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bornaient le plus souvent à établir la divinité de la mission de Jésus-Christ, à réfuter les erreurs du paganisme, et à combattre les hérésies plus ou moins grossières qui s'étaient manifestées de leur temps. Ce n'est que pour répondre aux calomnies des païens et des hérétiques qu'ils ont parlé, toujours très-brièvement et avec réserve, des principaux mystères de la foi. Il est donc nécessaire, pour bien connaître la doctrine des Pères qui se rapprochent davantage des temps apostoliques, de l'expliquer par les Pères moins anciens, qui ont, en quelque sorte, commenté leurs écrits; ainsi que par la foi pratique, générale et constante de l'Église universelle.

Sentant tout l'avantage qu'on peut tirer de la discipline du secret en faveur du dogme catholique, les protestants nient, les uns que cette discipline ait jamais existé ; les autres, qu'elle soit venue des apôtres. Il est donc important d'en parler dans le chapitre

suivant.

CHAPITRE III.

De la discipline du secret, dans les premiers siècles de l'Église, touchant les mystères et les pratiques de la religion.

388. C'était un point de discipline, une loi pour les premiers chrétiens, de garder le secret sur les mystères, les sacrements et les pratiques de la religion; ils n'en parlaient que lorsque la nécessité le demandait; encore n'en parlaient-ils alors qu'avec la plus grande circonspection, craignant de les exposer au mépris ou à la dérision des gentils. Au rapport de saint Jérôme (1) et de saint Augustin (2), le symbole des apôtres, qui contient les principaux articles de notre foi, ne s'écrivait pas encore au commencement du cinquième siècle; les chrétiens le tenaient de leurs pères, l'apprenaient de mémoire, et le faisaient apprendre à leurs enfants. On n'administrait les sacrements et on ne célébrait les choses saintes, dans les assemblées des fidèles, qu'après en avoir fait sortir ceux qui n'étaient point initiés. « C'était dans ces assemblées, comme le « remarque Fleury (3), qu'on donnait les sacrements; et c'est pour

(1) Lettre xxxvIII à Pammachius. (2) Discours aux catéchumènes sur le Symbole. (3) Mœurs des chrétiens, n° xv.

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«< cela que les infidèles en étaient exclus avec tant de soin. Car on observait inviolablement le précepte du Sauveur, de ne point « donner aux chiens les choses saintes, et de ne point jeter les perles aux pourteaux (1). De là vient que l'on nommait les sa«< crements mystères, c'est-à-dire, choses cachées, et que l'on y gar« dait un secret inviolable. On les cachait non-seulement aux infidèles, mais aux catéchumènes. Non-seulement on ne les célébrait << pas devant eux, mais on n'osait même leur raconter ce qui s'y passait, ni prononcer en leur présence les paroles solennelles, ni « leur parler de la nature des sacrements. On écrivait encore «< moins; et si, dans un discours publié ou dans un écrit qui pût

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« tomber en des mains profanes, on était obligé de parler de l'Eu⚫ charistie ou de quelque autre mystère, on le faisait en termes obs« curs et énigmatiques. Ainsi, dans le Nouveau Testament, rompre le pain signifie consacrer et distribuer l'Eucharistie; ce « que les infidèles ne pouvaient entendre. » On voit, par ce passage, que Fleury fait remonter l'usage du secret pour les mystères jusqu'aux apôtres; ce qui s'accorde parfaitement avec l'enseigne ment des saints Pères. Cette discipline s'est observée généralement, d'une manière plus ou moins stricte, suivant les lieux, jusque vers le milieu du cinquième siècle : le monde étant devenu chrétien, le secret des mystères a cessé d'être nécessaire.

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389. Nous disons que la loi du secret venait des apôtres. D'abord il est constant qu'elle était en vigueur dans toute l'Église au commencement du cinquième et durant tout le quatrième siècle. Théodoret, fait évêque de Tyr vers l'an 423, introduit dans ses dialogues l'orthodoxe parlant ainsi : « Répondez-moi, s'il vous plait, « en paroles mystiques et obscures; car il y a peut-être ici des gens « qui ne sont pas initiés aux mystères (2). » Ailleurs, répondant à cette question, Comment appelez-vous, avant l'invocation sacerdotale, le don eucharistique que l'on offre? il ajoute : « Il ne faut << pas le dire ouvertement, parce qu'il peut se faire que nous soyons « écoutés par des personnes qui ne soient pas initiées (3). » Encore: « Les mystères divins sont si augustes, que nous devons les garder « avec la plus grande réserve; et, pour me servir des paroles du Seigneur, ces perles ne doivent pas être jetées devant les pour« ceaux (4). »

390. Saint Cyrille, évêque d'Alexandrie, mort en 444, répon

(4) Saint Matthieu, ch. vi, v. C. Inconfusus. (4) Præf. in Ezechielem.

