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« dans leur scepticisme prétendu; n'ignorant rien, ne prouvant << rien, se moquant les uns des autres ; et ce point, commun à tous, « me paraît le seul sur lequel ils ont tous raison. Triomphant quand << ils attaquent, ils sont sans vigueur en se défendant. Si vous pesez « leurs raisons, ils n'en ont que pour détruire ; si vous comptez les « voix, chacun se réduit à la sienne; ils ne s'accordent que pour « disputer (1). »

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519. Mais la philosophie n'a-t-elle pas fait de grands progrès depuis quelque temps? Mais en quoi? demande M. de Cormenin. Est-ce en métaphysique? Mais il n'y a pas un seul théorème de «Kant ou de ses pareils qui ne soit plus ténébreux que tous les « mystères du christianisme. Est-ce en législation? Mais ce n'est «< pas la philosophie, c'est le christianisme qui a dit que la femme « est l'égale de l'homme, qu'il n'y avait plus d'esclaves, et que le « pauvre valait le riche. C'est là, j'imagine, trois assez belles lois. Est-ce en politique ? Mais c'est Jésus qui a réhabilité le peuple. Le prêtre est du peuple, l'évêque est du peuple, le pape est du peuple, le Christ est du peuple. Il n'y a rien de plus peuple que « le christianisme. C'est l'Evangile qui, sous les auspices de Dieu,

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« a scellé l'éternelle et magnifique alliance de l'autorité et de la li« berté..... Quels sont ces fermes courages, quels sont ces génies « politiques, quels sont ces désintéressements si purs, quels sont « ces hommes si charitables, quels sont ces penseurs sublimes, « quels sont ces dialecticiens transcendants que l'école de la phi«losophie actuelle ait formés ? Qu'on m'en donne un, un seul, et je << jette au feu tous mes arguments..... La philosophie éclectique a « produit ce qu'elle avait semé, le néant. C'est que, d'ordinaire, « tout homme sans croyance, ne sachant où s'appuyer, chancelle << et se trouble entre la licence et le despotisme. C'est que presque « toutes les métaphysiques mènent à la négation de Dieu, et de la négation de Dieu à l'anarchie..... Il n'est certes besoin, en vé« rité, de se tant vanter qu'on possède la raison souveraine, qu'on « est un philosophe indépendant, et qu'on fait métier de libre pen« seur, ni de se tant creuser l'abime de l'entendement, ni d'échafauder péniblement de si gigantesques systèmes, pour aboutir, « comme un très-simple mortel, aux deux termes les plus vulgaires « de la question : croire ou ne pas croire. Il y a cependant un << troisième terme, c'est de croire aux plus grosses absurdités des « métaphysiques les plus incompréhensibles et les plus opposées,

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(1) Emile.

<«< et c'est en quoi excelle particulièrement la philosophie éclectique (1). »

520. Enfin, les plus célèbres parmi les anciens philosophes ont avoué leur impuissance, et reconnu la nécessité d'une lumière surnaturelle pour connaître la nature de Dieu, la manière dont il veut ètre honoré, la destinée et les devoirs de l'homme. Platon, dans l'Épinomis, donne pour avis à un législateur de ne jamais toucher à la religion, « de peur, dit-il, de lui en substituer une moins cer«taine; car il doit savoir qu'il n'est pas possible à une nature mortelle d'avoir rien de certain sur cette matière. » Dans le second Alcibiade, il fait dire à Socrate : « Il faut attendre que quelqu'un « vienne nous instruire de la manière dont nous devons nous com<< porter envers les dieux et envers les hommes.... Jusqu'alors il « vaut mieux différer l'offrande des sacrifices, que de ne pas savoir, <«< en les offrant, si on plaira à Dieu ou si on ne lui plaira pas. » Dans le quatrième livre des Lois, il conclut qu'il faut recourir à quelque dieu, ou attendre du ciel un guide, un maître qui nous instruise sur ce sujet. Dans le Phédon, Socrate, parlant de l'immortalité de l'âme, dit que « la connaissance claire de ces choses «< en cette vie est impossible, ou du moins très-difficile. Le sage « doit donc s'en tenir à ce qui paraît plus probable, à moins qu'il « n'ait des lumières plus sûres, ou la parole de Dieu lui-même qui « lui serve de guide. » Cicéron, dans ses Tusculanes, après avoir rapporté ce que les anciens ont dit pour et contre le même dogme, ajoute : « C'est l'affaire de Dieu de voir laquelle de ces opinions est la plus vraie; pour nous, nous ne sommes pas même en état de « déterminer laquelle est la plus probable. » Plutarque, dans son Traité d'Isis et d'Osiris, pense, comme Platon et Aristote, que les dogmes d'un Dieu auteur du monde, d'une Providence, de l'immortalité de l'âme, sont d'anciennes traditions, et non des vérités découvertes par le raisonnement. Il commence son traité en disant qu'il convient à un homme sage de demander aux dieux toutes « les bonnes choses, mais surtout l'avantage de les connaître au<< tant que les hommes en sont capables, parce que c'est le plus << grand don que Dieu puisse faire à l'homme. » Jamblique dit que l'homme doit faire ce qui est agréable à Dieu; mais il n'est pas facile de le connaître, ajoute-t-il, à moins qu'on ne l'ait appris de Dieu lui-même, ou des génies, ou que l'on ait été éclairé d'une

