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prodiges, qu'il les a chargées lui-même d'agir et de parler en son nom? Dieu n'est point l'auteur du mensonge.

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532. Aussi l'homme est comme invinciblement porté à croire celui qui, se donnant pour le représentant de Dieu, confirme sa doctrine par des miracles. «< Qui pourrait se défendre, dit a l'éloquent évêque d'Hermopolis, de l'impression des miracles et « de leur empire sur les esprits? On dit que tous les hommes « ont du goût pour le merveilleux, que trop souvent les peuples « se sont laissé abuser par des hommes à prodiges mais si c'est « une raison pour nous d'ètre difficiles et sévères dans l'examen, « c'est aussi une preuve du penchant que la nature donne à croire « à ceux qui opèrent des miracles. Nous sentons que celui qui se « dit l'envoyé de Dieu, qui parle en son nom, et qui, pour le prouver, commanderait à la nature, a reçu sa mission de Dieu même. Ici les principes qui nous dirigent sont puisés dans les idées les plus pures que la raison nous donne de la Divinité. Dieu, nous dit-elle, est la bonté, la vérité, la sainteté, la sagesse même. Mais " serait-il le Dieu bon, s'il faisait servir sa puissance à précipiter « dans l'erreur sa créature qu'il aime? Serait-il saint et vrai, s'il fai«< sait servir sa puissance à accréditer le mensonge ou le vice? Serait-il le Dieu sage, s'il faisait servir sa puissance à démentir ses <«< autres perfections, sa véracité et sa sainteté ? Je veux qu'il existe « des esprits malfaisants, supérieurs à l'homme, ennemis de son « bonheur, occupés à le tromper et à le séduire : jamais ce ne seront que des créatures subordonnées au Créateur, qui sait enchaîner ou borner leur malice comme il lui plaît, qui ne permettrait pas que nous fussions tentés au delà de nos forces, et qui nous fournirait le moyen de reconnaître leurs piéges et d'y échapper. Un homme, je le suppose, s'élève au milieu de nous ; il se dit l'envoyé de Dieu pour nous faire un commandement en son nom; je suis, je le suppose encore, frappé de la sagesse de ses discours, de la beauté de sa doctrine, de la pureté de sa conduite; mais enfin il se peut que ce soit un enthousiaste habile, un homme abusé par ses propres pensées: nous lui refusons notre foi. Alors que fait-il pour vaincre notre résistance? Il appelle Dieu lui-même en témoignage de sa mission, et voilà qu'au nom du Dieu qu'il invoque un mort « ressuscite: pourrions-nous nous empêcher de voir dans ce miracle << la preuve éclatante de la mission de celui qui l'opère, ses lettres authentiques de créance auprès des peuples? et pourrions-nous - nous défendre de révérer en lui l'ambassadeur du Très-Haut (1) ? »

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(1) Défense du christianisme, conf. sur les miracles en général.

533. Le miracle proprement dit, un vrai miracle, est une dérogation réelle et visible aux lois de la nature: Dieu seul peut faire des miracles, lui seul pouvant déroger aux lois dont il est l'auteur; les miracles, par cela mème qu'ils ne peuvent s'opérer que par l'intervention du Tout-Puissant, sont un signe infaillible de la divinité de la mission de celui qui les fait au nom de Dieu, une preuve incontestable de la révélation divine. Et cette preuve est à la portée de tous, des esprits les plus simples comme des grands génies. Qui peut en effet refuser d'obéir à Dieu, quand on sait que les éléments obéissent à sa voix et exécutent ses commandements? Les miracles ont un langage qui leur est propre; c'est le langage de Dieu même; une fois qu'ils sont constatés, quiconque cherche la vérité de bonne foi reconnaît que Dieu a parlé ; il n'y a plus de discussion possible; la cause est finie.

534. Mais peut-on s'assurer de la réalité du miracle? Et pourquoi ne le pourrait-on pas? Nous l'avons dit le miracle est un fait sensible, aussi sensible en lui-même qu'un fait naturel, dont il ne diffère que dans la cause invisible qui le produit. Il est aussi facile de voir un homme marcher tranquillement sur les flots que sur la terre ferme; de le voir, de l'entendre, et de le toucher après sa résurrection, que de le voir, de l'entendre et de le toucher avant sa mort, que de voir mettre son cadavre dans le tombeau. Il est aussi facile, comme nous l'avons fait remarquer dans le Traité de l'Ecriture sainte (1), d'acquérir, par la voie du témoignage, la certitude morale la plus absolue des faits surnaturels, que des faits qui suivent le cours de la nature.

