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«< c'est que, l'un d'entre eux eût-il raison, ni lui ni les autres ne ▪ pourraient le savoir. Pour savoir si un fait est dû à une cause, il « faut connaître la nature de la cause et les circonstances du fait. Or que sont, dans l'état actuel des choses, les auteurs des systèmes ⚫ géologiques, sinon des gens qui cherchent les causes des faits « qu'ils ne connaissent pas ? Peut-on imaginer rien de plus chimérique? Oui, on ignore, je ne dis pas seulement la nature et les dispositions intérieures du globe, mais celles de sa pellicule la plus « extérieure. C'est une chose curieuse de voir les auteurs des sys«tèmes à l'affût des découvertes que font les observateurs, prompts à s'en emparer, à les arranger à leurs idées.... Heureusement « ces châteaux aériens disparaissent comme de vaines appa« rences (1). »

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189. Il est vrai que, pour mieux expliquer à leur manière les phénomènes que nous présente la structure intérieure du globe, plusieurs savants naturalistes ou géologues modernes, parmi lesquels se trouve le célèbre Cuvier, ont avancé que les jours de la création dont parle Moyse n'étaient pas des jours ordinaires, mais des époques ou périodes plus ou moins longues et indéterminées, tout en cherchant à concilier leurs systèmes avec la Genèse, qu'ils respectent comme un livre sacré. Ils disent que le mot jour, dans le langage de l'Écriture, n'a pas un sens fixe et invariable, et qu'il ne signifie pas toujours l'espace de vingt-quatre heures, mais qu'il répond au mot temps, époque, période (2). Mais cette hypothèse,

(1) Rapport de Cuvier à l'Institut de France, en 1806, sur la structure de la terre, ouvrage d'André de Gy, plus connu sous le nom de père Chrysologue. — Voyez aussi le Discours sur les révolutions de la surface du globe, encore par Cuvier. (2) Voyez les Lettres physiques et morales sur l'hist. de la terre et de l'homme, par Deluc; le Discours de Cuvier sur les révolutions de la surface du globe. — Voyez aussi la Géologie et la minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, par le docteur William Buckland, dont voici le système : « Le récit de Moyse commence par déclarer que, dans le com«mencement, Dieu créa le ciel et la terre. Ce peu de mots peuvent être re« connus par les géologues comme l'énoncé concis de la création des éléments « matériels, une durée qui précéda les opérations du premier jour. Nous ne li«sons nulle part que Dieu créa le ciel et la terre dans le premier jour, mais « bien dans le commencement; et ce commencement peut avoir eu lieu à une « époque reculée au delà de toute mesure, et qu'ont suivie des périodes d'une « étendue indéfinie, durant lesquelles se sont accomplies toutes les révolutions « physiques dont la géologie a retrouvé les traces. Ce premier verset de la Ge«nèse paraît donc renfermer explicitement la création de l'univers tout entier : << du ciel, ce mot s'appliquant à toutes les régions placées au-dessus de nous; et « de la terre, notre planète étant ainsi l'objet d'une désignation spéciale, parce

quelque fondée qu'elle paraisse, n'en est pas encore à l'état de démonstration; et il est vraisemblable qu'elle n'y arrivera jamais, vu la facilité avec laquelle les différents systèmes géologiques se modifient, se combattent et se détruisent les uns les autres avec le temps.

190. D'ailleurs, en supposant même que l'hypothèse dont il s'agit soit un jour démontrée, que peut-on conclure contre la chronologie sacrée? Il n'est nullement nécessaire de la faire remonter à la création des éléments matériels du monde, c'est-à-dire, du ciel et de la terre; elle a dù, au contraire, dater de la création de l'homme, de l'origine du genre humain. Moyse n'a point été inspiré d'en haut pour donner aux hommes un cours de géologie, pas plus que pour leur expliquer les lois du monde physique. Sa mission avait un but plus digne de Dieu et plus utile à l'homme, la conservation et le développement des dogmes de la révélation primitive, dont le souvenir allait s'affaiblissant de jour en jour chez presque tous les peuples. Aussi l'opinion des six époques substituées aux six jours de la Genèse n'est point rejetée par l'Église; ni elle, ni les saints Pères, ne se sont jamais occupés de cette question. Les anciens docteurs se servent bien généralement des expressions de Moyse, quand ils parlent des ouvrages de la création; mais ils n'examinent point, ils ne discutent point en quel sens on doit entendre le mot jour. Cependant saint Augustin, sans traiter la question, dit qu'il ne faut pas se hâter de prononcer sur la nature des jours dont parle Moyse, ni d'affirmer qu'ils étaient semblables à

