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baptisé par Jean-Baptiste dans le Jourdain, le sens littéral et propre de ce passage, c'est qu'un homme appelé Jean-Baptiste a réellement plongé le Sauveur dans ce fleuve qu'on nomme Jourdain. La signification métaphorique est celle qui résulte des termes pris, non dans leur acception naturelle et grammaticale, mais bien selon ce qu'ils représentent et ce qu'ils figurent dans l'intention de ceux qui s'en servent; par exemple, quand l'Écriture donne à Jésus-Christ le nom d'Agneau, il est évident qu'elle ne prend pas le terme dans le sens qui exprime l'animal que nous appelons agneau, mais qu'elle l'entend dans le sens métaphorique, parce que JésusChrist, étant la douceur même, peut parfaitement être désigné sous le nom d'agneau, cet animal étant l'emblème de la douceur. De même, c'est dans le sens littéral et métaphorique qu'il est dit que Jésus-Christ est assis à la droite du Père.

289. Le sens spirituel ou mystique, qu'on appelle aussi typique, est celui que représentent à l'esprit, non pas les mots, mais les choses exprimées par les mots; de sorte que ce sens est comme enveloppé dans les choses mêmes, ce qui le distingue du sens métaphorique, qui est renfermé dans les termes : ainsi, par exemple, ce que Moyse rapporte littéralement d'Isaac, qui devait être offert en sacrifice, s'applique à Jésus-Christ dans le sens spirituel.

290. Le sens spirituel se divise en sens allégorique, anagogique, et tropologique ou moral. Le sens est allégorique, lorsqu'un passage de l'Ancien Testament s'entend de Jésus-Christ, de l'Église militante, ou d'un trait quelconque appartenant au Nouveau Testament. Ainsi, par exemple, ce qui est dit dans la Genèse des deux fils qu'Abraham engendra, l'un de sa servante et l'autre de sa femme libre, signifie, d'après saint Paul (1), les deux Testaments, l'Ancien et le Nouveau. Le sens est anagogique lorsque les paroles sacrées, outre le sens littéral, er renferment un autre qui nous reporte aux choses du ciel; comme lorsque saint Paul nous découvre la vie éternelle dans ces paroles du Psaume, qui, dans leur sens littéral, signifient la terre de promission ou la Palestine : Je leur ai juré, dans ma colère, qu'ils n'entreraient point dans le lieu de mon repos (2). Le sens est moral ou tropologique, lorsque les paroles de l'Écriture, outre leur sens littéral, en contiennent un second qui est relatif aux mœurs. Ainsi, par l'obligation qu'imposait la loi de Moyse de ne point lier la bouche au bœuf qui

(1) Epitre aux Galates, ch. Iv, v. 23 et 24. — (2) Epitre aux Hébreux, ch. 111,

foule le grain, l'apôtre nous montre celle de pourvoir à la subsistance des ouvriers évangéliques (1). Ces différents sens de l'Écriture peuvent se trouver réunis dans un seul et même objet: par exemple, Jérusalem est littéralement la ville ancienne, metropole de la Judée; allégoriquement, l'Église de Jésus-Christ; moralement, l'âme fidèle; et anagogiquement, la cité céleste.

291. Outre le sens littéral et spirituel des livres saints, il est encore un autre sens qu'on appelle accommodatice; ce sens a lieu quand on applique à un objet ce que l'Écriture dit d'un autre, à cause de la similitude plus ou moins frappante qui se trouve entre ces deux objets.

292. Tout passage de l'Écriture a nécessairement un sens littéral propre ou métaphorique; il n'y a aucun texte sacré dont les termes, pris à la lettre ou métaphoriquement, ne signifient quelque chose. C'est le sens littéral qui est le sens principal; c'est à ce sens qu'on recours quand il s'agit de prouver la divinité de la religion par les miracles et les prophéties, d'établir les dogmes de la foi et les règles de la morale chrétienne. Les interprètes et les théologiens doivent donc chercher à le connaître avant tout, ne s'occupant du sens spirituel, quel qu'il soit, qu'après avoir fixé le sens littéral, qui est comme le fondement de l'édifice.

