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Outre que ces définitions étaient, sur plusieurs points, en contradiction avec la pratique de l'Église, l'Église elle-même n'avait jamais encore formulé, sur la dernière question, de proposition dogmatique. L'assemblée prenait donc audacieusement une initiative tout à fait en dehors de sa compétence. Aussi un cri de désapprobation s'éleva-t-il de toutes parts, notamment du sein de l'épiscopat hongrois et de plusieurs facultés, contre cette tentative téméraire. Au milieu de cette immense protestation, il était impossible que le pape gardât le silence. Si Innocent XI jugea préférable de ne pas condamner formellement la déclaration, il ne laissa pas néanmoins que de manifester suffisamment sa pensée, en se prononçant contre cet acte dans un bref publié immédiatement après son apparition (1), en n'accordant la confirmation épiscopale à aucun de ceux qui l'avaient juré et en ne cessant de supplier le roi de révoquer son édit. Alexandre VIII alla plus loin : à son lit de mort, il ordonna la publication de la bulle Inter multiplices, dressée par lui quelques mois auparavant, et dans laquelle il réprouvait et annulait la déclaration de l'épiscopat français (2). Innocent XII parvint enfin, en 1693, à obtenir du roi, catholique de cœur, la révocation de l'édit du 2 mars 1682 (3), en même temps que les évêques imploraient leur pardon auprès dans les termes les plus humbles (4).

du

pape

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(1) Litt. Innoc. XI, in form. brev. (Sfondrati, Gallia vindic., diss. 1, § 8, doc. 59, p. 448). Roskovany, Monum. catholica, tom. I, p. 224. (2) Alexand. VIII, P., Const., ann. 1690, dans Roskovany, loc. cit., p. 211.

(3) Dans sa lettre à Innocent XII, Louis XIV disait: Et parce que je tâche de lui témoigner mon respect filial par les preuves les plus fortes dont je suis capable, je suis bien aise de faire sçavoir à V. S. que j'ai donné les ordres nécessaires, afin que les affaires contenues dans mon édit du 2 de mars 1682, concernant la déclaration faite par le clergé du royaume (à quoi les conjonctures d'alors m'avoient obligé) n'ayent point de suite. Et comme je souhaite non-seulement que V. S. soit informée de mes sentiments, mais aussi que tout le monde scache par un témoignage public la vénération que j'ai pour ses grandes et saintes qualités, etc. (Roskovany, loc. cit., p. 215. Soardi, loc. cit., p. II, p. 134.)

(4) Ils disaient: Ad pedes Beatitudinis vestræ provoluti profitemur et declaramus, nos vehementer quidem et supra id quod dici potest ex corde dolere de rebus gestis in comitiis prædictis, quæ Sanctitati vestræ ejusque

Mais si après cela il avait été possible de conserver encore quelques doutes sur le jugement de l'Église à l'égard de la célèbre déclaration, toute incertitude aurait dù tomber devant la condamnation prononcée par Pie VI, dans la bulle Auctorem fidei, contre le synode diocésain tenu par Scipion Ricci, évêque de Pistoie, lequel avait adopté cette déclaration comme l'expression de ses sentiments (1).

Vingt-six ans après la mort de Bossuet (1704), parut la première, et quinze ans plus tard, la seconde édition de la Defensio declarationis cleri gallicani (2), sous les auspices de l'indigne neveu du grand prélat. Cet ouvrage, Bossuet l'avait entrepris à l'instigation de Louis XIV, puis abandonné, puis encore remis sur le métier. Il est certain que le roi et lui avaient complétement renoncé à leur projet primitif de le livrer à la publicité. La composition de ce livre avait dû mettre son auteur dans une cruelle perplexité; la déclaration de 1682 était son œuvre, et, en lui donnant force de loi par son édit, Louis XIV s'était acquis le droit d'en exiger la démonstration scientifique. Bossuet écrivit la défense de cette déclaration; mais cet acte de faiblesse inquiéta ses dernières années. Toutefois, pour quiconque sait par expérience combien il y a loin des premiers essais, même très-multipliés, d'un ouvrage, à la forme définitive sous laquelle il paraît au jour, il est évident qu'on ne peut, sans injustice, imputer à l'évêque de Meaux la responsabilité de la Defensio declarationis, ses éditeurs posthumes n'offrant surtout aucune garantie de fidélité (3).

