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versaires, en les forçant d'en adopter le sens catholique et traditionnel sur l'infaillibilité de l'Église, sous peine d'admettre que le Sauveur du monde ne l'a établie que pour introduire la division parmi les hommes, en faire le jouet des opinions humaines, et la livrer à tout vent de doctrine, aux caprices, à l'anarchie, à la déprédation de l'esprit humain.

991. Qu'on ne dise pas non plus que l'Église, en se regardant comme juge suprême et infaillible des controverses, se met audessus de l'Écriture, ou qu'elle attribue à sa parole une plus grande autorité qu'à la parole divine: elle ne se met pas plus au-dessus de l'Écriture, en l'interprétant, que les tribunaux et les magistrats, dans l'ordre civil, ne se mettent au-dessus de la loi qu'ils interprètent d'office, et dont ils font l'application dans leurs arrêts. D'ailleurs, qu'on y fasse attention, le protestant ne peut nous faire sérieusement cette difficulté, si toutefois c'en est une, sans qu'il l'ait à résoudre lui-même; puisque, en refusant à l'Église entière ou au corps enseignant de toute l'Église le droit d'interpréter l'Écriture et de donner son interprétation comme règle de foi, comme conforme à la parole de Dieu, il s'arroge à lui-même individuellement le droit de l'interpréter, et de tenir à son interprétation individuelle, comme à la parole divine. De deux choses l'une ou il regarde son interprétation comme infaillible, ou il ne la regarde pas comme telle; dans le premier cas, il ne peut nous reprocher d'accorder à l'Église une plus grande autorité qu'à la parole divine, vu que nous n'attribuons à l'Église que ce qu'il attribue à chaque particulier, que ce qu'il s'attribue à lui-même. Si, au contraire, il ne se croit pas infaillible dans l'interprétation du texte sacré, il ne peut plus avoir la foi, il est obligé de douter de toutes les vérités chrétiennes, même de la divinité du christianisme.

992. Mais est-il bien vrai qu'il soit impossible de connaître la doctrine de Jésus-Christ autrement que par la voie d'autorité? Est-il bien vrai qu'il y ait toujours eu dans l'Église un tribunal suprême, et prononçant en dernier ressort sur les controverses? Nous sommes dispensés de répondre à la première question; car nous avons démontré qu'on ne peut rejeter l'autorité de l'Église enseignante, sans tomber dans l'indifférence en matière de religion (1). Nous avons également prévenu la seconde question (2), en montrant que depuis les apôtres jusqu'à nous l'Église s'est constamment prononcée contre les erreurs et les hérésies qui se sont

(1) Voyez le n° 853, etc. — (2) Voyez le n° 847, etc.

élevées dans tous les temps. Cependant voyons plus particulièrement ce que les Pères ont enseigné sur l'infaillibilité de l'Église, en s'appuyant sur l'Écriture et la tradition.

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SII. De l'infaillibilité de l'Église, selon la tradition.

993. Saint Irénée, disciple de saint Polycarpe, qui avait été luimême disciple de l'apôtre saint Jean, oppose aux hérétiques de son temps la croyance de l'Église et la tradition des apôtres, qui se manifeste par le témoignage des évêques : « Il ne faut pas, dit-il, chercher chez d'autres la vérité, qu'il est aisé de recevoir de l'Église, les apòtres y ayant pleinement déposé, comme dans un << riche trésor, tout ce qui appartient à la vérité, en sorte que cha« cun peut y puiser comme dans une source de vie, car elle est « l'entrée de la vie : tous les autres sont des voleurs et des lar« rons; c'est pourquoi on doit les éviter. Mais on doit chérir ce qui « vient de l'Église, et prendre d'elle la tradition de la vérité (1). Il <«< faut obéir aux évêques qui sont dans l'Église; à ceux qui, comme « nous l'avons montré, tirent leur succession des apôtres, et qui, « avec cette succession d'épiscopat, ont reçu le don certain de la vérité, selon le bon plaisir du Père (2). Où sont placés les dons << du Seigneur, c'est là qu'il faut apprendre la vérité; c'est-à-dire, « de ceux qui tirent dans l'Église leur succession des apôtres, et « chez lesquels il est constant que réside la discipline saine et irréprochable, et la parole inaltérable et incorruptible. Car ces ⚫ hommes conservent notre foi en un seul Dieu, qui a tout créé, augmentent notre amour pour le Fils de Dieu, qui a fait en notre faveur de si admirables dispositions, et nous expliquent sans « péril les Écritures (3). Selon le grand évêque de Lyon, l'Église est un riche trésor, où les apôtres ont déposé tout ce qui appartient à la vérité; on y trouve la source de la vie, et la tradition, l'enseignement de la vérité, traditionem veritatis. Les évêques y