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(2) Dialog. Immutabilis. — (3) Dialog.

dant aux objections de Julien l'Apostat contre le baptème, s'exprime dans le même sens que Théodoret : « Ces mystères, dit-il, « sont si profonds, si relevés, qu'ils ne peuvent être compris que « par ceux qui ont la foi. Ainsi, de peur qu'en découvrant les mys«<tères aux non-initiés je n'offense Jésus-Christ, qui défend de donner les choses saintes aux chiens et de jeter les perles aux - pourceaux, je n'entreprendrai point de traiter ce qu'ils renferment de plus profond (1). »

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391. Saint Augustin : « Demandez à un catéchumène s'il mange - la chair du fils de l'homme, et s'il boit son sang; il ne sait ce que « vous voulez lui dire... Les catéchumènes ne savent point ce que reçoivent les chrétiens (2). »

392. Saint Innocent I, élu pape en 402, consulté par Décentius, évêque d'Eugubio, au sujet des sacrements, répond ainsi sur l'article de la paix que les prêtres voulaient se donner avant la consé. cration : « La cérémonie de la paix ne doit absolument avoir lieu « qu'après les choses que je ne puis absolument révéler... Quant • au reste, qu'il ne m'est pas permis d'écrire, nous pourrons en parler ensemble (3).

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393. Saint Jean Chrysostome: « Je voudrais parler clairement du baptême; mais je n'ose, à cause de ceux qui ne sont point initiés. Ces personnes nous rendent l'explication de ces choses plus « difficile, en nous contraignant de parler d'une manière obscure, * ou de découvrir des choses cachées; et pourtant je m'expliquerai, autant qu'il me sera possible, en termes couverts et voilés (4). Celui qui doit recevoir l'ordination demande les prières des fidèles; ceux-ci lui donnent leur suffrage, et y joignent les accla«mations connues des initiés, et que je tais ici, car il est défendu « de tout dire devant les profanes (5). »

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394. Voilà pour le commencement du cinquième siècle. Si nous remontons au siècle précédent, nous rencontrons les constitutions apostoliques, saint Gaudence, saint Épiphane, saint Ambroise, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille de Jérusalem, saint Basile, saint Zénon, et les Pères du concile d'Alexandrie de l'an 339. Nous lisons en effet, dans les constitutions dites apostoliques, qui ont été rédigées sous le nom du pape saint Clément, vers l'an 390: « Quand la femme fidèle est interrogée par quelqu'un, qu'elle ne

(1) Lib. vi contra Julianum. - (2) Tract. x in Joannem, no Iv et v. Voyez aussi les traités XII et xcvi, ainsi que le sermon cxxxii. - (3) Epist. ad Decentium episcopum Eugubium; Labbe, Concil., col. 1246 et 1248. in I Epist. ad Corinthios, no 1. (5) Homil. xvII in II Epist. ad Corinth.

(4) Homil. LX

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« réponde pas facilement, si ce n'est sur les choses qui appartien«nent à la foi en général, à la justice et à l'espérance en Dieu; qu'elle renvoie aux prêtres ceux qui désirent d'être instruits des dogmes de la piété chrétienne; qu'elle se contente de parler de « l'unité de Dieu contre les erreurs du polythéisme, et qu'elle n'a⚫ vance rien témérairement, de crainte de compromettre la parole « de Dieu.... En parlant des choses mystérieuses, il faut se garder « d'être indiscret, et s'exprimer prudemment, se souvenant des pa<< roles du Sauveur : N'allez pas jeter vos perles devant les pour« ceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds (1). »

395. Saint Gaudence, évêque de Brescia en 387, prêchant la nuit de Pâques devant les néophytes, à leur retour des fonts baptismaux, leur disait : « Dans la leçon que vous venez d'entendre, je «< choisirai les endroits qui ne peuvent s'expliquer devant les caté« chumènes (2). » Ailleurs, il dit qu'il avait renvoyé aux prédications pascales les cérémonies décrites dans l'Exode pour la célébration de la Pâque, « parce que, ajoute-t-il, cette nuit éclatante exige que nous nous conformions moins à la suite du texte qu'au « besoin de la circonstance, en sorte que les néophytes puissent, « pour la première fois, apprendre comment on participe au sacrifice pascal, et que les fidèles instruïts puissent s'y recon« naître (3).