535. Nous avons dit que Dieu seul est l'auteur des miracles. Il est certain que les anges, bons ou mauvais, dont l'existence ne nous est connue que par la révélation, ne peuvent, en vertu d'un pouvoir qui leur soit propre et naturel, faire des miracles proprement dits, des prodiges qui dérogent aux lois de la nature; c'est une prérogative qui n'appartient qu'au législateur suprême. Quoique la puissance du démon soit supérieure à celle de l'homme, quoiqu'il puisse faire certaines choses que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes, Dieu ne permettra jamais que nous soyons, en aucune manière, tentés au-dessus de nos forces: Fidelis autem Deus est, qui non patietur vos tentari supra id quod potestis (2). De même, quoique les démons aillent plus loin que nous dans leurs conjectures sur les choses futures, ils ne peuvent rendre des ora

(1) Voyez le n° 155, etc. — (2) Epist. 1 ad Corinthios, cap. x, v. 13,

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cles qui soient de vraies prophéties, c'est-à-dire, prédire les événements qui dépendent de la volonté des hommes, et encore moins ceux qui dépendent uniquement de la volonté de Dieu. Quels que soient les artifices de l'ange de ténèbres qui cherche à se transformer en ange de lumière, on peut toujours facilement, avec le secours de la grâce, qui ne manque à personne, discerner les prédictions divines et les miracles où se montre le doigt de Dieu, des prédictions équivoques, des prestiges, et mème, si l'on veut, de certains prodiges surhumains, que Dieu permet quelquefois pour éprouver le juste ou punir l'orgueil de l'impie.

CHAPITRE V.

Des prophéties comme signes de la révélation.

536. Le mot prophétie a différentes significations dans les livres saints. Quelquefois le nom de prophète désigne celui qui est chargé de porter la parole pour un autre ; nous en avons un exemple dans le livre de l'Exode, où Dieu dit à Moyse, qui craignait de parler à Pharaon: Aaron ton frère sera ton prophète (1). Dans d'autres endroits, ce mot signifie des hommes occupés à chanter les louanges du Seigneur. Ainsi, au premier livre des Rois, nous voyons Saül se mêler au chœur des prophètes et prophétiser avec eux (2). Ailleurs, ce titre est donné à ceux qui enseignaient et expliquaient la loi de Dieu; c'est dans ce sens que les livres des Rois font plusieurs fois mention des enfants des prophètes, c'est-à-dire, des docteurs et des jeunes gens qui étudiaient sous eux la loi sainte (3). Mais, à prendre le mot prophète dans sa signification propre et rigoureuse, comme nous le prenons ici, il signifie celui qui prédit l'avenir, et le mot prophétie signifie prédiction. Qu'entend-on par une prophétie proprement dite? Les prophéties sont-elles possibles? Sont-elles un signe certain de la révélation divine? Voilà les trois questions que nous avons à résoudre dans ce chapitre.

(1) Exode, c. VII, v. 1. (2) C. x, v. 5, etc. v. 35; liv. Iv, c. 11, v. 3, etc.; c. iv, v. 38; c. v, v.

(3) Liv. un des Rois, c. xx, 21 ; c. vi, v. 1; c. ix, v. 1.

ARTICLE I.

Notion de la prophétie.

