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seule nature en Dieu, nous apprend en même temps qu'il y a deux natures et une seule personne en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme ce qui prouve que la religion n'attache pas la même idée au mot de nature ou de substance, et au mot de personne. Et pour ce qui regarde les choses humaines, la philosophie ne reconnaîtelle pas qu'il y a en nous deux substances, l'une intellectuelle et l'autre corporelle, quoiqu'il n'y ait qu'une seule personne dans l'homme? Cessez donc de blasphémer ce que vous ignorez, et adorez ce que vous ne comprenez pas.

505. Enfin, si vous prétendez que l'homme ne fait usage de sa raison qu'en n'admettant que ce qu'il comprend, que ce qu'il conçoit bien clairement, que répliquerez-vous au matérialiste, au panthéiste, à l'athée, qui, pressé par vos démonstrations, vous dira que, fidèle à votre principe, il ne peut admettre ni la spiritualité de l'âme, ni la création du monde, ni l'existence de Dieu, parce que ces dogmes offrent des difficultés insolubles à sa raison; parce qu'il ne comprend ni ce que c'est qu'une substance spirituelle, ni comment nous avons pu être tirés du néant, ni pourquoi le mal, soit physique, soit moral, existe sous l'empire d'un être infiniment bon? Il vous convaincra donc d'être en contradiction avec vousmême; et puisque vous avez horreur de ses systèmes, reconnaissez donc que le plus digne usage que l'on puisse faire de sa raison, c'est de respecter les mystères de la foi, et de s'humilier devant la majesté du Très-Haut, qu'il ne nous sera donné de contempler dans sa gloire qu'après l'avoir mérité ici-bas par le sacrifice de notre entendement et de notre volonté, de notre orgueil et de nos convoitises; par l'accomplissement des devoirs que nous imposent les enseignements et les préceptes de la religion.

ARTICLE III.

La révélation, en tant qu'elle contient des préceptes positifs, est possible.

506. On distingue les préceptes positifs et les préceptes naturels: ceux-ci sont ainsi appelés, parce qu'ils sont fondés sur l'exi gence de notre nature, sur les rapports essentiels de l'homme avec Dieu et avec ses semblables. Les préceptes positifs sont ceux qui dépendent de la volonté libre de Dieu : comme, par exemple, la défense faite à nos premiers parents de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal; les préceptes de la sanctification du sabbat, de la circoncision, et autres préceptes concernant le

culte divin chez les Juifs et chez les chrétiens. On appelle encore positives les lois divines qui ont pour objet la promulgation extérieure et solennelle des lois naturelles.

507. Demander si la révélation, quant aux préceptes positifs, est possible, c'est demander si Dieu a pu promulguer extérieurement la loi naturelle, et ajouter à cette loi des préceptes, tant pour en faciliter l'application que pour le développement et l'organisation définitive de la société religieuse. Or, peut-on sérieusement contester à Dieu le droit de manifester ses volontés aux hommes, soit qu'il s'agisse d'expliquer et de sanctionner d'une manière particulière la loi naturelle, soit qu'il s'agisse de régler le culte extérieur, et d'en rendre les formes obligatoires? Quoi! un prince peut régler le cérémonial à suivre pour les honneurs qu'on lui doit, et Dieu n'aurait pas le même pouvoir pour ce qui regarde le culte qui lui est dû? Un prince peut porter des lois pour l'observation des règles de l'équité, et Dieu n'aurait pas le même droit? Un prince peut constituer un ordre hiérarchique dans l'intérêt de son gouvernement, et Dieu n'aurait pu établir une hiérarchie pour ce qui regarde le gouvernement du monde moral, pour ce qui tient à la religion? N'est-il pas absurde de refuser au Créateur, à l'égard de la créature, ce que l'on accorde à l'homme à l'égard de ses semblables? D'ailleurs, si, comme nous l'avons vu, celui qui est le souverain Seigneur de toutes choses peut exiger le sacrifice de notre entendement par la foi, pourquoi ne pourraitil pas exiger en même temps le sacrifice de notre volonté par ses lois? Il faut donc reconnaître que Dieu, le législateur suprême, celui par qui les rois règnent et décernent la justice, a pu manifester ses volontés à l'homme et lui dicter des lois, comme il a pu lui révéler des vérités qu'il ne peut comprendre. Et non-seulement la révélation divine, extérieure et surnaturelle, est possible, mais elle était même nécessaire plus ou moins, suivant les différentes époques de la religion.