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qu'elle est la scène où vont se passer tous les événements de l'histoire des six jours. Quant aux événements sans rapport à l'histoire du genre humain, et qui ont eu lieu sur la surface du globe depuis l'époque indiquée par le premier verset ; jusqu'à celle dont l'histoire est résumée dans le second verset, il n'en « est fait aucune mention, aucune limite n'est imposée à la durée de ces événe«ments intermédiaires, et des millions de millions d'années peuvent s'être pas. "sés dans l'intervalle compris entre ce commencement où Dieu créa le ciel et la terre, et le soir où commence le premier jour du récit mosaïque. Le second « verset décrirait done l'état du globe au soir du premier jour (chez les Hébreux << le jour commençait au soir); et ce premier peut être considéré comme la fin « de cet espace de temps indéfini qui suivit la création première annoncée par << le premier verset, et comme le commencement des six jours qui allaient être - employés à peupler la surface de la terre, et à la placer dans des conditions «< convenables pour qu'elle pût être habitée par des hommes, » Chapitre 11. Buckland, Cuvier, Deluc, ainsi que ceux qui adoptent le fond de leurs systèmes, pensent que les découvertes géologiques s'accordent parfaitement avec la chronologie sacrée, qu'ils ne font remonter qu'à la création de l'homme.

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ceux dont se compose la semaine ordinaire (1); qu'il est difficile et même impossible de dire quelle était la durée de ces jours (2). Nous pouvons donc dire aux savants de notre siècle : « Fouillez tant « que vous voudrez dans les entrailles de la terre: si vos observa«<tions ne demandent pas que les jours de la création soient plus longs que nos jours de vingt-quatre heures, nous continuerons de « suivre le sentiment commun sur la durée de ces jours. Si, au con« traire, vous découvrez d'une manière évidente que le globe ter« restre, avec ses plantes et ses animaux, doit être de beaucoup « plus ancien que le genre humain, la Genèse n'aura rien de contraire à cette découverte, car il vous est permis de voir dans cha« cun des six jours autant de périodes de temps indéterminées; et alors vos découvertes seraient le commentaire explicatif d'un passage dont le sens n'est pas entièrement fixé (3). »

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191. Secondement: on prétend que le déluge universel était impossible. Mais était-il done plus difficile au Tout-Puissant d'inonder la terre que de la tirer du néant? Le déluge, tel qu'il est décrit par Moyse, n'est point un phénomène naturel ; c'est un miracle qui n'a pu être produit que par l'intervention immédiate de Dieu, que par la suspension des lois de la nature: ce n'est donc point sur des spéculations naturelles que l'on doit régler l'action qui a produit un tel événement. Ne nous demandez pas comment celui qui tient le monde entre ses mains, qui domine les éléments, qui commande au ciel et à la terre, à l'Océan, aura pu trouver assez d'eau pour couvrir les plus hautes montagnes. Pour croire le déluge, il n'est pas nécessaire de savoir comment il s'est opéré, il suffit qu'il soit constaté. Or, il n'est aucun fait, dans toute l'antiquité, qui soit mieux établi que le déluge universel, dont le souvenir s'est conservé chez tous les peuples du monde. Boulanger lui-même a été forcé d'en convenir : « Il faut, dit-il, prendre un fait, dans la tradition des hommes, dont la vérité soit universellement reconnue. Quel est-il? Je n'en vois point dont les monuments soient plus généralement attestés que ceux qui nous ont transmis cette fameuse révolution physique qui a, dit-on, changé autrefois la face de notre globe, et qui a donné lieu à un renouvellement total de « la société humaine; en un mot, le déluge me paraît la véritable époque de l'histoire des nations. Ce fait peut se justifier ou se con

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(1) Liv. iv de la Genèse, ad litteram, no XLIV.

ch. VI. –

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- (3) M. Frayssinous, Défense du Christianisme, conf. Moyse histo

rien des temps primitifs,

« firmer par l'universalité des suffrages, puisque la tradition de ce « fait se trouve dans toutes les langues et dans toutes les contrées « du monde (1). » D'ailleurs la croyance générale touchant le déluge se trouve d'accord avec l'inspection de notre globe. « Je pense « avec MM. Deluc et Dolomieu, dit Cuvier, que s'il y a quelque «< chose de constaté en géologie, c'est que la surface de notre globe « a été victime d'une grande et subite révolution, dont la date ne peut remonter beaucoup au delà de cinq à six mille ans (2). »

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192. Troisièmement : tous les hommes, de quelque couleur qu'ils soient, les nègres comme les blancs, ne forment qu'une même race; ils sont tous frères, non comme enfants de la nature, mais comme remontant tous à Noé d'abord, dont la famille a repeuplé la terre, puis à Adam, le père du genre humain. Voilà ce que nous apprend le livre sans contredit le plus ancien et le plus authentique des livres de l'antiquité; voilà ce que nous enseigne l'histoire sacrée sur l'origine des hommes et des nations, d'accord sur ce point avec les traditions primitives, dont on retrouve des vestiges partout, même dans les superstitions les plus grossières du paganisme. On ne peut donc nous opposer la distinction des blancs et des noirs, qui n'est qu'accidentelle, de l'aveu des naturalistes. Il conste, par l'expérience et les observations des savants qui ont examiné cette question, que la variété des couleurs parmi les hommes dépend principalement de la diversité des climats.