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(1) L'éducation et l'enseignement en matière d'instruction secondaire, par Timon.

lumière divine (1). Il dit aussi qu'il n'est pas possible de bien parler des dieux, s'ils ne nous instruisent eux-mêmes (2). Porphyre est du même avis (3); et l'empereur Julien, quoique ennemi déclaré du christianisme, convient néanmoins qu'il faut une révélation. « On pourrait peut-être, dit-il, regarder comme une pure intelligence et plutôt comme un dieu que comme un homme celui qui connaît la nature divine (4). » Ailleurs : « Si nous croyons l'âme immortelle, ce n'est point sur la parole des hommes, « mais sur celle des dieux, qui seuls peuvent connaître cette vé- rité (5). »

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521. Nous nous résumons: Premièrement, comme le monde n'a jamais été entièrement privé du bienfait de la révélation primitive, dont nous établirons un peu plus bas l'existence et la nécessité (6), il est impossible aux rationalistes de prouver que les hommes aient jamais pu découvrir, par les seules lumières de la raison, ni les principales vérités de la religion, ni les principes de la morale. Secondement, il est constant, par les égarements des peuples païens, que le genre humain serait aujourd'hui plongé dans les erreurs, les superstitions et les désordres de l'idolatrie, si la révélation primitive n'eût été développée d'abord par la loi de Moyse, et depuis par la prédication de l'Evangile. Troisièmement, la philosophie n'aurait jamais pu suppléer la révélation, soit parce qu'elle ne nous offre que des contradictions et qu'elle est dépourvue de toute autorité, soit parce qu'elle a été forcée d'avouer son impuissance, et de reconnaître la nécessité de l'intervention directe de la Divinité pour ce qui tient à son culte. « Il faut, dit le marquis d'Argens, à qui on ne reprochera pas de s'être montré trop favorable à la religion, il faut nécessairement que Dieu ait ordonné un culte à l'homme... Quel chaos affreux ne s'ensuivrait-il pas, si chacun << avait une pensée différente sur le culte qu'on doit à la Divinité? L'esprit de l'homme, sujet à s'égarer, retomberait bientôt dans l'idolâtrie (7). » On doit donc reconnaître la nécessité de la révélation, même pour les principales vérités de la religion qu'on appelle naturelle. « Il est nécessaire à l'homme, dit saint Thomas, de recevoir par l'enseignement de la foi, non-seulement les choses qui sont au-dessus de la raison, mais encore celles qui

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(1) Vie de Pythagore, ch. xxvIII. - (2) Des mystères, sect. m, ch. xvIII. (3) De abstinentia ab animalibus necandis, lib. 11, no 53. (4) Lettre à Thé

mistius. (5) Lettre à Théodore; voyez le Dictionnaire de théologie, par Ber

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« peuvent être connues par la raison; et cela pour trois raisons: « la première, afin que l'homme parvienne plus tôt à la connais« sance de la vérité divine; la seconde, afin que la connaissance de « Dieu soit à la portée de tout le monde; la troisième, afin qu'il y ait certitude: car la raison humaine est bien en défaut pour les choses divines, comme on le voit par les nombreuses erreurs et «< contradictions des philosophes traitant des choses humaines. « Pour que les hommes eussent une connaissance certaine de ce qui regarde Dieu, il a fallu que les choses divines leur fussent « transmises par l'enseignement de la foi, comme étant fondées

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« sur la parole de Dieu, qui ne peut mentir; quasi a Deo dicta, qui mentiri non potest (1). »

CHAPITRE IV.

