Sayfadaki görseller
PDF
ePub

§ II. Preuve de l'authenticité du Pentateuque par les caractères d'antiquité qu'il nous présente.

76. Plus d'une fois on a découvert la supposition d'un livre à des traits qui ne s'accordaient pas avec l'histoire ou avec les circonstances du temps, des lieux et du personnage dont il s'agissait; mais si on parcourt le Pentateuque dans toutes ses parties, si on examine les faits, si on observe le style, si on étudie le caractère des personnages, les mœurs, les usages qu'on y décrit, on ne trouve rien dans ce livre qui ne se rapporte aux temps anciens où Moyse a paru. D'abord, si nous ouvrons la Genèse, nous y lisons l'histoire de la création du monde, qu'on ne fait remonter d'ici qu'à six mille ans environ, la formation de l'homme, sa chute et celle du genre humain, le récit du déluge qui couvre toute la terre et engloutit ses coupables habitants, à l'exception d'une seule famille; nous y voyons l'origine des différentes nations, la naissance des empires, la fondation des villes les plus anciennes, les généalogies des patriarches, la suite des ancêtres du peuple juif, et leur histoire avec les détails les plus précis. Or, malgré toutes les recherches qu'on a faites jusqu'à présent, on n'a pu mettre cette narration en défaut; elle est conforme aux traditions primitives pour les faits les plus généraux dont la mémoire s'est conservée chez tous les peuples. On en voit des vestiges chez les poëtes, les philosophes et les historiens de l'antiquité (1). Mais les récits de la Genèse sont beaucoup plus clairs, plus circonstanciés, plus suivis : preuve certaine que l'auteur de ce livre était moins éloigné de la source des traditions, et qu'il écrivait avant qu'elles eussent été corrompues par les superstitions de l'idolâtrie. Remarquons, en passant, qu'un imposteur qui eût fabriqué le Pentateuque n'eût pas manqué, pourvu qu'on lui suppose un peu de bon sens et d'habileté, de faire remonter beaucoup plus haut la création du premier homme et la régénération du genre humain par Noé, afin de prévenir toute difficulté sur l'origine des nations, qui, à l'exception des Juifs, se donnaient pour plus anciennes qu'elles ne sont, suivant l'histoire sacrée. Un livre où l'on ose fixer l'âge des peuples, et qui n'est contredit par aucun monument certain, par aucun autre livre de quelque autorité, ne peut appartenir qu'à l'antiquité la plus reculée.

77. Les mœurs de la Genèse nous rappellent les mœurs des pre

(1) Voyez le chapitre Iv. art. 1. § 11.

[ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

miers temps; elles respirent cette liberté, cette noble simplicité que la nature et la religion inspiraient aux hommes, avant que la cupidité, le luxe et l'ambition eussent altéré leurs sentiments. Les patriarches, aussi riches, aussi indépendants que les rois, mènent une vie frugale et laborieuse; ils voyagent avec leur nombreuse famille; ils conduisent eux-mêmes leurs troupeaux, servent les étrangers, et apprêtent le repas de leurs propres mains; leurs filles partagent avec eux les travaux innocents de la vie pastorale: Rébecca vient d'assez loin puiser l'eau qu'elle porte sur ses épaules; Rachel et les filles de Jéthro abreuvent les troupeaux de leurs pères; Sara pétrit elle-même le pain qu'Abraham donne à ses hôtes. C'est ainsi que dans les poëmes d'Homère, qui s'est attaché à peindre les mœurs antiques, nous voyons les princes vivant des fruits de leurs terres et de leurs troupeaux, et les filles des rois occupées des travaux domestiques. Dans les temps primitifs, chaque bourgade avait son roi; les alliances et les conquêtes n'avaient pas encore reculé les bornes des empires; on se battait pour une citerne, comme depuis on s'est battu pour des provinces et des royaumes. Aussi lisons-nous dans la Genèse qu'Abraham, à la tête d'environ trois cents hommes, défait quatre rois ligués ensemble. La religion était simple, mais respectée; elle intervenait dans toutes les alliances, elle dirigeait toutes les entreprises; le sacerdoce était réuni avec la puissance royale dans la personne du chef de famille; on entrevoit à peine les premiers vestiges de l'idolatrie dans l'histoire de la Genèse; les rois de Salem, de Gérare et d'Égypte adoraient le vrai Dieu.

