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la foi, ni aux mœurs, ni à la piété chrétienne, ni à la perfection évangélique. Autrement, malgré sa promesse, Jésus-Christ cesserait d'être avec son Église, et l'on pourrait refuser d'obéir à l'Église sans encourir l'anathème qu'il a prononcé lui-même lorsqu'il a dit : « Si quelqu'un n'écoute pas l'Église, qu'il vous soit « comme un païen et un publicain; Si Ecclesiam non audierit, « sit tibi sicut ethnicus et publicanus. La discipline, il est vrai, peut changer ou varier, suivant les temps et les lieux; mais ce qui ne change pas, ce qui ne varie pas, c'est le droit que l'Église a toujours exercé en matière de discipline, à l'exemple des apôtres. Tel ou tel règlement n'est point un article de foi, puisqu'il n'a pas pour objet une vérité révélée; mais il est de foi que l'Eglise ne se trompe pas en portant tel ou tel règlement qu'elle juge utile à la conservation du dogme catholique, ou des bonnes mœurs, ou du respect dû aux choses saintes; il est de foi qu'elle n'enseigne rien, qu'elle n'approuve rien, et qu'elle ne fait rien contre la doctrine de Jésus-Christ, qui comprend le dogme et la morale: quæ sunt contra fidem aut bonam vitam, nec approbat, nec tacet, nec facit (1). De toutes les lois générales ecclésiastiques, il n'en est aucune qui, eu égard au temps où elle a paru et à la fin que se proposait l'Eglise, n'ait été vraiment utile à la religion; aucune qui n'ait plus ou moins de rapport ou avec le dogme, ou avec la morale évangélique, ou avec la piété chrétienne. Aussi l'immortel Pie VI, réfutant les erreurs de la constitution civile du clergé, décrétée par l'assemblée nationale de France de l'an 1790, enseigne, dans un bref aux évêques de cette assemblée, que la discipline tient souvent au dogme, et qu'elle ne contribue pas peu à en conserver la pureté: Præmittendum ducimus quantum sacra disciplina cohæreat dogmati, et ad ejus puritatis conservationem influat (2).

ARTICLE III.

Des constitutions monastiques.

1058. Dès les premiers siècles, on a vu des chrétiens qui, à l'imitation de saint Jean-Baptiste et des prophètes, se retiraient

(1) Saint Augustin, lettre cxix. (2) Bref du 10 mars 1791, aux évêques de l'assemblée nationale, concernant la constitution dite civile du clergé de France.

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dans la solitude pour vaquer à la prière, aux jeunes, et aux autres exercices de la pénitence. Jésus-Christ semble avoir consacré ce genre de vie par les quarante jours qu'il a passés dans le désert, et par l'habitude de s'y retirer pour prier. Il a loué la vie solitaire de son précurseur; et saint Paul a fait l'éloge des prophètes qui vivaient dans les déserts. Il n'en faudrait pas davantage pour nous faire connaître l'esprit de l'Évangile sur l'état religieux ou monastique. Mais cet esprit ressort plus évidemment encore des conseils que Notre-Seigneur nous donne comme moyens d'arriver à la perfection. « Si vous voulez être « parfait, dit-il à un jeune homme qui avait observé la loi, allez vendre ce que vous avez; donnez-en le prix aux pauvres, « et vous aurez un trésor dans le ciel (1). » La profession religieuse consiste principalement dans les vœux solennels de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. Suivant l'apôtre saint Jean, << tout ce qui est dans le monde est, ou concupiscence de « la chair, ou concupiscence des yeux, et orgueil de la vie (2).» Celui qui embrasse l'état religieux renonce d'une manière toute particulière aux convoitises de la chair, par le vœu de chasteté et la mortification des sens; à la concupiscence des yeux, ou au désir des richesses, par le vœu de pauvreté; à l'orgueil de la vie, par le vœu d'obéissance et l'exactitude à suivre la règle.

