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pour guide que la raison humaine; si, malgré les connaissances qu'ils ont puisées, au moins indirectement, dans les livres de Moyse, le plus ancien de tous les écrivains, ils ne s'accordent sur aucun point; s'ils ne nous ont laissé aucun système qui réponde aux besoins de l'intelligence et du cœur de l'homme, comment le législateur des Hébreux, qui remonte à un temps où presque tous les peuples étaient plongés dans les superstitions les plus grossières de l'idolâtrie, aurait-il pu, sans le secours de la révélation, nous enseigner une doctrine si pure, si sainte, si sublime, et résoudre de la manière la plus satisfaisante les plus hautes questions de la philosophie (1)?

647. D'ailleurs, le corps du droit judaïque n'est pas un recueil de diverses lois faites dans des temps et des occasions différentes. Moyse avait tout prévu; on ne voit point d'ordonnances, ni de Josué, ni des juges, ni des rois, ni des prophètes. Les bons princes n'avaient qu'à observer la loi, telle qu'elle a été publiée par Moyse, et ils se contentaient d'en recommander l'observance à leurs successeurs. Y ajouter ou en retrancher un seul article eût été un attentat condamné par la loi, et le peuple ne l'eût jamais toléré. Or, une loi, une législation tout à la fois religieuse, morale, civile et politique, qui suffit à une nation nombreuse pendant quinze siècles, sans souffrir aucune modification, ne peut être que divine; évidemment elle n'a pu avoir pour auteur que Dieu luimême, ou un homme inspiré d'en haut. Ainsi donc il est prouvé, non-seulement par les miracles et les prophéties, mais encore par la doctrine de Moyse, que la loi qu'il a promulguée pour les Juifs est une loi qui vient de Dieu. Donc il faut admettre la révélation mosaïque.

648. Entre autres difficultés qu'on a élevées contre la divinité de la mission de Moyse, on lui reproche d'avoir parlé de Dieu comme d'un homme, de lui avoir donné non-seulement la forme, mais encore les passions et les vices de l'homme. Il attribue à Dieu un souffle, une voix, des yeux, des mains, des pieds: il dit que Dieu voit et entend; qu'il s'est promené dans le paradis terrestre ; qu'il est descendu pour voir la tour de Babel; qu'il a conversé avec Adam et avec les patriarches. Il nous le représente comme un être jaloux, irascible, sujet à toutes les affections humaines.

649. Pour connaître les idées que Moyse a voulu donner aux

(1) Voyez ce que nous avons dit ci-dessus, no 509. De la nécessité de la révé

Jation.

Juifs touchant la nature de Dieu, on doit juger de sa doctrine, non d'après les expressions métaphoriques et populaires dont il se sert, mais bien par l'ensemble de ce qu'il enseigne dans ses écrits. Or, ce qu'il nous dit de la création du monde, des perfections de l'Éternel, du Tout-Puissant, dont il a révélé le nom en l'appelant Celui qui est, ne nous permet pas de supposer qu'il ait eu de Dieu d'autres idées que celles que nous avons nous-mêmes. Moyse instruisait des hommes, et non des anges; il fallait leur parler le langage humain; aucune langue ne peut exprimer les attributs et les actions de Dieu autrement que les attributs et les actions de l'homme. Aussi, quoique nous admettions que Dieu est un pur esprit, sans corps et sans mélange, nous en parlons cependant comme s'il avait des yeux, des mains, des bras et des pieds, quand nous voulons dire qu'il voit ou qu'il sait tout, qu'il fait tout, qu'il peut tout, qu'il est partout, comme s'il s'était transporté sur les lieux. Et les Juifs, quelque grossiers qu'on les suppose, ne pouvaient l'entendre autrement; vu surtout que Moyse leur défendait, au nom de Dieu, de représenter la divinité par aucune figure; et que Dieu lui-même dit à Moyse qu'aucun homme vivant ne peut le voir: non videbit me homo, et vivet (1).

