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blable à celle du métropolitain sur les suffragants. Le pape a, sans doute, la charge spirituelle de toutes les Églises; il exerce à leur égard un droit d'inspection et de direction, mais il ne peut réclamer aucune juridiction! Comme chef de la chrétienté, il est supérieur à chaque évêque en particulier; il a sur lui la majoritas, mais il ne l'a point sur le corps épiscopal dans son ensemble, seul véritable souverain de l'Église. Par conséquent, alors même que le pape n'assiste point au concile, celui-ci ne peut être pour cela considéré comme un corps acéphale; car sa primauté est dans l'Église, et non au-dessus d'elle. Par la même raison, le pape ne peut rien non plus contre les canons, car il ne les do mine pas; il est seulement chargé de les mettre à exécution. Il est donc permis d'en appeler, en tout temps, du pape au concile, le pontife romain n'étant point un tribunal de dernière instance, ni un monarque absolu, ni un docteur infaillible. Ainsi, il ne peut, sans le consentement de l'Église, faire des lois irrévocables et obligatoires pour tous les fidèles, ni en imposer l'exécution en la sanctionnant d'une menace d'excommunication. Grâce, il est vrai, aux complaisantes concessions des évêques, et plus encore aux extorsions des papes, le saint-siége s'est enrichi dans le cours des siècles d'une foule de prérogatives; mais c'est précisément pourquoi il est nécessaire de ramener l'Église à son état normal, tel qu'il avait été constitué par les quatre premiers conciles œcuméniques. Or, pour arriver à ce résultat, le moyen le plus puissant était que les évêques refusassent toute promulgation aux bulles du pape, toutes les fois qu'elles paraîtraient élever un obstacle à la liberté de l'Église (1).

Jusqu'ici on pourrait croire que le système de Fébronius se place uniquement sur le terrain du pouvoir spirituel, et demeure entièrement en dehors de ce qui touche aux rapports de l'Église et de l'État. Mais l'auteur sentait trop bien que, pour conquérir cette liberté ecclésiastique à laquelle il aspirait, les évèques avaient besoin d'un auxiliaire. Aussi tourne-t-il ses regards vers la puis

(1) Nous n'avons pas à relever ici tout ce que ce système renferme de faux. Il nous suffit de renvoyer aux chap. 1, 2, 3, 4, 6, 8 et 9 de ce livre.

sance temporelle, et, l'invitant à le seconder dans la réalisation de son système, il recommande aux princes, entre autres moyens, d'avoir surtout recours à la convocation des conciles généraux, au placet, à l'appel comme d'abus, et finalement au refus d'obéissance.

Du reste, Fébronius pouvait absolument se dispenser d'assigner expressément ce rôle à la puissance séculière; il découlait forcément de ses principes. Tel est, en effet, le caractère essentiel de la vérité catholique, qu'un seul doute élevé sur un point dogmatique met aussitôt toute la doctrine en question (§ 102). Mais ce qui importe surtout pour le maintien de l'économie intérieure et extérieure de l'Église, c'est que le fondement et le véritable centre de gravité sur lequel repose tout l'édifice ne soit point renversé ou déplacé. En mutilant les droits et les prérogatives du pape, en ne lui accordant plus, comme Fébronius, qu'une préćminence d'honneur, en contradiction flagrante avec les paroles formelles du Christ, en résulte-t-il au moins pour les évêques une garantie réelle de liberté dans l'exercice de la puissance ecclésiastique? Point du tout; c'est chose impossible! Ils ne peuvent exister comme corps spirituel, comme Église, qu'à la condition de se grouper autour d'un centre unificateur; s'ils abandonnent celui que Dieu lui-même leur a donné, il faut nécessairement qu'ils en cherchent un autre. Ce nouveau centre, ce nouveau fondement, ils prétendent le trouver alors dans le pouvoir temporel, dans les bras duquel ils se jettent, dans l'espoir qu'il pourra relier dans ses mains puissantes l'édifice de l'unité chrétienne qui s'écroule de toutes parts. De son côté, le pouvoir temporel, séduit par la perspective d'un accroissement de puissance, en acceptant cette mission, prend réellement le rôle du pape; mais il le remplit comme un intrus, sans vocation et sans titre, à sa manière et avec les moyens affectés à sa fin spéciale. De sorte qu'au lieu d'avoir reconquis une indépendance chimérique, l'Église se trouve en définitive l'esclave de l'autorité séculière. C'est cette cruelle déception que Clément XIII peignait si vivement aux yeux de l'archevêque de Mayence, quand il lui écrivait : « Vous n'ignorez pas dans quel abîme de misère sont tombées les églises dont

III.

