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sibilité du miracle par la toute-puissance de Dieu, de mème, par sa prescience, on prouve la possibilité de la prophétie.

539. Dira-t-on que la prescience divine, suivie de la prédiction, est incompatible avec la liberté de l'homme ? que les actions de la creature intelligente, étant infailliblement prévues par le Créateur, ne peuvent être libres et arrivent nécessairement? Mais la prescience de Dieu et la liberté de l'homme sont deux vérités que la foi nous enseigne, et qui ont également pour elles le suffrage de la raison. Dieu a prévu de toute éternité les actions de l'homme, et il ne peut pas plus se tromper dans cette prévision qu'il ne peut cesser d'être Dieu. Cependant l'homme agit librement, et sa liberté ne souffre aucune atteinte de la certitude infaillible avec laquelle Dieu a su ce que nous ferions. « Il faut, comme le dit Pompignan, « que toutes les subtilités d'une raison présomptueuse viennent « se briser contre cette inébranlable doctrine. Si l'incrédule ne " peut l'éclaircir par des explications qui le satisfassent, si l'accord <«< de deux vérités qui paraissent contradictoires est pour lui un a mystère incompréhensible, qu'attend-il encore pour confesser « la faiblesse de son esprit et la médiocrité de ses connaissances? Que veut approfondir dans la révélation un homme forcé de « s'arrêter à chaque pas dans les sciences qui sont du ressort de la << raison (1)? »

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540. Nous pouvons aller plus loin: nous dirons à l'incrédule qu'il n'est pas impossible de concilier la prescience divine, ou plutôt la science, la vue de Dieu, avec la liberté humaine. La prescience de Dieu ne change point la nature des choses futures. Les choses nécessaires ont été prévues comme telles, et arrivent nécessairement ; les actions libres ont été prévues comme libres, et se font librement. Il est vrai que l'homme fera ce que Dieu a prévu, mais il le fera librement; il ne le fera pas précisément parce que Dieu l'a prévu, mais, au contraire, Dieu ne l'a prévu que parce que l'homme devait se déterminer librement à le faire. La prescience divine, quoique antérieure dans l'ordre des temps à l'action de l'homme, lui est postérieure rationnellement ou dans l'ordre des idées, prius est esse futurum quam prævideri ut sic. Ce n'est donc point la prescience de Dieu qui détermine nos actions; seulement elle les suppose futures : « semblable à la présence d'un

(1) Le Franc de Pompignan, l'Incrédulité convaincue par les prophéties, tom. 1, Discours préliminaire; Bergier, Traité de la vraie religion, tom. v, c. 1, art. u, édit. de 1780,

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homme qui, témoin oculaire d'une action, ne peut se tromper «< dans ce qu'il voit de ses propres yeux, sans que sa présence soit «< cause de ce qui se fait devant lui : il n'est pas possible que ce qu'il « voit ne se fasse pas réellement. Mais l'auteur de l'action agit « avec une entière liberté; et il pouvait faire, en agissant autrement, que le témoin qui le regarde vit une action toute différente. «"De même, il est impossible que Dieu se trompe dans sa prescience, « et que ce qu'il a prévu n'arrive point. Mais cette prévision n'influe pas sur le choix volontaire et libre de la créature: et si celleci, comme il dépendait d'elle, avait fait un autre choix, la préviasion de Dieu n'aurait pas eu le mème objet (1). » En un mot, la prescience ou la vue de Dieu, en ce qui concerne nos actions, présuppose l'exercice du libre arbitre dans l'homme.

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Ce que nous avons dit de la fin que Dieu se propose en faisant des miracles (2), s'applique aux prophéties; elles sont un des moyens les plus propres à nous faire connaître les desseins de Dieu, et à prouver la mission de celui qui se donne pour l'envoyé du TrèsHaut.

ARTICLE III.

Les prophéties sont une preuve frappante de la révélation.