Des miracles comme signes de la révélation.

522. Dans le principe, la révélation n'avait pas besoin de s'appuyer, comme elle l'a fait plus tard, sur des signes particuliers : l'état où se trouvait le monde à son origine, le besoin que l'homme avait des instructions du Créateur, et le témoignage de nos premiers parents et des patriarches, à qui Dieu se révélait immédiatement, ainsi que nous l'apprend l'histoire sainte, y suppléaient. Mais la religion passant de l'état de société domestique à l'état de société nationale, et depuis à l'état de société universelle, les communications de Dieu ont cessé d'être aussi fréquentes; il n'a plus parlé aux hommes que par le ministère de ses envoyés, dont il a prouvé lui-même la mission tant par des prodiges que par des prophéties, où l'on est forcé de reconnaître l'intervention divine; et dès lors les miracles et les prophéties sont devenus les signes et les caractères irrécusables de la révélation. Nous réservant de parler des prophéties dans le chapitre suivant, nous allons examiner ici ce qu'on entend par miracle, si le miracle est possible, et s'il prouve la mission de celui qui le fait en se donnant comme envoyé de Dieu.

(1) Sum. part. 2, 2, quæst. 2, art. 4. - Voyez, sur la nécessité de la révé lation, le Traité de la religion, par Bergier; la Nouvelle démonstration évangélique, par Leland; l'Accord de la foi avec la raison, par M. l'abbé Receveur; la Dissertation sur la révélation en général, par de la Luzerne, etc., etc.

ARTICLE Ier.

Notion du miracle.

523. Toutes les définitions que les théologiens et les philosophes nous ont données du miracle, quoique différentes dans les termes, se trouvent généralement d'accord pour le fond. Les uns disent qu'un miracle est un effet visiblement contraire aux lois où au cours ordinaire de la nature; d'autres, que c'est une exception, une dérogation réelle et sensible aux lois du monde physique, une suspension ou un changement visible dans l'ordre de la création; d'autres enfin, que c'est un effet supérieur aux forces des agents naturels. Nous disons donc que le miracle est un fait sensible et divin, qui déroge aux lois connues de la nature dans un cas particulier.

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524. D'abord, c'est un fait sensible; ce n'est qu'improprement que l'on donne le nom de miracle aux effets les plus surprenants de la grâce intérieure, soit à l'égard des justes, soit à l'égard de certains pécheurs qui se convertissent à Dieu, au grand étonnement de ceux qui en sont témoins. Le miracle est un fait divin; il ne peut s'opérer que par l'action immédiate ou avec la permission expresse de l'Être suprême, auteur et conservateur de toutes choses: « Béni soit le Seigneur Dieu, le Dieu d'Israël, qui seul fait des prodiges: « Benedictus Dominus Deus Israël, qui facit mirabilia solus (1). · Dieu seul a la puissance de déroger aux lois qu'il a établies pour le gouvernement du monde. «Qui peut changer la nature, dit saint Ambroise, si ce n'est celui qui a créé la nature? Quis naturam « mutare potest, nisi qui creavit naturam (2)? » Il n'appartient qu'à Dieu de faire des miracles proprement dits: Solius Dei est miracula facere (3). Quel que soit le pouvoir des bons et des mauvais anges, il ne va pas jusque-là: nullo modo virtute superiorum creaturarum aliqua miracula fieri possunt (4). Ainsi donc, lorsque nous disons qu'un homme a fait des miracles, nous entendons que Dieu les a opérés par le ministère de cet homme, et que cet homme n'a été que l'instrument de Dieu.

525. Le miracle est un fait qui déroge aux lois de la nature : il n'y a de vraiment miraculeux que les faits qui dérogent aux lois physiques, qui suspendent le cours ordinaire de la nature. Ainsi,

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(1) Psaume LXXI. (2) Epist. LXXVI. —— (3) Saint Thomas, contra gentiles, lib. 111, c. 11. — (4) Ibidem.

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