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divins, écritures saintes, écritures sacrées, parole de Dieu, oracles de l'Esprit-Saint; faisant parler Dieu lui-même ou son divin Esprit par la bouche de Moyse, des prophètes, des apôtres, des auteurs de tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Nous pouvons donc dire de tous ces livres ce que saint Paul disait de ceux dont il parle à Timothée : « Toure l'écriture « étant inspirée de Dieu, est utile pour instruire, pour reprendre, « pour corriger et conduire à la justice (1); » ou ce que saint Pierre dit, en général, des écritures, qu'il désigne sous le nom de prophéties, conformément à l'usage des Juifs : « Ce n'a pas été par la « volonté des hommes que les prophéties ont été autrefois publiées; " mais c'a été par l'inspiration du Saint-Esprit que les saints hom« mes de Dieu ont parlé (2). »

230. Il ne s'agit pas ici d'une inspiration naturelle, telle que l'admettent les rationalistes modernes, allemands et français, mais d'une inspiration surnaturelle. L'inspiration dont nous parlons est une opération vraiment divine, une connaissance infuse de la part de Dieu dans l'âme de l'homme, en vertu d'un acte immédiat et extrinsèque aux lois naturelles qui gouvernent les facultés. L'intuition naturelle est aussi l'effet d'un acte divin, car la raison nous vient de Dieu; mais elle diffère de l'inspiration proprement dite en ce qu'elle a lieu conformément aux lois ordinaires de la nature. Que si on veut donner le nom d'inspiration à cette connaissance, en tant qu'elle est vive, instantanée, produite par une pensée qui agit fortement sur notre âme, il faut alors distinguer l'inspiration naturelle de l'inspiration surnaturelle, l'inspiration de l'artiste, du poëte, du philosophe, de l'inspiration des écrivains sacrés, qui mirent par écrit ce que leur dictait le Saint-Esprit. Cette distinction

(1) Omnis scriptura divinitus inspirata utilis est ad docendum, ad arguendum, ad corripiendum, ad erudiendum in justitia. Epist. 11 ad Timoth. c. u, v. 16. Il faut remarquer que saint Paul parle des écritures de l'Ancien Testament, dont Timothée avait été instruit dès son enfance, et que le texte, omnis scriptura divinitus inspirata utilis est ad docendum, est susceptible de deux sens le premier, toute écriture divinement inspirée est utile pour enseigner; le second, toute l'écriture, étant divinement inspirée, est utile pour enseigner, etc. Ce dernier sens, que nous avons adopté, se rapproche davantage du texte grec ou original, où le verbe substantif est se trouve entre scriptura et inspirata; ce qui est d'ailleurs conforme au texte de l'ancienne Vulgate appelée Italique, aux versions orientales, et à l'explication qu'en ont donnée les saints Pères. · (2) Omnis prophetia scripturæ propria interpretatione non fit. Non enim voluntate humana allata est aliquando prophetia; sed Spiritu Sancto inspirati locuti sunt sancti Dei homines. Epist. 11, c. 1, v. 21.

est essentielle dans le christianisme; les confondre l'une avec l'autre, ou ne reconnaître entre elles qu'une différence de degré et non d'essence, ce n'est point être catholique, ce n'est pas même être chrétien (1).

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231. Mais on demande si l'Esprit-Saint a inspiré non-seulement les choses contenues dans l'Écriture, mais encore les termes dont les auteurs sacrés se sont servis pour les énoncer? Les docteurs sont partagés sur cette question : les uns sont pour l'inspiration verbale, et soutiennent que non-seulement les pensées, mais même les mots, ont été inspirés de Dieu la raison qu'on en donne, c'est qu'on ne peut communiquer une pensée, une idée, que par le mot qui l'exprime. Les autres, au contraire, croient que l'inspiration divine ne tombe que sur le fond des choses, et que les auteurs des livres saints ont été entièrement abandonnés à eux-mêmes pour le style et le choix des expressions. Quoi qu'il en soit, le premier sentiment nous paraît plus conforme au langage des Pères et des auteurs sacrés, qui appellent l'Écriture sainte la parole de Dieu. D'ailleurs, en ce qui concerne les prophéties et les dogmes de la religion qui n'ont pu être connus que par la révélation, on ne voit pas comment les écrivains, soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament, auraient pu les exprimer autrement que par les termes dont l'Esprit-Saint s'est servi lui-même pour les révéler (2).

CHAPITRE VI.

De la canonicité des livres saints.

