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apocryphes, orthodoxes ou non, contre l'authenticité des livres du Nouveau Testament.

116. Une autre objection. On convient, disent les rationalistes, que les Évangiles ne sont point l'ouvrage de l'imposture. Jésus de Nazareth n'était point un imposteur, il se croyait l'envoyé de Dieu; les apôtres n'étaient point des imposteurs, ils croyaient à la mission divine de Jésus-Christ; les premiers chrétiens n'étaient point non plus des imposteurs, ils croyaient sincèrement à la prédication des apôtres. Mais, après la mort des premiers disciples de Jésus-Christ, les traditions apostoliques, tant historiques que dogmatiques, étant devenues populaires, se chargèrent tous les jours d'embellissements légendaires et mythiques; elles furent rédigées sous différentes formes par des chrétiens inconnus; et, après plusieurs transformations, elles parurent enfin, dans la seconde partie du deuxième siècle, sous la forme qu'elles ont aujourd'hui dans les Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean. Telle est, suivant l'école straussienne, l'origine des quatre Évangiles.

117. Remarquez d'abord que, de l'aveu des partisans de la mythologie chrétienne, ni Jésus ni ses apôtres n'étaient des imposteurs Jésus s'est trompé, disent-ils, en se croyant l'envoyé de Dieu, et les apôtres se sont également trompés en croyant à la divinité de sa mission; mais ils étaient tous de bonne foi. Voilà donc Jésus-Christ et ses apôtres mis au rang des visionnaires. Mais alors qu'on nous explique donc comment le fils d'un charpentier a pu opérer la révolution la plus étonnante, la plus longue et la plus durable qu'on vit jamais dans le monde ! Qu'on nous dise donc comment douze misérables pêcheurs, sans génie, sans science, sans lettres, sans crédit, sans puissance aucune, ont pu confondre la synagogue et les Juifs, et substituer le culte du vrai Dieu, le culte de Jésus-Christ même, au culte des idoles, et triompher tout à la fois des savants, des rhéteurs, des philosophes, des prêtres du paganisme, de la puissance des empereurs, de la cruauté des magistrats et de la fureur des peuples! Que douze visionnaires galiléens aient obtenu un tel résultat, un succès aussi extraordinaire, ne serait-ce pas un phénomène, un prodige, un miracle plus incompréhensible que la résurrection d'un mort, que tous les miracles contenus dans les quatre Évangiles? Évidemment si le christianisme, tel que nous le professons, n'avait pas eu d'autre fondement que les rêves de l'imagination, que des fictions mythologiques, il serait tombé avec ceux qui lui auraient donné le jour;

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ni Jésus de Nazareth ni les apôtres n'eussent été plus heureux que Théodas et Judas de Galilée, qui s'étaient donnés pour envoyés de Dieu. Écoutez ce que dit le Pharisien Gamaliel dans le livre des Actes. dont Strauss ne conteste point l'authenticité : « O Israélites, « prenez garde à ce que vous allez faire à l'égard de ces personnes (des apôtres)! Car il y a quelque temps qu'il s'éleva un certain Théodas, qui se donnait pour un homme extraordinaire : il y « eut environ quatre cents hommes qui s'attachèrent à lui; mais il « fut tué, et tout son parti fut dissipé et réduit à rien. Judas de « Galilée s'éleva ensuite lorsqu'on fit le dénombrement du peuple, « et il attira à son parti beaucoup de monde; mais il périt aussi, « et tous ceux qui s'étaient attachés à lui furent dissipés. Voici donc le conseil que je vous donne cessez de poursuivre ces gens-là, « et laissez-les faire; car si cette entreprise ou cette œuvre vient « des hommes, elle se détruira; que si elle vient de Dieu, vous ne « sauriez la détruire (1). » Les Juifs continuèrent de persécuter les apôtres, mais en vain : les apôtres, en scellant de leur sang le témoignage qu'ils rendaient à Jésus-Christ, se montrèrent plus forts que la mort même, et la foi chrétienne vainquit le monde.

