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cutent les desseins de Dieu sans le savoir! que de fois ils sont étonnés de leurs propres succès!

466. Dieu peut également nous exaucer, suivant le cours ordinaire des choses, lorsque nous demandons des grâces temporelles qui ne peuvent venir que de lui seul. Maître souverain du monde, il embrasse tous les êtres dans les soins de sa providence, disposant à son gré de toutes les causes secondes, de tous les ressorts secrets de la nature; il les fait servir, d'une manière admirable, à remplir l'objet de nos vœux. Il est consolant de penser que Dieu, en faisant tout pour l'homme en même temps qu'il a tout fait pour sa gloire, a subordonné le monde physique au monde moral, de manière à faire dépendre ses faveurs même temporelles de notre fidélité à les lui demander, et de la conformité de notre conduite à ses ordonnances. C'est d'après cet ordre merveilleux, qui s'étend à tout, qui comprend tout, le ciel et la terre, que les éléments, dociles à la voix du Créateur, deviennent comme l'instrument dont il se sert ici-bas pour récompenser les vertus et punir les crimes des peuples; car il n'y a pas d'autre vie que celle-ci pour les nations. « Oui, du sein de « l'éternité, Dieu a tout prévu et tout disposé. Nous n'étions pas en« core, que Dieu nous voyait dans sa science infinie; nos supplica« tions étaient déjà devant son trône; et lorsque dans le temps il les exauce, lorsqu'il fait concourir avec elles certains événements, • il ne fait que développer l'ordre de ses desseins éternels, et nous ne « faisons que remplir la condition à laquelle il avait attaché ses « dons. Avec des subtilités, il n'y a rien qu'on ne puisse obscurcir; « mais heureusement l'auteur de la nature a mis en nous un je ne sais quoi de plus fort que les sophismes, qui tient le genre humain « inviolablement attaché à certaines vérités nécessaires à son bonheur. Oui, toujours, malgré les faux sages et leurs livres, la na« ture ne cessera de parler à l'homme un langage que l'homme en« tendra; toujours le sentiment de la Divinité gravé dans les âmes « les entraînera à l'adorer, à le craindre, à l'aimer, à l'invoquer; toujours on verra les familles éplorées autour d'un père qu'elles << tremblent de perdre, demander sa conservation à celui qui est le maître de la vie et de la mort; toujours on verra les habitants des campagnes supplier le ciel de féconder leurs sillons, et d'écarter l'orage des fruits de leurs travaux; toujours des amis feront des « vœux pour des amis absents (1). » Et quel est l'homme, quel est

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(1) M. Frayssinous, Défense du christianisme, conf. sur le culte en gé• néral.

l'impie qui, dans le péril, ne lève les mains au ciel en s'écriant : 0 Dieu! ò mon Dieu ? Témoignage instinctif que Tertullien appelle le témoignage d'une âme naturellement chrétienne, testimonium animæ naturaliter christianæ (1).

CHAPITRE IV.

De l'indifférence en matière de religion.

467. Ici se présentent deux questions: la première, si on peut raisonnablement être indifférent au point de ne vouloir pas examiner s'il existe une religion divine; la seconde, si, en admettant une religion quelconque, on est dispensé d'examiner si elle est divine ou non. L'homme est-il intéressé à savoir s'il doit admettre et professer une religion? Et, dans le cas qu'il reconnaisse la nécessité d'admettre une religion, peut-il choisir indifféremment et sans examen, parmi les religions qui regnent dans le monde, celle qui lui plait davantage, ou qui est la plus conforme à ses goûts?

ARTICLE I.

Celui qui ne croit pas à la divinité d'une religion peut-il raisonnablement se dispenser d'examiner s'il y a une religion divine?

