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traces de l'enseignement primitif, qui s'est répandu, par la dispersion des hommes, dans les différentes parties du monde.

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CHAPITRE II.

De la croyance générale touchant l'unité de Dieu.

561. Toutes les nations ont conservé une idée plus ou moins distincte de l'unité de Dieu. « Il faut, dit Bergier, ou que cette idée « ait été gravée dans tous les esprits par le Créateur lui-même, ou que ce soit un reste de tradition qui remonte jusqu'à l'origine du genre humain, puisqu'on la trouve dans tous les temps aussi bien « que dans tous les pays du monde (1). » D'abord, les chrétiens et les Juifs n'ont jamais adoré qu'un seul Dieu, le Créateur du ciel et de la terre; et le Dieu des Juifs est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu des patriarches. Pendant près de deux mille ans, les descendants d'Adam n'ont pas eu d'autre Dieu que le ToutPuissant. Ce n'est que peu avant la vocation d'Abraham que l'idolåtrie s'est introduite parmi les hommes, ne se développant que progressivement chez les différents peuples, sans jamais devenir générale, rigoureusement parlant. Le vrai Dieu a eu des adorateurs en tout temps; de tout temps il s'est rencontré, même parmi les gentils, des justes qui n'ont pas fléchi le genou devant les idoles, qui n'ont point offert leur encens aux démons, que les païens honoraient comme des dieux, dii gentium dæmonia (2). Nous voyons dans la Genèse que Melchisédech, roi de Salem, et Abimélech, roi de Gérare, chez les Chananéens, adoraient le mème Dieu que les patriarches; que, dans l'Arabie, Job, les rois ses amis, Jéthro, beau-père de Moyse, ne reconnaissaient point non plus d'autre Dieu. C'était encore la religion des Assyriens à une époque moins éloignée de nous, puisque les habitants de Ninive, capitale de l'Assyrie, touchés des menaces que le prophète Jonas leur fit de la part du Dieu d'Israël, se convertirent au Seigneur (3).

562. On trouve la croyance de l'unité de Dieu, la notion d'un Etre suprême auteur de toutes choses, même chez les peuples qui sont tombés dans l'idolâtrie. Les gentils ont connu le vrai Dieu; et c'est parce que, l'ayant connu, ils ne l'ont point glorifié comme

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Dieu, qu'ils sont inexcusables. Inexcusabiles, dit l'apôtre, quia, cum cognovissent Deum, non sicut Deum glorificaverunt (1). Ils se sont rendus grandement coupables en adorant la créature au lieu du Créateur: servierunt creaturæ potiusquam Creatori (2). Voilà en quoi principalement consiste le crime des idolâtres. Ils n'admettaient point, du moins généralement, plusieurs dieux proprement dits, plusieurs êtres incréés, souverains, indépendants. Le polythéisme, comme nous l'avons déjà fait remarquer d'après l'abbé Bullet, n'est point un polythéisme d'égalité, mais un polythéisme de subordination (3). « Les païens, dit Beausobre, n'ont "jamais confondu leurs dieux célestes ou terrestres avec le Dieu << suprême, et ne leur ont jamais attribué l'indépendance et la souveraineté.... Si par polytheisme on entend plusieurs dieux sou<< verains, indépendants, il est faux que les peuples aient jamais <«< cru plusieurs dieux. Ils ont bien su que ces dieux n'étaient que des intelligences qui tiraient leur origine du Dieu suprême, et qui en dépendaient comme étant ses ministres, ou que des hommes illustres par leurs vertus, et par les services qu'ils avaient « rendus au genre humain ou à leur patrie (4).

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563. Nous pourrions citer à l'appui les auteurs profanes, philosophes et poëtes, tous ceux qui ont parlé de la religion des anciens peuples. Ils font tous mention d'un Être éternel et souverain, qu'ils nomment le père, le maître, le roi des hommes et des dieux: Deus maximus, optimus; divum pater atque hominum rex, pater hominum divumque æterna potestas, hominum sator atque deorum (5): ce qui répond à ce que disent les livres saints, où le vrai Dieu est appelé le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux; Deus deorum, Dominus dominantium (6).