396. Saint Épiphane reproche aux Marcionites de l'ile de Chypre de célébrer les mystères en présence des catéchumènes (4). Ce reproche suppose évidemment qu'il était reçu dans l'Église de ne point initier les catéchumènes aux mystères eucharistiques.

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397. Saint Ambroise : « Le temps est venu de traiter des mystères, et de vous expliquer ce qui regarde les sacrements. Que si, << avant le baptème et l'initiation, nous avions songé à vous en parler, nous aurions moins paru les expliquer que les trahir (5). » Tout mystère doit demeurer caché et couvert d'un silence fidèle, « de crainte qu'il ne soit divulgué témérairement aux profanes (6). » Saint Grégoire de Nazianze dit que « la plus grande partie de nos

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mystères ne devait point être exposée aux yeux des étrangers (7).

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Saint Grégoire de Nysse parle aussi du secret des saints mystères comme d'un point de discipline en vigueur de son temps (8).

398. Saint Cyrille de Jérusalem : « Le Seigneur parlait au peu

(1) Const. apost. lib. m, cap. v. —— (2) Serm. 11. - · (3) Serm. v. — (4) Hæresis XLII, n° 1. (5) De Mysteriis, cap. 1. (6) Lib. de Abrahamo. (7) Orat. XLII, n° xxxv. — (8) Orat. adversus eos qui differunt baptismum.

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ple en paraboles; mais à ses disciples il expliquait en particulier ⚫les paraboles et les comparaisons dont il s'était servi. L'état de la gloire est pour ceux qui sont déjà éclairés; l'obscurité est le partage des infidèles. De même, l'Église découvre ses sacrements à « ceux qui sortent de la classe des catéchumènes; car nous ne déclarons point aux Gentils les mystères cachés du Père et du Fils « et du Saint-Esprit, nous ne parlons pas ouvertement des sacre<< ments aux catéchumènes; mais nous usons souvent d'expressions « obscures, afin qu'elles puissent être entendues de ceux qui sont déjà instruits, et que ceux qui ne le sont pas ne puissent en être « offensés (1). » Nous lisons aussi, à la fin de la préface des catéchèses, l'avis suivant : « Donnez à lire ces catéchèses faites pour ⚫ leur instruction, à ceux qui approchent du baptême, et aux fidèles qui l'ont déjà reçu. Mais pour les catéchumènes et ceux qui nè ⚫ sont pas chrétiens, gardez-vous bien de les leur communiquer; autrement, sachez que vous en rendrez compte à Dieu. Que si « vous en prenez copie, faites-le, je vous en conjure, comme en présence du Seigneur (2). »

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399. Saint Basile s'exprime comme saint Cyrille : « Nous rece« vons, dit-il, les dogmes qui nous ont été transmis par écrit, et • ceux qui nous sont venus des apôtres sous le voile et le mystère « d'une tradition orale. Ce qu'il est défendu aux non-initiés de con« templer, comment conviendrait-il d'en écrire et de le répandre « dans le public? Les apôtres et les Pères qui ont prescrit, dès le principe, certains rites à l'Église, ont su conserver aux mystères leur dignité, par le secret et le silence où ils les ont enveloppés ; « car ce qui est porté à l'oreille et aux regards ne saurait plus être "mystérieux. C'est pour cela que plusieurs choses ont été trans«mises sans écriture, de peur que le vulgaire, trop familiarisé avec "nos dogmes, n'en conçoive du mépris (3). »

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400. Le concile d'Alexandrie de l'an 339, qui réunissait les évêques de plusieurs provinces, parlant des Mélétiens, dit « qu'ils n'ont « pas honte de célébrer les mystères devant les catéchumènes, et « même en présence des païens, oubliant qu'il est écrit de celer les mystères du Roi; et que l'on ne doit point, d'après la défense du Seigneur, donner les choses saintes aux chiens, ni jeter les perles aux pourceaux (4). » Sans la loi du secret, ce reproche

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(1) Catechesis v1. Ce passage de saint Cyrille est un fragment de la dispute d'Archélaüs contre Manès. (2) Procatechesis ad finem. (3) De Spiritu Sancto, cap. XXVII. – (4) Labbe, Concil., tom. 11, col. 547.

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