468. Il est malheureusement un grand nombre de chrétiens qui, étant séduits par les plaisirs, distraits par les affaires, ou subjugués par le respect humain, s'abandonnent au torrent du siècle, éloignent autant que possible la pensée des vérités qui les importunent, et vivent à peu près comme s'ils ne croyaient pas, quoiqu'ils tiennent véritablement à la religion, ainsi qu'ils en font l'aveu, du moins lorsqu'ils peuvent le faire sans qu'il leur en coûte. Ces hommes n'ont pas besoin d'être convaincus, puisqu'ils ne révoquent point en doute les dogmes de la foi; leur indifférence, quoique criminelle, n'est qu'apparente; elle ne se montre que dans la pratique. Nous devons être effrayés sur le sort qui les attend, à moins que Dieu, dans sa miséricorde, ne les touche et ne les arrête au bord du précipice. Mais il ne s'agit dans cet article que de ceux

(1) Apologétique, no xvu.

qui, philosophes ou non, rejettent toutes les religions sur un simple doute, sans chercher en aucune manière à les connaître, sans examiner s'il en est une qui soit véritable et divine; comme si la suprême sagesse pour l'homme consistait à ne point s'inquiéter de l'avenir, à végéter dans une insouciance qui tient de l'abrutissement, à ignorer ce qu'il est, d'où il vient, où il va; ou comme s'il lui était égal, en toute hypothèse, d'avoir pour héritage éternel le paradis ou l'enfer.

469. Or, cette indifférence absolue, ce défaut de prévoyance sur tout ce qui intéresse nos destinées, cette sécurité stupide avec laquelle on marche vers un avenir inconnu, n'est pas moins dangereuse pour l'homme qu'injurieuse à Dieu; cet aveuglement, quelque inconcevable qu'il soit, ne pourra jamais servir d'excuse, si ce n'est dans ceux qui sont véritablement atteints d'une aliénation mentale. Certes, dans l'ordre moral, une erreur, un système, une manière d'agir quelconque ne devient point excusable en devenant absurde. Quoi ! il est démontré que la religion est nécessaire à l'homme et à la société ; le genre humain nous atteste l'existence d'un Dieu vengeur du crime et rémunérateur de la vertu ; il reconnaît une loi qu'on ne saurait violer impunément; et, au mépris de l'autorité de tous les peuples et de tous les temps, on ose, sur un misérable peut-être, aventurer ses destinées éternelles, absolument comme si on n'avait rien à craindre, et que l'on fût convaincu jusqu'à l'évidence, ou que Dieu n'existât point, ou qu'il fût lui-même indifférent en matière de religion, ou que l'homme, en mourant, mourût tout entier, ou qu'il ne se survécût à lui-même que pour être plus heureux après cette vie qu'il ne l'est ici-bas! Que penseriez-vous de celui qui, pour la première fois et sans en avoir fait l'expérience, se déciderait, sans nécessité aucune, d'après une simple possibilité ou un peut-être qui n'est que l'effet de son ignorance, à traverser sur une frêle embarcation une mer parsemée d'écueils et féconde en naufrages? Cet homme, direz-vous, serait un téméraire, un extravagant, un insensé. Mais celui-là est-il moins insensé, moins extravagant, moins téméraire, qui, croupissant dans l'oubli de toute religion, expose non pas une vie fugitive et traversée de tribulations, mais une vie sans bornes, éternelle, au risque d'être malheureux éternellement ?

470. Que peut dire, après tout, l'indifférent? Comment raisonnera-t-il, si on obtient enfin qu'il s'explique? Il ne pourra jamais tenir que le langage suivant: Il est possible, selon moi, que la religion ne soit qu'une institution humaine; il est possible, selon moi,

qu'il n'y ait pas de Dieu, ou que, s'il y en a un, il ne se mêle pas de nous, qu'il ne tienne point à nos hommages ; il est possible, toujours selon moi, que notre âme ne soit point immortelle. Il ne peut aller plus loin, puisqu'il ne veut pas même se donner la peine d'examiner s'il est vrai ou non qu'il y ait un Dieu qui punisse le crime et récompense la vertu, qu'il y ait une autre vie où chacun reçoive selon ses œuvres. Or, un tel système n'est-il pas le comble de l'extravagance? L'indifférent nous dit qu'il est possible, selon lui, que la religion ne soit pas une institution divine; mais il est possible aussi, comme il est forcé de l'avouer et qu'il l'avoue en effet, du moins implicitement, il est possible, disons-nous, nonseulement selon lui, mais encore selon la croyance de tous les peuples, que la religion soit véritable et divine. Comment donc demeurer dans ce doute individuel, qui n'est partagé que par quelques esprits? S'y arrêter volontairement comme dans une position fixe et naturelle, repousser tout espoir d'un bonheur infini, et se dévouer, pour ainsi dire, de gaieté de cœur, si la religion est vraie, comme on convient qu'elle peut l'être, aux rigueurs de la vengeance de Dieu, à des châtiments dont la pensée nous glace d'effroi, ne serait-ce pas un délire inexplicable, un mystère plus incompréhensible encore que les mystères de la religion, si la foi ne nous apprenait que l'homme qui oublie sa nature, son origine et sa fin dernière, qui oublie son Dieu en s'oubliant lui-même, finit, pour avoir trop longtemps tenu les yeux fermés à la lumière et s'être roidi contre le remords, par tomber dans l'aveuglement et dans une insensibilité qui le rendent capable de la plus profonde dégradation?

