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ARTICLE Ier.

De l'unité de doctrine dans l'Eglise.

872. La doctrine de l'Église est une; et parce qu'elle est une, elle exclut toutes les erreurs contraires à quelque vérité évangélique. Il n'y a pas d'alliance possible entre la lumière et les ténèbres, entre Jésus-Christ et Bélial, entre l'erreur et la vérité. L'Écriture et la tradition démontrent jusqu'à l'évidence la nécessité de l'unité parfaite dans la doctrine de l'Église.

§ I. Preuve de l'unité de doctrine, tirée de l'Ecriture.

873. Quand Jésus-Christ donne la mission à ses apôtres, il leur dit: « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du "Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à obser«ver toutes les choses que je vous ai commandées, docentes ser« vare omnia quæcumque mandavi vobis (1). » Il ne leur dit pas : Enseignez aux hommes tels ou tels dogmes qui sont nécessaires au salut; faites-leur discerner les articles fondamentaux de ceux qui ne le sont pas; les vérités qu'ils sont obligés de croire, de celles qu'ils peuvent rejeter sans danger. Il veut que les apôtres annoncent et fassent observer tout ce qu'il leur a commandé, tout sans exception, omnia quæcumque mandavi vobis. « Prêchez, leur ditil, l'Évangile à toute créature; celui qui croira et sera baptisé, « sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné (2). » Il est donc nécessaire au salut de croire, non à une partie de l'Évangile, mais à l'Évangile tout entier; à la doctrine de Jésus-Christ telle qu'elle a été transmise par les apôtres, telle qu'elle nous est enseignée par les évêques leurs successeurs. Le Seigneur ne parle pas seulement aux apôtres, mais à tous ceux qui devaient continuer leur ministère jusqu'à la fin des temps. « Voilà, a-t-il ajouté, que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles (3). » Il ne fait pas de distinction non plus, lorsqu'il dit aux soixante et douze disciples qu'il avait associés aux apôtres : « Celui qui vous écoute, m'écoute; celui qui vous méprise,

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(1) Saint Matthieu, c. xxvm, v. 19 et 20. — (2) Prædicate Evangelium omni creaturæ. Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit; qui vero non crediderit, condemnabitur. Saint Marc, c. xvi, v. 15 et 16. (3) Saint Matthien, C. XXVIII, v. 20.

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me méprise; celui qui me méprise, méprise celui qui m'a envoyé (1). » Pas plus que lorsqu'il dit : « Si quelqu'un n'écoute « pas l'Église, tenez-le pour un païen et un publicain (2). »

874. Les apôtres, fidèles aux instructions de leur maître, ne souffrirent jamais qu'on portât la plus légère atteinte à la doctrine de l'Évangile. Saint Paul ordonne d'éviter celui qui est hérétique, après un premier et un second avertissement (3), et anathématise quiconque osera prêcher un autre Évangile que celui qui a été prêché par les apôtres : « Je m'étonne, disait-il aux Galates, que • vous abandonniez sitôt celui qui vous a appelés à la grâce de Jésus-Christ, pour passer à un autre Évangile. Ce n'est pas qu'il y en ait d'autre, mais c'est qu'il y a des gens qui vous troublent, « et qui veulent renverser l'Évangile de Jésus-Christ. Mais quand nous vous annoncerions nous-mêmes, ou qu'un ange descendu du ciel vous annoncerait un Évangile différent de celui que vous « avez reçu, qu'il soit anathème (4)! » Or, est-il bien vrai que les cérinthiens, les valentiniens, les marcionites, les montanistes, les novatiens, les sabelliens, les ariens, les pélagiens, les prédestinatiens, les nestoriens, les eutychiens, aient tous admis le même Évangile qu'ont prêché les apôtres ? Est-il bien vrai que les manichéens, les albigeois, les vaudois, les wicléfites, les hussites, aient professé la doctrine de l'Évangile telle qu'elle nous a été transmise par les disciples de Jésus-Christ? Est-il bien vrai que les luthériens, les zuingliens, les anabaptistes, les anglicans, les quakers, les calvinistes, les gomoristes, les arminiens, les sociniens, et autres sectes sans nombre de la réforme, toutes opposées les unes aux autres, aient la même foi, les mêmes dogmes enseignés par saint Paul? Est-il bien vrai que les protestants aient la même croyance que les catholiques? Non évidemment : il faut donc que les uns ou les autres encourent l'anathème prononcé par l'Apôtre. Saint Paul ne distingue point ce qui est fondamental de ce qui ne l'est pas; ses paroles sont générales, absolues: Si quis vobis evangelizaverit præter id quod accepistis, anathema sit (5)!