293. Mais n'y a-t-il pas dans l'Écriture quelques passages qui soient susceptibles d'un double sens littéral? Plusieurs auteurs le pensent; mais leur sentiment n'est pas suffisamment prouvé. Quant au sens spirituel des livres saints, il ne peut être contesté, puisque, comme on peut s'en convaincre, Jésus-Christ lui-même, et après lui les apôtres, les papes et les conciles, les chrétiens et les juifs, les docteurs de tous les temps, ont expliqué d'une manière allégorique plusieurs passages de l'Écriture. Mais il n'est pas constant que tous les textes sacrés renferment, outre le sens littéral, un sens spirituel ou mystique. Il faut donc consulter l'Écriture sainte elle-même, la tradition et l'enseignement de l'Église, quand on veut savoir si tel ou tel passage peut s'interpréter dans un sens spirituel, de manière à prouver quelque point de la doctrine chrétienne. Ainsi, quelque frappant que soit le rapport entre la chose figurative et l'objet figuré, le sens spirituel ne peut nous fournir une preuve théologique qu'autant qu'il est appuyé sur l'autorité d'un auteur sacré, ou sur l'interprétation des saints Pères, ou sur quelque décision de l'Église.

1) Epitre 1 aux Corinthiens, ch. 1x, v. 9.

294. Le sens accommodatice, comme le mot l'indique, est plutôt le sens de l'homme que le sens de l'Écriture, que la pensée de l'Esprit-Saint. Il ne peut donc par lui-même servir à établir aucun dogme, aucune vérité de la religion. Cependant, l'exemple des Pères et l'usage de l'Église, qui a toujours employé dans ses offices le sens accommodatice, prouvent qu'il est permis, en certaines circonstances, d'appliquer à une personne ou à une chose ce que l'Écriture dit d'une autre. Mais, pour en user légitimement, il faut : 1o prendre garde de ne point donner ce sens au nom des auteurs sacrés, comme une preuve de quelque point dogmatique ou moral : les prédicateurs doivent être extrêmement circonspects à cet égard; 2° éviter toute application qui tendrait à fausser le vrai sens littéral ou spirituel ; 3° ne faire, généralement, que les applications qui ont été faites par les saints Pères ou par l'Église : c'est le moyen de prévenir l'arbitraire, qui ne peut que compromettre la parole de Dieu; 4° ne l'employer jamais que pour des sujets de piété: appliquer l'Écriture sainte à des choses profanes, c'est une espèce de sacrilége contre lequel s'élève avec force le concile de Trente (1).

295. Nous le répéterons: pour expliquer le texte sacré, on ne doit jamais perdre de vue l'enseignement, la croyance ou la pratique générale de l'Église catholique, qui est tout à la fois dépositaire, gardienne et interprète de la parole de Dieu, c'est-à-dire, des livres saints et des traditions apostoliques, qui sont le vrai commentaire et le supplément des livres saints. Devant cette règle, que nous établirons un peu plus bas (2), tombent toutes les exégèses factices et arbitraires des rationalistes modernes, allemands et français, qui, tout en se donnant pour catholiques ou pour chrétiens, travaillent à détruire le christianisme, en remplaçant le Dieu des chrétiens par le Dieu de Spinosa.

(1) Temeritatem illam reprimere volens, qua ad profana quæque convertun⚫ tur et torquentur verba et sententiæ sacræ scripturæ, ad scurrilia scilicet fabulosa, vana, adulationes, detractiones, superstitiones impias et diabolicas incantationes, divinationes, sortes, libellos etiam famosos, (sancta synodus) mandat et præcipit, ad tollendam hujusmodi irreverentiam et contemptum, ne cætero quisquam quomodolibet verba scripturæ sacræ ad hæc et similia audeat usurpare, ut omnes hujus generis homines temeratores et violatores verbi Dei juris et arbitrii pœnis per episcopos coerceantur. Sess. iv. Decret. de editione et usu sacrorum librorum. — (2) Voyez ci-dessous, no 323, etc.

ARTICLE III.

Des idiotismes de la langue hébraïque que l'on retrouve dans la Vulgate.

296. Chaque langue a ses idiotismes, c'est-à-dire, certaines manières de parler qui lui sont propres : de là les gallicismes chez les Français, les germanismes chez les Allemands, les hellenismes chez les Grecs, les hébraïsmes chez les Hébreux. Les auteurs sacrés étant juifs ou grecs judaïsants, nous ont transmis les livres saints avec toutes les locutions propres à leur langue. D'un autre côté, presque tous les idiotismes de la langue hébraïque sont passés des textes primitifs dans les versions, et particulièrement dans la Vulgate, que nous avons entre les mains. Il est donc nécessaire, pour bien entendre l'Écriture sainte, de connaître au moins les principaux hébraïsmes.