541. Les prophéties proprement dites sont une preuve incontestable de la mission divine de celui qui en est l'auteur, soit qu'on les considère en elles-mêmes, soit qu'elles aient pour objet des événements surnaturels et miraculeux. Dieu ne peut ratifier le mensonge ou l'imposture, ni par les prophéties, ni par les miracles. « Voici a le signe, disait Moyse, auquel vous distinguerez si un prophète a parlé au nom de Dieu. Si ce qu'il a prédit au nom du Seigneur « n'est pas arrivé, le Seigneur n'a pas parlé par sa bouche. C'est <«< une fiction de ce téméraire prophète; et alors vous ne le respec« terez point (3). » Isaïe défiait les dieux des gentils d'annoncer les choses futures, et leur offrait à cette condition de reconnaître leur divinité : « Annoncez ce qui doit se faire à l'avenir, leur disait-il, « et nous saurons que vous êtes des dieux (4). » On lit dans le même

(1) Voyez le Franc de Pompignan et Bergier, ibidem. (2) Voyez le n° 529. — (3) Hoc habebis signum : quod in nomine Domini propheta ille prædixerit, et non evenerit, hoc Dominus non est locutus, sed per timorem animi sui propheta confinxit; et idcirco non timebis eum. Deuteron. c. xviii, v. 22. (4) Annuntiate quæ ventura sunt in futurum, et sciemus quia dii estis vos. Isa. C. XLI, V. 23.

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prophète : « Rappelez-vous que je suis Dieu, et qu'il n'y a pas d'autre Dieu; que nul n'est semblable à moi; que c'est moi qui an«nonce dès le commencement ce qui doit arriver à la fin, et qui « prédis longtemps avant l'événement des choses qui n'existent « pas encore (1). » Au reste, il n'est personne qui ne convienne qu'une prophétie proprement dite ne soit l'œuvre de Dieu : les incrédules eux-mêmes se rendraient, s'ils reconnaissaient comme authentiques les prédictions de l'Ancien et du Nouveau Testament.

542. La prophétie est encore plus frappante, plus évidemment divine, pour ainsi dire, lorsqu'elle annonce des événements qui ne dépendent ni du cours ordinaire de la nature, ni de la volonté des hommes. Dieu seul sait ce qu'il a résolu de faire par sa toute-puissance dans les temps à venir. Lorsqu'un homme les a prédits, et qu'ils sont arrivés comme il l'avait dit, on ne peut plus douter qu'il n'ait été un vrai prophète, qu'il n'ait été inspiré de Dieu. Ainsi la prédiction du déluge universel, tel qu'il est décrit dans la Genèse (2), est évidemment divine, en elle-même d'abord, puis dans son objet, ou dans l'événement, qui ne pouvait être prévu ni arriver naturellement. De même, lorsque Dieu fit connaitre au patriarche Abraham que ses descendants seraient un jour esclaves en Égypte, mais qu'ils en seraient délivrés par des prodiges, et cela quatre cents ans avant l'événement (3), cette prophétie, exactement accomplie au temps marqué, portait un double caractère de divinité. Comme Dieu seul pouvait opérer des prodiges, lui seul aussi pouvait les annoncer. Il faut en dire autant de la promesse que Jésus-Christ fit à ses apôtres, de convertir les nations par les miracles qu'ils opéreraient en son nom; il était également impossible à l'esprit humain de prévenir ce grand événement, et à l'homme de l'accomplir (4).

543. Mais pour qu'une prophétie fasse preuve, il faut, premièrement, qu'elle ait désigné l'événement prédit d'une manière nette et précise; en sorte que l'application de la prophétie ne soit pas arbitraire, mais que l'événement en fixe et en détermine le sens. Par le défaut de cette condition, les oracles qui signifiaient également que Crésus, roi de Lydie, et Pyrrhus, roi d'Épire, seraient vaincus ou victorieux dans les guerres qu'ils allaient entreprendre, n'étaient pas de véritables prophéties. Il fut prédit à Crésus qu'en

(1) Recordamini prioris sæculi, quoniam ego sum Deus, et non est ultra Deus, nec est similis mei annuntians ab exordio novissimum, et ab initio quæ necdum facta sunt. Ibidem, c. XLVI, v. 10.—(2) C. vi, vi et vin. — - (3) Genèse, c. xv, v. 13, etc.— (4) Bergier, Dictionnaire de théologie, art. Prophétie.