(1) Qui vos audit, me audit; et qui vos spernit, me spernit. Qui autem me spernit, spernit eum qui misit me. Saint Luc, c. x, v. 16. - (2) Saint Matthieu, c. xv, v. 17. — (3) Voyez le texte de saint Paul, au no 865, note 7.(4) Miror quod sic tam cito transferimini, ab eo qui vos vocavit in gratiam Christi, in aliud Evangelium : quod non est aliud, nisi sunt aliqui qui vos conturbant, et volunt convertere Evangelium Christi. Sed licet nos, aut angelus de cœlo evangelizet vobis præterquam quod evangelizavimus vobis, anathema sit! Eptt. aux Galates, c. 1, v. 6, 7 et 8. — (5) Ibidem, v. 9.

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875. Le même apôtre, écrivant aux Romains : « Je vous prie, « leur dit-il, d'observer ceux qui font des dissensions et des scan« dales contre la doctrine que vous avez apprise, et de vous éloi« gner d'eux (1). » Il écrivait la même chose à l'Église de Corinthe: « Je vous conjure, mes frères, au nom de Notre-Seigneur JésusChrist, d'avoir tous un même langage, d'éviter les schismes parmi vous, et d'être tous parfaits dans une même pensée et dans un « même sentiment (2). » Ailleurs il défend les schismes et les hérésies, sous peine de damnation; il les range parmi les crimes qui excluent du royaume des cieux (3). Et il ne parle pas seulement des hérésies qui sont contre tel ou tel dogme révélé; sa défense est sans restriction; il condamne toute dissension contre la doctrine qui vient des apôtres : præter doctrinam quam vos didicistis (4), Il regardait même comme contraire au salut le mélange des observances judaïques avec les cérémonies du culte chrétien: « Je vous dis, moi Paul, que si vous vous faites circoncire, Jésus-Christ ◄ ne vous servira de rien (5). J'espère du Seigneur que vous n'au« rez plus d'autres sentiments que les miens; pour celui qui vous trouble, quel qu'il soit, il en portera la peine (6). » Il ne s'agit pas ici d'un article fondamental; puisqu'avant la décision du concile de Jérusalem, saint Paul avait fait circoncire Timothée par égard pour les Juifs, qui savaient que ce disciple était né d'un père païen.

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876. L'apôtre saint Jean n'est pas moins exprès : « Quiconque, « dit-il, ne demeure point dans la doctrine de Jésus-Christ, mais s'en éloigne, ne possède point Dieu; et quiconque demeure dans « la doctrine de Jésus-Christ, possède le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et n'a pas cette doctrine, ne le recevez pas « dans votre maison et ne le saluez point; car celui qui le salue participe à ses œuvres perverses, operibus ejus malignis (7). ·

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(1) Rogo autem vos, fratres, ut observetis eos, qui dissensiones et offendicula, præter doctrinam quam vos didicistis, faciunt et declinate ab illis. Epit. aux Romains, c. xvi, v. 17. (2) Obsecro autem vos, fratres, per nomen Domini nostri Jesu Christi : ut idipsum dicatis omnes, et non sint in vobis schismata : sitis autem perfecti in eodem sensu, et in eadem sententia. Ire épít. aux Corin- (4) Épît. thiens, c. 1, v. 10. — (3) I1o épît. aux Corinthiens, c. v, v. 19, etc. aux Romains, c. xvi, v. 17. — (5) Ecce ego Paulus dico vobis: quoniam si circumcidamini, Christus vobis nihil proderit. Epit. aux Galates, c. v, v. 2. (6) Ego confido in vobis in Domino quod nihil aliud sapietis: qui autem contur(7) Omnis qui bat vos, portabit judicium, quicumque est ille. Ibidem, v. 10. recedit, et non permanet in doctrina Christi, Deum non habet; qui permanet in doctrina, bic et Patrem et Filium habet Si quis venit ad vos, et hanc doctrinam