232. Canon est un mot qui signifie proprement règle, loi : dans ce sens les Écritures sont canoniques, parce qu'elles sont la règle de notre foi. Mais le mot canon se prend ici pour catalogue, recueil, collection. Ainsi, on appelle canoniques les livres qui sont contenus dans le catalogue des Écritures que l'Église reçoit comme inspirées. C'est pourquoi l'on regarde la canonicité d'un livre comme un témoignage authentique de l'inspiration; de sorte que, pour s'assurer si un livre a été divinement inspiré, s'il fait partie

(1) Voyez les Considérations sur les doctrines religieuses de M. Victor Cousin, par M. Vincent Gioberti. (2) Voyez, dans le tome i de la Bible de Vence, le discours préliminaire sur la divinité des saintes Écritures.

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de l'Écriture sainte, il suffit de savoir s'il se trouve dans le canon reçu dans l'Église. Sous ce point de vue, les expressions livre canonique, livre sacré ou divin, deviennent synonymes; elles signifient la même chose. On distingue les livres proto-canoniques et les livres deutéro-canoniques; les premiers sont ainsi appelés, parce qu'ils ont toujours été reçus dans toute l'Église comme canoniques; leur canonicité n'a jamais souffert, nulle part, la moindre difficulté. Les livres deutéro-canoniques sont ceux qui, ayant d'abord passé pour douteux dans quelques Églises particulières qui n'en connaissaient pas suffisamment l'origine, ont été ensuite ajoutés au canon des livres proto-canoniques.

233. Quant aux livres publiés sous le nom des patriarches et des apôtres, qui n'ont été admis ni comme authentiques, ni comme ranoniques, on les appelle apocryphes, soit qu'ils contiennent des erreurs, soit qu'ils n'en contiennent point.

234. Les livres proto-canoniques sont : les cinq livres de Moyse, Josué, les Juges, Ruth, les quatre livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes, le premier d'Esdras, et le second sous le nom de Néhémias, Esther, à l'exception de sept chapitres; Job, les Psaumes de David, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, si on excepte quelques fragments, et les douze petits Prophètes; les quatre Évangiles, à part le dernier chapitre de saint Marc, depuis le verset 1x jusqu'à la fin; quelques versets du chapitre XXII de saint Luc, concernant l'agonie de Jésus-Christ, et du chapitre VIII de saint Jean, pour ce qui regarde l'histoire de la femme adultère; les Actes des apôtres, les treize premières lettres de saint Paul, la première de saint Pierre et la première de saint Jean.

235. Les livres deutéro-canoniques sont : Tobie, Judith, les sept derniers chapitres d'Esther, depuis le verset IV du chapitre x jusqu'au verset XXIV du chapitre xvI; Baruch, la Sagesse, l'Ecclésiastique; dans Daniel, la prière d'Azarias, l'hymne des trois enfants dans la fournaise, l'histoire de Susanne, celle de Bel et du dragon; les deux livres des Machabées; le dernier chapitre de saint Marc; l'histoire de l'agonie de Notre-Seigneur, dans saint Luc; celle de la femme adultère, dans saint Jean; l'Épître de saint Paul aux Hébreux, la seconde de saint Pierre, la seconde et la troisième de saint Jean, celle de saint Jude, et l'Apocalypse de saint Jean.

236. Les Juifs admettent et ont toujours admis comme divins tous les livres proto-canoniques de l'Ancien Testament, qui se

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trouvent dans le canon d'Esdras, c'est-à-dire, dans le canon qui a été formé par Esdras sous les auspices de la synagogue et des prophètes qui vivaient de son temps. Voici ce que dit Josèphe en parlant de ces livres : « On ne voit pas parmi nous un grand nombre de livres qui se contrarient; nous n'en avons que vingt-deux, qui comprennent tout ce qui s'est passé, en ce qui nous regarde, depuis le commencement du monde ; et c'est avec fondement que << nous les considérons comme divins... On a toujours eu pour ces «< livres un tel respect, que personne n'a jamais été assez hardi « pour entreprendre d'en ôter, d'y ajouter ou d'y changer la moin« dre chose. Nous faisons profession de les observer inviolable<< ment, et de mourir avec joie, s'il en est besoin, pour les maintenir (1). »

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237. Quant aux livres deutéro-canoniques qui concernent les Juifs, on ne les trouve point dans le canon d'Esdras, soit parce que les uns, comme l'Ecclésiastique, la Sagesse et les Machabées, n'avaient pas encore paru lorsque ce canon a été clos; soit parce que les autres n'avaient peut-être pas encore été retrouvés depuis le retour du peuple de la captivité de Babylone; soit enfin parce que la synagogue n'avait pas encore tous les renseignements nécessaires pour prononcer solennellement sur leur origine. Quoi qu'il en soit, sans leur accorder tout à fait la même autorité qu'aux proto-canoniques, les Juifs les lisaient avec respect (2). On les trouve même

