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S VI. Preuve tirée de l'impossibilité que les livres du Nouveau Testament aient été supposés.

109. Il n'y a pas de milieu: ou les livres du Nouveau Testament sont authentiques, ou ils sont supposés; en d'autres termes, ou ces livres sont sortis de la main de ceux dont ils portent les noms, ou ils ont été rédigés par d'autres sous ces mêmes noms. Or cette dernière hypothèse est inadmissible; elle est aussi absurde que l'hypothèse de ceux qui prétendraient que les livres les plus authentiques parmi les Grecs et les Romains, que les écrits de Démosthène, de Thucydide, de Xénophon, d'Aristote et de Platon, de Cicéron, de Tite-Live, de Tacite et de Sénèque, sont les ouvrages d'un ou de plusieurs imposteurs qui les auraient publiés sous de faux noms, pour en doter la république des lettres. En effet, à quelle époque ferait-on remonter la supposition de nos livres sacrés: Ce ne serait pas au quatrième siècle : on convient qu'alors ces livres étaient révérés comme authentiques dans toute la chrétienté, dans toutes les parties du monde où avait pénétré le christianisme. Ce serait donc au troisième, ou au deuxième, ou au premier siècle: mais comment expliquer la croyance générale des chrétiens de l'Orient et de l'Occident, au quatrième siècle, sur l'authenticité des livres évangéliques, à moins qu'ils n'aient été reçus partout comme authentiques au troisième siècle? En effet, le docteur Strauss reconnaît que nos quatre Évangiles existaient déjà sous les mêmes noms qu'ils ont aujourd'hui, non-seulement au troisième, mais même sur la fin du second siècle. Or d'où sera venue cette croyance répandue dans l'Orient et dans l'Occident, si on ne la fait remonter d'abord au milieu, puis au commencement du deuxième siècle, puis à la fin du premier, à l'origine des Églises fondées par les apôtres ? Plus on approche des temps apostoliques, plus il eût été facile de découvrir la fraude et de confondre l'imposture; comme aussi plus on s'en éloigne, plus la croyance de toutes les Eglises sur un point d'où dépend la foi, la morale et le culte des chrétiens, devient forte et puissante, plus elle rend impossible la supposition d'un livre sacré.

110. Direz-vous que ces livres ont été fabriqués du temps des apôtres ? Non; personne n'eût osé l'entreprendre, et, l'eût-on entrepris, c'eût été sans succès. On ne se persuadera point que les apôtres et leurs disciples aient toléré l'imposture; elle ne pouvait ni tromper leur vigilance, ni se dérober à leur zèle; un seul mot

de leur part eût suffi pour la démasquer, un simple désaveu l'eût fait rentrer dans les ténèbres. Ce sera donc après la mort des apótres, au commencement ou vers le milieu du second siècle ? Mais les disciples de l'apôtre saint Jean, mais les disciples des autres apôtres, vivaient encore à cette époque; mais les évêques qu'ils avaient laissés après eux, les chrétiens qui étaient déjà répandus partout, auraient-ils permis à un imposteur, à un homme quelconque, de publier, sous le nom des apôtres, des livres inconnus jusqu'alors dans l'Église? Ne lui aurait-on pas dit : Nous avons vu les apôtres ou leurs successeurs immédiats; nos Églises ont été fondées par eux, et jamais nous n'avons entendu parler des écrits que vous leur attribuez? Comment se fait-il que vous en soyez seul dépositaire? Qui êtes-vous ? d'où venez-vous? quels sont vos titres? Ou prouvez que ces livres viennent des apôtres, ou souffrez que nous vous regardions comme un faussaire ou comme un fou. Et quel eût été alors le résultat de la fraude, sinon la honte et la confusion pour celui qui en aurait été l'auteur? Voulez-vous descendre au troisième siècle? vous rencontrerez les mêmes difficultés.

111. D'ailleurs, si on persiste à soutenir que nos livres saints ont été supposés, qu'on nous dise donc comment se nomme celui qui les a fabriqués, en quelle année et dans quel pays l'imposture a pris naissance; quelle a été sa marche, et par quels moyens elle a gagné tous les esprits: un imposteur ne veut pas être éternellement ignoré. Est-ce un Juif ou un païen qui serait l'auteur de l'entreprise? Cela est absurde. Serait-ce un de ces anciens hérétiques qui trouvent leur condamnation dans les écrits dont il s'agit? Cela est encore absurde. Et puis ces livres n'eussent-ils pas été rejetés par les catholiques? n'eussent-ils pas éprouvé le même sort que le prétendu Evangile de vérité qu'avaient composé les Valentinieus? Sera-ce enfin un catholique? Mais n'eût-il pas été aussitôt traité de fourbe ou de fanatique dans toute l'Église ? Et, dans le cas où il eut trouvé des partisans parmi les siens, cette fraude n'eût-elle pas été un sujet de triomphe pour les hérétiques et les ennemis du christianisme? Ils n'eussent pas manqué de s'en prévaloir contre les catholiques, qui leur reprochaient à eux-mêmes d'avoir innové en matière de religion. Donc les livres du Nouveau Testament ne sont pas l'ouvrage d'un faussaire; donc ils appartiennent aux apôtres et aux disciples de Jésus-Christ, dont ils portent les noms; donc ils sont authentiques.