passant le fleuve Halys il renverserait un grand empire, ce qui pouvait s'entendre du sien comme de celui de Cyrus, avec lequel il était en guerre. L'oracle rendu à Pyrrhus, dans une équivoque que la langue française ne peut imiter, signifiait également qu'il pouvait vaincre les Romains, et que les Romains pouvaient le vaincre Aio te, Æacide, Romanos vincere posse. A plus forte raison doit-on refuser ce titre à certaines prédictions dont les auteurs ne s'entendaient pas eux-mêmes, et qui disent tout ce qu'on veut, parce qu'effectivement elles ne disent rien (1). Toutcfois, il n'est pas nécessaire qu'une prophétie soit de la plus grande clarté ; il suffit qu'elle soit assez claire pour exciter l'attention des hommes, et pour être comprise lorsqu'elle est accomplie. Saint Pierre compare le discours prophétique à une lampe qui luit dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour commence, et que l'étoile du matin se lève dans les cœurs (2). Nous voyons aussi dans Daniel les paroles d'une prophétie close et scellée jusqu'au temps marqué (3); et Jésus-Christ nous apprend lui-même que l'objet de certaines prophéties est de nous faire croire par leur accomplissement. Parmi les incrédules, les uns rejettent nos prophéties comme indignes de Dieu, parce qu'elles leur paraissent trop obscures; les autres disent qu'elles ont été fabriquées après coup, parce qu'elles leur paraissent trop claires : n'est-il pas plus raisonnable de reconnaitre que ce qu'il y a d'obscur dans les prédictions de Dieu, ne les empêche pas d'être assez lumineuses pour les esprits droits qui cherchent de bonne foi la vérité? In tenebris lumen rectis (4).

544. Il faut, secondement, que la prophétie soit certainc, authentique, ou qu'il soit constant qu'elle précède l'événement qui en est l'objet; autrement elle serait sans autorité: tels sont, par exemple, les vers sibyllins. Or, on peut s'assurer de l'authenticité d'une prédiction comme d'un fait quelconque.

545. Il faut, troisièmement, que les faits annoncés soient arrivés comme ils avaient été prédits. Une prédiction qui n'est point suivie de son accomplissement ne peut être un signe de la mission divine de celui qui en est l'auteur. Cependant, si un prophète confirme une prédiction dont l'accomplissement est lointain, ou par

(1) Le Franc de Pompignan, l'Incrédulité convaincue par les propheties, Discours préliminaire. — (2) Habemus firmiorem propheticum sermonem : cui benefacitis attendentes, quasi lucernæ lucenti in caliginoso loco, donec dies elucescat, et lucifer oriatur in cordibus vestris. Petri u Epist., c. 1, v. 19. - (3) Clausi sunt signatique sermones, usque ad præfinitum tempus. Daniel, c. XII, v. 9. — (4) Psaume cx1.

des miracles, ou par d'autres prophéties exactement accomplies, on doit croire à cette prédiction comme venant de Dieu. C'est ainsi que dans l'ancienne loi les prophètes annoncent souvent des faits de l'ordre temporel qui doivent arriver dans des temps plus ou moins rapprochés, et confirment par ce moyen les prédictions qui devaient s'accomplir plus tard concernant le Messie; ce qui a fait dire à Pascal : « Les prophètes sont mêlés de prophéties particulières et « de celles du Messie, afin que les prophéties du Messie ne fussent << pas sans preuves, et que les prophéties particulières ne fussent « pas sans fruit (1). »

546. Il faut, quatrièmement, que la prophétie soit telle qu'on ne puisse en regarder l'accomplissement ni comme le résultat d'une prévision naturelle, ni comme un effet du hasard : telles sont les prophéties de l'Ancien et du Nouveau Testament, soit qu'elles aient pour objet des faits surnaturels qui dépendent uniquement de la volonté de Dieu, soit qu'elles annoncent un ensemble d'événements ou de circonstances dont il serait insensé d'attribuer au hasard la réalisation. Qui pourrait, par exemple, regarder comme une combinaison fortuite l'accomplissement des prédictions où les prophètes parcourent en esprit les siècles futurs et les nations étrangères; marquent la destinée des empires qui n'étaient pas encore; prédisent des révolutions dont on ne voyait pas encore la moindre cause; nomment les héros et les princes qui doivent en être les auteurs, en les désignant par des traits aussi expressifs que leurs noms; supputent les temps et les années des événements lointains; écrivent par anticipation l'histoire du Messie; annoncent à tous les peuples du monde la loi qu'ils doivent embrasser un jour, après avoir renoncé au culte des idoles; prophétisent à leur propre nation le malheur inouï qui lui était réservé? Aucune de ces prédictions n'a été démentie : nous savons, par des monuments authentiques, qu'elles ont été vérifiées; plus les historiens sont exacts et fidèles, plus leurs relations sont conformes aux prédictions des prophètes (2). Non, évidemment, les rapprochements que l'histoire nous offre avec les prophéties ne sont point l'effet du hasard; it est impossible que tant d'événements annoncés à l'avance arrivent fortuitement, à point nommé, pour cadrer avec les prédictions.

547. Ainsi donc il en est des prophéties comme des miracles, elles

(1) Pensées, part 11, art. xi, no 5. lité convaincue par les propheties.

(2) Le Franc de Pompignan, l'Incrédu

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