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d'une ignorance involontaire, elle ne saurait être criminelle. « Si je n'étais point venu, dit Notre-Seigneur, et que je ne leur eusse point parlé, ils ne seraient point coupables, peccatum non habe« rent (1). » On n'est point obligé de croire ce qu'on ne connaît pas; comment croiront-ils à Jésus-Christ, s'ils n'ont point entendu sa parole? Et comment l'entendront-ils, si personne ne la leur annonce (2)? Aussi, loin d'imputer l'infidélité à ceux qui ne croient pas à l'Évangile faute d'en être instruits, l'Église a condamné solennellement cette proposition: L'infidélité purement négative en ceux à qui Jésus-Christ n'a pas été préché, est un péché (3). Il est donc vrai, en ce qui regarde les infidèles, que l'Église ne damne, pour cause d'infidélité, que ceux qui, en méprisant les hommes apostoliques, méprisent Jésus-Christ: qui vos spernit, me spernit.

915. Nous pouvons ajouter, sans craindre de nous écarter des décisions de l'Eglise, que les infidèles qui n'ont point connaissance de l'Évangile sont dans l'état où se trouvaient les gentils avant la venue du Messie; ils n'ont pas d'autres devoirs à remplir, tant en matière de religion qu'en morale, que ceux qu'ils connaissent par la loi naturelle et par l'éducation qui leur a transmis, quoique altérées, les traditions primitives sur Dieu, la divine Providence, la promesse plus ou moins confuse d'un Rédempteur, et l'existence d'une autre vie. Le Sauveur n'est point venu pour la perte, mais pour le salut du monde. On ne peut supposer que le salut soit devenu impossible pour des nations entières, à partir du moment où Jésus-Christ a consommé, sur la croix, l'œuvre de la rédemption du genre humain. L'infidèle qui croit comme venant de Dieu tout ce qu'il sait de la vraie religion, désirant sincèrement connaître en tout la volonté divine, croit par là même implicitement ce que nous croyons; et sa foi étant l'effet de la grâce, qui ne manque à personne, quelque imparfaite qu'elle soit, peut absolument suffire au salut. Si donc il observe la loi de Dieu telle qu'il la connaît, il se sauvera; mais il se sauvera dans l'Église à laquelle il appartient, quant à l'âme, par les dons intérieurs de la grâce.

916. Il est vrai qu'on ne peut entrer dans le royaume de Dieu que par le baptême. Mais les théologiens distinguent, d'après l'esprit de l'Evangile et l'enseignement des saints Pères, trois sortes

(1) Saint Jean, c. xv, v. 22. — (2) Quomodo credent ei quem non audierunt? Quomodo autem audient sine prædicante? Épit. aux Romains, c. x, v. 14. — (3) Voyez les bulles de saint Pie V, de Grégoire XIII et d'Urbain VIII, contre les erreurs de Baïus,

de baptême le baptême d'eau, le baptême de désir, et le baptême de sang, ou le martyre. Or le baptême de désir, ou le désir du baptême, dans celui qui aime Dieu pour lui-même par-dessus toutes choses, supplée le sacrement. Le concile de Trente ne regarde le baptême comme nécessaire que quant à la chose ou au désir de la chose, in re vel in voto (1). Ce qui peut très-bien s'entendre du désir implicite, tel qu'il se trouve dans celui qui, sans avoir connaissance du baptême, est dans la disposition de faire tout ce que Dieu prescrit comme moyen de salut. Nous pourrions citer à l'appui plusieurs docteurs, entre autres saint Thomas (2), saint Alphonse de Liguori (3), qui, à défaut du baptême d'eau, n'exigent, avec l'amour parfait, que le désir implicite de ce sa

crement.

