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Justin. Remarquez que l'usage de lire solennellement les livres des Apôtres dans les assemblées des fidèles, en 141, prouve, non seulement que ces livres existaient alors, mais encore qu'ils étaient reconnus pour authentiques avant le milieu du second siècle. Car s'ils n'eussent été composés que du temps de saint Justin ou peu de temps avant lui, ils n'auraient pas été aussi répandus dans l'Église; ils n'auraient pu, dans l'intervalle de quarante à soixante ans, s'accréditer au point que la lecture en devint comme une partie du culte divin. Saint Théophile, évêque d'Antioche en 168, nous parle aussi, dans ses livres à Autolyque, des Évangiles, dont les auteurs, dit-il, sont inspirés de Dieu (1). Et ces Évangiles, quels sont-ils ? ce sont ceux que nous reconnaissons nous-mêmes. Aussi le voyons-nous citer les Évangiles de saint Matthieu et de saint Luc, ainsi que plusieurs lettres de saint Paul.

101. Saint Papias, évêque d'Hiéraples, qui a vécu avec les disciples immédiats de Notre-Seigneur, nous dit avoir appris d'eux que saint Marc a écrit son Evangile avec le secours de saint Pierre dont il était l'interprète, et que saint Matthieu a composé le sien en hébreu (2). Enfin, saint Polycarpe, disciple de saint Jean (3), saint Ignace d'Antioche, martyr en 107 (4), le pape saint Clément, mort en 91 (5), Hermas, auteur du Pasteur, et contemporain de saint Clément (6), citent les différents Évangiles comme contenant les discours de Jésus-Christ. Il est donc prouvé, par le témoignage des auteurs des premiers siècles, que les Évangiles, et généralement les autres livres du Nouveau Testament, remontent au temps des apôtres dont ils portent et ont toujours porté les noms.

102. Si, malgré de si nombreux et de si graves témoignages, on prétend encore que les livres du Nouveau Testament ont été supposés, il faudra donc dire aussi que les écrits de saint Clément, de saint Ignace, de saint Polycarpe et de saint Papias, qui sont venus immédiatement après les apôtres et qui les citent, ont été fabriqués après coup. Les Pères qui ont remplacé les auteurs apostoliques, saint Justin, saint Théophile d'Antioche, saint Irénée, citent pareillement les Évangiles; il faudra donc dire encore que leurs ouvrages sont apocryphes. Descendons une génération. Tertullien, saint Hippolyte, Clément d'Alexandrie, Origène, se pré

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(1) Liv. m, à la suite des œuvres de S. Justin, édit. des Bénédictins.—(2) Voy. l'Histoire eccl. d'Eusèbe, liv. III, ch. xxxix. (3) Lettre aux Philippiens. (4) Lettres de S. Ignace, dans la collection des Pères apostoliques de Cotelier. (5) Lettres aux Corinthiens, ibidem. (6) Voyez le Pastor d'Hermas, ibidem.

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sentent; il faudra donc soutenir que les écrits qu'on leur attribue ne sont pas d'eux. Dans toute la suite des siècles chrétiens, les auteurs ecclésiastiques se tiennent les uns aux autres; ils rapportent des passages des livres saints et de Pères qui les ont précédés; ils sont donc par là même garants de l'authenticité et de l'Écriture sacrée et des écrits de leurs prédécesseurs. Ils forment une chaîne de témoignages qui remonte jusqu'aux apôtres, et qui descend jusqu'à nous. Si donc le Nouveau Testament est supposé, tout ce qui existe d'ouvrages ecclésiastiques depuis l'origine du christianisme doit être regardé comme apocryphe, ou essentiellement altéré; ce qui n'est pas moins absurde.

SIII. Preuve tirée de l'aveu des anciens hérétiques.

103. Les anciens hérétiques, ceux même qui ont paru dès les premiers siècles, les disciples de Cérinthe et de Carpocrate, de Valentin et de Marcion, les Ébionites, les Encratites, les Sévériens et autres sectaires, reconnaissaient l'authenticité de nos Évangiles. Quelque intéressés qu'ils fussent à la révoquer en doute, ils ne l'ont point contestée. Cérinthe et Carpocrate admettaient même l'Évangile de saint Matthieu tout entier, au rapport de saint Épiphane; et les Ébionites n'en retranchaient que les deux premiers chapitres. Les Sévériens recevaient la loi, les prophètes et les évangélistes; mais ils les entendaient à leur manière. Valentin croyait aux quatre Évangiles; dans la suite, ses disciples en composèrent un cinquième. Théodote et les Aloges ne rejetaient que l'Evangile de saint Jean. Marcion, qui n'adoptait que celui de saint Luc, ne niait point que les autres ne fussent véritablement des trois auteurs dont ils portent les noms; mais il leur refusait toute autorité, parce qu'il prétendait que les apôtres qui les avaient écrits avaient corrompu la doctrine de Jésus-Christ (1).