On voit, par ce passage, que celui qui ne persévère pas dans la doctrine de Jésus-Christ doit être regardé comme hérétique, ét comme étant dans la voie de damnation ; saint Jean défend expréssément de le recevoir et de le saluer, c'est-à-dire, d'être en communion avec Ini, sous peine d'encourir le même châtiment. Remarquez d'ailleurs que cet apôtre ne parle pas de tel ou tel article de la doctrine de Jésus-Christ, mais bien de la doctrine et de toute la doctrine de Jésus-Christ, de toutes les vérités enseignées par Jésus-Christ. Vouloir que saint Jean n'ait parlé que d'une partie de la doctrine chrétienne, n'est-ce pas violer toutes les règles du discours? Dira-t-on qu'un citoyen est fidèle aux lois du pays, parce qu'il ne les transgresse pas toutes; qu'un homme est fidèle aux lois de la morale, parce qu'il observe une partie de ces lois ; qu'un chrétien est fidèle à l'Evangile, parce qu'il en suit les principaux préceptes? Non, ce n'est point là le langage des hommes, le langage des auteurs sacrés. Nous disons donc de la doctrine de Jésus-Christ ce que l'apôtre saint Jacques dit de la loi divine en général : qu'eûton gardé toute la loi, si on vient à la violer en un seul point, on est coupable comme si on l'avait violée tout entière; c'est-à-dire que la violation d'un seul précepte, en matière grave, suffit pour la damnation éternelle : quicumque totam legem servaverit, offendat autem in uno, factus est omnium reus (1).

Aussi, les Pères et les conciles de tous les temps, même des premiers siècles, nous représentent l'Église de Jésus-Christ comme professant invariablement une seule et même foi ; ils excluent du salut toutes les sectes séparées de sa communion, sans distinction de celles qui errent ou qui n'errent pas sur les articles fondamentaux.

§ II. Preuve de l'unité de doctrine, tirée de l'enseignement des

saints Pères.

877. Les protestants conviennent qu'à dater du cinquième siècle, tous les Pères de l'Église sont contraires à leur système ; qu'ils entendent l'unité de croyance comme nous l'entendons nousmêmes. Or ce que l'on croyait dans l'Église au cinquième siècle, on le croyait au quatrième; ce que l'on croyait au quatrième,

on

non affert, nolite recipere eum in domum, nec ave ei dixeritis. Qui enim dicit illi ave, communicat operibus ejus malignis. 11 épître de saint Jean, v. 9, 10 et 11. —(1) Épît. de saint Jacques, c. u, v. 10.

le croyait au troisième, au deuxième, au premier siècle. S'il s'était introduit dans les premiers temps quelque variation touchant la notion de l'Église quant à l'unité de doctrine, les anciens hérétiques n'auraient pas manqué de s'en prévaloir, et de confondre les évêques qui auraient eu la témérité de les condamner, sans distinguer les erreurs fondamentales de celles qui ne le sont pas. Cependant, de tous les monuments de l'antiquité ecclésiastique, il n'en est aucun qui ait trait aux difficultés de ce genre. Il est donc vrai de dire que, dans les quatre premiers siècles, on n'avait pas une autre idée de l'unité de l'Église que dans les siècles suivants, et que l'on doit, pour cela même, rejeter le système des protestants, comme contraire à la croyance de l'Église primitive.

878. Mais voyons plus particulièrement ce qu'enseignaient les Pères et les conciles des premiers siècles. Sans parler de saint Augustin, de saint Jérôme, de saint Jean Chrysostome, de saint Philastre, de saint Épiphane, de saint Éphrem, de Prudence et de Ruffin, qui appartiennent tous plus ou moins au quatrième et au cinquième siècle, et que nous pourrions citer en faveur du dogme catholique, nous avons le concile œcuménique de Constantinople, de l'an 381, dont les actes sont la condamnation du système des articles fondamentaux et non fondamentaux. En effet, les Pères de ce concile déclarent qu'ils reçoivent dans leur communion les hérétiques, savoir les ariens, les macédoniens, les novatiens, les sabbatiens, les quartodécimants et les apollinaristes, s'ils donnent un acte d'abjuration, anathématisant toute hérésie qui ne s'accorde pas avec la doctrine de l'Église de Dieu : Omnem hæresim anathematizantes quæ non sentit ut sancta Dei catholica et apostolica Ecclesia (1). On voit que ce concile, dont les décrets ont été reçus sans réclamation de la part des catholiques, tant en Occident qu'en Orient, ne regardait point comme faisant partie de l'Église de Dieu les hérétiques que nous venons de nommer, puisqu'il ne les admet à la réconciliation qu'autant qu'ils abjurent toute hérésie contraire à l'enseignement de l'Église. Or, cependant, ni les novatiens, ni les sabbatiens, ni les quartodécimants, ne s'écartaient en rien des vérités que les protestants nous donnent pour fondamentales. Il était done reçu dès le quatrième siècle, dans l'Église universelle, qu'il n'est pas nécessaire de nier les articles fondamentaux pour être hérétique, et, comme tel, exclu du salut éternel. Certainement, le second concile œcuménique n'eût point

(1) Labbe, Concil., tom. 1, col. 952.

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