§ I. Hébraïsmes pour les noms.

297. Le nom, chez les Hébreux, n'ayant que deux genres, le masculin et le féminin, le neutre est remplacé le plus souvent par le féminin; exemples: unam petii pour unum petii, j'ai demandé une chose (1); hæc facta est mihi pour hoc factum est, c'est ce qui m'est arrivé (2).

298. Les noms abstraits se mettent souvent pour les concrets: ego sum resurrectio et vita, je suis la résurrection et la vie, c'està-dire, celui qui ressuscite et donne la vie (3) ; vos estis gloria nostra et gaudium, vous êtes notre gloire et notre joie ; c'est comme si on disait : vous nous comblez de gloire et de joie (4). Les Psaumes sont remplis de ces sortes d'hébraïsmes.

299. La répétition d'un mème substantif au même cas, avec ou sans la particule et, indique ordinairement, ou l'universalité, comme homo homo pour omnis homo, tout homme (5); ou un certain nombre, comme fossas et fossas pour fossas multas, un grand nombre de fosses (6); homo et homo pour multi homines, un grand nombre d'hommes (7); ou une diversité dans l'espèce, comme pondus et pondus pour diversa pondera, différents

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poids (1); in corde et corde locuti sunt, ils parlent avec un cœur double, c'est-à-dire, tantôt d'une manière, tantôt d'une autre (2). Cette répétition marque encore la vivacité du sentiment de celui qui parle, surtout quand le substantif est répété jusqu'à trois fois : Jerusalem, Jerusalem, Jerusalem, quæ occidis prophetas, Jérusalem, Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes (3); Martha, Martha, sollicita es, Marthe, Marthe, vous vous empressez (4); terra, terra, terra, audi sermonem Dei, terre, terre, terre, écoute la parole du Seigneur (5).

300. Le positif se met souvent pour le comparatif : Bonum est confidere in Domino, quam confidere in homine; il vaut mieux se confier dans le Seigneur que de se confier dans l'homme (6); bonum est tibi debilem intrare in vitam, quam duas manus habentem ire in gehennam; il vaut mieux pour vous d'entrer dans la vie n'ayant qu'une main, que d'en avoir deux et d'aller en enfer (7). Dans l'un et l'autre passage, bonum est pour melius. Le positif se rend aussi quelquefois par le superlatif: Magister, quod est mandatum magnum in lege? Maître, quel est le plus grand commandement de la loi (8)? Magnum est pour maximum, comme on le voit d'ailleurs par la réponse de Notre-Seigneur (9). Divites plebis, les plus riches d'entre le peuple (10); inclyti terræ, les personnes les plus éclatantes de la terre (11).

301. Le comparatif s'exprime quelquefois par une négation : Misericordiam volo, et non sacrificium; non enim veni vocare justos, sed peccatores; j'aime la miséricorde, et non le sacrifice; car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs; ce qui signifie : J'aime mieux la miséricorde que le sacrifice, car je suis venu plutôt pour les pécheurs que pour les justes (12). Dilexi Jacob, Esaü autem odio habui, j'ai aimé Jacob, mais j'ai haï Ésaü; ce qui veut dire : J'ai beaucoup plus aimé Jacob qu’Ésaü (13).

302. La langue hébraïque n'a pas de superlatif; elle y supplée tantôt par nimis, valde, multum, comme dans ce texte de la Genèse: aquæ prævaluerunt nimis super terram, les eaux s'élevèrent prodigieusement au-dessus de la terre (14); tantôt en employant l'abstrait pour le concret, par exemple, sainteté au lieu de très-saint; tantôt en répétant un substantif au concret et en le

(1) Proverb. ch. xx, v. 10.—(2) Psaume cxvii, v. 8.

(3) S. Matth. ch. xxш, v. 37.—(4) S. Luc, ch. x, v. 41. —(5) Jérém. ch. xxII, v. 9. —(6) Psaume cxvi, v. 8. (7) S. Matth. ch. xvIII, v. 8. —(8) Ibidem, ch. xxII, v. 36. v. 38.(10) Psaume XLIV, V. 13.

V. 13.

(11) Isaïe, ch. xxi.

(9) Ibidem,

- (12) S. Matth. ch. ix,

- (13) Malach. ch. 1, v. 2 et 3. - (14) Genèse, ch. vii, v. 19.

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