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<< monde.. Qu'ils vous conservent, ces dieux subalternes, sous le « nom desquels et par lesquels, tout autant de mortels que nous << sommes sur la terre, nous adorons le père commun des dieux et « des hommes par différents cultes, à la vérité, mais qui s'accor<< dent tous dans la variété même, et ne tendent qu'à la même « fin (1). »

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570. Saint Augustin lui répondit: Ce seul Dieu dont vous « me parlez est certainement celui qui est reconnu dans tout l'uni«< vers, et sur lequel, comme l'ont dit les anciens, les ignorants s'accordent avec les savants (2). » Maxime se trompait sans doute, et son culte était une erreur; mais il attestait du moins, comme saint Augustin l'atteste lui-même, la croyance générale d'un Dieu unique, dont la notion est commune à tous les peuples. On convient que la notion du vrai Dieu n'a jamais été aussi distincte, aussi pure, aussi parfaite chez les païens que chez les patriarches, les Juifs et les chrétiens; mais il n'en est pas moins vrai que, quoique altérée par les superstitions de l'idolâtrie, elle se trouve partout; et que les gentils, encore qu'ils aient adoré les idoles, ont cependant connu et confessé le Dieu souverain père et auteur de toutes choses, comme le dit le confesseur Saturnin au concile de Carthage de l'an 258: Gentiles, quamvis idola colant, tamen summum Deum patrem, creatorem, cognoscunt et confitentur (3).

CHAPITRE III.

De la croyance générale touchant la divine Providence et le culte de Dieu.

571. C'est Dieu qui

gouverne le monde sa providence règle tout et pourvoit à tout. Telle est la croyance des chrétiens. « Il n'y a pas d'autre Dieu que vous, Seigneur, qui avez soin de tous les hommes: Non est alius Deus quam tu, cui cura est de omnibus (4). » Telle est la croyance des Juifs et des patriarches, comme

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(1) Lettre XVI, alias cxш, inter Augustianas. — (2) Lettre xvu, alias LIV. - (3) Labbe, concil., tom. 1, col. 794. Voyez Huet, Alnetanæ quæstiones, lib. 11, c. 11; Leland, Démonstration évangélique, part. 1, c. 11; Hoocke, docteur en Sorbonne, Principia Religionis naturalis et revelatæ, part. 1, sect. u; M. Laurentie, Introduction à la philosophie, part. 1, ch. 1; M. l'abbé Rohrbacher, Histoire de l'Église, liv. 1, etc., etc.--(4) Saint Paul, Épitre 1re aux Corinthiens, c. ix, v. 9.

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on le voit à chaque page dans la Genèse et dans les autres livres de l'Ancien Testament; telle est la croyance générale et constante de tous les peuples. Le dogme de la divine Providence se confond dans l'histoire avec celui de l'existence d'une religion. Le culte que les hommes ont toujours rendu à la Divinité; les vœux, les supplications et les prières qu'ils lui ont adressés dans tous les temps; les sacrifices qu'ils lui ont offerts en expiation; les pratiques religieuses, en un mot, qui sont aussi anciennes que le monde, et que l'on voit partout (1), montrent évidemment que tous les peuples ont eu le sentiment profond d'une Providence tutélaire, qui dispose de tout, conformément aux desseins de la sagesse incréée, pour le bonheur des hommes. Ce n'est que par l'idée que nous avons de la Providence que nous concevons la religion, la société de l'homme avec Dieu. « Si la Providence divine, dit saint Augustin, ne préside pas aux choses qui nous regardent, il est inutile de s'occuper de · la religion (2). » C'est aussi la pensée de Salvien : « Si Dieu néglige ici-bas le genre humain, pourquoi élevons-nous les yeux au « ciel ? Pourquoi le supplions-nous aux pieds des autels (3)? »

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572. Cicéron avait déjà fait, auparavant, la même réflexion : « Si les dieux ne se mêlent point des hommes, s'ils sont indiffé« rents à ce que nous faisons, à quoi bon nos hommages, nos ado<«<rations, nos prières (4)? » Ainsi donc, puisqu'il est constant, comme nous l'avons prouvé dans la première partie de ce traité, que dans tous les temps tous les hommes ont eu une religion, il est prouvé par là même qu'ils ont tous généralement reconnu le dogme de la Providence.

