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A cette redoutable association, qui poursuivait avez zèle et persévérance le triomphe de ses prétentions et le maintien de ses prérogatives, et ne voulait pas même permettre à l'empereur de soutenir les ecclésiastiques protestants contre leurs souverains de la même confession (1), il aurait été bien naturel d'opposer un Corpus Catholicorum ayant pour objet de protéger les catholiques contre les souverains protestants; car certes, de ce côté aussi, les motifs ne manquaient pas. Mais le Corpus Catholicorum (2) n'a guère eu de réel que sa dénomination, et il n'a jamais existé à l'état de corps proprement dit et complétement organisé.

Si à cette époque, dans les rapports des catholiques et des protestants, on ne voit pas régner une tolérance réciproque, là même où les lois prescrivaient l'égalité des cultes, cela se comprend plus facilement que l'hostilité où étaient presque toujours vis-à-vis les uns des autres les luthériens et les réformés. Un exemple remarquable de ce fait se montre à Berlin, en 1662, dans la nouvelle rupture survenue entre les partisans de ces deux confessions (3), par suite de laquelle la faculté de théologie de Wittemberg proclama cette opinion, que les réformés devaient tolérer les luthériens, parce qu'on ne pouvait les convaincre d'aucune erreur fondamentale, tandis qu'ils n'avaient pas le droit d'exiger la même tolérance de la part des luthériens. Les calvinistes, de leur côté, appliquaient aux luthériens les mêmes principes d'exclusion (4), de sorte qu'avoir affaire à un souverain catholique était pour la confession opprimée une bonne fortune. Ce fut le cas, notamment, des réformés de Brunswick, à la conversion du comte Antoine Ulrich (5), et de ceux de Saxe, à celle du prince-électeur Frédéric-Auguste II (6). L'avénement de la

(1) Menzel, loc. cit., vol. XI, p. 82.
(2) Laspeyres, loc. cit., p. 93 sqq.
(3) Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 425 sqq.

(4) Id., ibid., vol. IX, p. 202.

(5) Aug. Theiner, Geschichte der Zurückkehr der regierenden Hæuser von Braunschweig und Sachsen in den Schooss der katolischen Kirche im achtzehnten Jahrhundert (Einsiedeln, 1843), p. 7 sqq. - Menzel, loc. cit., vol. IX, p. 557.

(6) Theiner, loc. cit., p. 103 sqq. — Menzel, loc. cit., vol. IX, p. 252. Histor. polit. Blætter, vol. III, p. 360.

maison de Neubourg dans le Palatinat fut encore plus favorable aux luthériens. Charles-Louis, électeur protestant, avait déjà, dans l'érection qu'il avait faite de l'église de la concorde pour les trois confessions, à la mémoire et selon la pensée de sa maîtresse (1), donné le premier exemple de tolérance dans le sens moderne du mot; ses successeurs catholiques se placèrent plus complétement encore, à l'égard des protestants, en lutte les uns contre les autres, sur le terrain d'une véritable parité (2). Mais tous ces efforts finirent par échouer; les réformés ne pouvaient se résigner à voir les luthériens jouir du libre exercice de leur culte, qui leur était accordé par les gouvernements, et il fallut que les choses revinssent à peu près où elles étaient antérieurement, ce qui eut lieu par le concordat de Dusseldorf (1705) (5).

Dans de telles conditions, aucune des sectes séparatistes ne pouvait arriver à une existence légale; la chose était d'autant plus difficile, que la reconnaissance en était formellement interdite par le dispositif du traité de Westphalie (4). Et toutefois, chose étrange! le despotisme du système territorial, armé contre ces sectes du droit formidable de réforme, droit qui les menaçait, ce semble, d'une destruction certaine, ce système, disons-nous, fut précisément ce qui contribua au développement du séparatisme piétiste (5). Ce résultat n'était, du reste, que la conséquence forcée de son indifférence à l'endroit de la doctrine, laquelle devait naturellement fractionner toujours de plus en plus le symbole protestant, mais, par la même raison, devait le conduire au chaos. Et en effet, tels étaient la confusion des doctrines et le pêle-mêle dogmatique, que Spener ne voyait déjà plus qu'un conseil à donner à ses coreligionnaires: Ne plus attendre de solution que du Saint-Esprit (6).

(1) Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 410.

(2) Menzel, loc. cit., vol. IX, p. 202, 206, 210.

(5) Id., ibid., p. 525.

(4) Muhler, loc. cit., p.184 sqq., p. 265.— Richter, Kirchenrecht, §5, (54). (5) Stahl, die Kirchenverfassung nach Lehre und Recht der Protestanten, p. 32.

(6) Histor. polit. Blætter, vol. XIII, p. 70. — Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 481 sqq.

§ CXLIII.

3. Position de l'Église vis-à-vis de l'État indifférent. — L'Allemagne depuis Frédéric le Grand jusqu'à la Confédération.

La servitude dans laquelle était tombé le protestantisme d'Allemagne au dix-huitième siècle, par son état de minorité sous le sceptre des souverains, montre, encore plus clairement que dans le passé, son impuissance à fonder une société religieuse viable (1). Il avait, le luthéranisme surtout, essentiellement contribué à l'extension et à l'affermissement de la puissance des souverains, et les princes catholiques eux-mêmes n'avaient pas négligé non plus d'en faire leur profit. Le mot de Guillaume Ier, roi de Prusse: « J'établis la souveraineté sur un rocher de bronze (2), » peut être considéré, avec raison, comme l'expression fidèle de ce grave résultat du schisme dans toute l'Allemagne. Il est facile de comprendre que la liberté politique n'eut pas elle-même à gagner beaucoup dans cette révolution (3); un souverain pouvait se rendre coupable envers ses sujets des actes les plus arbitraires, sans qu'il eût à craindre d'encourir le blâme des autres princes, ses muets complices, et c'était seulement quand un grief religieux était dénoncé à la diète, qu'il éveillait, souvent encore uniquement pour l'avantage politique que l'on en pouvait tirer, l'intérêt le plus vif et le zèle le plus ardent !

