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INFLUENCE DU SCHISME ET DE L'HÉRÉSIE, DANS L'ÉGLISE D'OCCIDENT, SUR

LA POSITION RESPECTIVE DES DEUX POUVOIRS.

§ CXXXVIII.

Tribus germaniques ariennes. — Angleterre, Écosse, Irlande

et Scandinaves du Nord.

L'hérésie d'Arius se propagea rapidement, à dater du neuvième siècle, dans tout le monde occidental. A l'exception des Francs, les peuples germaniques qui embrassèrent à cette époque la foi chrétienne se jetèrent tous dans l'arianisme; les Goths, les Wisigoths, Odoacre avec ses hordes barbares, les Bourguignons, les Vandales, et, pendant un certain temps, les Lombards, étaient tous ariens. La situation de l'Église, sous la domination de rois séparés d'elle par les intérêts et par la croyance, était sans doute déplorable; mais chez les Wisigoths (1) et chez les Vandales, en Afrique, elle fut en butte à une véritable persécution. Cette dernière tribu, la plus cruelle des peuplades de race germaine, avant qu'elle eût renoncé à l'idolâtrie, se distinguait encore, après sa conversion au christianisme, par la fureur avec laquelle elle sévissait contre les catholiques (2). Après la ruine des monarchies vandales et ostrogothes par Justinien, ces tribus revinrent au catholicisme. Chez les Wisigoths, Reccarède, successeur de Léovigilde, abjura l'erreur arienne, et en peu d'années (3) l'Église d'Espagne acquérait déjà la réputation d'orthodoxie dont elle s'honore encore aujourd'hui (4). Chez les Bourguignons, l'hérésie s'éteignit également lorsque le royaume fondé par ce peuple fut incorporé à l'empirefranc; et chez les Lombards la foi catholique

(1) Isidorus, Chron. Era, 606. Greg. Turon., Hist. Eccles. Franc. VIII, 28. Paul. Diac., de Gest. Langob. III, 21.

(2) Victor Vitensis, Historia persecutionis Vandalicæ.

cit., Era 501.

Isidorus, loc.

(3) Isidor., loc. cit, Era 624. — Greg. Turon., loc. cit., IX, 15. — Asch bach, Gesch. der Westgothen, p. 223.

(4) Greg. Turon., loc. cit., IX, 16.

eta des racines de plus en plus profondes, surtout à dater du règne de la célèbre Théodélinde (1) et de l'avénement de la ligne bavaroise, appelée au trône à cause de sa parenté avec cette reine; de sorte qu'à la fin du huitième siècle, là aussi il ne restait plus aucune trace de l'arianisme.

Les hérésies postérieures du moyen âge n'exercèrent aucune influence sur la détermination des rapports de l'État avec l'Église, aucune doctrine réprouvée par l'Église n'ayant pu réussir nulle part à se faire adopter comme religion officielle. C'était là une bonne fortune qui ne pouvait se réaliser en faveur des doctrines de Wicleff et de Jean Huss, qui n'attaquaient pas moins les fondements du gouvernement temporel que ceux de la hiérarchie ecclésiastique (2). Mais il n'en fut point ainsi des innovations du seizième siècle; elles eurent des conséquences immenses, qui furent, sinon en totalité, du moins en partie, le fruit naturel des malheureux essais de réforme tentés dans le siècle précédent (§ 134). C'est surtout dans la révolution religieuse d'Angleterre que cette vérité se produit avec éclat.

De tous les princes de cette époque, aucun ne s'était prononcé plus résolument, contre le système de Luther, que Henri VIII, roi d'Angleterre. Entre autres preuves de son orthodoxie, il avait composé lui-même (5) contre le chef de la réforme un ouvrage qui lui avait valu de Léon X le surnom honorable de defensor fidei (4). Hélas! alors que Clément VII donnait ce titre au monarque anglais, il était loin de pressentir que ce même souverain, poussé par le plus honteux des motifs, deviendrait l'auteur d'un schisme que trois siècles n'ont pu encore extirper

(1) Deutsche Geschichte, vol. I, p. 387 sqq.