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193. «Tout concourt à prouver, dit Buffon, que le genre hu<< main n'est pas composé d'espèces essentiellement différentes entre elles; qu'au contraire, il n'y a eu originairement qu'une seule espèce d'hommes qui, s'étant multipliée et répandue sur toute la << surface de la terre, a subi différents changements par l'influence « du climat, par la différence de la nourriture, par celle de la ma«nière de vivre, par les maladies épidémiques, et aussi par le mélange, varié à l'infini, des individus plus ou moins ressemblants: « que d'abord ces altérations n'étaient pas si marquées, et ne pro

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(1) Antiquité dévoilée. Voyez les Études philosophiques sur le christianisme, par M. Auguste Nicolas, tom. 1, part. 1, liv. 1, ch. 1, § 1. — - (2) Discours sur les révolutions du globe. — Voyez de la Bèche, Manuel géologique. · Voyez aussi M. Marcel de Serres, De la cosmogonie de Moyse comparée aux faits géologiques; M. Nérée Boubée, Manuel de géologie; Mgr. Wismann, Discours sur les rapports entre la science et la religion, discours IV; Bullet, Réponses critiques, etc.; M. Nicolas, Études philosophiques sur le Christianisme, part. 1, liv. п1, ch. 11, §u; M. l'abbé Rorhbacher, Hist. de l'Église univ., liv. m,

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duisaient que des variétés individuelles; qu'elles sont ensuite de« venues variétés de l'espèce, parce qu'elles sont devenues plus générales, plus constantes, par l'action continue des mêmes cau« ses; qu'elles se sont perpétuées et qu'elles se perpétuent de géné« ration en génération, comme les difformités ou maladies des pères et des mères passent à leurs enfants; et qu'enfin, comme elles n'ont été produites originairement que par le concours de causes « extérieures et accidentelles, qu'elles n'ont été confirmées et ren« dues constantes que par le temps et l'action continuée des mêmes « causes, il est très-probable qu'elles disparaîtraient aussi peu à peu avec le temps, ou même qu'elles deviendraient différentes << de ce qu'elles sont aujourd'hui, si ces mêmes causes n'existaient plus, ou si elles venaient à varier dans d'autres circonstances et par d'autres combinaisons (1). »

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194. Quatrièmement: c'est encore gratuitement qu'on affirme que l'Amérique n'a pu être peuplée par des descendants de Noé; que le trajet qui la sépare des autres continents n'a pu être franchi ni par les hommes ni par les animaux. Il est reconnu qu'il y a peu de distance entre le continent de l'Amérique et les terres septentrionales de l'Asie; que les habitants de ces régions ont pu assez facilement passer d'un hémisphère à l'autre, soit par la navigation, soit par la rapidité des courants, soit par les tempêtes. Ce ne sont pas seulement des vaisseaux qui ont pu être jetés par les vents en Amérique, comme l'éprouva la flotte de Cabral, mais encore de simples barques, comme il arriva à celle dont il est parlé dans l'histoire de l'Orénoque par le père Gumilla (2). D'ailleurs, au rapport du capitaine Cook, le continent de l'Asie n'est éloigné de celui de l'Amérique que de treize lieues, depuis le cap d'Est, du côté de l'Asie, au cap du Prince de Galles en Amérique; et les îles de Saint-Diomède se trouvent entre les deux caps (3). Comme les deux côtes sont peuplées, quoi de plus facile que de passer de l'une à l'autre, même sans canots et sans bateaux, en hiver, où les glaces remplissent l'espace qui est entre les deux continents et les îles intermédiaires? Enfin on peut dire avec assez de fondement que l'Amérique tenait autrefois au continent de l'Asie. Un professeur de l'Académie de Saint-Pétersbourg, nommé Kracheninnikow, d'après

(1) Histoire naturelle, liv. v, Discours sur les variétés dans l'espèce hu maine. Voyez aussi le Traité de la peau humaine, par le Cat; les Mémoires de l'Académie des sciences de l'année 1702; le Dictionnaire de l'hist. natur., par Valmont de Bomare, art. Nègre, etc., etc. (2) Tome 1, ch. XXXI. — (3) Voyez les Voyages de Cook, de l'an 1776, 1778 et 1779.

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