Quoi qu'il en soit, ce livre eut pour funeste conséquence que,

prædecessoribus summopere displicuerunt: ac proinde quidquid in iisdem comitiis circa ecclesiasticam potestatem et pontificiam auctoritatem decretum censere potuit, pro non decreto habemus et habendum esse declaramus (Roskovany, loc. cit., p. 225).

(1) Pii VI, P., Const. 985, ann. 1794, 28 aug. (Bull. Roman. Contin., tom. IX, p. 395.)

(2) La première eut lieu à Luxembourg, en 1730; la seconde à Amsterdam, en 1745.

(3) Soardi, loc. cit., p. II, p. 171 sqq. Quis est Petrus? p. 122 sqq. De Maistre, ibid., p. 224 sqq. Walter, Kirchenrecht, § 114, note o.

empruntant son autorité à celle de Bossuet, il devint le criterium du gallicanisme, qui prit une telle extension pendant la lutte du jansénisme contre les jésuites, qu'il fallut déployer les plus grands efforts pour faire recevoir en France la bulle Unigenitus (1), par laquelle Clément XI condamnait les erreurs de Quesnel (1713). Cinquante-trois ans plus tard (1766), Louis XV promulguait de nouveau l'édit du 2 mars. Le gallicanisme recrutait de jour en jour de plus nombreux adeptes dans les rangs du clergé comme parmi les laïques, et il survécut à la Révolution. Néanmoins l'exemple des évêques qui se prononcèrent encore, en 1826, pour les libertés gallicanes (2), n'a pas trouvé depuis de nombreux imitateurs, et l'épiscopat français, depuis la révolution de Juillet, a répudié entièrement ces prétendues libertés, qui ne comptent plus guère de partisans que dans la bureaucratie (3).

Mais les effets du gallicanisme ne se sont point renfermés dans les limites de la France; ils ont fait invasion dans tous les pays catholiques, surtout dans les monarchies soumises au sceptre des Bourbons. En Allemagne, cette tendance fut, en grande partie, l'œuvre d'un coadjuteur, qui lui donna son nom et contribua plus que personne à son succès.

§ CXXXVI.

15. Fébronianisme, joséphisme et chute de l'empire.

Il aurait été impossible au gallicanisme, pour se répandre hors de France, de trouver un propagateur plus actif que Zéger Bernard Van Espen, canoniste hollandais. Cet écrivain, tant dans son principal ouvrage sur le droit ecclésiastique que dans un

(1) Bullar. Roman, tom. X, p. I, p. 340.

(2) Vuillefroy, Traité de l'administration du culte catholique (Paris, 1826), s. v. Déclaration, p. 234. — Richter, Kirchenrecht, § 33, note 6. (3) L'ouvrage de Vuillefi oy, cité dans la note précédente, témoigne presque à chaque page de cet esprit de la bureaucratie. Walter, Bonner Kirchenlexikon, vol. II, p. 869.

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grand nombre de traités particuliers, a présenté les principes des libertés gallicanes comme la base normale des rapports, soit de l'épiscopat, soit du pouvoir séculier avec le pape (1). Les écrits de Van Espen, où brille une grande richesse d'érudition historique, puisée, il est vrai, le plus souvent dans Thomassin (§ 7), pourront toujours être consultés avec fruit, tant à cause de l'extrême clarté de style qui le distingue, que de l'abondance des matériaux qu'ils renferment; mais les idées qui leur servent de base, et les tendances qui s'y révèlent à chaque page (2), ne justifient que trop la condamnation qu'ils se sont attirée de la part du saint-siége (3).