CHAPITRE III.

De la nécessité de la révélation.

508. Quiconque reconnaît la destination de l'homme à une fin surnaturelle, reconnaît par là même la nécessité de la révélation.

Mais ce n'est pas là l'état de la question; il ne s'agit pas non plus de savoir jusqu'à quel degré la révélation, soit primitive, soit mosaïque, soit évangélique, était nécessaire : il ne s'agit ici que de la nécessité de la révélation en général contre les déistes et les rationalistes, qui prétendent que l'homme aurait pu, sans aucun secours extérieur et extraordinaire, connaître suffisamment la loi naturelle en tant qu'elle comprend nos devoirs envers Dieu, envers nos semblables et envers la société ; et se faire un code religieux et moral, aussi parfait que nous le concevons aujourd'hui d'après les idées que nous trouvons dans la société chrétienne. L'esprit humain peut-il, sans le secours de la révélation, connaître suffisamment la loi naturelle? Les erreurs dans lesquelles il est tombé ne prouvent-elles pas la nécessité de la révélation? La philosophie aurait-elle pu dissiper ces erreurs? Voilà ce que nous allons examiner.

509. Or, premièrement, non-seulement les incrédules ne prouvent pas, mais il leur est impossible de prouver que l'homme ait, dans sa raison, le moyen d'acquérir toutes les connaissances qui lui sont nécessaires; car si on excepte quelques hommes qui, après avoir été séquestrés de la société dès leur enfance, ont été élevés dans les forêts, il n'est personne qui n'ait été éclairé plus ou moins du flambeau de la révélation (1). Pour savoir au juste de quoi nous sommes naturellement capables pour la recherche de la vérité, ou juger avec précision de l'étendue des forces isolées de notre raison relativement à la religion, il faut de toute nécessité se reporter chez les sauvages, et voir où en sont ceux d'entre eux qui ont eu le moins de rapports possibles avec le reste des hommes, c'est-àdire, ceux que l'on ne distingue guère de la brute que par la figure humaine. Quand il s'agit de déterminer jusqu'où peut s'élever l'intelligence de l'homme, on ne doit s'adresser ni aux patriarches, à qui Dieu s'est révélé d'une manière si extraordinaire pour l'instruction de tous les peuples; ni aux Juifs, qui ont été témoins pendant quinze siècles des prodiges du Tout-Puissant; ni aux chrétiens, qui ont pour eux les lumières de l'Évangile, le soleil de justice qui éclaire tout homme venant au monde, le philosophe comme le simple fidèle; ni même aux génies de l'antiquité païenne, soit parce qu'ils ont eu quelques souvenirs au moins confus de la tradition primitive, soit parce qu'ils ont pu avoir connaissance des livres de Moyse. Le seul moyen d'estimer ce que l'homme peut

(1) Voyez la ш partie de ce traité.

connaître par lui-même en matière de religion, c'est d'examiner ce qu'il a connu en dehors de toute tradition religieuse. Or, comment arriver à ce résultat, si, comme nous le verrons plus bas (1), on retrouve partout, même chez les gentils, des vestiges de la tradition, qui remonte par Noé jusqu'à l'origine du monde? Comment le philosophe, déiste ou rationaliste, qui a vécu quelque temps dans la société chrétienne, nous démontrera-t-il que les notions qu'il a de Dieu et de l'homme, des rapports de l'homme avec Dieu et avec ses semblables, ne sont pas originairement des connaissances d'emprunt? Dira-t-on qu'on peut philosophiquement prouver les dogmes et les principes de la loi naturelle? On le peut sans doute, quand on les connaît; mais on ne prouvera pas qu'on soit redevable de cette connaissance à la philosophie, à la raison seule.

