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contiennent sont vrais, et que ceux qui les ont écrits étaient vraiment inspirés de Dieu.

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CHAPITRE II.

De l'authenticité des livres saints.

68. Nous supposons, comme un principe qu'on ne peut contester sans tomber dans le scepticisme, qu'il est possible d'acquérir la certitude des faits les plus reculés, et d'être assuré de l'authenticité d'un livre ancien. Quel est l'homme, s'il n'est pas tout à fait dépourvu de bon sens, qui ne regarde comme authentiques les poésies d'Homère et de Virgile, les harangues de Démosthène et de Cicéron, les ouvrages philosophiques de Platon et d'Aristote, les histoires de Thucydide et de Tacite, et autres écrits de l'antiquité? S'il est des marques auxquelles une critique judicieuse reconnait la supposition de certains ouvrages, il en est d'autres aussi qui « lui servent, pour ainsi dire, de boussole, et qui la guident dans • le discernement de ceux qui sont authentiques. En effet, com« ment pouvoir soupçonner qu'un livre a été supposé, lorsque nous le voyons cité par d'anciens écrivains, et fondé sur une chaîne « non interrompue de témoins conformes les uns aux autres, surtout si cette chaîne commence au temps où l'on dit que ce livre a été écrit, et ne finit qu'à nous? D'ailleurs, n'y eût-il point d'ouvrages qui en citassent un autre comme appartenant à tel auteur, pour en connaître l'authenticité il me suffirait qu'il m'eût été apporté comme étant de tel auteur, par une tradition orale, soute• nue sans interruption depuis son époque jusqu'à moi, sur plusieurs lignes collatérales. Il y a, outre cela, des ouvrages qui tiennent à tant de choses, que ce serait folie de douter de leur authenti* cité. Mais la plus grande preuve de l'authenticité d'un livre, c'est ⚫ lorsque depuis longtemps on travaille à saper son antiquité pour l'enlever à l'auteur à qui on l'attribue, et qu'on n'a pu trouver « pour cela que des raisons si frivoles, que ceux même qui sont ses « ennemis déclarés à peine daignent s'y arrêter. Il y a des ouvrages « qui intéressent plusieurs royaumes, des nations entières, qui • pour cela même ne sauraient être supposés. Les uns contiennent « les annales de la nation et ses titres, les autres ses lois et ses coutumes; enfin il y en a qui contiennent leur religion. Plus on

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«< accuse les hommes en général d'être superstitieux, plus on doit << avouer qu'ils ont toujours les yeux ouverts sur ce qui intéresse « leur religion. L'Alcoran n'aurait jamais été transporté au temps « de Mahomet, s'il avait été écrit après sa mort. C'est que tout un peuple ne saurait ignorer l'époque d'un livre qui règle sa croyance <«<et fixe toutes ses espérances (1). »

69. Or, il n'est pas difficile de prouver que les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament sont authentiques, c'est-à-dire qu'ils sont les ouvrages de ceux dont ils portent les noms, et que ceux même dont l'auteur n'est point connu ont une authenticité qui éloigne toute idée, tout soupçon de la possibilité d'une supposition. On entend par livres supposés les livres qui ne sont pas de ceux à qui on les attribue.

ARTICLE I.

Moyse, législateur des Juifs, est vraiment l'auteur du Pentateuque, c'est-à-dire, de la Genèse, de l'Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome.

70. D'abord Moyse est le législateur des Juifs: ce qui n'a été contesté que par quelques incrédules qui ont poussé le scepticisme historique jusqu'à révoquer en doute si Moyse a réellement existé. Mais si, comme ils ont osé le dire, Moyse n'est qu'un mythe fabuleux, pourquoi ne pas dire aussi que les Juifs étaient un peuple imaginaire? Car enfin leur histoire, leur religion, leurs fêtes, leur jurisprudence, les coutumes qu'ils observent encore dans les différentes parties du monde, tout est fondé sur l'autorité de Moyse, tout nous rappelle le souvenir de Moyse, tout nous démontre l'existence de Moyse. Où sont les preuves ou du moins les doutes que l'on puisse opposer au témoignage d'un peuple qui réclame son fondateur? D'ailleurs, les Juifs ont eu un législateur, puisqu'ils ont des lois; et ce législateur a dû vivre il y a plus de trois mille ans, puisque, dès lors, nous voyons le peuple juif gouverné par des lois qu'il suit encore aujourd'hui. Si ce législateur n'est pas Moyse, que l'on nous dise donc quel autre il faut mettre à sa place. C'est à cette nation à nous faire connaître son législateur, qu'elle ne peut ignorer. Osera-t-on contester aux Chinois l'existence de Confucius, aux musulmans celle de Mahomet?