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1059. Or, l'Église est infaillible dans son jugement lorsqu'elle approuve une constitution monastique, un institut religieux. Toute règle qui est sanctionnée par elle comme pieuse, ou conforme aux conseils évangéliques ou à la sainteté chrétienne, à l'édification des fidèles, ne peut être contraire à la morale ou à la religion. Par cela même que l'Église est infaillible sur tout ce qui a rapport à la foi et aux mœurs, elle doit l'être pour tout ce qui regarde les institutions monastiques. Toutefois, quoiqu'un ordre ait été solennellement approuvé par le saint-siége, et qu'il ait le suffrage des évêques, il ne s'ensuit pas que cet ordre doive infailliblement rendre des services à l'Église. L'approbation ne tombe que sur l'institut, abstraction faite des abus qui peuvent s'introduire partout où il y a des hommes: vitia erunt donec homines (3). Quand l'Église approuve une règle, elle ne prononce qu'une chose, savoir,

(1) Si vis perfectus esse, vade, vende quæ habes, et da pauperibus; et habebis thesaurum in cœlo. Saint Matth., c. xix, v. 21. — (2) Omne quod est in mundo concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et superbia vitæ. Ire Építre de saint Jean, c. n, v. 16. — (3) Tacite.

que cette règle est bonne, qu'elle ne renferme rien de contraire a l'esprit de l'Evangile, et qu'elle fera plus ou moins de bien, selon qu'elle sera plus ou moins exactement observée par ceux qui l'embrasseront.

Ainsi, on ne peut attaquer les ordres religieux, ni l'institut de tel ou tel ordre approuvé par le saint-siége, sans faire cause commune avec les ennemis de l'Église. « Quand l'assemblée nationale, dit «<le pape Pie VI, supprimait en France les ordres religieux, elle agissait suivant l'esprit des hérétiques; elle condamnait la profession des conseils de l'Evangile; elle blåmait un genre de vie qui a toujours été approuvé dans l'Église, comme très-conforme à la doctrine des apòtres (1). »

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1060. Qu'on ne dise point que les ordres religieux sont inutiles, et que c'est à tort que les papes les approuvent et que les évèques les favorisent. D'abord à qui appartient-il, de l'Église ou de ses ennemis, de juger si les ordres religieux sont utiles ou non à l'Église? De tout temps ils ont été regardés dans l'Église catholique, dans l'Orient et dans l'Occident, comme utiles à l'édification du corps mystique de Jésus-Christ, comme le moyen le plus propre à faciliter la pratique des conseils évangéliques, de l'abnégation de soimême, du dévouement le plus parfait, qui nous sont recommandés par Jésus-Christ. A défaut du sens chrétien, qu'on interroge l'histoire, et l'on verra s'il est inutile de se consacrer à Dieu afin de se vouer au soulagement de l'humanité souffrante, à l'instruction des ignorants, à l'éducation de la jeunesse, au rachat des captifs, à l'affranchissement des esclaves, et à la civilisation des barbares par la prédication de l'Évangile. Non, les ordres religieux ne sont point inutiles à l'Eglise. Une preuve de ce que nous avançons, c'est qu'ils n'ont jamais eu contre eux que les ennemis de l'Église.

Mais laissons parler Pie IX : « Assurément personne n'ignore ou «< ne peut ignorer, dit-il, que les congrégations religieuses, dès le premier moment de leur institution, se sont illustrées, en produi« sant d'innombrables personnages qui, distingués par la diversité « de leur savoir et la profondeur de leur érudition, resplendissants « de l'éclat de toutes les vertus et de toute la gloire de la sainteté, « revétus quelquefois des dignités les plus hautes, brùlant d'un ar

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dent amour pour Dieu et pour les hommes, offerts en spectacle au monde, aux anges et aux hommes, ne connurent d'autres délices

(1) Bref du 10. mars 1791, contre les erreurs de la constitution civile du clergé,