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564. Qui était Jupiter dans l'esprit des peuples, se demande l'abbé Batteux ? Les poëtes, qui ont été de tout temps les interprètes du peuple, nous le feront connaître; je ne citerai qu'Hé«siode et Homère. Le premier chante le chaos et la naissance du monde; mais, aussitôt que le monde est formé, Jupiter prend « l'empire, et préside à l'exécution des destins. C'est lui qui voit, qui entend, qui élève, qui abaisse, qui distribue comme il lui plaît, sur ia terre et au ciel, la puissance, le bonheur et la gloire. Selon Homère, c'est la volonté suprême de Jupiter qui est la

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(1) Epitre aux Romains, c. 1, v. 21. - (2) Ibidem. — (3) Bullet, l'Existence de Dieu, part. I, pag. 9, édit. de 1819. (4) Histoire de Manichée et du manichéisme, liv. IX, C. IV. (5) Hésiode, Homère, Virgile, Ovide, etc. — (6) Deu teron., c. x, v. 17.

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<< dernière raison des choses; c'est de lui qu'émanent les lois sages; c'est lui qui donne aux rois le pouvoir et le sceptre, qui brise la « tète des villes; c'est le Dieu très-grand, très-glorieux, qui lance « seul la foudre, qui est le père, non-seulement des hommes, mais des dieux; enfin, c'est lui qui tient le premier anneau de cette «< chaîne à laquelle tout l'univers est suspendu : Réunissez-vous, dieux et déesses, employez vos plus grands efforts, vous n'a« baisserez pas vers la terre le Dieu très-haut, impénétrable dans ses pensées ; et s'il me plaît, je vous enlèverai tous avec la « terre et les mers profondes, et je vous attacherai au sommet du ciel, où vous resterez suspendus. Tel est le pouvoir sans bornes qui m'élève au-dessus des dieux et des hommes. Tout Homère « est rempli de ces traits (1). »

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565. Maxime de Tyr, philosophe platonicien, n'est pas moins exprès : « Quand, dit-il, on interroge les hommes sur la nature de «< la Divinité, toutes leurs réponses sont différentes; cependant, au « milieu de cette prodigieuse variété d'opinions, vous trouverez un « même sentiment par toute la terre : c'est qu'il n'y a qu'un seul «Dieu, qui est le père de tous (2). » Il est d'ailleurs constant, comme l'ont prouvé plusieurs savants, que les peuples de l'Asie, de l'Europe, de l'Afrique et de l'Amérique, même ceux qui ont adoré ou qui adorent encore plusieurs dieux, en ont toujours reconnu un comme supérieur à tous les autres (3). Forcés de nous restreindre, nous nous contenterons de faire remarquer que les Pères de l'Église n'ont pas craint d'invoquer, en faveur du dogme catholique, la croyance des peuples et des auteurs païens.

566. Saint Irénée, disciple de saint Polycarpe, prouve l'unité de Dieu, créateur du ciel et de la terre, par le témoignage de tous les hommes, omnibus hominibus ad hoc demum consentientibus; ajoutant que les plus anciens ont conservé cette croyance d'après la tradition primitive du premier homme; que ceux qui sont venus ensuite en ont reçu le souvenir par les prophètes, que les gentils l'ont apprise de la création, et que l'Église, répandue par toute la terre, a reçu cette tradition des apôtres (4). Dans le dialogue de Minutius Félix, le païen Cécilius reproche aux chrétiens d'adorer un Dieu qui n'était connu que des Juifs. Le chrétien Octavius lui répond: Ne cherchez pas un nom à Dieu. Dieu, voilà son nom...

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(1) Mémoires de l'Académie des Inscriptions, tom. xxxv. —(2) Discours, De Dieu selon Platon. (3) Voyez Bullet, l'Existence de Dieu, part. n.

(4) Lib. 11, contra hæreses, c. IX.

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A Dieu, qui est seul, le nom de Dieu est tout entier. Mais quoi! a n'ai-je pas, quant à lui, le consentement de tous? J'entends le vulgaire, lorsqu'il élève les mains au ciel, ne dire autre chose, si« non : Dieu; Dieu est grand, Dieu est vrai; si Dieu nous en fail la gráce. Est-ce là le discours naturel du vulgaire, ou bien la prière du chrétien confessant la foi? Et ceux qui font de Jupiter « le souverain se trompent pour le nom, mais ils s'accordent à ne « reconnaitre qu'une puissance. J'entends les poëtes aussi procla« mer un seul père des dieux et des hommes.... Si nous passons « aux philosophes, vous trouverez qu'ils diffèrent pour les noms, mais qu'ils sont d'accord pour ce qui regarde l'unité de Dieu (1). »