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« les évèques s'étaient flattés de rehausser l'importance en même << temps que la dignité de leur siége, par l'abaissement de l'au«torité papale, et comment les novateurs ont fini par jeter « l'épiscopat dans les chaînes de la servitude. »

Or, comme l'épiscopat, qui s'est mis dans cette situation, se trouve forcé, à raison des distinctions de peuples et d'États, de recourir à des princes différents, pour se procurer le lien d'unité nécessaire, il s'ensuit fatalement que l'Église, une et universelle, se fractionne en églises locales et particulières; et cet état de choses dure jusqu'au jour où la justice de Dieu éclate comme la foudre, brise les siéges épiscopaux et renverse les trônes sur les ruines des dynasties. Combien de leçons de ce genre l'histoire à déjà données, et pourquoi faut-il qu'elles soient toujours perdues!

Fébronius se soumit, en 1778, à une rétractation de ses erreurs (1), qui ne paraît pas avoir été parfaitement sincère (2). Son système provoqua une série de réfutations, parmi lesquelles celles de Zacharie et de Bellini méritent une mention spéciale (3). Mais

(1) Wyttenbach et Müller, Gesta Trevir., vol. III, Animadversiones et additamenta, p. 54 sqq. « Katholiken. » Jahrg. 1842, Bd. 1, S. 87.

(2) Justini Febronii, Jurisconsulti, Commentarius in suam retractationem Pio VI P. M. Kalend. novembr. 1778, submissam. Francof. 1781.- Gerdil, Opera, tom. XIII, p. 177 sqq.

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(3) Sappel, sous le nom de Justinianus Frobenius, Epistola ad Cl. V. Justinum Febronium, Jctum, de legitima potestate Summi Pontificis. Į. Kleiner, ad Justini Febronii librum observationes quædam summariæ. Epistola Ladislai Simmoschovini Tusci-Romæ et a Sorbona Lutetiæ Parisiorum probata. Siena, 1765. Greg. Trautwein, Vindicia adversus Just. Febronii Jcti de abusu et usurpatione summæ potestatis pontificiæ libruni singularem liber singularis. Aug. Vind. 1755. —Universitatis Coloniensis de proscriptis a S. S. D. N. Clemente div. prov. Papa XIII. Actis pseudosynodi ultrajectinæ et libris Just. Febronii Jcti- Judicium academicum. Colon. 1765.-R. M. Corsi, de Legitima potestate et spirituali monarchia Romani Pontificis; 12 theses, Florent. 1765.-F. X. Zech, de Judic. eccles., tit. XIII (de schismate), Ingolst. 1766. — Giul. Ant. Sangalli, Dello stato della Chiesa e legitima potestà del Romano Pontefice, 1766. caria, Antifebronio. Pisaur., 4 vol. in-8°, 1767.— Sappel, Liber singularis ad formandum genuinum conceptum de statu Ecclesiæ et Summi Pontificis potestate, Aug. Vind. 1767. Kauffmans, Pro statu Ecclesiæ catholicæ et legitima potestate Romani Pontificis. Colon. Agr. 1767.- Constantino,

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le fébronianisme, par les promesses flatteuses qu'il faisait reluire aux yeux des évêques et des princes, exerçait sur leur esprit une trop grande séduction, pour que ses fausses doctrines, propagées par une foule de pamphlets et d'autres écrits plus importants, ne fussent pas accueillies plus favorablement que ces réfutalions.

Mais nulle part cet accueil ne fut plus empressé qu'à la cour d'Autriche, où la théorie de Fébronius eut pour protecteurs et premiers disciples le prince de Kaunitz (1) et le janséniste Van Swieten, directeur des études. Aussi grand nombre de canonistes autrichiens s'enrôlèrent-ils avec ardeur sous le drapeau de cette pernicieuse doctrine. Les plus remarquables furent Cybel et Rantenstrauch; le premier, qui avait déjà publié un traité ex professo sur le droit ecclésiastique (2), composa sous ce titre : « Qu'est-ce que le pape? » un libelle qui lui valut d'être coudamné dans la bulle Super soliditate (3) (1786), et réfuté, à sa honte, par un écrivain distingué du protestantisme (4).

Disinganno sopra l'ogetto scritto in fronte del libro intitolato De statu Ecclesiæ, etc. Ferr. 1767. — Italus (Viator. de Coccaglia) ad Febronium. Luc. 1768. P. Ballerini, de Potestate eccelesiastica summorum Pontificum et Conciliorum generalium liber, una cum vindiciis auctoritatis pontificia contra opus Just. Febronii. Veron 1768. Zaccaria, Antifebronius vindicatus. Cæsen. 4 vol. in-8°, 1771. Carrich, de Ecclesia, Rom. Pont. et Episc. leg. pot. Colon. 1773. — (J. A. Sangalli), Romani Pontificis summa auctoritas, jus et præstantia œcumenicorum conciliorum. Favent. 1779. Mamachi, Origenes (§ 6, N. 6). — Zaccaria, Antifebr. vind., tom. I, p. 8 sqq.

