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fouler aux pieds les engagements les plus solennels et les serments les plus saints, le ramenèrent bientôt dans la voie funeste qu'il avait marquée précédemment par tant d'audacieux attententats, et mirent le pape dans l'impossibilité de le tolérer plus longtemps dans la communion de l'Église. L'excommunication fut de nouveau lancée contre lui en 1080 (1), et Grégoire reconnut Rodolphe pour roi d'Allemagne (2). Telle fut l'extrémité à laquelle se vit réduit ce grand pape, après avoir épuisé tous les moyens de douceur et de longanimité. Bien loin de n'écouter que la fermeté inflexible d'une volonté de fer, son cœur était au contraire naturellement incliné à la paix. Sa vertu, c'était la patience, et il mit toute son énergie à ramener plutôt par la persuasio qu'à dompter par la force de l'autorité. Il ne se montra jamais, il est vrai, flottant et irrésolu (5); mais il ne fit usage de sa puissance que pour réprimer les soulèvements des peuples qui se révoltèrent contre leurs souverains, se proposant toujours pour but, d'une part, le bien de l'Église, de l'autre, le salut de ses ennemis (4); il épuisa, pour l'atteindre, toutes les ressources d'une persévérance sans bornes (5) et d'une mansuétude héroïque (6).

Cependant Henri IV ne se décourageait pas, et, pour couronner dignement une si longue suite de crimes et de folies, il proclama pape Guibert de Ravenne, élu, sur son ordre, par quelques évêques excommuniés, qui comptaient parmi eux un cardinal (7). Guibert prit le nom de Clément II.

A dater de ce moment, tous ceux qui appartenaient encore à la communion de l'Église cessèrent de reconnaître Henri comme roi. La conscience publique flétrit hautement cette scission, qui

(1) Bernold., Chron., ann. 1080, p. 436.

(2) On a prétendu que Grégoire avait, dans cette circonstance, fait présent à Rodolphe d'une couronne portant cette inscription: Petra dedit Petro, Petrus diadema Rudolfo. C'est un conte fait à plaisir.

cit..
p. 531.

(3) Bianchi, loc cit., tom I, p. 269.

(4) Gregor. VII, Ep. IV, 1.

(5) Muzzarelli, loc. cit., p. 136 sqq.

· Voigt, loc.

Wer war dann Gregor VII? § 10, p. 148 sqq.; § 11, p. 154 sqq.

(7) Bonizo, loc. cit., lib. IX, p. 817.

se signalait par les investitures avec l'anneau et la crosse, la simonie et le concubinage des clercs, de la qualification d'hæresis henriciana ou guibertina. « J'admire, si vous avez encore une << goutte de sang dans les veines, que vous ne rougissiez pas de << donner le nom de roi au seigneur Henri, ou de dire qu'il est « institué de Dieu! » Tel était le langage énergique que le landgrave Louis II, chevalier de Thuringe, faisait adresser à Walram, évêque de Raumbourg, par Étienne, son collègue dans l'épiscopat (1). C'est ce même Walram à qui saint Anselme de Cantorbéry reprochait si amèrement son schisme, et auquel il écrivit ensuite, après sa réconciliation avec le chef de l'Église, une magnifique lettre tout affectueuse (2). Parmi les prélats qui se montrèrent supérieurs aux calamités de cette époque et qui surent discerner, dans ce grand conflit d'opinions et de passions, de quel côté se trouvaient la vérité et la justice, on remarque un autre saint Anselme, évêque de Lucques, qui, dans une lettre contre Guibert, non-seulement approuve sans réserve la conduite de Grégoire, mais peint encore sous les plus vives couleurs le fléau que le pape de la création de Henri IV, de concert avec son empereur, avait appelé sur l'Église (3).

Maintenant, quel fut le résultat de cette lutte entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, représentés par Grégoire VII et Henri IV? Le pape avait-il reconquis la liberté de l'Église? Avaitil réussi à humilier l'orgueil et la puissance de l'empereur? Pour ce second point, il faut reconnaître que l'avantage n'était pas resté au pape, et que Henri fut visiblement favorisé par la fortune. Obligé de fuir devant ses armes victorieuses, Grégoire mourut dans l'exil, tandis que Henri, déposé par lui, mais couronné empereur par Guibert, lui survécut longtemps et recueillit tous les bénéfices d'une cause triomphante. Mais ce n'est point.