573. Cette croyance générale des peuples, touchant le dogme de la Providence, remonte aux premiers temps; elle est de tous les âges, et aussi constante qu'universelle : elle fait donc partie de la révélation primitive. « Si nous étions livrés à nos seules conjec«<tures et à la faiblesse de nos raisonnements, dit un docteur anglais, « combien de doutes s'élèveraient dans notre esprit au sujet de la Providence divine! et combien nous serions incapables de les « résoudre! Comment concevoir qu'un être aussi sublime, aussi « élevé au-dessus de nous, daigne s'abaisser jusqu'à se mêler de << nous et de ce qui nous concerne? Et comme il y a beaucoup de « gens pour qui la pensée d'un Dieu qui a toujours les yeux ouverts « sur eux est fort chagrinante, le moindre doute suffirait pour la

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(1) Voyez. ci-dessus, le n° 445, etc. (2) De utilitate credendi. - (3) Fab. 1, de Providentia. — (4) Lib. 1, De natura Deorum, no 1.

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leur faire rejeter entièrement. Mais Dieu a eu assez de condescendance pour nous assurer, par une révélation expresse, revé«< tue de toutes les marques de certitude que l'on puisse raisonna«blement exiger, qu'il s'intéresse à tous les individus de l'espèce humaine, qu'il prend connaissance de leurs actions et de tous les événements qui les regardent; il a pris le moyen le plus sûr pour anéantir tous leurs doutes, pour exciter dans l'âme des méchants « une sainte horreur, pour inspirer aux bons une espérance consolante, une résignation entière, et une pleine assurance que leurs « vertus ne seront pas sans mérite, ni leurs bonnes actions sans récompense (1). »

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574. Mais il en est du dogme fondamental de la Providence comme des autres vérités de la religion il a été défiguré par les erreurs du polythéisme. Comme, suivant la croyance de tous les siècles, le ministère des anges entre pour quelque chose dans le gouvernement du monde, les païens en ont fait des dieux, se persuadant, du moins chez certains peuples, que le Très-Haut leur avait abandonné entièrement le soin des choses d'ici-bas.

CHAPITRE IV.

De la croyance générale touchant l'existence des bons et des mauvais anges.

575. L'existence des bons et des mauvais anges, des anges qui sont demeurés fidèles à Dieu, et des anges rebelles, appelés démons, est un des dogmes de la révélation primitive, une croyance qui, ayant été transmise par les patriarches, s'est répandue avec les hommes dans toutes les parties de la terre. Nous voyons le ministère des anges dans les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, dans la Genèse comme dans l'Apocalypse. On les y voit alJer du ciel à la terre, et de la terre au ciel; ils portent et exécutent les ordres de Dieu, pour le salut ou le châtiment des hommes. « Les << anges, dit saint Paul, sont des esprits administrateurs pour exer« cer un ministère en faveur de ceux qui seront héritiers du salut (2).»

(1) Leland, Nouvelle démonstration évangélique, Discours préliminaire. — (2) Nonne omnes sunt administratorii Spiritus, in ministerium missi propter eos qui hæreditatem capient salutis? Epist. ad Hebræos, cap. 1, v. 14.

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Anges de Dieu, s'écriait David, vous qui êtes si forts et si puissants, bénissez le Seigneur, vous qui êtes ses ministres et qui accomplissez sa volonté (1).

576. Voici ce que dit Bossuet : « Quand je vois dans les Prophètes * et l'Apocalypse, et dans l'Évangile même, cet ange des Perses, << cet ange des Grecs, cet ange des Juifs, l'ange des petits enfants qui en prend la défense devant Dieu contre ceux qui les scan« dalisent, l'ange des eaux, l'ange du feu, et ainsi des autres : et « quand je vois, parmi tous ces anges, celui qui met sur l'autel le « céleste encens des prières, je reconnais dans ces paroles une espèce de médiation des saints anges. Je vois même le fondement qui a pu donner occasion aux païens de distribuer leurs divinités dans les éléments et dans les royaumes, pour y présider; car toute « erreur est fondée sur quelque vérité dont on abuse (2). »

