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esprit de cette règle, en ce qu'ils rejetaient toute propriété, même commune, sur les choses consomptibles, furent, par cette raison, désignés sous le nom de spiritualistes. Par sa décrétale Exiit, Nicolas, invoquant un précédent d'Innocent IV, attribuait à l'Église romaine la propriété de tous les dons faits aux franciscains, ne laissant à l'ordre que le simple fait de l'usage (1). Cette décision avait pour but de couper court à toutes les discussions; mais elle n'aboutit, ainsi que toute la déclaration de Nicolas, qui défendait, sous peine d'excommunication, d'en faire l'objet d'aucun commentaire ni d'aucune dissertation scientifique (2), qu'à donner une plus grande impulsion aux tendances spiritualistes, et il en résulta, ce qui sans doute ne pouvait être prévu, des conséquences extrêmement fàcheuses. Les controverses recommencèrent plus vives, plus passionnées que jamais, notamment sur la question de savoir si la stricte observation de tous les conseils évangéliques faisait essentiellement partie de la règle. Clément V se vit obligé, dans le cours du concile de Vienne, de déclarer, par la constitution Exivi de paradiso (n. 5, p. 168), que la règle est observée par cela même que l'on garde les vœux monastiques et que l'on suit exactement ceux des conseils évangéliques formellement désignés par le saint fondateur de l'ordre comme faisant partie intégrante de la règle et obligatoires. Mais son successeur, Jean XXII, peu après son avénement au trône pontifical, se trouva forcé, par l'ardeur toujours croissante des disputes, non-seulement de modifier les déclarations précédentes par de nouvelles dispositions, mais encore de conjurer par une décision dogmatique le grave danger qui menaçait la paix de l'Église. Quelques esprits rebelles prétendirent que les deux constitutions Exiit et Exivi avaient été sanctionnées par le concile de Vienne; c'était une erreur; mais, le fait eût-il été vrai, Jean XXII n'en au rait pas moins été dans son droit, et il aurait pu passer outre (3). Ce qui fit de ces disputes entre les frères mineurs un péril pour l'Église, ce fut surtout l'alliance de divers membres de

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l'ordre avec les Bizoches, Béguards ou Fratricelles. Ce sont les noms donnés à différentes sectes hérétiques (1) qui, sous le prétexte d'une pauvreté et d'un renoncement absolus, qu'ils déclaraient être la vraie pauvreté de l'Évangile, enseignaient une foule de principes des plus faux et des plus pernicieux. Le nom de Fratricelles désignait plus particulièrement les sectateurs d'un frère mineur schismatique, nommé Henri de Ceva (2). Ils prétendaient observer à la lettre la règle de Saint-François et s'appuyaient sur un privilége obtenu du pape Célestin V, mais qui avait été révoqué depuis par Boniface VIII. Du schisme ils tombèrent dans l'hérésie, et Jean XXII dut condamner, par la bulle Gloriosam Ecclesiam (3), plusieurs propositions qui servaient de base à la doctrine. Entre autres erreurs, ils professaient celle de l'existence de deux Églises l'une charnelle, vivant dans le faste et souillée de vices; l'autre spirituelle, pauvre de biens, mais riche de vertus : c'étaient les Fratricelles qui formaient celle-ci; eux seuls accomplissaient l'Évangile, eux seuls aussi étaient dignes et capables d'administrer les sacrements (4)!

Nous avons dit comment les pseudo-frères mineurs s'étaient soustraits à l'autorité du saint-siége, ou plutôt comment ils l'avaient transportée à leur corps (5). Mais bientôt il éclata parmi les franciscains une nouvelle scission, d'autant plus grave qu'elle était l'œuvre du général de cet ordre (6). Au sujet d'un procès fait à un bizoche, Bérenger Tolom se déclara solidaire de l'erreur poursuivie, et soutint qu'il n'était pas hérétique de dire que Jésus-Christ et ses apôtres ne possédaient rien, ni individuellement ni en commun (7). Jean XXII, persuadé que, vu qu'il n'était pas intervenu de définition dogmatique sur la pauvreté évan

(1) Raynald, ann. 1317, n. 56, tom. XV, p. 166.