(1) Steph. Halberst., Ep. ad Walr. Ep. Naumb. Dodechin., Contin. Mar. Scot., ann. 1090 (Pistorius, Script. rer. Germ., tom. II, p. 643). Gretser, loc. cit., p 545 sqq.

(2) Anselm. Cantuar., Epist., lib. III, ep. 137, p. 139.

(3) Anselm. Luc., Libr. duo c. Guibertum (Canisius, Antiq. lect., tom. II, p. 202 sqq.). A. Rota, Notizie istoriche di S. Anselmo (Verona, 1733), c. 15, p. 149, c. 20 sqq., p.

198.

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d'après ces événements qu'il faut juger Grégoire VII: Néron survécut aussi aux apôtres Pierre et Paul, Hérode à saint Jacques, Pilate lui-même à Jésus-Christ (1).

Parce que les actes de ce pontife n'aboutirent point immédiament à un résultat heureux, mais aggravèrent, au contraire, en apparence, la position déjà si critique de l'Église, il ne faut pas en conclure, en les prenant pour base d'une appréciation gênérale, que Grégoire ait eu tort d'agir comme il l'a fait. La liberté de l'Église, un moment opprimée, fut un jour reconquise, et cette conquête, le monde chrétien la doit aux combats livrés par Grégoire VII au despotisme de la puissance séculière!

Dans toutes les épreuves, à la fois douloureuses et salutaires, que l'Église a eues à subir depuis son origine, les pouvoirs qui l'ont successivement attaquée et combattue se signalent, non-seulement par une grande violence, mais aussi par un premier succès plus ou moins prolongé (2). Après Dieu, c'est à saint Athanase, ce grand héros de la foi, que l'Église doit sa victoire sur l'arianisme; et cependant le patriarche, persécuté, fugitif, exilé cinq fois de son cher troupeau, ne fut point appelé à cueillir les fruits de cette victoire. Il en fut ainsi du triomphe de l'Église sur l'investiture hérétique, la simonie et le concubittage des clercs; ce triomphe, qu'elle a remporté en arrachant comme un trophée glorieux l'anneau et la crosse aux mains du pouvoir séculier, elle en est redevable à Grégoire VII. Dans les conseils impénétrables de la Providence, le combat de l'Eglise contre la puissance temporelle (3) devait se prolonger quelque temps comime une lutte désespérée en apparence, et cela, s'il est permis de chercher à en pénétrer la raison, afin que les hommes qui combattaient pour elle ne s'attribuassent point à eux-mêmes l'honneur de la victoire, mais la fissent remonter tout entière à Dieu seul.

L'anathème que Henri IV avait appelé sur sa tête ne laissa pas cependant que de se manifester en lui, dès ce monde, d'une ma

546,

H).

(1) Steph. Halberst., Epist. cit. (Gretser., p.
2 Bianchi, loc. cit., tom. I, p. 211 sqq.
3) Dællinger, Lehrbuch der Kirchengeschichte, vol. If,

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nière sensible. Déclaré une seconde fois déchu du trône par fa noblesse d'Allemagne, en 1105, renversé et banni par son propre fils, it mourut abandonné de tous, dans une affreuse misère.

Ce terrible exemple des vengeances de la justice divine aurait dù éclairer son successeur et l'empêcher de tomber dans les mêmes crimes; il n'en fut point ainsi. Henri V commença comme son père par s'attribuer les investitures par l'anneau et la crosse; comme lui, il fit à l'Église et à son chef une guerre de tromperies et de violences; comme lui, il ne rougit point de rompre l'unité catholique par l'institution d'un antipape (1). Pascal II, espérant le gagner par la douceur, lui avait fait la proposition d'un renoncement général de l'Église aux régales que les évêques et les abbés avaient reçues jusqu'alors. Cette offre ayant rencontré une résistance universelle, Henri contraignit le pape à lui accorder en compensation, à titre de droit royal, l'investiture par l'anneau et la crosse (2). A quelque temps de là, ce prince ayant été couronné empereur de la main de Pascal (1111) et lui ayant extorqué la promesse de ne pas l'excommunier pour les vexations et les outrages que le pontife avait eu à essuyer de sa part, il ne mit plus de bornes à ses exigences. La concession faite par le pape à l'empereur d'Allemagne avait soulevé contre lui les plus virulentes attaques. Godefroy de Vendôme se fit surtout remarquer parmi ceux qui protestèrent contre cet acte par la hardiesse de son langage et l'emportement de son zèle (3). Nonseulement il sommait Pascal de révoquer le traité conclu avec Henri et de faire sincèrement pénitence de sa chute, à l'exemple de Pierre, le premier pontife chrétien (4), il allait même jusqu'à