S VII. Des difficultés contre l'authenticité des livres du Nouveau Testament.

112. La principale objection que l'on fait contre l'authenticité des livres apostoliques, se tire du grand nombre de livres apocryphes qui ont paru dès les premiers temps du christianisme. Il est constant, dit-on, qu'il y a eu au moins cinquante Évangiles apocryphes, sans compter les faux Actes des apôtres, ni les lettres qu'on leur a faussement attribuées. Ces livres ont été reçus avec le même respect et cités avec la même confiance que les livres qu'on appelle canoniques. Cependant, de l'aveu de tous, ces livres sont supposés : donc il est permis de croire que ceux qui portent les noms des apòtres, ou des disciples immédiats de Jésus-Christ, le sont également. Si les premiers chrétiens ont pu être trompés sur l'authenticité des uns, pourquoi n'auraient-ils pu l'être sur l'authenticité des autres ?

113. Cette objection renferme plusieurs assertions mille fois répétées, et réfutées victorieusement par les apologistes de la religion. Nous nous contenterons donc de faire quelques observations. D'abord, est-il bien vrai qu'il soit permis de révoquer en doute l'authenticité de nos Évangiles, parce qu'il y a eu des Évangiles apocry phes, des livres supposés? Qu'on y fasse attention: ce serait vouloir révoquer en doute l'authenticité de tous les ouvrages de l'antiquité, de ceux même qui sont reçus partout comme incontestablement authentiques. L'histoire et la critique ne nous offriront-elles donc rien de certain, parce qu'il y a toujours eu des imposteurs, des faussaires? Les hommes ne pourront-ils donc s'assurer d'aucun fait, parce qu'il en est qui se sont laissé induire en erreur ? Nous l'avons vu, il n'est pas de livres profanes dont l'authenticité soit mieux établie que celle des livres évangéliques; il faut donc les reconnaître pour authentiques, ou se condamner au scepticisme le plus absolu en matière d'histoire.

114. Il y a plus la publication des faux Évangiles, loin d'être une difficulté contre l'authenticité de ceux que nous avons entre les mains, est une nouvelle raison d'y croire. Les anciens hérétiques ont fait leur possible pour faire admettre ceux des livres apocryphes qui étaient favorables à leurs erreurs, et ils n'ont point réussi ; ils ont tenté tous les moyens de les faire recevoir comme venant des apôtres, et leurs efforts ont été inutiles. De toutes les Églises primitives, il n'en est pas une qui ait rejeté ni l'Évangile de saint Matthieu, ni celui de saint Marc, ni celui de saint Luc,

ni celui de saint Jean, ni les Actes des apôtres, ni généralement les Épitres de saint Paul; tandis que les faux évangélistes n'ont jamais eu pour eux que quelques sectaires. Les évêques, les docteurs, les confesseurs de la foi des premiers siècles, ont toujours distingué ces prétendus Évangiles de ceux qu'ils tenaient des apôtres. Aussi, quelle qu'ait été l'origine des livres apocryphes, soit qu'ils aient été enfantés par l'esprit d'erreur ou par l'ignorance, soit qu'ils n'aient été que des relations, des mémoires sur la vie et Ja doctrine de Jésus-Christ, rédigés avec plus ou moins d'exactitude par quelques fidèles, pour leur usage et l'instruction de leur famille (1), tous ont eu le même sort que leurs auteurs; ils sont tombés dans l'oubli, à l'exception de quelques-uns qu'on a regardés comme des productions pieuses, sans jamais les confondre avec les livres canoniques ou divins. Or le zèle des différentes Églises à écarter les livres apocryphes n'est-il pas un sûr garant que ceux qu'elles nous ont transmis comme authentiques le sont en effet? Puisqu'on n'a pu parvenir à faire passer pour vrais ceux qui étaient supposés, ne doit-on pas croire que ceux qui ont constamment passé pour vrais le sont véritablement ?