78. Un autre caractère d'antiquité est toutefois le soin qu'avaient les anciens d'ériger des monuments. Dans les premiers âges, où l'écriture était peu connue, si elle l'était, la mémoire de certains événements ne pouvait guère se conserver que par des monuments, monuments grossiers, si l'on veut, mais significatifs. Ainsi, dresser des autels, consacrer des pierres, composer des cantiques qui rappelaient le passé, donner un nom symbolique aux lieux où l'on avait campé, ou aux enfants dont la naissance était marquée par quelque circonstance extraordinaire, tel était l'usage des anciens. Abraham élève des autels aux mêmes lieux où Dieu lui avait apparu. Jacob consacre la pierre où il avait reposé sa tête, et nomme Galaad le monceau de pierres qui était le signe de son alliance avec Laban. Le sépulcre de Rachel, le puits nommé Bersabée, étaient aussi des monuments historiques.

79. Enfin, la manière dont sont écrits les quatre derniers livres

du Pentateuque décèle évidemment un ouvrage contemporain de Moyse. Tout annonce que l'auteur a été témoin oculaire des événements qu'il décrit; on y voit les noms et la description des lieux où les Israélites campèrent depuis leur sortie d'Egypte jusqu'au passage du Jourdain, le dénombrement de chaque tribu, les noms des chefs et leur généalogie, l'énumération détaillée des dimensions du tabernacle, des matériaux employés à la construction des autels, des candélabres, des vases, de tout ce qui servait à la décoration; l'ordre des sacrifices, le nombre, la nature et les qualités des victimes; les fonctions des prêtres et des lévites, leur consécration, la forme de leurs vêtements tout est marqué avec cette exactitude minutieuse qui ne peut convenir qu'au temps de la première institution. Tous ces détails sont certainement intéressants, si on les rapporte au temps de Moyse; mais si vous supposez qu'ils soient plus récents et d'un autre écrivain, quoi de plus déplacé, de plus fastidieux, de plus inutile, de plus propre, en un mot, à faire échouer l'œuvre d'un imposteur? On conçoit que, lorsque les Hébreux étaient dans le désert, le dénombrement de toutes les tribus et de toutes les familles était nécessaire pour que chacun reconnût le poste qu'il devait occuper dans les marches et les campements; mais ce dénombrement devient sans objet pour les Juifs, une fois en possession de la Palestine. On conçoit que, lorsque Moyse ordonna la construction du tabernacle, et organisa les fonctions des prètres et l'ordre lévitique, il convenait de rapporter par écrit avec la loi tout ce qui les concernait. Mais si le livre du Lévitique est l'ouvrage d'un faussaire, fallait-il de longs discours pour apprendre aux prêtres et aux lévites ce qu'ils avaient à faire? Non; un écrivain postérieur à Moyse ne se fût point permis tous ces détails, qui n'auraient pu que l'embarrasser, et compromettre l'autorité de sa narration.

80. Nous ajouterons que les quatre derniers livres du Pentateuque ressemblent beaucoup plus à un journal, à des mémoires, où les faits se placent sans cette méthode qu'aime l'histoire suivie. L'ordre des temps n'y est pas scrupuleusement observé; le récit est coupé par des discours; les lois sont rapportées sans ordre, sans liaison; elles sont mêlées avec les faits, parce que souvent un fait donnait lieu à une nouvelle loi. De là ces répétitions, ces exhortations vehementes, ces reproches qui naissent naturellement du fond des choses et des événements. Or, en serait-il de même, si le Pentateuque était l'ouvrage d'un auteur moins ancien que Moyse, s'il avait été composé après coup? Cet auteur, maître de sa matière,

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

n'aurait pas manqué de la traiter avec art, d'y mettre plus de méthode, de fixer la chronologie, de prévenir les difficultés, d'éviter des répétitions. Il aurait eu soin de se faire un plan, en rapportant à différents chefs les lois, les faits, et les cérémonies de la religion. C'est pourquoi on ne peut pas même admettre, avec quelques critiques croyants, que le Pentateuque ait été rédigé après coup sur des mémoires laissés par Moyse; hypothèse d'ailleurs dont l'incrédule ne peut tirer aucun avantage. Concluons donc que, dans le Pentateuque, l'histoire et la législation, le style et la peinture des mœurs des patriarches, les détails même les plus minutieux, tout prouve que cet ouvrage est de la plus haute antiquité, et confirme la croyance des Juifs et des chrétiens, qui l'attribuent à Moyse (1).

§ III. Preuve de l'authenticité du Pentateuque par l'impossibilité de toute supposition.