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650. Il en est de même des passages de l'Écriture sainte qui semblent attribuer à Dieu les affections humaines, la colère, la jalousie, la tristesse, le repentir. La colère, en Dieu, dit saint Augustin, n'est point une agitation et un trouble de l'esprit, mais un jugement par lequel il punit le péché; de même que sa pensée est la raison immuable qu'il a de changer les choses. Il ne se repent pas, comme l'homme, de ce qu'il a fait, parce que ses desseins ne sont pas moins fermes que sa prescience est certaine. « Mais l'Écriture a voulu, en se servant de ces expressions familières, se mettre à la portée de tous les hommes, dont elle veut procurer le bien, ou en confondant les orgueilleux par sa hauteur, ou en réveillant les paresseux par sa condescendance, ou en exerçant les laborieux par ses difficultés, ou en nourrissant les « savants par ses lumières (2). » Les expressions figurées des livres saints ne sauraient induire personne en erreur, puisque l'Écriture détermine comment on doit les prendre, par mille autres endroits où se trouvent établis les dogmes auxquels elles se rapportent.

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651. Pour prévenir toute difficulté sur la manière dont s'expriment les auteurs sacrés, soit en parlant de Dieu, soit en parlant

(1) Exode, c. xxxшI, v. 20.

(2) De civitate Dei, lib. xv, c. XXV.

de ce qui a rapport aux sciences, il suffit de se rappeler (1) que l'Écriture sainte n'est ni un cours de métaphysique, ni un cours de philosophie, ni un cours d'histoire naturelle: son but n'est point de résoudre des questions que Dieu a livrées aux recherches des hommes (2), mais bien, comme nous l'apprend l'apôtre, de nous instruire des vérités de la religion, de nous prémunir contre l'erreur et le déréglement des mœurs, de nous former à la justice, et de nous rendre parfaits par toutes sortes de bonnes œuvres: omnis scriptura divinitus inspirata utilis est ad docendum, ad arguendum, ad corripiendum, ad erudiendum in justitia; ut perfectus sit homo Dei, ad omne opus bonum instructus (3). « L'Esprit saint, dit judicieusement dom Calmet, parle pour tout le « monde; il veut se faire comprendre aux ignorants comme aux « savants : ceux-ci entendent les expressions populaires comme le peuple; mais le peuple ne pourrait entendre les expressions phi«losophiques et relevées. Ainsi, afin que personne ne perdit rien et que tout le monde profitât, il a été de la sagesse de Dieu de se proportionner aux simples dans ses manières de parler, et de donner aux savants de quoi se dédommager, par la grandeur et la majesté des choses qu'elle leur propose: on ne doit avoir qu'un respect profond pour une conduite si pleine de bonté et de condescendance (4). »

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652. Il ne faut pas oublier non plus que la loi de Moyse était locale et temporaire en ce qui concerne le cérémonial du culte et les règlements de police; il est certaines dispositions de cette mêm loi qui ne peuvent être bien jugées que par ceux qui se reportent au temps et au climat du pays pour lesquels elles étaient faites (5).

(1) Voyez, ci-dessus, le n° 190. (2) Mundum tradidit disputationi corum. Ecclesiaste, cap. m, v. 11. — (3) no épître à Timothée, c. m, v. 16 -(4) Dissertation sur le système du monde selon les anciens Hébreux. Bible d'Avignon, tom. viii. — (5) Voyez l'abbé Duvoisin, Autorité des livres de Moyse; l'abbé Bullet, Réponses critiques ; l'abbé du Clot, Bible vengée ; l'abbé Guénée, Lettres de quelques Juifs, etc.; Bergier, Traité de la vraie religion, tom. vi, etc.

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CHAPITRE II.

La loi de Moyse était principalement pour les Israélites.

653. La loi mosaïque ne s'adressait qu'au peuple d'Israël. Avant de publier sa loi, le Seigneur appela Moyse, et lui dit : « Voici ce « que tu diras à la maison de Jacob, ce que tu annonceras aux enfants d'Israël : Vous avez vu vous-mêmes ce que j'ai fait aux Égyptiens, et de quelle manière je vous ai portés, comme l'aigle porte ses aiglons sur ses ailes; et je vous ai pris pour être à moi. Si donc vous écoutez ma voix, et si vous gardez l'alliance que je « fais avec vous, vous serez le seul de tous les peuples que je pos«séderai comme mon bien propre : cependant toute la terre est à moi. Vous serez pour moi un royaume sacerdotal et une nation <«< sainte. Voilà ce que tu diras aux enfants d'Israël (1). » Moyse rappelant au peuple les préceptes de la loi, lui dit : « Ecoutez, enfants d'Israël, les cérémonies et les ordonnances que je vous propose « aujourd'hui apprenez-les et observez-les. Le Seigneur notre Dieu a fait alliance avec nous sur le mont Horeb. Il n'a point fait cette alliance avec nos pères, mais avec nous, qui sommes « et qui vivons aujourd'hui (2). Observez donc et faites ce que le Seigneur notre Dieu nous a commandé. Vous ne vous détourne«< rez ni à droite, ni à gauche; mais vous marcherez par la voie que « le Seigneur votre Dieu vous a prescrite, afin que vous soyez heu« reux, et que vos jours se multiplient dans le pays que vous allez « posséder (3). »