(1) Apud nos nequaquam innumerabilis est librorum multitudo dissentium, atque inter se pugnantium; sed duo duntaxat et vigenti libri, totius præteriti temporis historiam complectentes, qui merito creduntur divini: ex his quinque quidem sunt Moysis, qui et leges continent, et seriem rerum gestarum a conditu generis humani usque ad ipsius interitum. Atque hoc spatium temporis tria fere annorum millia comprehendit. A Moysis autem interitu ad imperium usque Artaxerxis, qui post Xerxem regnavit apud Persas, prophetæ qui Moysi successere res sua ætate gestas tredecim libris complexi sunt: quatuor vero reliqui hymnos in Dei laudem, et præcepta vitæ hominum exhibent utilissima.... Quanta porro veneratione libros nostros prosequamur, reipsa apparet. Cum enim tot jam sæcula effluxerint, nemo adhuc nec adjicere quidquam illis, nec demere, aut mutare aliquid est ausus. Sed omnibus Judæis statim ab ipso nascendi exordio hoc insitum atque innatum est, Dei ut hæc esse præcepta credamus, iisdemque constanter adhærescamus, et eorum causa, si opus fuerit, libentissime mortem perferamus. Lib. 1, contra Apionem, no vш; version de Jean Hudson, édit. d'Amsterdam, 1726. —(2) Cæterum, dit Josèphe, ab imperio Artaxerxis ad nostram usque memoriam sunt quidem singula litteris mandata; sed nequaquam tantum fidem et auctoritatem meruerunt, quantam superiores ii libri, propterea quod minus explorata fuit successio prophetarum. Ibidem.

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dans la version des Septante, qui était à l'usage des Juifs hellénistes à l'époque de la naissance de Jésus-Christ (1).

238. Les protestants ne s'accordent pas entre eux sur le nombre des livres sacrés. Les luthériens rejettent tous les livres deutérocanoniques de l'Ancien Testament: ils n'admettent point non plus l'Épître de saint Paul aux Hébreux, ni la seconde de saint Pierre, ni la seconde et troisième de saint Jean, ni celles de saint Jacques et de saint Jude, ni l'Apocalypse. Les calvinistes, au contraire, reçoivent les livres deutéro-canoniques du Nouveau Testament; mais ils rejettent ceux de l'Ancien. Ce n'est pas le seul point sur lequel les calvinistes sont en désaccord avec les luthériens.

239. Les catholiques reconnaissent comme sacrés tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament énumérés dans le décret du concile de Trente, c'est-à-dire, tous les livres proto-canoniques et deutéro-canoniques dont nous venons de parler. « Si quelqu'un, dit « ce concile, n'admet pas comme sacrés et canoniques dans leur << entier, et avec toutes leurs parties, les livres qu'on a coutume de « lire dans l'Église catholique, et tels qu'ils se trouvent dans l'an«< cienne Vulgate latine... qu'il soit anathème (2). » L'Église grecque, séparée du saint-siége, s'accorde sur ce point avec l'Eglise latine. Voici la réponse qu'elle fit aux protestants, dans un concile tenu à Jérusalem en 1670, sous le patriarche Dosithée : « Nous regardons tous ces livres (les mêmes qui sont contenus dans le ca« non du concile de Trente) comme des livres canoniques; nous « les reconnaissons pour être de l'Écriture sainte, parce qu'ils nous « ont été transmis par une ancienne coutume, ou plutôt par l'Eglise catholique (3). » Or, un concert aussi unanime entre les différentes Églises de l'Orient et de l'Occident prouve évidemment que la croyance à l'inspiration divine des livres canoniques remonte, de siècle en siècle, jusqu'aux temps apostoliques, et qu'elle ne peut être fondée que sur l'enseignement des apôtres. En effet, sans parler du décret d'Eugène IV aux Arméniens, où se trouvent énumérés les mêmes livres que dans le décret du concile de Trente, nous pourrions citer le concile de Rome, célébré par le pape Gélase en 494; la lettre d'Innocent à Exupère, évêque de Toulouse, de l'an 405; le concile de Carthage, de l'an 397, qui motive son adoption en disant : Nous tenons ces livres de nos pères comme

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(1) Voyez l'Introduction aux liv. de l'Anc. et du Nouv. Test., par M. l'abbé Glaire, tom. 1, ch. iv, art. 1, etc. · (2) Voyez plus haut la page 134, note 1. - (3) Voyez la Perpétuité de la foi, tom. v, ch. vui.

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