537. Une prophétie proprement dite est la prédiction certaine d'un événement futur qui ne peut être connu que de Dieu seul. D'abord, c'est une prédiction certaine; on ne doit point la confondre ni avec les conjectures plus ou moins fondées, ni avec ces espèces de prédictions irréfléchies, téméraires, faites sans connaissance de cause, et qui parfois se vérifient fortuitement, au grand étonnement de ceux qui les ont faites. C'est la prédiction d'un événement futur; la déclaration faite au nom de Dieu des choses passées ou présentes, mais secrètes, s'appelle révélation; mais ce n'est pas une vraie prophétie; ce n'est qu'improprement qu'on lui donne ce nom. Nous avons dit : d'un événement qui ne peut être connu que de Dieu seul. On ne met pas au rang des prophéties les prédictions que l'homme peut faire d'après la connaissance qu'il a des causes naturelles et de leurs effets. Le physicien annonce les phénomènes de la nature; l'astronome, des éclipses; le pilote, une tempête; le médecin, les crises des maladies, sans être pour cela prophète. Un habile politique, qui connaît par expérience le jeu ordinaire des passions humaines, le caractère et les intérêts de ceux qui sont à la tête des affaires, peut présager de près ou de loin certaines révolutions, et en parler avec une espèce de certitude, sans être inspiré de Dieu. Ces sortes de prédictions ne placent pas celui qui en est l'auteur parmi les prophètes; les païens euxmêmes ne les regardaient pas comme appartenant à la divination : Quæ præsentiri, aut arte, aut ratione, aut usu, aut conjectura, possunt, ea non divinis tribuenda, sed peritis (1). Une prophétie a pour objet les choses futures et contingentes, qui dépendent ou d'une volonté particulière de la part de Dieu, tel que le déluge, par exemple, ou de la volonté des hommes, soit qu'ils existent, soit qu'ils n'existent pas encore. Elle suppose, par conséquent, une prévision, une connaissance certaine de l'avenir, que l'on ne peut refuser à Dieu, mais qui ne convient qu'à Dieu, pour qui l'avenir et le passé sont comme le présent : « Il sait le passé et juge « des choses futures; il sait ce qu'il y a de plus subtil dans les dis« cours et de plus obscur dans les énigmes ; il sait les signes et les

(1) Cicéron, De divinatione, lib. 1, cap. 5.

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prodiges avant qu'ils paraissent, et ce qui doit arriver dans la « succession des temps et des siècles (1). »

ARTICLE II.

De la possibilité des prophéties.

538. Les prophéties sont possibles. Les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, dont on ne peut révoquer en doute l'autorité (2), en font foi; les Juifs et les chrétiens ont toujours cru aux prophéties; les patriarches et les gentils ont eu la même croyance; tous les peuples ont conservé quelque souvenir des prédictions qui annonçaient un Libérateur, qui a été l'attente des nations, expectatio gentium. Il faut donc admettre la possibilité des prophéties. Il en est des propties comme des miracles; jamais les peuples ne se seraient accordés à les croire possibles, si cette croyance n'était fondée sur la tradition, sur l'expérience, et sur la raison. Lorsque l'on croit un Dieu éternel, on est obligé d'avouer qu'il connait tout, qu'il voit tout, le passé, le présent et l'avenir; qu'il envisage d'un même coup d'œil tous les instants possibles de la durée des êtres. Dira-t-on que des événements arrivés dans le temps n'aient pu être présents de toute éternité à une intelligence infinie? Refuser à Dieu cette connaissance, ce serait méconnaître, anéantir la nature divine. S'il est des vérités que Dieu ait ignorées, il a manqué quelque chose à sa perfection. Si ses connaissances se sont augmentées à mesure que les événements qu'il ignorait lui ont été découverts, il a donc acquis en certains moments ce qu'il n'avait pas auparavant. Admettre dans la nature divine des bornes et des progrès, n'est-ce pas porter atteinte à son immutabilité, à sa souveraine perfection, et se contredire dans les termes en appelant Dieu ce qui ne l'est pas (3)? Il faut de toute nécessité reconnaître, ou que Dieu n'est pas ce qu'il doit être, ou qu'il sait de toute éternité tout ce qui devait arriver dans l'ordre de la création. D'un autre côté, Dieu peut révéler l'avenir aux hommes; il peut leur communiquer la connaissance des choses qu'ils ne peuvent connaître naturellement (4). Ainsi donc, comme on prouve la pos

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(1) Sagesse, c. VIII, v. 8. (2) Voyez, ci-dessus, le n° 155, etc.—(3) Le Franc de Pompignan, l'Incrédulité convaincue par les prophéties, tom. 1, Discours préliminaire; Bergier, Traité de la vraie religion, tom. v, c. 1, art. 11, édit. de 1780.- (4) Voyez, ci-dessus, le no 492, etc.

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