Ce degré de dépérissement où la liberté politique était alors arrivée en Allemagne, et la forme sous laquelle s'y produisait la caducité du protestantisme, contrastaient singulièrement avec les progrès parallèles de cette même liberté et de cette même caducité en Angleterre et dans l'Amérique du Nord. Dans la mère patrie, comme dans la colonie, la liberté politique élevait de plus en plus sa base, et, parallèlement à ce progrès, on voit autour de (1) Histor. polit. Blætter, vol. XIII, P. 50.

(2) Færster, Friedrich Wilhem I, vol. I, Urkundenb. N. 11, p. 50. Menzel, Neuere Geschichte der Deutschen von der Reformation bis zur Bundesacte, vol. X, p. 397.

(3) Perthes, Das deutsche Staatsleben vor der Revolution. Hamburg,

l'Église aux trente-neuf articles, divisée elle-même en deux confessions principales (1), pulluler une foule de sectes qui, transplantées en Amérique, s'y multiplient encore à l'infini. Aussi nulle part ne sé revèle plus manifestement que dans ces pays la tendance innée du protestantisme à se morceler dans ses conséquences pratiques (2).

Cette marche des choses ne pouvait que tourner au bien de l'Église, au moins sous le rapport politique. Le système pénal anglais, avec ses serments et ses exclusions contre les catholiques, dura, il est vrai, aggravé encore par de nouvelles dispositions, du même genre, de Guillaume III et de Georges I", jusqu'à la seconde moitié du dix-huitième siècle (3); mais néanmoins, peu à peu, la législation britannique a changé totalement de caractère. Tout en maintenant les prérogatives, onéreuses sans doute, mais enfin légalement déterminées, de l'Église de l'État, elle a aboli toutes ces peines et ces interdictions civiles qui pesaient sur les autres Églises, et inauguré un régime d'égalité presque complète entre toutes les confessions chrétiennes. Beaucoup plus tôt encore, et sur les plus larges bases possibles, le principe de liberté religieuse s'est développé dans l'Amérique du Nord, et est allé même jusqu'à l'indifférence absolue de l'État à l'égard de la religion. L'article de la constitution des États-Unis relatif à ce point est ainsi conçu: « Le congrès ne doit faire aucune loi concernant l'établis« sement d'une nouvelle religion, ni interdire le libre exercice «< d'aucun culte (4). » Ces paroles expriment formellement la renonciation de l'État pensylvanien à toute prétention du gouvernement de favoriser ou d'entraver tel ou tel culte, de préférence à tel autre; en un mot, d'exercer aucune pression directe ou indirecte dans le domaine des doctrines religieuses.

(1) Hist. polit. Blætter, vol. XIII, p. 363 sqq., p. 395, p. 449 sqq. Ibid., vol. XV, p. 134 sqq., p. 229 sqq.

(2) Ibid., vol. XIII, p. 50.

(3) Walter, Kirchenrecht, § 53, p. 115 sqq. (10e édition.)

(4) Const. of the United-States (1789), App., art. 3: Congress shall make no law respecting the establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof.

En vertu de ce principe fondamental de la constitution américaine, l'Église catholique jouit, elle aussi, sur le territoire de l'Union, d'une liberté d'action exempte de toute entrave du côté de l'autorité séculière. A ce point de vue, il pourrait sembler que ce système d'indifférentisme soit celui qui convient le plus à l'Église, et qu'elle ne saurait désirer mieux (1); mais si, comparativement à l'oppression que ses membres ont à souffrir de la part d'un gouvernement schismatique ou hérétique, ainsi qu'aux entraves légales qu'elle rencontre à chaque pas dans l'exercice de sa puissance dans l'État paritétiste, elle peut préférer, selon les circonstances, la situation qui lui est faite dans un pays dont le pouvoir est, comme tel, complétement indifférent à l'égard de toutes les religions, elle ne peut cependant jamais reconnaître le principe même de l'indifférentisme religieux (2). Les deux puissances instituées de Dieu pour gouverner le monde ne doivent point travailler à remplir leur tâche, isolées et séparées l'une de l'autre; cette tâche est une œuvre commune au pouvoir spirituel et au pouvoir temporel; ils doivent donc, s'aidant et s'appuyant réciproquement, agir de concert pour la grande fin à laquelle Dieu les a destinés (§ 105 et suiv.).

Envisagé au point de vue du droit divin, l'État indifférent ne peut donc apparaître que comme une dégradation de la puissance séculière. Quant à l'Eglise, elle ne saurait jamais être indifférente; elle ne peut en conséquence jamais cesser de souhaiter, disons mieux, de prescrire, ce qui est pour elle un devoir fondé sur le droit divin, que le pouvoir temporel ne soit pas non plus étranger à toute espèce de culte, mais qu'il s'allie avec elle pour le salut du genre humain. Mais pratiquement, nous le répétons, l'indifférence de l'État est, pour les catholiques, incomparablement préférable, nous ne dirons pas seulement à l'hostilité des gouvernements schismatiques et hérétiques, mais encore à leur neutralité dans le paritétisme, et plus encore à un protectorat qui les condamne au silence.

(1) Tocqueville, dans son livre sur les États-Unis d'Amérique, exprime la même opinion.

(2) Histor. polit. Blætter, vol. II, p. 31; vol. XII, p. 286 sqq.

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