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(1) Non oportet quærere apud alios veritatem, quam facile est ab Ecclesia sumere; cum apostoli, quasi in depositorium dives, plenissime in eam contuleriut omnia quæ sunt veritatis. Liv. m, contre les hérésies, c. iv. — (2) Ibidem, liv. Iv, c. xx. — (3) Ubi charismata Domini posita sunt, ibi discere oportet veritatem, apud quos est ea quæ est ab apostolis Ecclesiæ successio, et id quod est sanum et irreprobabile conversationis et inadulteratum et incorruptibile sermonis constat. Hi enim et eam quæ est in unum Deum, qui omnia fecit, fidem nostram custodiunt.... et Scripturas sine periculo nobis exponunt. Ibidem,

C. XXVI.

possèdent le don certain de la vérité, charisma certum veritatis; il est constant que la parole divine reste dans leurs mains inaltérable et incorruptible, inadulteratum et incorruptibile sermonis; ils conservent la foi, et expliquent les Écritures sans péril pour la vraie doctrine, fidem nostram custodiunt, et Scripturas sine periculo nobis exponunt. Eût-il tenu un pareil langage aux hérétiques si, de son temps, c'est-à-dire au second siècle, il n'eût été reçu partout que l'Église ne peut altérer la doctrine de JésusChrist, ou que les évêques ne peuvent enseigner l'erreur? D'ailleurs, comme le dit le même docteur : « Où est l'Église, là est l'esprit de Dieu; et où est l'esprit de Dieu, là est l'Église avec tous «< ses dons: or, l'esprit est la vérité, spiritus autem veritas (1). » L'Église est donc, au jugement de saint Irénée, inaccessible au mensonge, à l'erreur, à l'hérésie.

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994. Tertullien, qui appartient au second et au troisième siècle, n'est pas moins exprès : « Si Notre-Seigneur Jésus-Christ a envoyé « ses apôtres pour prêcher, il ne faut donc pas recevoir d'autres prédi«< cateurs. Mais qu'ont prèché les apôtres, c'est-à-dire que leur a ré« vélé Jésus-Christ? On ne le peut savoir que par les Églises que <«<les apôtres ont fondées et qu'ils ont instruites de vive voix, et « ensuite par leurs lettres. Ainsi, il est incontestable que toute « doctrine qui s'accorde avec la foi de ces Églises apostoliques et matrices, aussi anciennes que le christianisme, est la vraie doctrine, puisque c'est celle que les Églises ont reçue des apôtres, « les apôtres de Jésus-Christ, Jésus-Christ de Dieu; et que toute « autre doctrine, par conséquent, ne peut être que fausse, étant opposée à la vérité des Églises, des apôtres, de Jésus-Christ et « de Dieu (2). Supposons, si vous voulez, que toutes les Églises « se soient trompées ; que l'apòtre se soit trompé en leur rendant témoignage; que l'Esprit saint n'ait pas eu soin d'instruire de la

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« vérité aucune des Églises; supposons que le ministre de Dieu, le vicaire de Jésus-Christ, ait oublié totalement les fonctions qu'il avait à remplir, laissant les Églises croire et entendre tout autre «chose que ce qu'il avait enseigné lui-même par l'organe des apó

(1) Ubi Ecclesia, ibi et spiritus Dei; et ubi spiritus Dei, illic Ecclesia et omnis gratia; spiritus autem veritas. Ibidem, liv. ш, c. 24.- (2) Constat omnem doctrinam, quæ cum illis Ecclesiis apostolicis matricibus et originalibus fidei conspiret, veritati deputandam ; sine dubio tenentem quod Ecclesiæ ab apostolis, apostoli a Christo, Christus a Deo accepit; omnem vero doctrinam de mendacio præjudicandam, quæ sapiat contra veritatem Ecclesiarum, et apostolorum, et Christi, et Dei. Des Prescriptions, n° xx1.

« tres est-il vraisemblable que tant et de si nombreuses Églises «< se soient réunies pour la même erreur? Où doit se rencontrer « une diversité prodigieuse, la parfaite conformité ne saurait ré«gner; l'erreur aurait nécessairement varié. Ce qui se trouve le « même parmi un très-grand nombre n'est point erreur, mais tra«dition. Qui osera faire remonter l'erreur à ceux qui sont les au«teurs de la tradition (1) ? »

Ces paroles n'ont pas besoin de commentaire; elles montrent qu'il était reçu, du temps de Tertullien, que les Églises fondées par les apôtres et leurs successeurs ne peuvent s'accorder à enseigner l'erreur; ou que l'Église universelle, qui se compose des Églises particulières, étant assistée de l'Esprit-Saint, le docteur de la vérité, ne peut avoir une autre doctrine que celle qui vient des apôtres, de Jésus-Christ, de Dieu.