917. De plus, en proclamant la nécessité du baptême pour la régénération spirituelle de l'homme, l'Église ne le regarde comme nécessaire qu'à partir de la promulgation de l'Évangile, post promulgatum Evangelium, comme s'exprime le concile de Trente (4). Or cette promulgation n'a pas été simultanée, mais successive; la loi du baptême n'a donc pu être obligatoire en même temps pour tous les hommes. Ces peuples, en grand nombre, qui n'ont pu connaître l'Évangile ni le baptême que plusieurs siècles après la mort des apôtres, se seraient-ils trouvés sans secours, sans moyens de salut? Les remèdes primitifs qu'avaient les patriarches contre le péché originel, tant pour les enfants que pour les adultes, seraient-ils tombés partout au moment de l'institution du baptême, ou de la promulgation qu'en ont faite les apótres? On ne peut l'assurer; il est permis de croire que ces remèdes ont conservé leur valeur chez les gentils, tant que la loi évangélique n'a pas été suffisamment promulguée parmi eux. Les bienfaits de l'Evangile, dont nous jouissons, n'ont point rendu la condition de ceux qui en sont privés pire qu'elle n'était avant Jésus-Christ (5).

918. Nous le répétons : les catholiques n'excluent du salut, pour défaut d'unité en matière de religion, que ceux qui sont formellement, c'est-à-dire volontairement infidèles, ou formellement hérétiques, ou formellement schismatiques; en un mot, que ceux qui, par orgueil, s'élèvent contre la science de Dieu, en repoussant l'Évangile ou en méprisant l'enseignement de l'Église de Jésus-Christ: Qui vos spernit, me spernit; qui me spernit, spernit eum qui mi(1) Session vi, ch. IV. (2) Part. u, quæst. 69, art. 4. (3) Traité du Baptême, c. 1. (4) Session vi, ch. iv. -(5) Voyez le Traité du Baptême, par saint Bernard, ch. I, etc.

sit me. Tel est le sens de la maxime Hors de l'Église, point de

salut (1).

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CHAPITRE VI.

De la sainteté de l'Eglise.

919. Tous les chrétiens professent que l'Eglise est sainte, Credo in unam, sanctam Ecclesiam. Jésus-Christ a voulu que son Église füt sainte, et qu'elle le fût toujours; il a promis d'être avec elle jusqu'à la consommation des siècles. « Il a aimé son Église, dit saint Paul, et il s'est livré à la mort pour elle, afin de la sanctifier << en la purifiant par l'eau où elle est lavée, et par la parole de vie, « pour la faire paraître devant lui pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans aucun défaut, et la rendre sainte et irrépréhensible (2). » D'ailleurs, en instituant l'Église, le Sauveur du monde n'a pas eu d'autre fin que la sanctification des hommes; le ministère de la prédication et des sacrements, la hiérarchie sacerdotale, le sacrifice eucharistique, tout, dans la constitution de l'Église, est saint et tend à faire des saints. « Le Seigneur a établi les uns pour être apôtres, d'autres pour être prophètes, d'autres pour être évangé« listes, d'autres pour être pasteurs et docteurs, afin qu'ils travail"lent à la sanctification des saints, qu'ils remplissent les fonctions « de leur ministère pour l'édification du corps de Jésus-Christ (3), qui est l'Église. »

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920. Mais en quoi consiste la sainteté de l'Église? Elle consiste 1o en ce que son fondateur, Jésus-Christ, est le saint des saints, la source de toute sainteté ; 2o en ce qu'elle a été instituée pour la sanctification des hommes; 3° en ce que ses dogmes, ses sacrements et sa morale sont saints, et sont autant de moyens de sanctification; 4° en ce qu'un certain nombre de ses membres sont réellement saints, plusieurs même éminemment saints. Mais ce

(1) Pour ce qui regarde les enfants morts sans baptême, voyez, dans le tom. no de cet ouvrage, le Traité de Dieu, part. 1o. (2) Christus dilexit Ecclesiam, et seipsum tradidit pro ea, ut illam sanctificaret, mundans lavacro aquæ in verbo vitæ, ut exhiberet ipse sibi gloriosam Ecclesiam, non habentem maculam, ant rugam, aut aliquid hujusmodi, sed ut sit sancta et immaculata. Épît. aux Éphésiens, c. v, v. 27. — (3) Épit. aux Ephésiens, c. IV, v. 11 et 12.

serait une erreur de croire que l'Église est sainte dans l'universalité de ses membres, ou qu'elle ne comprend parmi ses membres que ceux qui sont actuellement saints.