(2) Conc. Constantiense, Sess. 8, Artic. Joann. Wicleff., n. 15 (Hardouin, Concil., tom. VIII, col. 300): Nullus est Dominus civilis, nullus est prælatus, nullus est episcopus, dum est in peccato mortali. Sess. 15, Artic. Joann. Huss., n. 30, col. 412.

(3) Assertio septem Sacramentorum adversus Martinum Lutherum, edita ab invictissimo Angliæ et Franciæ rege et domino Hiberniæ Henrico ejus nomine octavo, Lond., 1521 (Antw., 1522; Rom., 1543). Lingard, History of England, tom. VI, p. 141.

(4) V. la bulle dans Sander (note 9), lib. I, p. 199.

que

du monde chrétien (1)! Ce fut le refus du pape d'approuver le divorce du roi d'avec son épouse Catherine, sœur de CharlesQuint, qui fit éclater la rupture. Henri avait épousé cette princesse, veuve de son frère Arthur, avec dispense du pape. Tout à coup il se sépare d'elle sous le prétexte de scrupules de conscience, et se marie avec Anne de Boleyn, sœur de sa concubine (2). La mésintelligence qui survint à la suite de cet acte scandaleux, entre le pape et le roi, ne se manifesta d'abord par diverses mesures vexatoires prises à l'égard du clergé (3); mais bientôt Henri se laissa entraîner, par les conseils de l'homme le plus funeste de l'histoire d'Angleterre, à d'autres actes odieux et violents. Thomas Cromwell (4), formé à l'école de Machiavel, précédemment secrétaire du cardinal Wolsey, alors conseiller du roi, lui représenta que l'Angleterre, ayant, indépendamment de lui, le pape pour chef, offrait l'image d'un monstre à deux têtes, Il lui mettait sans cesse sous les yeux l'exemple des princes allemands qui s'étaient attribué le pouvoir usurpé par les papes, l'excitant à imiter cette conduite hardie, ce qui lui était d'autant plus facile, qu'il avait tout le clergé dans sa main! Séduit par ces paroles artificieuses, Henri sut bientôt amener les évêques d'Angleterre par différents moyens d'intimidation à faire cette déclaration souverainement ambiguë, qu'ils reconnaissaient le roi comme le protecteur suprême de l'Église et de l'épiscopat anglais, comme seul et souverain seigneur, et, autant que la loi

(1) Nic. Sander, de Origine et progressu schismatis Anglicani (Colon., 1610). Dold, The Church History of England. Brussels, 1758, 5 vol. in-fol. (Nouvelle édit. par Tierny, Lond., 1840), vol. I, p. 71 sqq. Lingard, loc. cit., p. 151 sqq. - Döllinger, Fortsetzung von Hortig's Handbuch der christlichen Kirchengeschichte, vol. II, sect. 2, p. 585 sqq. (2) Que Marie de Boleyn eût été la maîtresse de Henri, c'est un fait qu'il n'est plus possible de contester. Lingard, loc. cit., p. 152; ib., 3. p. Sinder, loc. cit., lib. I, p. 48 et 86. Sander va même jusqu'à prétendre qu'Anne de Boleyn était sœur de Henri, V, p. 88.. On sait que Henri accusa Anne d'adultère et la fit mettre à mort. Le lendemain il épousa Jeanne Seymour, et, après la mort de celle-ci, Anne de Clèves, qu'il répudia; ensuite Catherine Howard, qu'il envoya à l'échafaud; enfin Catherine Parr, qui lui survécut.

(3) Lingard, loc. cit., p. 219. (4) Id., ibid., p. 231.

de Jésus-Christ le permettait, comme chef suprême (1). Henri abolit ensuite les annates et retira au clergé lé droit d'autonomie (2).