104. Tatien, chef de secte, avait réuni les quatre Évangiles, qu'il regardait comme étant l'œuvre des apôtres, et en avait formé une harmonie, connue sous le nom de Diatesseron, à l'usage des Encratites. Quelques-uns de ces hérésiarques, tels qu'Ebion ét Cérinthe, passent pour avoir vécu du temps même des apôtres, du moins avant la mort de saint Jean. L'authenticité des Évangiles

(1) Voyez les livres de S. Irénée contre les hérésies; ceux de Tertullien contre Marcion, et le livre des Prescriptions; l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe; les Hérésies, par S. Epiphane, etc.

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était donc bien affermie sur la fin du premier et au commencement du second siècle, puisqu'elle a été reconnue ou avouée même par les hérétiques de ce temps-là, qui trouvaient la condamnation de leurs erreurs dans les écrits des apôtres. « L'autorité de nos Évangiles est si bien établie, que les hérétiques eux-mêmes leur << rendent témoignage, et que chacun d'eux, en sortant de l'Église, «cherche dans l'un ou dans l'autre de quoi appuyer sa doctrine. Les Ébionites se servent de l'Évangile selon Matthieu, et cet Évangile suffit pour les réfuter. Marcion a corrompu l'Évangile de Luc, et ce qu'il y a laissé détruit ses blasphèmes contre le « Dieu unique et souverain. Ceux qui, séparant Jésus d'avec le « Christ, prétendent que le Christ est demeuré impassible pendant « que Jésus souffrait, s'en tiennent à l'Évangile de Marc; et s'ils le « lisaient avec un amour sincère de la vérité, ils y trouveraient la condamnation de leurs erreurs. Pour les Valentiniens, ils se fon« dent sur l'Évangile de Jean, qu'ils reçoivent tout entier; et c'est « aussi par l'autorité de cet Évangile que nous les avons combattus. « Notre doctrine est donc bien certaine, puisqu'elle est appuyée sur « les livres auxquels nos adversaires rendent témoignage (1). » Ainsi s'exprime saint Irénée, évêque de Lyon dès l'an 177.

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SIV. Preuve tirée de l'aveu des païens.

105. Celse, Porphyre et l'empereur Julien ont été les ennemis déclarés du christianisme, en même temps qu'ils se sont montrés défenseurs les plus zélés du paganisme. Cependant ils n'ont jamais élevé le moindre doute sur l'authenticité des livres du Nouveau Testament. D'abord, pour ce qui regarde Julien, toutes les fois qu'il

(1) Tanta est autem circa Evangelium firmitas, ut et ipsi hæretici testimonium reddant ei, et ex ipsis egrediens unusquisque eorum conetur suam confir mare doctrinam. Ebionæi etenim eo Evangelio quod est secundum Matthæum solo utentes, et illo ipso convincuntur, non recte præsumentes de Domino. Marcion autem id quod est secundum Lucam circumcidens, ex his quæ adhuc servantur penes eum blasphemus in solum existentem Deum ostenditur. Qui autem Jesum separant a Christo, et impassibilem perseverasse Christum, passum vero Jesum dicunt, id quod secundum Marcum est præferentes Evangelium, cum amore veritatis legentes illud corrigi possunt. Hi autem qui a Valentino sunt, eo quod est secundum Joannem plenissime utentes ad ostensionem conjugationum suarum, ex ipso deteguntur nihil recte dicentes, quemadmodum ostendimus in primo libro. Quando ergo hi qui contradicant nobis, testimonium perhibent et utuntur his, firma et vera est nostra de illis ostensio. Lib. I. contra hæreses. c. x.

parle des Évangiles et des autres livres qui nous viennent des apôtres, il les attribue à ceux dont ils portent les noms. Tantôt il cite des passages empruntés des Épitres de saint Paul, et il nous en avertit lui-même; tantôt il rapporte, d'après saint Matthieu et d'après saint Luc, des paroles de Jésus-Christ ou quelques traits de son histoire. Il dit que ni Paul, ni Matthieu, ni Luc, ni Marc, n'ont osé dire que Jésus-Christ fût Dieu, et que Jean est le premier qui l'ait enseigné. Ailleurs, il avoue que Jésus-Christ a guéri des boiteux, des sourds, des aveugles et des démoniaques dans quelques bourgades de la Judée. Enfin, lorsqu'il défendit aux chrétiens d'enseigner les belles-lettres et d'expliquer les poëtes, qu'ils aillent, disait-il, expliquer Luc et Matthieu dans les assemblées des Galiléens (1).