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(1) Wyttenbach, loc. cit., N. 3, p. 55.

(2) J. V. Cybel, Introductio in jus ecclesiasticum cathol. Vienna, 1778, 4 tom. - Steph. Rantenstrauch, Institutiones juris eccles. Germaniæ accommodatæ, tom. I, Prag. 1772. Synopsis juris ecclesiastici publici et privati, quod per terras hæreditarias Augustissimæ Imperatricis Maria Theresia obtinet. Vindob. 1776, in-8°, — J. P. a Riegger, Institutiones jurisprudentiæ ecclesiasticæ, IV Part. Vienna, 1768; ed. nov. 1774.

Mamachi, Epistolæ

(5) Bullar. Roman. contin., tom. VII, p. 671 sqq. ad auctorem anonymum opusculi inscripti: Quid est Papa? Rom. 1787.Gerdil, Confutazione di due libelli diretti contra il breve Super soliditate. Rom. 1789 (Oper., tom. XII, p. 15). - Apologia compendiaria del breve di S. Padre Pio VI Super soliditate. Rom. 1791 et 92 (Oper., tom. XIII, p. 111 sqq.).

(4) Qu'est-ce que le pape? A cette question Jean Müller répond: « On

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Mais personne n'embrassa avec plus de zèle les principes du fébronianisme que l'empereur Joseph II (1), qui, du jour où il prit lui-même les rênes du gouvernement (1780), s'appliqua de toutes ses forces à les mettre en pratique. Elevé par deux jésuites, l'empereur était parfaitement convaincu de la vérité du catholicisme; il n'était pas moins pénétré de l'idée que le premier devoir de tout souverain est de se dévouer tout entier au bien général de son peuple. Malheureusement il ne voyait l'Église qu'à travers le prisme mensonger du gallicanisme et du fébronianisme; et, à ses yeux, la grandeur et la prospérité d'un peuple consistaient exclusivement dans l'accroissement de sa puissance financière et militaire, et il faisait de cette œuvre le but suprême de tous ses efforts. De ce point de vue, qui est celui de l'absolutisme moderne, il devait voir nécessairement dans l'autorité du saint

« dit : Ce n'est qu'un évêque; oui, comme Marie-Thérèse n'est qu'une «< comtesse de Habsbourg, Louis XIV qu'un comte de Paris, le héros de << Rosbach et de Leuthen, un de Zollern. On sait quel pape a couronné << Charlemagne premier empereur, mais qui a institué le premier pape? Le <« pape, c'était un évêque; oui, mais c'était aussi le saint-père, le pontife suprême, le grand khalife (c'est ainsi que le nomme Abulféda, prince d'Amath) de tous les royaumes et principautés, de toutes les souverainetés « et cités de l'Occident, qui a civilisé les jeunes générations barbares de « nos contrées par la crainte de Dieu. Sans autre arme que la prière pour « conserver à un nombre infini d'hommes le trésor que leur ont trans« mis les âges antiques; à l'Église, son pasteur suprême, et à la famille «< chrétienne, son chef spirituel; n'ayant à faire entendre, au milieu du << fracas des armes dont retentit notre siècle, que les accents plaintifs d'une « voix suppliante, qui semble vouloir apprendre au monde si elle est en<«< core écoutée par les chefs des peuples, ou si elle ne l'est plus que de << Dieu seul; dépouillé de tous ces appareils du pouvoir et de la force, qui << portent dans l'âme la crainte et l'effroi; puissant seulement par les << grâces célestes de la bénédiction, il est encore saint dans des milliers de «< cœurs, grand auprès des potentats entourés du respect des peuples, dé<< positaire d'une autorité devant laquelle ont passé, depuis la race des Cé<< sars jusqu'à la famille des Habsbourg, une foule de nations célèbres et << tous les héros qu'elles ont produits. » (Müller, Sæmtl. Werke, Ed. 8, 5, 58).

(1) Hist. pol. Blætter, vol. III, p. 129 sqq., vol. VIII, p. 641 sqq. — Menzel, loc. cit., Bd. XII, Abth. 1, S. 28. - Memorie storiche di Monsignor Bartolomeo Pacca, ora Cardinale di S. Chiesa, sul di lui soggiorno in Germania dell' anno 1786, 1794. Rom. ed. 2da, 1831. — Aug Theiner, Geschichte der deutschen Bildungsanstalten. Mainz, 1845.

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