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577. En effet, la distinction des bons et des mauvais anges, dont il est parlé dans l'Écriture sainte, se rapporte évidemment à la distinction des bons et des mauvais génies, dont il est fait mention dans l'histoire des différents cultes. L'erreur des gentils, qui ont fait de ces génies autant de dieux auxquels ils ont offert des sacrifices, en se figurant les uns comme gouvernant seuls le monde, et les autres comme étant les auteurs du mal, ne peut-elle pas être regardée comme une altération du culte catholique, qui nous donne les anges comme ministres du Tout-Puissant, et les démons comme ennemis de Dieu et des hommes? Omnes dii gentium dæmonia, dit un prophète (3). « On savait, par l'ancienne << tradition, qu'il existait des esprits supérieurs à l'homme, ministres du grand Roi dans le gouvernement du monde. Ce fut de ces esprits qu'on anima l'univers on en plaça partout, dans le ciel, dans les astres, dans l'air, dans les montagnes, dans les eaux, dans les forêts, et même dans les entrailles de la terre; et l'on « honora ces nouveaux dieux selon l'étendue et l'importance du domaine qu'on leur avait attribué. Subordonnés les uns aux au<< tres, on leur faisait reconnaître pour supérieur un génie du premier ordre, que des nations plaçaient dans le soleil, et d'autres « au-dessus de cet astre, selon que le caprice le leur dictait (4). » 578. Les anciens auteurs s'accordent à nous parler de l'exis

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(1) Benedicite Domino, omnes angeli ejus potentes virtute, facientes verbum illius, ad audiendam vocem sermonuni ejus. Benedicite Domino, omnes virtutes ejus; ministri ejus, qui facitis voluntatem ejus. Psalm. cu. - (2) Préface de l'Apocalypse. — (3) Psalm. xcV. - (4) Mémoires de l'Académie des Inscriptions, tom. XLII.

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tence des anges et des démons, des bons et des mauvais génies, comme d'un dogme généralement reçu de leur temps. « Il y a un Dieu au-dessus de la fortune et auteur de tous les biens, dit Pla<< ton; il est très-juste de l'honorer principalement et de le prier, « comme font tous les démons et les autres dieux (1). Sachant qu'aucun homme ne pourrait gouverner les autres hommes avec

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<< une autorité souveraine, sans que tout fût rempli d'orgueil et d'in« justice, il imposa aux cités, pour princes et pour rois, non des hommes, mais des démons plus parfaits et plus divins que nous :

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« et de même que nous ne confions pas la conduite des troupeaux, des taureaux et des chèvres, par exemple, à des chèvres et à « des taureaux, mais que nous nous réservons sur eux l'empire; ainsi Dieu, ami des hommes, préposa sur eux des démons (esprits) d'une nature supérieure à la nôtre, qui, y entretenant la « paix, la pudeur, la liberté, la justice, prévenaient les désordres « et les séditions, et rendaient heureux le genre humain (2). » Le monde, selon Thalès et Pythagore, est plein d'esprits, ou de substances intellectuelles (3). Ils se divisaient en deux classes : l'une, des esprits bons; l'autre, des esprits mauvais, inférieurs aux premiers. Empedocle disait que les mauvais démons sont punis pour les fautes qu'ils ont commises (4).

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579. » Je ne sais, disait Plutarque, si nous ne devons point ad<< mettre, tout étrangère qu'elle nous paraisse, cette opinion que « l'antiquité nous a transmise, qu'il y a des démons envieux et méchants, qui s'attachent par jalousie aux hommes vertueux, << mettent obstacle à leurs bonnes actions, et leur jettent dans l'esa prit des troubles et des frayeurs qui agitent et quelquefois même « ébranlent leur vertu, de peur qu'en demeurant fermes et inébranlables dans le bien, ils n'aient en partage, après leur mort, une « meilleure vie que n'est la leur (5). » Aussi Lactance, qui connaissait parfaitement l'idolatrie dans laquelle il avait été élevé, dit que les païens adorent les démons comme des dieux terrestres (6). Suivant saint Augustin, ils appellent dieux ceux que nous appelons anges (7). Les démons, dit Tatien, étaient regardés comme des dieux chez les païens (8). « Il y a certainement une analogie entre les dieux païens et nos anges, entre les héros déi

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(1) Epinomis.

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(2) De Legibus, lib. IV.

(3) Diogène Laërce, sur Thalès et Pythagore; Plutarque, De placitis philosophorum, lib. 1. — · (4) Plutarque,

De Isis et Osiris.
Institut., c. xv.
Græcos.

(5) Plutarque, De la vie de Dion. (7) De civitate Dei, lib. xix, c. III.

(6) Lib. II, divin

(8) Orat. adversus

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