(1) Vita Mauritii Burdini, Archiep. Bracar. in Baluz. Miscellan., tom. III, 471 sqq. (C'est une apologie de cet archevêque, institué pape par Henri V, sous le nom de Grégoire VIII.)

p.

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Thomassin

(2) Convent sec. vi extorta, dans Pertz, tom. IV, p. Vetus et nova eccl. disc., lib. II, p. II, c. 38, n. 5 (tom. V; p. 245). Noris, loc. cit., c. 13, p. 455. Bianchi, loc. cit., tom. II, p. 245. Gretser., Cont. replicat., lib. II, c. 25, p. 423, D.

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(3) Goffr. Vindoc., Epist., lib. I, ep. 7 (Sirmond., Opera, tom. III, col. 634 sqg.).

(4) Factum suum ipse dissolvat et velut alter Petrus lacrymando corrigat quod fecit. Goffr. Vindoc., loc. cit., col. 636.

l'accuser d'hérésie (1). Il n'était pas difficile de défendre le pape contre ce reproche si évidemment exagéré, et c'est ce que firent, avec beaucoup de convenance, Yves de Chartres (2) et Hildebert du Mans (3). Toutefois, ces deux évèques ne purent s'empêcher de voir un acte de faiblesse dans la conduite de Pascal à l'égard de Henri IV, et de proclamer nécessaire, avec Placide de Nonantula (4), le retrait du prétendu privilége de l'empereur, qui bientòt ne fut plus désigné que sous le nom de pravilegium.

Ce retrait eut lieu en effet le pape se soumit spontanément à la décision d'un concile tenu dans l'Église de Latran, qui condamna les investitures, mais cependant fit grâce à Henri de l'excommunication, à cause de l'engagement pris par le pape de ne point la fulminer contre lui (5).

Mais l'empereur ne trouva pas la mème indulgence dans les rangs de l'épiscopat français ; celui-ci s'arma presque tout entier contre Henri d'une sévérité inflexible, et le concile assemblé à Vienne, sous la présidence de Guido, légat apostolique et évêque du lieu, le frappa d'excommunication.

Après bien des tergiversations et des violences à l'égard de Pascal et de ses successeurs, Gélase II et Calixte II (Guido de

(1) Super his autem si quis aliter senserit, non est catholicus; manifestetur et veritatis argumento probabitur esse hæreticus. Tolerandus quidem est pastor, ut canones dicunt, pro reprobis moribus, si vero exorbitaverit a fide (§ 31), jam non est pastor sed adversarius, ab omni peccatore tantum catholico detestandus. Goffr. Vindoc., loc. cit., col. 638.

(2) Ivo Carnot., Ep. 235, p. 99: Et quia verenda patris debemus potius velare quam nudare; familiaribus et caritatem redolentibus literis admonendus mihi videtur, ut se judicet aut factum suum retractet. Ep. 236, p. 100.

(3) Hildeb. Cenom., Epist., lib. II, ep. 22 (Oper., Paris., 1708, c. 109 sqq.). Ep. 21, c. 107.

(4) Plac. Nonant., de Honor. eccles., c. 117, p. 158 (Pez, Thes. Anecd. nov., tom. II, p. II): Non igitur sanctus pater hoc observare debet sed magis studiosissime emendare, imitans beatissimi patris sui, apostoli Petri fidem, cujus vicem per gratiam Dei, in sancta Ecclesia obtinet, qui, quod timide negavit, cum magna cordis dilectione emendare studuit.

(5) Conc. Later., ann. 1112 (Hardouin, Concil., tom. VI, p. II, col. 1901): Privilegium illud, quod non est privilegium (neque vero debet dici privilegium, sed pravilegium), etc. Gerhoh, Reichersp., Syntagm., c. 32,

p. 256.

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