71. De plus, le témoignage des Juifs se trouve confirmé

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(1) Encyclopédie du xvIIe siècle, art. Certitude. L'auteur de cet article est l'abbé de Prades.

par celui des auteurs païens. Les Égyptiens, les Grecs et les Latins ont connu Moyse et ses lois. On peut voir dans Flavius Josèphe (1), dans saint Justin (2), Athénagore (3), Tatien (4), Clément d'Alexandrie (5), Origène (6) et Eusèbe de Césarée (7), ce qu'en ont dit Manéthon, Chérémon, Lysimaque, Philocor d'Athènes, Eupolème, Apollonius-Molon, Ptolémée-Ephestion, Appion d'Alexandrie, Nicolas de Damas, Alexandre-Polyhistor, et plusieurs autres dont il ne nous reste que des fragments. On pourrait citer aussi, parmi les anciens dont les écrits sont parvenus jusqu'à nous, Strabon, Diodore de Sicile, le rhéteur Longin, Justin d'après Trogue-Pompée, Juvénal, Tacite, Pline le naturaliste, Gallien et Numénius le Pythagoricien; tous ont rendu hommage à Moyse, à ses lois, à ses institutions (8). Mais ce qu'il y a de plus remarquable encore, c'est que, lorsque les apologistes de la religion chrétienne avançaient que Moyse était le plus ancien des législateurs, et qu'ils le prouvaient par le témoignage même de l'antiquité profane, ni les Celse, ni les Porphyre, ni les Julien, quoique ennemis déclarés du christianisme, n'ont osé les contredire. Ils se raillaient, il est vrai, de nos livres saints; mais il ne leur est jamais venu dans la pensée de contester l'antiquité de Moyse comme un fait établi sur la croyance la plus ancienne et la plus universelle, comme un fait qu'on ne peut révoquer en doute sans ébranler les fondements de l'histoire.

72. Mais Moyse est-il effectivement l'auteur du Pentateuque ou des cinq premiers livres de l'Ancien Testament? Le Pentateuque est-il authentique? Oui, le Pentateuque est authentique, et son authenticité est aussi certaine que celle des livres les plus authentiques, aussi certaine que l'existence même de Moyse. Les mêmes raisons qui prouvent que ce législateur a existé, prouvent également que le Pentateuque est son ouvrage. En effet, on ne peut refuser de tenir pour authentique un livre dont l'authenticité a pour elle la foi publique et constante d'une nation dont il décrit l'histoire, le culte et la législation; surtout si ce livre présente les caractères de l'antiquité qu'on lui attribue, et s'il est d'ailleurs impossible qu'il ait été supposé, c'est-à-dire, écrit par un autre que celui dont il

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(8) Voyez l'Auto

(1) Livres contre Appion. - (2) Exhortation aux Grecs. (3) Légation pour les Chrétiens. — (4) Discours contre les Gentils. -(5) Liv. des Stromates. (6) Liv. contre Celse. - (7) Préparation évangélique, etc. rité des livres de Moyse par Duvoisin, part. 1, c. 11; la Démonstration évangélique de Huet, proposition iv, etc.; le Traité historique et dogmatique de la vraie religion, par Bergier, tom. v, c. 11, art. 1, édit. de 1780; les Disserta tions sur l'existence de Dieu, par Jacquelot, tom. 11, dissert. 1, c. iv, etc.

porte le nom. Or, tel est le Pentateuque la foi publique et constante de la nation juive, les caractères d'antiquité qu'on remarque dans ce livre, l'impossibilité d'une supposition, tout en démontre l'authenticité.

§ I. Preuve de l'authenticité du Pentateuque par la croyance des Juifs.