106. Porphyre, qui vivait un siècle avant l'empereur Julien, attaque la religion chrétienne dans un traité que les païens regardaient comme un livre divin. Or, la plupart des objections de ce philosophe étaient tirées des livres du Nouveau Testament (2). II prétendait que les textes des prophètes ne sont pas fidèlement cités dans les Évangiles, et reprochait à saint Pierre d'avoir fait mourir injustement Ananie et Saphire; par où l'on voit que les Évangiles et les Actes des Apôtres étaient connus de son temps, c'est-à-dire, vers le milieu du troisième siècle, et que leur authenticité n'éprouvait alors aucune contradiction. Celse, plus ancien que Porphyre, vivait sous l'empire d'Adrien. Or on voit, par l'ouvrage d'Origène contre Celse, que cet impie avait une parfaite connaissance de nos Évangiles, et que jamais il n'a soupçonné les chrétiens de les avoir supposés sous le nom des apôtres. Après avoir rapporté dans son livre contre le christianisme plusieurs traits de la vie de Notre-Seigneur, il déclare lui-même les avoir pris dans les livres des chrétiens. Il est donc vrai de dire que le témoignage, l'aveu des païens qui ont attaqué dans leurs écrits la divinité de la religion chré-tienne, confirmerait au besoin le témoignage des docteurs de l'Eglise et la croyance des premiers chrétiens touchant l'authenticité des livres du Nouveau Testament.

(1) Voyez les livres de S. Cyrille d'Alexandrie contre l'empereur Julien. (2) Voyez les discours de S. Grégoire de Nazianze contre Julien ; les lettres de S. Jérôme à Ctésiphon et à Pammachius, et la LXXIVa à S. Augustin.

§ V. Preuve tirée de l'inspection méme des livres attribués aux apótres.

107. " Lorsqu'à la fin du seizième siècle l'on découvrit dans une « bibliothèque monastique le manuscrit de Phèdre, les savants ne « doutaient pas que ce ne fût une production du siècle d'Au« guste; et cependant les anciens n'ayant point cité cet ouvrage, « on ne pouvait en avoir d'autres preuves que le témoignage même « de l'auteur, et la pureté de son style. Mais le style du siècle apostolique n'est pas moins caractérisé que celui du siècle d'Auguste; « et l'on ne trouve pas dans les fables de Phèdre un aussi grand << nombre de vestiges du règne de Tibère, qu'il en reste du temps « où Jésus-Christ a vécu, dans les Évangiles, dans l'histoire des • Actes, et dans les Lettres des apôtres. Quand on mettrait de côté « l'autorité de la tradition, pour ne voir dans le Nouveau Testa.ment qu'un livre jusqu'alors inconnu, dont aucun écrivain n'au<< rait fait mention, et que le hasard nous ferait rencontrer pour la << première fois dans quelque coin d'une bibliothèque, un critique « judicieux ne pourrait s'empêcher de le regarder comme un monu<«<ment aussi ancien que le christianisme. Semblable à ces statues « antiques où l'on reconnaît le ciseau des Grecs, le Nouveau Tes<< tament nous offre une multitude de traits où l'on aperçoit distinc<< tement la plume et la main des apôtres (1). »

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108. En effet, personne jusqu'ici n'a rien découvert, ni dans les Évangiles ni dans les autres livres du Nouveau Testament, qui ne convienne parfaitement à l'histoire, aux mœurs, aux usages des temps apostoliques, rien qui ne retrace les sentiments et le caractère des premiers disciples de Jésus-Christ. On y voit la religion et le gouvernement des Juifs, tels qu'ils étaient alors sous la domination des Romains: tout s'y trouve d'accord avec les écrits de Josèphe, auteur juif et contemporain. La simplicité des récits, l'indication des lieux et des personnes, le peu d'art, le défaut d'ordre dans la narration, la manière de rapporter les mêmes faits, qui souvent varient dans les quatre évangélistes, les difficultés qui se rencontrent presque à chaque page de leurs écrits, annoncent évidemment des mémoires contemporains, rédigés sans précaution comme sans défiance, des ouvrages qui ne sauraient convenir à des imposteurs ni à des visionnaires.

(1) Duvoisin, l'Autorité des livres du Nouveau Testament. c. m.

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