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118. Suivant les rationalistes, les Évangiles n'ont pu être rédigés que par des visionnaires ou par des hommes dupes des fictions populaires. Or peut-on raisonnablement attribuer à des hommes de ce caractère une doctrine aussi sainte, aussi sage, aussi sublime que celle des livres sacrés? Comment oser comparer le langage de nos évangélistes à celui d'un enthousiaste ou d'un fanatique? Laissons parler un incrédule, en qui la philosophie n'avait éteint ni le goût ni la sensibilité : « La majesté des Écritures m'étonne, dit « J. J. Rousseau; la sainteté de l'Évangile parle à mon cœur. Voyez « les livres des philosophes avec toute leur pompe : qu'ils sont pe« tits près de celui-là ! Se peut-il qu'un livre à la fois si sublime et si simple soit l'ouvrage des hommes ? Se peut-il que celui dont il « fait l'histoire ne soit qu'un homme lui-même ? Est-ce là le ton d'un

(1) Viri Israëlitæ, attendite vobis super hominibus istis quid acturi sitis. Ante hos enim dies exstitit Theodas, dicens se esse aliquem, cui consensit numerus virorum circiter quadringentorum: qui occisus est; et omnes qui credebant ei, dissipati sunt, et redacti ad nihilum. Post hunc exstitit Judas Galilæus in diebus professionis, et avertit populum post se, et ipse periit; et omnes quot. quot consenserunt ei, dispersi sunt. Et nunc itaque dico vobis, discedite ab ho minibus istis, et sinite illos: quoniam si est ex hominibus consilium hoc aut opus, dissolvetur; si vero ex Deo est, non poteritis dissolvere illud. Actes des Apótres. c. v. v. 35, etc.

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« enthousiaste ou d'un ambitieux sectaire ? Quelle douceur ! quelle
pureté d'âme dans ses mœurs! quelle grâce touchante dans ses
«< instructions! quelle élévation dans ses maximes ! quelle profonde
sagesse dans ses discours! Où est l'homme, où est le sage qui sait
agir, souffrir et mourir sans faiblesse et sans ostentation? »
119. Continuons: les partisans du système mythique conviennent
que les apôtres ne peuvent être considérés comme les inventeurs de
la mythologie chrétienne; que ce n'est qu'à la mort des pre-
miers disciples de Jésus-Christ que les fictions mythologiques se
sont introduites et développées par la tradition populaire; jusqu'au
moment où elles ont été rédigées, dans la seconde partie du
deuxième siècle, sous le nom des Évangiles de saint Matthieu, de
saint Marc, de saint Luc et de saint Jean. Mais comment n'a-t-on
pas fait attention que la vie des apôtres remplit toute la durée du
premier siècle? Saint Pierre et saint Paul n'ont souffert le martyre
qu'en 67; et saint Jean a vécu jusqu'au commencement du second
siècle. Ce serait done dans le court intervalle d'environ cinquante
ans que l'enseignement catholique, pâle et décoloré dans son ori-
gine, aurait été altéré par les mythes, les fictions, les fables popu-
laires; que l'histoire de la vie de Jésus aurait été transformée par
l'enthousiasme des premiers chrétiens. Mais si Jésus ni les apô-
tres n'avaient fait aucun miracle s'ils n'avaient donné aucune
preuve extraordinaire de leur mission, sur quoi pouvait être fondé
un enthousiasme aussi peu naturel et aussi stupide que celui qu'on
suppose dans les disciples de Jésus-Christ et des apôtres ? Qu'est-ce
qui a pu les porter à renoncer au culte qu'ils tenaient de leurs
pères, pour embrasser la croix, qui était un scandale pour les Juifs
et une folie pour les païens? Est-il naturel que tous les chrétiens,
dont le nombre était déjà si grand en Orient et en Occident dès le
commencement du second siècle, se soient laissé surprendre par
l'amour du merveilleux, à la vue de la mort et de toutes ses hor-
reurs, dont ils étaient menacés à chaque instant? Les Clément de
Rome, les Ignace, les Polycarpe, les Papias, les Justin, les Athé-
nagore, les Théophile d'Antioche, les Irénée et tant d'autres étaient-
ils donc des enthousiastes, des visionnaires, des fanatiques?

120. D'ailleurs, peut-on supposer que les papes, les évêques et les docteurs, qui, dès les premiers temps du christianisme, ont toujours montré le plus grand attachement pour les traditions apostoliques, le plus grand zèle contre toute nouveauté, en matière de religion, aient laissé passer inaperçus des mythes, des fictions propres à corrompre et à transformer l'histoire et la doctrine de Jésus