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654. Tout, dans la loi de Moyse, nous montre qu'elle n'était que pour les Juifs on ne trouve rien, ni dans les écrits de ce législateur, ni dans les autres livres de l'Ancien Testament, qui suppose qu'elle ait été obligatoire pour les étrangers. Ceux-ci pouvaient, il est vrai, observer, autant que possible, la loi mosaïque, mais ils n'y étaient point tenus; Dieu ne l'exigeait point. Ils avaient, pour se conduire, les lumières naturelles, conjointement avec les notions plus ou moins obscurcies de la révélation primitive. «< Les Gentils,

(1) Eritis mihi in peculium de cunctis populis.... Et vos eritis mihi in regnum sacerdotale, et gens sancta. Hæc sunt verba quæ loqueris ad filios Israël. Exod. c. xix, v, 3, etc. (2) Deuteron., c. v, v. 1. — (3) Ibidem, v. 32 et 33.

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« qui n'ont pas la loi (écrite), dit l'Apôtre, font naturellement les choses que la loi commande; n'ayant pas la loi, ils se tiennent à eux-mêmes lieu de loi. Ils font voir que ce qui est écrit par la loi « est écrit dans leur cœur, leur conscience leur rendant témoignage « par la diversité des réflexions et des pensées, qui les accusent ou qui les défendent (1). » Aussi, avec le secours intérieur de la grâce qui n'a jamais manqué à personne, pouvaient-ils, quoique plus difficilement que les Juifs, connaître et adorer le vrai Dieu, éviter les désordres du paganisme, et faire leur salut (2). « Dieu, dit saint Paul, en laissant, dans les siècles passés, toutes les nations mar«cher dans leurs voies, n'a point cessé de rendre témoignage de ce

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qu'il est, en faisant du bien aux hommes, en dispensant les pluies

du ciel et les saisons favorables pour les biens de la terre, en nous donnant la nourriture avec abondance, et remplissant nos cœurs de joie (3). » La Providence s'étend à tous les hommes et à tous les peuples; elle pourvoit, quant au nécessaire, à nos besoins pour le spirituel comme pour le temporel; mais elle n'est point obligée d'accorder les mêmes secours, les mêmes faveurs à tous. Aussi, dans l'ordre naturel, nous voyons les bienfaits inégalement répartis entre les différents peuples, et entre les individus d'une même nation.

655. Nous avons dit que la loi de Moyse était principalement pour les Israelites; car elle n'a pas été inutile pour les autres peuples. La constitution mosaïque, en renouvelant la révélation primitive qui s'obscurcissait partout, était, suivant le langage des Pères, une vraie préparation évangélique, un nouveau développement de l'économie chrétienne, qui, ayant commencé dans le premier Adam, devait se compléter dans le second, c'est-à-dire, en Jésus-Christ, l'attente, le désiré des nations, dont la doctrine et les lois sont pour tous les peuples de la terre. Si Dieu n'eût pas arraché les Israélites à la séduction de l'idolâtrie, à laquelle ils n'étaient pas moins enclins que les autres peuples; s'il ne les eût pas attachés à son culte par des lois fixes, locales et particulières, la

(1) Cum enim gentes quæ legem non habent, naturaliter ea quæ legis sunt, faciunt, ejusmodi legem non habentes, ipsi sibi sunt lex. Qui ostendunt opus legis scriptum in cordibus suis, testimonium reddente illis conscientia ipsorum, et inter se invicem cogitationibus accusantibus, aut etiam defendentibus. Rom., c. u, v. 14, etc.—(2) Voyez, ci-dessus, le no 561, etc.—(3) Qui in præteritis generationibus dimisit omnes gentes ingredi vias suas. Et quidem non sine testimonio semetipsum reliquit, benefaciens de cœlo, dans pluvias et tempora fructi fera, implens cibo et lætitia corda nostra. Act., c. XIV, v. 15 et 16.

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