995. Clément d'Alexandrie, contemporain de Tertullien, dit que la connaissance parfaite de la vérité est dans la seule et véritable Église, qui est l'ancienne, In sola veritate et antiqua Ecclesia perfectissima cognitio. Il appelle l'Église la voje royale et frayée qu'on suit sans s'égarer, viam regiam et tritam, sejunctam a periculo (2). Peu de temps après, Origène enseignait que nous ne devons point nous en rapporter aux hérétiques qui invoquent les Écritures, ajoutant qu'il faut tenir à la tradition, et à ce qui nous a été transmis par les Églises de Dieu (3). Ce docteur croyait donc que l'enseignement uniforme des Églises n'est point sujet à l'erreur: autrement, ce ne pourrait être pour nous une obligation de croire ce qu'elles enseignent. Ailleurs, il nous représente Jésus-Christ comme l'âme de l'Église, dirigeant tous ses mouvements : « Nous disons, sur l'autorité de l'Écriture, que le Fils de Dieu est l'âme de l'Église, et que les fidèles, quel que soit leur rang, sont les « membres de ce corps mystique; car, de même que notre âme <«< vivifie notre corps et lui imprime le mouvement qu'il n'a pas « de lui-même, ainsi le Verbe, par une merveilleuse énergie, «< incite l'Eglise à faire ce qu'elle doit faire (4). »

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996. Saint Cyprien: « L'eau fidèle, salutaire et sainte de l'E

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(1) Ecquid verisimile est ut tot et tantæ in unam fidem erraverint ?... Quod apud multos unum invenitur, non est erratum, sed traditum. Ibidem, no xxvm. (2) Liv. vi des Stromates. (3) Voyez, plus haut, n° 341. (4) Sicut anima vivificat et movet corpus, ita verbum illud mira energia corpus suum incitans ad ea quæ debet facere, movet simul membra Ecclesiæ singulæ nihil sine ratione faciens. Liv. vi contre Celse.

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glise, ne peut être corrompue ni altérée, parce que l'Église a est elle-même incorruptible, chaste et pudique (1). » Quelle est cette eau de l'Église, si ce n'est la doctrine de l'Église? Or, comment la doctrine de l'Église peut-elle se conserver pure, intacte et sainte? Il nous l'apprend lui-même, lorsqu'il dit : « Le Seigneur, qui a daigné se choisir et établir des prêtres dans son Église, protége de sa volonté et de son assistance ceux qu'il " a choisis et établis, inspirant ceux qu'il a chargés du gouver«nement (2). » Ce grand évêque, faisant allusion à la promesse de Jésus-Christ, Voilà que je suis avec vous, dit que « NotreSeigneur gouverne les évêques, et l'Église avec les évêques, par sa présence et selon son bon plaisir : Christus, arbitrio « et nutu, ac prÆSENTIA SUA, et præpositos ipsos, et Ecclesiam « cum præpositis gubernat (3). Or, une Église qui a pour gouver. neur Jésus-Christ en personne, quoique invisible, ne peut évidemment faillir, à moins que Jésus-Christ lui-même n'enseigne l'erreur, ce qui ne peut être soutenu que par un apostat. Enfin, nous lisons dans la lettre du même docteur à Pupinien : Jésus-Christ dit <«< aux apôtres, et par les apôtres à tous les évêques qui leur « succèdent par une ordination successive: Celui qui vous écoute, «< m'écoute; et celui qui m'écoute, écoute celui qui m'a envoyé. << Mais celui qui vous méprise, me méprise, et méprise celui ‹ qui m'a envoyé (4). » Les évêques successeurs des apôtres sont done, comme les apôtres eux-mêmes, les représentants de JésusChrist, les organes de Jésus-Christ, qui, étant la voie, la vérité et la vie, ne peut permettre que ceux qui parlent en son nom enseignent une autre doctrine que celle qu'il a enseignée lui-même à ses apôtres.

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997. Suivant Lactance, « l'Eglise catholique seule conserve le vrai culte; elle est la source de la vérité, c'est-à-dire le domicile de la foi, le temple de Dieu; si quelqu'un en sort ou refuse d'y entrer, il est privé de l'espérance de la vie et du salut éternel (5). » Saint Hilaire, évêque de Poitiers, dit que « la parole de vie est

(1) Aqua Ecclesiæ fidelis, et salutaris, et sanctæ, corrumpi et adulterari non potest; sicut et ipsa Ecclesia incorrupta, et casta, et pudica est. Lettre LXXIII. · (2) Dominus, qui sacerdotes sibi in Ecclesia sua eligere et constituere dignatur, electos quoque et constitutos sua voluntate atque opitulatione tuetur, gubernantes inspirans et subministrans. (3) Lettre XLV. - (4) Christus dicit ad apostolos, ac per hos ad omnes præpositos, qui apostolis vicaria ordinatione succedunt: Qui audit vos, me audit. Lettre LXIX. — (5) Instit., liv. IV, c. 30. Voyez, ci-dessus, no 885.

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