(2) Cap. Sancta Romana (un.) de Relig. domib. Extrav. Joannn. XXII, tit. 7.

(3) Joann. XXII, P., Const. 13, ann. 1517 (Bullar., tom. IV, p. I. P. — Raynald., ann. 1318, n. 45, p. 182. — Cap. Sancta Romana, cit. (4) Const. Gloriosam, cit. §§ 14, 16, 21, p. 162, p. 163.

(5) Raynald., ann. 1325, n. 25, p. 305.

(6) Histoire des souverains pontifes, p. 57.

(7) Raynald., ann. 1522, n. 53, p. 242.

160).

gélique, il pouvait être utile de discuter scientifiquement cette question, suspendit, par la constitution Quia nonnunquam (1), la disposition contraire de Nicolas III, dans la décrétale Exiit. Mais, au lieu d'attendre la définition dogmatique du chef de l'Église, Michel de Césène, général de l'ordre, se crut autorisé à la prononcer lui-même dans un chapitre tenu à Pérouse, auquel assistait aussi l'Anglais Guillaume d'Occam. Cette décision, dont l'idée seule aurait dû être repoussée en présence de la disposition de Nicolas III, portant que toutes les questions douteuses de ce genre devaient être réservées au saint-siége (2), entrait pleinement dans les opinions de Bérenger de Tolom. Elle fut suivie des deux bulles pontificales Ad conditorem et Cum inter nonnullos, insérées l'une et l'autre dans la collection des Extravagantes de Jean, sous le titre De verborum significatione (5). Dans la première, le pape restituait aux frères mineurs la propriété des biens mobiliers ou immobiliers, transportée par Nicolas III à l'Église romaine (4); dans la dernière, pour mettre fin à la dispute, il rendait une décision dogmatique portant qu'il fallait considérer comme erronée et hérétique l'opinion d'après laquelle JésusChrist et ses apôtres n'auraient rien possédé en propre, soit en particulier, soit en commun (5). Le pape réitérait la même déclaration touchant cette autre proposition, que Jésus-Christ n'avait eu aucun droit de propriété ni d'usage sur les choses qu'il avait possédées en commun avec ses disciples.

La hulle Ad conditorem avait vu, dès son apparition, s'élever un contradicteur: Bonagratia, frère mineur de Bergame, avait avancé que le pape n'était pas en droit de rejeter le chapitre Exiit, sanctionné par le concile de Vienne; à son exemple, Jean et Michel de Césène (6), suivis de Guillaume d'Occam (7), pro

(1) Cap. 2, d. V. S. Extrav. Joann. XXII, tit. 14.

(2) Cap. Exiit. § Sed si quid.

(3) Cap. 3 et 4.

(4) Raynald., ann. 1322, n. 70,

(5) § 114.

p. 249.

(6) Cap. 4, d. V. S. Extrav. Joann. XXII.

(7) Son ouvrage : Contra errores Johannis XXII super utili dominio, se trouve dans Goldast, Monarchia S. Rom. Imp., tom. II, p. 1236 sqq.

testèrent aussi contre la décrétale de Jean XXII. En présence de cette opposition, le pape publia la deuxième bulle Quia quorumdam (1), qui mettait au ban de l'Église tous ceux qui hésitaient encore à se soumettre aux décisions apostoliques; mais, au lieu d'imiter la sage conduite de Jean de Poilly, docteur de l'Université de Paris, qui, par la rétractation de ses erreurs, a immortalisé son nom dans le Corpus juris canonici (2), ces religieux franciscains, condamnés également par le chapitre tenu, en 1331, à Perpignan, sous la présidence de Gérald, général de l'ordre, par leur orgueil intraitable portèrent le trouble dans l'Église et rompirent les liens de l'unité (5).