Henri avait trouvé un instrument docile pour l'exécution de ses plans dans le nouvel archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, marié avec une nièce d'Osiandre (3). Le concours de ce primat de l'Église d'Angleterre aida puissamment Henri à consommer sa rupture avec Rome, qu'il proclama solennellement dans l'année 1534 (4). Aussitôt il s'empara lui-même de la suprématie de l'Église anglicane et en délégua l'exercice à Cromwell, décoré du titre de vicaire général. Tous les évêques furent suspendus et ne purent être réintégrés sur leurs siéges qu'après avoir déclaré qu'ils ne tiraient leur pouvoir que du roi. Dans un tel état de choses, les cloîtres ne pouvaient être épargnés; on supprima d'abord les petits, puis les grands bientôt après, et les biens des uns et des autres furent également confisqués (5). En présence de pareils attentats, le pape ne pouvait garder le silence; dès l'année 1535, Paul III prononçait l'excommunication contre Henri VIII; toutefois la sentence ne fut solennellement fulminée qu'en 1537.

Ce prince ne se faisait pas une idée fort claire des droits et prérogatives qui composaient précisément sa suprématie, et spécialement de son étendue et de ses limites à l'endroit de l'ensei

(1) Wilkins, Concil. Magn. Britann., tom. III, p. 742.

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p. 236.

(2) Lingard, loc. cit., p. 242 et 243.

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(3) Id., ibid., p. 254. — Le mariage de Cranmer n'était pas connu alors en Angleterre.

(4) Dodd, loc. cit., p. 92 sqq. Lingard, loc. cit., p. 266. — Döllinger, loc. cit., p. 587.

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(5) Dodd, loc. cit., p. 100 sqq. Lingard, loc. cit., p. 301 et 338. Döllinger, loc. cit., p. 592. La Conversion de l'Angleterre au christianisme, comparée avec sa prétendue réformation, trad. par Niceron, Paris, 1729, p. 268 et 281, et les Lettres de Cobbet sur la réforme anglicane, contiennent un ouvrage du célèbre Spelman: The History and Fate of Sacrilege, discover'd by Examples of Scripture, of Heathens, ad of Christians; from the Beginning of the World continually to this day, 1652, Lond., 1698.

gnement; son livre contre Luther devait même être pour lui, à cet égard, un assez grand embarras. Mais les difficultés de la théorie s'aplanissaient merveilleusement dans la pratique. Quiconque se prononçait pour la suprématie du pape contre celle du roi était pendu ou décapité, comme convaincu de haute trahison; quiconque professait la foi de l'Église catholique était brûlé comme hérétique (1). Les premières victimes immolées au ressentiment du chef de l'Église anglicane furent ses plus fidèles amis, deux des hommes les plus distingués de leur siècle, le cardinal Fisher, évêque de Rochester, et le chancelier Thomas Morus (2). Après eux se déroula une longue chaîne de martyrs, que le despote cruel fit monter sur l'échafaud, comme blasphémateur de la suprématie spirituelle du roi (3). Mais il voulut venger jusque sur les morts eux-mêmes la non-reconnaissance de la primauté royale : le saint martyr de Cantorbéry, dont Henri II avait si chèrement expié le meurtre (§ 129), Henri VIII le fit condamner comme coupable de haute trahison, et les ossements du magnanime pontife furent brûlés sur la place publique (4).

Bien

que les six articles (5) que Henri VIII publia comme règle légale de l'Église anglicane, non plus que le livre dit Livre royal (6), qu'il fit composer pour l'instruction des nouveaux religionnaires, à part le rejet de la primauté du pape, ne renfermassent rien de contraire au dogme catholique; bien encore que ce prince n'eût pas accueilli les avances des protestants d'Allemagne, qui cherchaient à l'attirer dans leur parti (7), on devait

(1) Lingard, loc. cit., p. 405.

(2) Sander, loc. cit., p. 119 sqq.

Lingard, loc. cit., p. 274-280 et 187-295. Rudhart, Thomas Morus, Nürnb., 1829.

(3) Sander, loc. cit., p. 114. — Dodd, loc. cit., 342.

(4) Döllinger, loc. cit., p. 594.

p.

(5) Ces articles avaient trait à la transsubstantiation, à la communion sous une seule espèce, au célibat, aux vœux religieux, à la messe privée et à la confession auriculaire.

(6) Lingard, loc. cit., p. 413.

(7) Dodd, loc. cit., p. 119. — Lingard, loc. cit., p. 357. — K. A. Menzel, Neuere Gesch. der deutscen Seit der Reformation bis zum Bundsacte, vol. I, p. 428 sqq.; vol. II, p. 121 et 177.

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