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Christ? Comment s'est-il fait que ni les philosophes païens acharnés contre les chrétiens, ni les anciens hérétiques toujours ennemis de l'enseignement catholique, n'aient pas même soupçonné les fictions mythologiques qu'on prétend aujourd'hui trouver dans les Évangiles? De plus, si les Évangiles, tels que nous les avons présentement, ne remontent qu'à la fin du second siècle; si ce n'est qu'à cette époque qu'ils ont paru sous les noms qu'ils portent, comment expliquer le silence des Eglises qui auraient ignoré jusqu'alors ces mêmes Évangiles et le nom des évangélistes? Soit qu'ils aient été mis au jour en même temps et dans la même ville, soit qu'ils aient paru successivement en différents endroits, concevra-t-on qu'aussitôt et au même instant ils aient été reçus sans réclamation aucune, dans toutes les églises de l'Orient et de l'Occident? Concevra-t-on que les chrétiens, dispersés dans toutes les parties du monde, aient trouvé ces livres en tout conformes à leur croyance? Quoi ! les mythes, soit historiques, soit dogmatiques ou philosophiques, les fictions populaires et fabuleuses, les rêves de l'imagination, qui varient naturellement suivant les lieux, auraient été les mêmes partout et chez tous les chrétiens! tous auraient eu les mêmes visions, tous auraient imaginé les mêmes faits, les mêmes dogmes, les mêmes mystères ! Or, un accord aussi général, un consentement aussi unanime, dans un ordre de choses étrangères à la nature, ne serait-il pas absurde, ou du moins un prodige mille fois plus étonnant que les miracles et les mystères évangéliques?

121. Enfin, nous avons prouvé, par les écrits des Pères apostoliques, que les quatre Évangiles étaient connus dans l'Église au commencement du second et sur la fin du premier siècle. Vers l'an 140, on les lisait publiquement dans les assemblées des fidèles. Cette lecture faisait partie de l'office divin, de la liturgie chrétienne qui remontait jusqu'aux apôtres : ce qui suppose évidemment que ces livres sont beaucoup plus anciens que ne le prétend l'école straussienne. Évidemment c'en serait fait de l'histoire, si les hypothèses aussi gratuites qu'arbitraires que celles des partisans du système mythique prévalaient contre les règles de la critique qu'on a suivies dans tous les temps. Il n'y a pas de milieu : ou il faut révoquer en doute l'authenticité des livres les plus authentiques, ou reconnaître celle des Évangiles et des autres livres du Nouveau Testament. L'authenticité des livres évangéliques a pour elle la croyance de tous les siècles chrétiens et de toutes les églises répandues dans le monde, le suffrage des anciens sectaires, et l'a

veu mème des philosophes païens les plus opposés au christianisme (1).

CHAPITRE III.

De l'intégrité des livres saints.

122. Il ne suffit pas d'être assuré de l'authenticité des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament; il faut encore qu'on soit certain qu'ils sont parvenus jusqu'à nous purs, entiers, sans altération substantielle. Or, il nous sera facile de montrer que ces livres sont aujourd'hui les mêmes, quant à la substance des choses, que lorsqu'ils sont sortis des mains de ceux qui leur ont donné le jour. Nous convenons qu'il s'est introduit des variantes dans les anciens manuscrits, dans les différents exemplaires multipliés à l'infini, comme il s'en rencontre dans les manuscrits et les éditions des autres ouvrages, de quelque genre qu'ils soient: mais ces variantes ne sont point substantielles; elles ne tombent ni sur les faits, ni sur le dogme, ni sur la morale. Et il ne peut en être autrement. En effet, à parler en général, il n'y a que la longueur des temps et la multiplicité des copies qui peuvent occasionner de l'altération dans les manuscrits d'un ouvrage, quel qu'il soit. Or ce qui occasionne le mal nous donne en même temps le remède; car s'il y a une infinité de manuscrits, il est évident que, sur tous les points où ils s'accordent, ils sont conformes au texte original. Vous ne pourrez donc refuser d'ajouter foi à ce que tous les manuscrits rapporteront d'un concert unanime. Sur les variantes vous êtes libre, et personne ne vous dira jamais que vous êtes obligé de vous conformer à tel manuscrit plutôt qu'à un autre, dès qu'ils ont tous les deux la même autorité.

(1) Voyez la Certitude des preuves du Christianisme, par Bergier; l'Autorité des livres du Nouveau Testament, par Duvoisin; les Dissertations sur la vérité de la Religion, par le cardinal de la Luzerne; le Traité de la Religion chrétienne, par Abbadie; l'Introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, par M. l'abbé Glaire; l'Examen critique du système de Strauss, par M. l'abbé de Valroger; De l'origine authentique et divine du Nouveau Testament, par J. E. Cellérier; Historia et vindicatio Canonis, auctore Chr. Frid. Schmid; le Christ et l'Évangile, histoire critique des systèmes rationalistes contemporains, par M. l'abbé Chassay,

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