L'influence du savant canoniste sur la diffusion des pernicieuses doctrines dont nous venons de tracer l'historique a été très-considérable, surtout dans ce qui concerne la position du pouvoir temporel vis-à-vis de la puissance spirituelle, et l'on peut, sans hésiter, considérer en grande partie comme son œuvre la guerre engagée avec le pape par le disciple de Van Espen, Nicolas de Houtheim, coadjuteur de Trèves.

Dans l'année 1763, Houtheim (4) publia, sous le pseudonyme de Justinius Febronius, un livre intitulé: De Statu Ecclesiæ et legitima potestate Romani Pontificis liber singularis ad reuniandos dissidentes in religione christianos compositus (5). Ce livre a valu à son auteur une malheureuse célébrité! Son intention, comme le titre le dit, était la réconciliation des protestants avec l'Église; mais ce résultat, Febronius prétendait le réaliser

(1) § 7. — Éditions diverses des œuvres complètes de Van Espen: Lovan. 1753. Venet. 1769. Colon. Agripp. 1777.

(2) Supra, § 7. Zaccaria, Antifebron. vind., vol. II, p. 448 sqq. Nardi, Dei parochi, vol. II, p. 360 sqq.

(3) Backhus, Acta Van-Espeniana, Mechl. 1827.

(4) Zaccaria, loc. cit., tom. I, p. 3.

(5) Ce livre parut d'abord à Francfort et eut ensuite plusieurs éditions, tant dans cette ville qu'à Venise. Des addit ons successives, provoquées par de nombreuses attaques, et publiées sous les pseudonymes de Justinianus novus, Johannes Clericus, Aulus Jordanus, Johannes a Calore, Theodorus a Palude, lui firent atteindre, en 1774, les proportions d'un ouvrage en quatre volumes, dont le dernier se composait de deux parties.

par l'admission des dogmes de la confession dissidente; et, en effet, plusieurs de ses maximes fondamentales étaient empruntées à Puffendorf, ce qui lui attira les louanges d'un grand nombre d'hérétiques, mais nullement de toute la secte (1). Comme il allait beaucoup plus loin que les gallicans et les jansénistes, la condamnation de ses erreurs ne pouvait se faire attendre; elle fut prononcée le 27 février de l'année 1754, par le pape Clément XIII (2). Aussitôt après, la plupart des évêques d'Allemagne interdirent également l'entrée de leur diocèse à l'écrit d'Houtheim (3).

Le fébronianisme, ainsi désigné par le nom de son auteur, et, nonobstant la préface la plus flatteuse, système des plus outrageants pour la dignité du saint-siége, peut, malgré ses nombreuses contradictions (4), ètre ramené aux principes suivants (5):

D'abord, voici quel est le point de départ de Fébronius: JésusChrist a conféré le pouvoir des clefs à tout le corps des fidèles, en ce sens que le corps des fidèles possède ce pouvoir, à parler le langage de l'auteur, radicaliter et principaliter, et les prélats, usualiter et usufructualiter. Ce principe posé, il affirme que chaque évêque tient immédiatement de Dieu son autorité, et a reçu, comme successeur des apôtres, le droit illimité de dispense, de jugement en matière d'hérésie et de consécration épiscopale. Il admet bien que Pierre a été distingué par JésusChrist entre tous les apòtres, et qu'il en a reçu la primauté; mais il ne voit dans cette primauté qu'une simple prééminence, sem

(1) La méthode proposée par Féhronius était complétement impraticable, reposant sur des suppositions entièrement fausses. C'est ce que reconnurent même des écrivains protestants qui, par cette raison, s'élevèrent contre lui, entre autres C. F. Bahrdt, Diss. adv. Justin. Febron. Tract. Lips. 1765

(2) La condamnation elle-même n'est point dans le Bullar. Roman, contin, tom. II; mais on y trouve la lettre du pape à l'évêque de Wurtzbourg (p. 450) et celle à l'archevêque de Mayence (p. 451), où on lit: Nos hunc librum nuper proscripsimus.

(3) Zaccaria loc. cit, tom. I, p. 34 sqq.

(4) Tom. П, 87, p. 180.

(5) K. A. Menzel, Neuere Geschichte der Deutschen, Bd. XI, S. 457.

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