81. Le Pentateuque n'a pu être supposé; donc il est authentique. Nous l'avons dit, le Pentateuque intéressait souverainement toute la nation des Juifs. Ce livre était le seul dans lequel les pontifes, les prètres et les lévites devaient apprendre leurs devoirs, les fonctions du culte divin, les divers ministères dont ils étaient chargés, le détail immense des cérémonies qu'ils devaient observer, et qui s'observent encore généralement parmi les Juifs. Les anciens du peuple, ou les magistrats préposés pour rendre la justice, devaient aussi y puiser la règle de leurs devoirs, puisqu'il renferme non-seulement les lois religieuses, mais encore toutes les lois civiles. Il contient les règlements pour les mariages, pour les successions et les contrats, pour les droits des maîtres et des esclaves, pour la punition des crimes et des délits, pour la paix et pour la guerre. Les simples particuliers eux-mêmes étaient grandement intéressés à connaître les lois du Pentateuque, où se trouvent rapportées les généalogies de leurs familles, les titres de leurs possessions, le détail de leurs obligations. Il leur était ordonné de les avoir constamment sous les yeux, de les méditer jour et nuit, et d'en instruire leurs enfants (2). D'ailleurs les livres attribués à

(1) Duvoisin, Autorité des livres de Moyse, part. 1. c. III; Bergier, Traité de la vraie Religion, tom. v. c. 11. édit. de 1780; M. Frayssinous, Défense du Christianisme, conf. sur le Pentateuque; Fleury, Mœurs des Israélites, n° 11; Jacquelot, Dissertations sur l'existence de Dieu, etc. (2) Deuter. C. VI. v. 6, etc.; et c. xxxi. v. 11. 12, etc.

Moyse nous représentent les Juifs comme un peuple ingrat, rebelle, et souvent châtié de Dieu; ils contiennent des faits déshonorants pour plusieurs tribus, pour plusieurs familles, pour la nation tout entière. Or, il est évidemment impossible qu'un livre de cette nature ait été fabriqué par un faussaire. Comment aurait-il pu en imposer aux prêtres, aux magistrats, à tout le peuple, en donnant sous le nom de Moyse, comme transmises par les pères aux enfants, des traditions historiques de la nation, des lois sur la religion, le culte et la jurisprudence, si ces traditions et ces lois eussent été inconnues jusqu'alors? Une semblable supposition serait, nous ne disons pas étonnante, mais mille fois plus étonnante que les prodiges rapportés dans le Pentateuque.

82. Ce n'est pas tout: on convient que le Pentateuque n'a été supposé ni avant ni pendant la captivité de Babylone; on prétend qu'il a été rédigé par Esdras, un des principaux restaurateurs de la république juive après la captivité. Or, cette hypothèse est dénuée de tout fondement. D'abord, elle est contraire au témoignage exprès d'Esdras. Il nous apprend lui-même qu'après l'ordonnance de Cyrus en faveur des Juifs, Zorobabel ramena les captifs à Jérusalem, rebâtit l'autel pour y offrir des holocaustes, comme il est écrit dans la loi de Moyse (1), et rétablit le culte de Dieu, conformément à ce qui est écrit dans le livre de Moyse (2). Zorobabel avait donc la loi de Moyse et le livre de Moyse environ soixante-dix ans avant l'arrivée d'Esdras à Jérusalem. Esdras se nomme lui-même scribe ou docteur dans la loi de Moyse, que Dieu a donnée à Israël (3). Il rappelle aux Juifs la loi du Deutéronome, qui leur défendait de s'allier avec des étrangères; il leur ordonne de renvoyer les femmes chananéennes qu'ils avaient épousées, et ils s'y soumettent sans murmurer (4). L'auraient-ils fait, s'ils n'avaient été bien convaincus que cette loi n'était point nouvelle? Il rapporte aussi que le peuple vint le trouver, et le pria d'apporter le livre de la loi de Moyse (5): il en fit la lecture en public pendant sept jours, et rétablit la police parmi les lévites, toujours, comme il le dit lui-même, selon ce qui est écrit dans le livre de Moyse (6). Pouvait-il déclarer plus authentiquement qu'il n'était pas l'auteur de ce livre? Et si ce livre eût été visiblement son ouvrage, eût-il osé le publier sous le nom de Moyse, comme contenant la loi fonda

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

v. 6.

(4) Ibidem. v. 9 et 10.- (5) Esdras. liv. u. c. vII C. XIII. v. 1, etc.

[blocks in formation]
« ÖncekiDevam »