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« que d'appliquer tous leurs soins, tout leur zèle, toute leur éner gie, à méditer nuit et jour les choses divines, portant dans leur corps la mortification du Seigneur Jésus, propageant la foi catholique de l'Orient à l'Occident, combattant courageuse<<ment pour elle; souffrant avec joie les amertumes de tout a genre, les tourments, les supplices, jusqu'à sacrifier leur vie «< même; arrachant des peuples ignorants et barbares aux ténè<«<bres du mensonge, à la férocité de leurs mœurs, à la fange des vices, pour les conduire à la lumière de la vérité évangéli« que, à la pratique des vertus, aux habitudes de la civilisation; cultivant, conservant et ressuscitant les lettres, les sciences et « les arts; formant soigneusement à la piété et aux bonnes mœurs « l'âme tendre et flexible des enfants, les remplissant de saines doctrines, ramenant dans les sentiers du salut ceux qui se sont égarés. Ce n'est pas tout encore prenant des entrailles de miséricorde, il n'est pas d'acte d'une charité héroïque qu'ils n'aient « exercé, même au prix de leur vie, pour prodiguer avec amour << tous les secours opportuns de la bienfaisance et de la prévoyance chrétienne aux esclaves, aux prisonniers, aux malades, aux mourants, à tous les malheureux, aux pauvres, aux affligés, « pour adoucir leur douleur, essuyer leurs larmes, et pourvoir, « par toute sorte de secours et de soins, à leurs nécessités (1). »

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ARTICLE IV.

De la canonisation des saints.

1061. La canonisation est un jugement par lequel l'Église ayant reconnu qu'une personne de l'un ou de l'autre sexe est morte pour la foi, ou qu'elle a pratiqué toutes les vertus chrétiennes à un degré héroïque, lui décerne les honneurs qu'on rend aux saints. La canonisation n'a de commun avec l'apothéose des anciens que le sentiment naturel qui porte les hommes à regarder et honorer comme amis de Dieu ceux qui ont fait le bien pendant leur vie. Comparer la canonisation des saints, telle qu'elle se pratique dans l'Église catholique, avec l'apothéose impie des païens, qui mettaient au rang des dieux ceux qui s'étaient fait un nom par leurs débauches ou leurs crimes comme ceux

(1) Lettre encyclique à tous les supérieurs généraux, abbés, provinciaux, et autres chefs des ordres religieux, du 17 juin 1847.

qui s'étaient distingués par quelques services rendus à l'humanité, ce serait une injustice, une insigne mauvaise foi, ou une ignorance que rien ne peut excuser. L'Église ne confond point dans un culte aveugle la créature avec le créateur, comme le faisaient les peuples idolâtres. Les honneurs qu'elle rend sur la terre aux saints couronnés dans le ciel sont subordonnés à l'hommage suprême qu'elle rend à la Divinité, comme étant l'auteur de tout don, la source de toute sainteté. En cela elle fait ce que faisaient les fidèles de l'Église primitive, ainsi qu'on le voit par le respect qu'ils montraient pour la mémoire de ceux qui avaient rendu témoignage à Jésus-Christ en versant leur sang pour la foi. C'est un fait qui nous est constaté par les monuments les plus authentiques de l'antiquité. Nous avons, entre autres, la lettre des fidèles de Smyrne aux Philadelphiens sur la mort de saint Polycarpe, leur évêque, disciple de saint Jean l'Evangéliste (1).

1062. Les martyrs ont été les premiers auxquels l'Église a rendu un culte public. On élevait un autel à l'endroit où l'on avait déposé leur corps, ou les restes, reliques, qu'on en avait pu conserver; et on s'assemblait pour célébrer la fête de leur martyre. On honorait également les confesseurs, c'est-à-dire les chrétiens qui avaient confessé publiquement la foi pendant la persécution. C'étaient de vrais soldats de Jésus-Christ, éprouvés par les supplices, auxquels souvent il n'avait manqué que le dernier coup de la mort pour être martyrs. Depuis, la paix ayant été rendue à l'Église, le titre de confesseurs a été donné aux fidèles qui s'endorment dans le Seigneur après avoir persévéré dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes, ou dans l'exercice d'une pénitence héroïque.

1063. L'Église, toujours en garde contre le zèle indiscret des simples fidèles, ne s'en rapporta jamais au jugement de la multitude pour ce qui regarde le culte à rendre aux saints. La confession la plus éclatante, ni la mort la plus glorieuse, ne suffisaient point pour consacrer authentiquement la mémoire d'un athlète de la foi chrétienne : on attendait qu'il eût été proclamé par les évêques comme martyr et confesseur; c'était à eux qu'il appartenait de légitimer le culte qu'on voulait lui rendre, en célébrant les saints mystères sur son tombeau, et en faisant inscrire son nom dans le canon ou catalogue des héros du christianisme. De là la

(1) Voyez cette lettre dans la Collection des Pères apostoliques de Cotelier.

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