73. On convient que le Pentateuque est antérieur à Jésus-Christ; qu'il existait même quelques siècles avant Jésus-Christ, puisqu'il a été traduit en grec, de l'aveu de tous, sous Ptolémée-Philadelphe, environ 275 ans avant l'ère chrétienne. Or, à partir de cette époque, en remontant de siècle en siècle, nous trouvons chez la nation juive une suite de livres, soit historiques, soit prophétiques, soit moraux, qui nous conduisent jusqu'à Moyse, et qui nous le représentent comme auteur de la loi et du volume de la loi, qui ne sont autre chose que le Pentateuque. Depuis la captivité de Babylone, nous voyons Malachie, Néhémias, Esdras; durant la captivité, Jérémie, Baruch, Ézéchiel et Daniel; dans les temps antérieurs, les auteurs des livres des Rois et des Paralipomènes, Salomon avec ses livres sur la sagesse, David avec ses cantiques, l'auteur du livre des Juges, celui du livre de Josué, qui touche à Moyse. Tous ces écrivains nous parlent de Moyse, de ses écrits, et du livre de la loi qu'il a promulguée; sans cesse ils rappellent son nom, son histoire, les faits qu'il raconte, et les lois diverses qu'il a portées (1).

74. Remarquez d'ailleurs qu'il ne s'agit pas d'un livre obscur, et sans intérêt pour le peuple: le Pentateuque contient les titres primitifs de la nation, son histoire, sa jurisprudence, son culte, qu'elle croyait établi de Dieu; chaque tribu, chaque famille, y trouvait la généalogie de ses ancêtres, les titres de ses possessions, les lois touchant le mariage, les contrats, les testaments. Aussi la lecture de ce livre est-elle recommandée de la manière la plus expresse aux Israélites (2). Il était ordonné aux prêtres de lire la loi tous les sept ans au peuple assemblé (3). Le Pentateuque était donc le code de la nation, un livre qui intéressait au plus haut point les prêtres, les magistrats, le peuple entier ; un livre par conséquent dont l'origine devait naturellement être connue de tous. La foi pu

(i) Voyez M. Frayssinous, évêque d'Hermopolis, Défense du Christianisme, tom. 1. Conf. sur le Pentateuque, Duvoisin, Autorité des livres de Moyse, part. 1, ch. 1; Bergier, Traité de la vraie Religion, tom. iv, etc. — (2) Deutéronome. c. vi. v. 6, etc. (3) Ibidem, c. xxxI. v. 10.

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blique, générale et constante, sur l'auteur du Pentateuque, est donc une preuve de son authenticité.

75. Qu'on ne prétende pas comparer la tradition non interrompue du peuple juif avec les traditions vagues et incertaines de la plupart des peuples de l'antiquité. « Chez les Hébreux, ce ne sont « pas des annales tronquées, vides de faits et d'événements, sans « liaison et sans suite, semblables à des déserts où l'on n'aperçoit « que des roches arides de distance en distance, ou bien encore • aux anneaux épars d'une chaîne brisée. Ici tout se suit et se sou«tient: c'est un corps d'histoire dont les parties sont liées entre « elles, et dont une seule ne saurait être détachée. Chacun des livres de l'Ancien Testament est la continuation de celui qui précède. • Josué reprend le récit immédiatement après Moyse; après Josué, «<les Juges nous conduisent jusqu'à Samuel, et les livres des Rois « depuis Samuel jusqu'à la destruction de Jérusalem sous Nabu<< chodonosor. Jamais la succession des juges, des grands prêtres, « des rois, n'est interrompue; chaque siècle est marqué par des « événements qui retentissent dans les siècles suivants. Les faits « éclatants d'une époque supposent ceux d'une époque précé« dente. Ainsi tout s'enchaîne; le fil de l'histoire se développe « sans peine, et nous conduit sans interruption depuis le temps « de Cyrus jusqu'à Moyse. Ainsi, dans cette suite de monuments « écrits de la nation juive, Moyse est toujours en vue, toujours • présenté comme auteur d'une loi que nous lisons encore dans «le Pentateuque (1), » comme auteur même des livres qui contiennent cette loi. Aussi, à la différence des traditions de certains peuples, qui sont tombées avec le temps parce qu'elles n'avaient qu'une origine fabuleuse, la tradition des Juifs touchant l'auteur du Pentateuque est venue jusqu'à nous; nous la trouvons partout, chez les Samaritains, peuple moitié juif et moitié idolâtre; chez les anciens écrivains grecs et romains (2), chez les apôtres, les Pères de l'Église, et généralement chez tous les chrétiens. Moyse a toujours passé dans tout l'Orient et dans tout l'Occident pour le législateur des Juifs et l'auteur du Pentateuque. Donc le Pentateuque est authentique.

(1) M. Frayssinons, Défense du Christianisme, conf. sur le Pentateuque. - (2) Voyez Duvoisin, Autorité des livres de Moyse, part. 1. c. I.

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