C'est ainsi que les pseudo-frères mineurs, dont faisait encore partie l'antipape de la création de Louis de Bavière, Pierre de Corbario (4), jouèrent le principal rôle dans cet acte du grand drame de la lutte du pouvoir temporel contre la puissance ecclésiastique. Ce n'est qu'en le rapprochant de l'alliance de Louis avec ces sectaires et de l'acceptation faite par ce prince de leurs principes à l'endroit du pouvoir papal, que l'on peut mettre cet incident sous son véritable jour. A cet égard, l'appel à un concile universel, formé par Louis contre la sentence du pape, présente une importance toute particulière (28 octobre 1324).

On lit dans cette pièce : « Ce n'était pas assez pour le pape « de s'arroger les droits de la souveraineté impériale, il fallait «< encore qu'il s'élevât contre Notre-Seigneur Jésus-Christ lui<< même et sa Très-Sainte Mère, qui vécut dans la pratique de la «< pauvreté, en communauté de cœur et d'état avec son divin <«< Fils, partageant sou humble condition et ses sentiments plus <«< humbles encore; contre le sacré collége des apôtres, en déni« grant leur manière de vivre et leur conduite (5); contre la

(1) Guil. de Occam, Compendium error. Joann. XXII (dans Goldast, tom. II, p. 957). - Opus nonag. dierum, p. 993.

(2) Cap. Vas electionis. 2, de Hæret. in Extrav. commun. (V, 5). (3) Raynald, ann. 1331, n. 15, p. 422.

(4) Idem, ann. 1325, n. 20,

n. 75, p. 494.

304. p.

Baluze, Vit. Pap. Aven., tom. II,

(5) Nisiin Jesum Christum insurgeret; d'après Baluze, Olenschla

« doctrine évangélique, en jetant l'outrage de la parole et de « l'exemple sur ce dépouillement absolu, sublime, sur lequel « est basée, comme sur un fondement immuable, la perfection « de la vie extérieure des premiers disciples du Christ, cette vie «< passée tout entière dans un mépris suprême du monde! Et ce « fondement, non-seulement le pape s'efforce de le renverser par « sa conduite perverse, mais il a osé encore, par une proposition «< hérétique et par une doctrine empoisonnée, proclamer solen<< nellement que Jésus-Christ et ses apôtres avaient, comme toutes « autres communautés, possédé en propre des biens temporels, << assertion entièrement hérétique et profane, formellement op« posée au texte du saint Évangile. »>

Qui ne reconnaît dans ces paroles le langage d'un Michel de Césène, d'un Guillaume Occam et d'un Bonagratia? Louis les avait gagnés à sa cause, et leur plume le servit plus puissamment qu'une armée entière qui eût combattu pour lui.

A cette ligue s'associèrent encore plusieurs autres hommes qui s'enrôlèrent également sous la bannière du prince bavarois avec les armes de la science. De ce nombre furent deux docteurs de l'Université de Paris, Marsilius de Menandrino, de Padoue, et Jean de Jando (1). Ils se réunirent à Ubertin de Cazalès (2), pseudo-franciscain réfugié auprès de Louis, pour composer en commun un ouvrage qui, sous le titre de Defensor pacis (3), visait à fonder la paix dans la société chrétienne sur la subordiger, et d'après Raynald. - Nicol. Minor. : Nisi - Jesum Christum — infringeret.

-

(1) Raynald., ann. 1327, n. 1, p. 519, dit de ces deux docteurs : Marsilius Patavinus theologica scientiæ improbus interpres, et Jandunus philosophicarum argutiarum nugarumque artifex, qui novis hæresibus ex inferis excitatis, id unum moliebantur, ut Ecclesiam Dei exscinderent, vel fœdissimæ subjicerent servituti.

(2) kaynald., ann. 1325, n. 20, p. 304. — Baluze, Miscell., tom. II, p. 293, p. 237.

(3) Goldast, Monarchia S. Romani Imper., tom. II, p. 154. Marsilius a écrit en outre un livre intitulé: De translatione Imperii (Goldast., loc. cit., p. 147; Schard, de Jurisd. auctoritate et præeminentia imperiali ac potestate ecclesiastica, p. 224), Jean de Jandon., Informatio de nullitate processuum papæ Johannis XXII, contra Ludov. Bavar. (Goldast., loc. cit., tom. I, p. 18 sqq.)

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