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471. Écoutez ce que dit un philosophe chrétien de ceux qui, étant dans le doute, négligent d'étudier la religion : « Cette négligence n'est pas supportable. Il ne s'agit pas ici de l'intérêt léger de quelque personne étrangère, il s'agit de nous-mêmes et de « notre tout. L'immortalité de l'âme est une chose qui nous im« porte si fort et qui nous touche si profondément, qu'il faut avoir « perdu tout sentiment pour être dans l'indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et toutes nos pensées doivent pren« dre des routes si différentes, selon qu'il y aura des biens éternels « à espérer ou non, qu'il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement qu'en la réglant par la vue de ce point, qui doit « être notre premier objet. Ainsi, notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d'où dépend notre conduite...

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472. « Pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette der<< nière fin de la vie, et qui, par cette seule raison qu'ils ne trouvent « pas en eux-mêmes des lumières qui les persuadent, négligent d'en chercher ailleurs, et d'examiner à fond si cette opinion est de cel« les que le peuple reçoit par une simplicité crédule, ou de celles qui, quoique obscures d'elles-mêmes, ont néanmoins un fonde«ment très-solide; cette négligence en une affaire où il s'agit d'eux. mêmes, de leur éternité, de leur tout, m'irrite plus qu'elle ne m'attendrit; elle m'étonne et m'épouvante; c'est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d'une dévotion spirituelle; je prétends au contraire que l'amour-propre, que l'intérêt humain, que la plus simple lumière de la raison doit nous donner « ces sentiments. Il ne faut voir pour cela que ce que voient les personnes les moins éclairées.

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473. « Il ne faut pas avoir l'âme fort élevée pour comprendre qu'il n'y a point ici de satisfaction véritable et solide; que tous « nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu'enfin la mort, qui nous menace à chaque instant, doit nous << mettre dans peu d'années, et peut-être en peu de jours, dans un état éternel de bonheur, ou de malheur, ou d'anéantissement. « Entre nous et le ciel, l'enfer ou le néant, il n'y a donc que la vie,

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qui est la chose du monde la plus fragile; et le ciel n'étant certainement pas pour ceux qui doutent si leur âme est immortelle, ils n'ont à attendre que l'enfer ou le néant. Il n'y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. Faisons tant que nous voudrons « les braves, voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde. « C'est en vain qu'ils détournent leur pensée de cette éternité qui les attend, comme s'ils pouvaient l'anéantir en n'y pensant point: elle subsiste malgré eux, elle s'avance; et la mort qui doit l'ou<< vrir les mettra infailliblement, en peu de temps, dans l'horrible nécessité d'être éternellement ou anéantis ou malheureux.

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474. « Voilà un doute d'une terrible conséquence, et c'est déjà « assurément un très-grand mal d'être dans ce doute; mais c'est « au moins un devoir indispensable de chercher quand on y est. Ainsi, celui qui doute et qui ne cherche pas est tout ensemble « et bien injuste et bien malheureux. Que s'il est avec cela tranquille et satisfait, qu'il en fasse profession et enfin qu'il en fasse vanité, et que ce soit de cet état mème qu'il fasse le sujet de sa joie et de sa vanité, je n'ai point de termes pour qualifier une si extravagante créature. Où peut-on prendre ces sentiments? Quel sujet de joie trouve-t-on à n'attendre plus que des misères sans

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