115. On a prétendu que les livres apocryphes ont été reçus avec le même respect et cités avec la même confiance que les livres canoniques: mais une telle assertion demandait à être prouvée, et cependant elle est restée sans preuve. On n'allègue aucun fait, aucune autorité en sa faveur. Il est vrai qu'on remarque, dans quelques Pères apostoliques, trois ou quatre passages qu'on lit dans les faux Évangiles; mais ces mêmes passages se trouvent également dans les livres canoniques. Un livre peut être apocry

(1) Apocryphes: mot qui signifie secret, inconnu, caché; un livre dont l'au teur est ignoré, dont l'autorité est généralement suspecte. Mais, d'après l'usage consacré par les écrivains ecclésiastiques, ce mot s'emploie principalement pour désigner certains livres anciens qui n'ont point été reçus dans l'Église pour canoniques. Or ces livres, supposés ou non, se divisent en deux classes : l'une comprend les livres apocryphes rédigés par les fidèles avec plus ou moins d'exactitude, et l'autre les livres fabriqués par les hérétiques. Les premiers chrétiens recueillaient avec soin ce qu'ils entendaient dire aux apôtres, et à leurs successeurs, sur la vie, les miracles et la doctrine de Jésus-Christ. Ils le mettaient par écrit pour en conserver le souvenir, donnant quelquefois à leurs Mémoires ou Relations le nom des apôtres ou des disciples de Notre-Seigneur dont ils avaient entendu la prédication. C'est de là que sont venus les Évangiles de S. Pierre, de S. André, etc. Outre ces livres, qui par eux-mêmes n'avaient pas d'autorité, il y en a d'autres qui ont été composés ou altérés par des sectaires qui ne pouvaient soutenir leurs erreurs que par le mensonge. Les premiers pouvaient être orthodoxes, les seconds étaient hérétiques.

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phe ou d'une origine non connue, sans être hétérodoxe, ou du moins sans l'être en tout. Il n'est donc pas prouvé que les Pères qui sont venus immédiatement après les apôtres aient cité de faux Évangiles. D'ailleurs, que pourrait-on conclure des citations faites par ces Pères? Ne citons-nous pas tous les jours en faveur de la religion des livres que nous ne regardons point comme divins? Les Pères ont bien pu citer certains livres apocryphes du Nouveau Testament, comme les apôtres eux-mêmes ont cité ceux qui sont relatifs à l'Ancien. Saint Jude cite un passage du livre d'Énoch (1), et saint Jérôme remarque une citation du même genre faite par saint Paul, ainsi que la citation de quelques poëtes païens (2). Ni saint Jude cependant, ni saint Paul, ne croyaient mettre sur le même rang les livres qu'ils citaient et les saintes Écritures; ils ne les ont cités que parce qu'ils contenaient quelque chose de vrai, comme le dit le même saint Jérôme. Ils savaient bien, ajoute Origène, ce qu'ils pouvaient tirer des livres apocryphes et ce qu'ils devaient en rejeter (3). Aussi, ceux des anciens docteurs postérieurs aux temps apostoliques qui ont le plus souvent cité les Évangiles apocryphes ne les citaient que comme des ouvrages pieux et propres à édifier les fidèles, et non comme des livres inspirés. Clément d'Alexandrie, qui croyait devoir expliquer favorablement quelques textes de l'Évangile des Égyptiens, dont certains hérétiques abusaient pour condamner le mariage, a soin d'ajouter que ces textes ne se trouvent point dans les quatre Évangiles qui nous ont été transmis par la tradition (4). Origène a eu recours aussi à l'Évangile des Hébreux; mais il nous avertit que ce n'est point à cause de l'autorité, non ad auctoritatem, mais pour un plus grand éclaircissement, sed ad manifestationem propositæ quæstionis (5). Saint Jérôme, après avoir opposé aux Pélagiens un passage tiré du même Évangile, leur dit : « Si vous ne reconnaissez pas l'auto« rité de ce témoignage, reconnaissez-en du moins l'antiquité (6). Il est donc constant, non que ces anciens Pères de l'Église aient reçu avec le même respect et la même confiance les Évangiles apocryphes et les Évangiles que nous attribuons aux apôtres, mais bien qu'ils mettaient entre les uns et les autres autant de différence qu'entre les ouvrages des hommes et les ouvrages de Dieu. Donc on ne peut en aucune manière se prévaloir de l'apparition des livres

siens.

(1) Épître de S. Jude, v: 14. - (2) Commentaire sur l'Épitre aux Éphé. (3) Prologue sur le Cantique des Cantiques. — (4) Liv. in des Stromates, n° xu. - (5) Traité xv sur S. Matthieu, no xiv. — (6) Liv. m. contre les Pélagiens, etc.

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