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510. « Autre chose, dit Bergier, est de dire que la raison hu<< maine, une fois éclairée par la révélation, est capable de sentir « et de prouver la vérité des dogmes primitifs professés par les patriarches; autre chose de soutenir que la raison toute seule, « sans aucun secours étranger, peut les découvrir. Un homme, << avec un certain degré d'intelligence, est capable de comprendre « le système de Newton, d'en saisir les preuves, d'en suivre les conséquences, lorsque le tout est mis sous ses yeux: s'ensuit-il de là

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« qu'il était en état de l'inventer, quand même on ne lui en aurait * jamais parlé (2)? » C'est aussi l'observation de Leland : « De ce que

certaines vérités, une fois clairement reconnues, se trouvent être « d'accord avec la raison et fondées dans la nature des choses, il << ne s'ensuit pas que la raison seule, abandonnée à elle-même et « réduite à sa lumière purement naturelle, eût pu les découvrir " avec leurs conséquences légitimes, et en faire l'application con« venable pour diriger les hommes dans la connaissance et la pratique de la religion (3). Il y a, dit Locke, une infinité de choses « que nous avons apprises dès le berceau (et des notions qui nous « sont devenues si familières sous la loi de l'Évangile, qu'elles nous << semblent naturelles), que nous regardons comme des vérités in« contestables et faciles à démontrer, sans réfléchir combien de temps nous les aurions ignorées, ou au moins combien de temps « nous en aurions douté, si la révélation ne nous les avait pas ap

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prises (4). » Clarke s'exprime comme Locke : « C'est autre chose,

son.

(1) Voyez ci-dessous la m° partie. — (2) Dictionnaire de Théologie, art. Rai(3) Nouvelle Démonstration évangélique, discours préliminaire. (4) Le Christianisme raisonnable, c. xiv.

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dit-il, de reconnaître que les principes de conduite qui nous sont clairement exposés se trouvent parfaitement d'accord avec la raison, et autre chose de découvrir ces mêmes principes, lorsque « d'ailleurs on n'en a aucune notion (1). »

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511. Mais n'y a-t-il pas une religion naturelle, une loi naturelle, c'est-à-dire, une religion, une loi qui nous soit connue par la lumière naturelle? Il y a certainement une loi, ou, si l'on veut, une religion naturelle; mais « la religion naturelle ou la loi de nature " n'est pas ainsi appelée parce qu'elle a été originairement décou« verte par la raison naturelle, mais parce qu'étant une fois connue, la saine raison l'approuve comme fondée sur la vérité et la na«ture. La religion naturelle est très-compatible avec la supposition << d'une révélation divine extraordinaire, tant pour la première dé« couverte et promulgation de cette religion, que pour son rétablissement dans la suite des temps, lorsque la corruption du genre humain en ayant altéré, affaibli et obscurci les principes, elle se « trouva si mêlée d'erreurs, que les hommes eurent besoin d'un se« cours extraordinaire pour la connaître, la comprendre et la pra« tiquer (2). » La religion est tout à la fois naturelle et révélée: « naturelle dans ce sens, comme le dit très-bien l'abbé Bergier, qu'elle est conforme aux besoins de l'humanité, à la nature de « Dieu et à la nature de l'homme; et que, lorsque nous en sommes «< instruits, nous pouvons, par les lumières de la raison, en sentir et « en démontrer la vérité. Mais elle n'est point naturelle dans ce « seus qu'aucun homme soit parvenu, par ses propres recherches, à en découvrir tous les dogmes et tous les préceptes, et à les professer dans toute leur pureté. Personne ne l'a connue que ceux qui l'ont reçue par tradition (3). Vainement les déistes disent

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« que les devoirs de la religion naturelle sont fondés sur des relations essentielles entre Dieu et nous, entre nous et nos semblables, et qu'ils sont gravés dans le cœur de tous les hommes. Si « l'éducation, les leçons de nos maîtres, l'exemple de nos concitoyens, ne nous accoutument point à en lire les caractères, c'est « un livre fermé pour nous (4). » Ainsi donc, de quelque côté qu'ils se tournent, les philosophes n'ayant pas d'autre point de départ que l'espèce d'abrutissement où se trouvent quelques êtres humains qui ont été privés de toute communication avec la société,

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(2) Le

(1) Discours sur la religion naturelle et révélée, proposition vii. land, Nouvelle démonstration évangélique, discours préliminaire.—(3) Traite de la religion. (4) 1bidem.

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