921. Il est de foi que l'Église est une société visible, où les élus et les réprouvés, les justes et les pécheurs, les bons et les méchants, les parfaits et les imparfaits, sont mêlés ensemble et unis par la profession publique de la même foi, par la participation extérieure des mêmes sacrements, et par la dépendance des pasteurs légitimes dont le pape est le chef visible; que le péché mortel ne sépare point les méchants de l'Église; que tant qu'ils conservent l'habitude de la foi, ils sont unis intérieurement à l'Église par cette même foi; qu'en qualité de fidèles ils ont Jésus-Christ pour chef, quoique d'une manière imparfaite; et qu'ils peuvent, à l'exemple de l'enfant prodigue, appeler Dieu leur père. Pourvu qu'on reconnaisse ces dogmes constants, on peut s'exprimer comme saint Augustin, quelques autres Pères et certains théologiens, qui, en enseignant que les méchants sont véritablement de l'Église et en font partie, ne donnent cependant quelquefois la qualité de vrais membres de l'Église qu'à ses membres vivants, et animés par la charité. L'Évangile nous représente l'Église comme le champ où l'ivraie croît avec le bon grain; comme l'aire qui contient à la fois la paille et le froment; comme le filet qu'on jette à la mer, et qu'on en retire plein de poissons de toute espèce; il nous montre dans l'Église les boucs mêlés avec les brebis, le méchant serviteur avec le serviteur fidèle, les vierges prudentes avec les vierges folles. Aussi, quoique les apôtres n'aient rien négligé de ce qui pouvait contribuer à la sanctification de tous les fidèles, ils n'ont jamais cessé de regarder comme membres de l'Église ceux qui déshonoraient le monde chrétien par leurs désordres. Ils employaient tour à tour le blame, les exhortations, les prières, les menaces, s'efforçant par tous les moyens possibles de les ramener à la pratique des vertus chrétiennes ; mais ils ne les traitaient point comme s'ils avaient été étrangers à l'Église. Certes, saint Jean n'excluait pas les pécheurs de l'Église, lorsqu'il écrivait : « Si nous disons que nous sommes « sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est << point en nous: Si dixerimus quoniam peccatum non habemus, ipsi nos seducimus, et veritas in nobis non est (1). 922. Tel a toujours été l'esprit de l'Église catholique. Clément

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(1) l'e épître de saint Jean, c. 1, v. 8.

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d'Alexandrie, parlant des chrétiens qui ne le sont que de nom, di qu'ils font partie du corps de l'Église, sans en avoir la sainteté. C'est aussi la doctrine d'Origène, d'Eusèbe de Césarée, de saint Optat de Milève, de saint Ambroise, de saint Jérôme, de saint Jean Chrysostome, et généralement de tous les docteurs qui ont traité cette question. « Je suis de l'Église de Jésus-Christ, disait « saint Augustin, faisant partie de la paille, si je suis méchant; du « froment, si je suis bon: Homo sum de Ecclesia Christi, palea, « si malus; granum, si bonus (1). » Aussi l'Église a-t-elle condamné solennellement ces deux propositions de Quesnel, chef de parti parmi les jansénistes: Qu'est-ce que l'Église, sinon l'assemblée des enfants de Dieu adoptés en Jésus-Christ, vivants de son esprit, agissants par sa gráce? Rien de si spacieux que l'Église, puisque tous les élus et les justes de tous les siècles la composent (2). On voit que l'auteur de ces propositions ne faisait entrer que les élus et les justes dans la composition de l'Église.

CHAPITRE VII.

De la catholicité de l'Église.

923. L'Église est catholique, c'est-à-dire, universelle: Credo in unam, sanctam et catholicam Ecclesiam. La catholicité de l'Église, en général, est son universalité; universalité de temps, en ce que l'Eglise a toujours subsisté, et qu'elle subsistera jusqu'à la fin des temps; universalité de doctrine, en ce que l'Église enseigne toutes les vérités que Jésus-Christ lui-même a enseignées par ses apôtres; universalité de lieux, en ce que l'Église est répandue dans toute la terre. Mais il ne s'agit ici que de la troisième universalité, c'est-à-dire, de la diffusion de l'Église dans le monde. Or on distingue l'universalité absolue et l'universalité morale. La première comprend tous les pays de la terre sans exception; la seconde est celle qui s'étend à la plus grande partie du monde connu. Une autre distinction essentielle à faire est celle de l'universalité successive et de l'universalité actuelle ou simultanée.

(1) Liv. m, contre la lettre de Pétilien, c. vn. nitus de Clément XI.

· (2) Constitution Uniqe

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