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567. Tertullien dit que les peuples, adorateurs de faux dieux, ne font pourtant mention, ni dans leurs serments ni dans leurs actions de grâces, d'aucune divinité particulière, mais du seul vrai Dieu, auquel ils s'adressent en élevant les mains et les yeux vers le ciel; puis il conclut que cette manière d'invoquer Dieu est le témoignage d'une âme naturellement chrétienne : Testimonium animæ naturaliter christianæ (2). Après avoir dit que plusieurs chrétiens avaient prouvé la vérité de leur doctrine par le témoignage des poëtes et des philosophes, il ajoute : « Moi, j'invoque « un témoignage nouveau, plus connu qu'aucune littérature, plus répandu qu'aucune doctrine. Tiens-toi là, ô mon âme!... non pas toi, formée dans les écoles, exercée dans les bibliothèques, repue dans les académies et les portiques d'Athènes, et travaillée d'une indigestion de sagesse. C'est toi, âme simple, rude « et grossière, toi, telle que t'ont ceux qui n'ont que toi; c'est toi que j'interpelle, âme tout entière de village, de carrefour, d'ou« vroir (3). Nous déplaisons quand nous prêchons un Dieu unique « par cet unique nom. Rends témoignage s'il en est ainsi; ce qui ne « nous est pas permis, nous t'entendons, et à la maison et dehors, prononcer tout haut et avec toute liberté : Ce que Dieu donnera, « ce que Dieu voudra. Par cette parole, tu fais entendre qu'il est « un Dieu à qui tu confesses toute puissance, à la volonté de qui « tu es soumise; en même temps tu nies que les autres soient dieux, « en les désignant par leurs noms propres, Saturne, Jupiter, Mars, Minerve. Tu affirmes seul Dieu celui que tu n'appelles que Dieu;

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« en sorte que si tu nommes ceux-là dieux de temps à autre, tu

(1) Octavius M. Minucii Felicis, c. XVIII, xix et xx.

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parais le faire comme une chose d'emprunt. Quant à la nature de Dieu telle que nous la prêchons, tu ne l'ignores pas non plus : « Dieu est bon, Dieu est bienfaisant; c'est là ton expression... « De même, que Dieu vous bénisse, tu le dis aussi facilement qu'il « est nécessaire à un chrétien. Ainsi donc, et à la maison et en public, sans que personne se moque de toi et t'en empêche, tu t'écries, du fond de la conscience : Dieu voit tout; je le recommande à Dieu; Dieu vous le rendra; Dieu jugera entre nous.

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« D'où te vient cela, à toi qui n'es pas chrétienne? à toi, le plus souvent encore couronnée des bandelettes de Cérès, ornée du manteau de Saturne, revêtue des insignes d'Isis? Jusque dans les temples, tu implores Dieu pour juge; debout dans une chapelle d'Esculape, dorant une Junon d'airain, chaussant une Minerve, « tu n'en appelles à aucun des dieux présents. Dans ton for inté«rieur, tu en appelles à un autre juge; dans tes temples, tu souf<«<fres un autre Dieu. O témoignage de la vérité, qui, près des dé"mons eux-mêmes, te rend témoin des chrétiens (1)! » Le même apologiste, écrivant aux magistrats romains, leur dit : « Quand il serait certain que les dieux que vous adorez fussent dieux, ne « convenez-vous pas, selon l'opinion générale, qu'il est un être plus élevé, plus puissant, qui est comme le roi du monde? que le " pouvoir suprême ne réside qu'en lui, quoiqu'il partage avec plu« sieurs les fonctions de la Divinité (2)? »

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568. Suivant Lactance, les idolâtres, en admettant plusieurs dieux qui président aux différentes parties de l'univers, admettent en même temps un seul gouverneur suprême (3)..... « On sait, dit Arnobe, que le Dieu tout-puissant n'a été engendré ni mis au monde, mais qu'il est éternel: on le sait par l'unanimité et le « commun sentiment de tous les mortels (4). »

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Saint Augustin s'exprime comme Arnobe: « A l'exception d'un petit nombre en qui la nature est par trop dépravée, tout le genre « humain confesse Dieu auteur de ce monde (5). »

569. Maxime de Madaure, philosophe païen, écrivait à ce grand évèque : « Qu'il y ait un Dieu souverain qui soit éternel, le père " et l'auteur de toutes choses, quel homme est assez grossier et as«sez stupide pour en douter? C'est celui dont nous adorons, sous des noms divers, la puissance répandue dans toutes les parties du

(1) Ibidem, c. 11. (2) Apologétique, c. xxiv. (3) Institutions divines, liv. 1, c. I. (4) Liv. 1, contre les Gentils, n° xxxiv. - (5) Tract, cvr in Johannis Evangelium.

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