéric, cession du royaume en faveur de son oncle; mais ce point n'est pas encore suffisamment éclairci (Id., S. 50). Eichhorn, Deutsche Staats und Rechtsgeschichte, Bd. III, § 391, note d.

III.

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tout en œuvre pour rendre tout rapprochement impossible. Non content d'être entré en conquérant (1) dans l'Italie, qui depuis longtemps appelait en vain de ses vœux un empereur; non content de s'être fait sacrer à Rome par des évêques schismatiques et couronner du diadème impérial des mains de Sciarra Colonna, le premier des quatre syndics de la cité (2), il poussa l'audace jusqu'à déclarer le pape hérétique, à le condamner lui et son vicaire au supplice du feu, et à lui opposer un autre pape, Pierre Rainalluci de Corbario, de l'ordre des Frères prêcheurs.

Outré de ces procédés, Jean XXII renouvela l'anathème lancé contre Louis et contre tous ceux qui le soutenaient de leurs actes et de leurs écrits (3). Toute voie à une réconciliation semble désormais fermée; la mort même de Frédéric, arrivée sur ces entrefaites (1350), paraît ne devoir rien changer à la situation, lorsque tout à coup Louis, changeant d'attitude et de langage, se déclare disposé à renoncer à la royauté et à l'empire, et Jean, de son côté, semble vouloir aussi se rapprocher de son adversaire (4). Peu après ce revirement inattendu, le pape meurt, et le soin de mettre le dernier sceau à cette solution pacifique passe à son successeur, Benoît XII, qui accepte la tâche avec empressement. Mais malheureusement les bonnes intentions du nouveau pape ne furent pas secondées par un caractère assez énergique, une assez grande force de volonté, et l'on vit se révéler dans cette occasion tous les effets désastreux pour l'Église et pour l'ordre général de la société chrétienne, du séjour des papes en France. Philippe VI ne voulait pas plus que ses prédécesseurs de cetté réconciliation du saint-siége avec le prince allemand; il fit tant, qu'il réussit à la rendre impossible (5), et, à la mort de Benoît XII (1342), auquel succéda Clément VI, l'acquéreur d'Avignon (6), Louis était retombé de nouveau dans ses premiers errements.

(1) Barthold, der Romerzug Kaiser Heinrich VII, Bd. II, S. 510. (2) Raynald., ann. 1328, n. 3, p. 336.

(3) Olenschlager, loc. cit., N. 43, 54, 55 sqq.

(4) Raynaldi, ann. 1534, n. 20, p. 472.

(5) Idem, ann. 1535, n. 7, p. 4; ann. 1337, n. 2, p. 46. — Bohmer, loc.

cit., p. 226 sqq.

(6) Il acheta, en 1348, Avignon de Jeanne de Naples.

La situation de l'Allemagne, sur laquelle la France semblait spéculer pour accroître sa grandeur et son influence, était vraiment lamentable; depuis un quart de siècle, aucun de ses rois n'avait été reconnu par l'Église, et toute sa vie spirituelle était en quelque sorte en suspens sous un interdit général. Louis, il est vrai, avait depuis longtemps déjà renoncé à son antipape, mais c'était pour s'attribuer à lui-même le droit de trancher souverainement toutes les questions de doctrine ou de discipline. De sa pleine autorité impériale, il prononça la dissolution du mariage de Jean de Moravie, de la maison de Luxembourg, avec l'hériritière du Tyrol, Marguerite Maultach, et donna celle-ci pour épouse à son fils Louis de Brandebourg, parent au troisième degré de cette princesse (1). Cet acte audacieux précipita la ruine du roi d'Allemagne, car, outre qu'il offensait toute la maison de Luxembourg, à laquelle il devait principalement son élection, il s'attira par là une nouvelle sentence d'excommunication. Le pape, n'ayant plus à garder aucun ménagement, convoqua le collége électoral, et Charles, fils de Jean de Bohême, fut élu par une majorité de cinq voix.

A la mort de Louis (11 octobre 1347), le parti bavarois, mécontent de cette élection, offrit la couronne à Gunther de Schwarzbourg; mais, ce prince étant mort lui-même peu de temps après, Charles, pour éviter toute scission, se soumit à une seconde épreuve et fut renommé à l'unanimité des voix du collége électoral. L'avénement de ce prince au trône impérial, vacant depuis le règne de son aïeul Henri VII, rétablissait l'unité tant de fois rompue de l'empire romain d'Occident; mais elle devait être de nouveau brisée presque aussitôt par le schisme célèbre qui divisa l'Église en deux camps.

Le tableau que nous venons de tracer sommairement ne reproduit les faits que sous leur face extérieure; pour les bien comprendre, il faut, pour ainsi dire, pénétrer dans leurs entrailles et en rechercher le sens intérieur. La lutte soutenue par Louis de Bavière contre le saint-siége n'était pas seulement un combat

(1) Raynald., ann. 1341, n. 14, n. 15 (tom. XVI, loc. cit., N. 84, S. 224.

p.

138). — Olenschlager,

par l'épée et par les censures, c'était en réalité une guerre de principes. En effet, tandis que l'autorité papale était ébranlée par le pouvoir temporel, devenu son ennemi, à cette même époque, en Italie et en Allemagne surgissait une doctrine qui sapait cette autorité dans ses bases, en choisissant des points d'attaque tout différents, et qui se faisait ainsi l'alliée naturelle de Louis. Il s'agit ici de la théorie relative au caractère et à l'origine de la dignité impériale, qui s'était produite sous le règne de Frédéric Ir et avait fait depuis de très-grands progrès, surtout après la vulgarisation du droit romain, à dater d'Henri VII, et plus spécialement de la doctrine des Fratricelles ou pseudo-frères mineurs.

Depuis sa confirmation par Honorius III (1), dans l'année 1225, l'ordre de Saint-François avait eu les plus grands protecteurs parmi les papes; on peut citer en particulier Nicolas III et Nicolas IV. Ce dernier avait même été général de l'ordre et, après sa promotion au cardinalat, son patron officiel (2). C'est pourquoi Jean XXII le nomme, dans plusieurs de ses constitutions relatives à l'ordre des Frères mineurs (3), comme l'auteur de la décrétale Exiit qui seminat; mais ce document, inséré par Boniface VIII dans sa collection authentique (4), y est attribué avec plus de raison, incontestablement, à Nicolas III (5). Ce qui avait provoqué la publication de cette bulle, qui, ainsi que plusieurs autres émanées de papes antérieurs, avait pour objet l'explication de la règle des Franciscains, c'étaient en grande partie les disputes soulevées par Pierre-Jean Olivi, religieux de cet ordre et Français d'origine (6). Olivi et ses adhérents, qui prétendaient être les seuls qui eussent parfaitement saisi le véritable

(1) Honor. III, P., Const. Solet annuere, 67 (Bullar. Romîn., tom. III, p. 229).

(2) Raynald., ann. 1288, n. 3, tom. XVI, p. 396.

(3) Cap. Quorumdam, 1, d. V. S. Extrav. Joann., tit. 14.

(4) Cap. 3, d. V. S. in 6to (V, 12).

(5) Raynald., ann. 1280, n. 27, p. 323. — Guerra, Pontif. constit. epit.. tom. IV, p. 32. -Clément V, dans sa Constitution Exivi de paradiso, 1, d. V. S. in Clem. (V, 11), nomme Nicolas III.

(6) Raynald., ann. 1325, n. 20, p. 304.- Baluze, Miscell., tom. II, p. 213.

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