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mon Père m'a envoyé (1); toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre; allez donc, enseignez toutes les nations (2). « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout « ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (3). » Il dit à Pierre en particulier : « Je te donnerai les clefs du royaume des « cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel; « et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel (4). << Pais mes agneaux... pais mes brebis (5). » Voilà donc les apôtres investis par leur divin Maître du pouvoir de lier et de délier, de défendre et de permettre, de condamner et d'absoudre, nonseulement au for intérieur, mais même au for extérieur, pour tout ce qui a rapport au royaume des cieux; du pouvoir, par conséquent, de gouverner l'Église.

1072. C'est ainsi que l'ont entendu les apôtres. Saint Paul recommande aux évêques de prendre garde à eux et à tout le troupeau sur lequel, dit-il, l'Esprit-Saint les a établis pour gouverner l'Église de Dieu : Attendite vobis et universo gregi in quo vos Spiritus Sanctus posuit episcopos regere Ecclesiam Dei (6). Saint Irénée (7), le pape saint Célestin (8), le concile de Trente (9), Pie VI (10), appliquent ces paroles aux évêques, à l'exclusion des simples prêtres. Ce sont les apôtres qui s'assemblent à Jérusalem, sous la présidence de saint Pierre, pour régler ce qui concerne les cérémonies légales; et leur décision est adressée à toutes les Églises comme dictée par l'Esprit-Saint; visum est Spiritui Sancto et nobis (11). Saint Paul la propose aux fidèles comme un précepte des apôtres et des anciens, c'est-à-dire des évêques réunis aux apôtres (12). Il prescrit lui-même des règles de conduite sur les mariages des chrétiens avec les infideles (13), sur le choix des ministres (14), sur la manière de procéder contre les prêtres lorsqu'ils sont accusés (15). Il se réserve de statuer de vive voix sur plusieurs autres points de discipline: Cætera autem, cum venero, disponam (16). Ces règlements sont reçus comme des lois sacrées;

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(1) Saint Jean, c. xx, v. 21. (2) Saint Matthieu, c. xxvm, v. 19 et 20. --- (5) Saint Jean, c. XV, (3) Ibidem, c. xvIII, v. 18. — (4) Ibidem, c. xvi, v. 19. v. 15 et 17. — (6) Actes des apôtres, c. xx, v. 28. — (7) Liv. 11, contre les hé(8) Lettre au concile d'Ephèse. (9) Session XXII, ch. IV. résies, c. XIV. (10) Bref de Pie VI, du 10 mars 1791, aux évêques de l'assemblée nationale. (11) Act. des apôtres, c. xv, v. 28. —(12) Ibidem, c. xvi, v. 4. — (13) 1oo Epitre aux Corinthiens, c. VII, v. 12, etc. - (14) Épître à Tite, c. 1, v. 7. — (15) No Épître à Timothée, c. 19. —(16) Ire Epître aux Corinthiens, c. XI, v. 34.

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et plusieurs sont encore en usage dans l'Église, tels que la loi qui exclut les bigames des ordres sacrés.

1073. C'est ainsi que l'ont compris les évêques successeurs des apôtres. Aussi haut qu'on puisse remonter, on voit partout et dans tous les temps le gouvernement de l'Église entre les mains des évêques, ayant sous leurs ordres les prêtres, les diacres, les lévites, les simples fidèles. Nous pourrions citer saint Clément de Rome, saint Ignace d'Antioche, saint Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, saint Cyprien, Eusèbe de Césarée, tous les anciens docteurs de l'Église. D'ailleurs, les décrets des papes, les canons des conciles, les règlements des évêques, en font foi: on ne peut indiquer aucune loi ecclésiastique qui n'ait pour auteur quelque évêque; aucune institution, aucune pratique religieuse, qui ait jamais été obligatoire pour les fidèles sans avoir été sanctionnée par les évêques. Sans parler de ce qui regarde la liturgie, qui est aussi ancienne que le christianisme, et qui était l'objet de la loi sur le secret dans les premiers siècles, nous avons la lettre canonique de saint Grégoire Thaumaturge, celle de saint Basile, et plusieurs autres règlements du même évêque sur l'ordination des clercs et le mariage des fidèles. Nous avons, au quatrième siècle, les règlements de Pierre d'Alexandrie. Les évêques ont publié des canons de discipline, soit dans les conciles œcuméniques de Nicée, de Constantinople, d'Ephèse et de Chalcédoine; soit dans les conciles particuliers d'Italie, d'Espagne, des Gaules, d'Afrique, d'Asie, et des autres parties du monde chrétien. Nous avons, pour les siècles postérieurs, les constitutions de Théodulphe d'Orléans, de Riculfe de Soissons, d'Hinemar de Reims. Toujours les évêques se sont maintenus dans le droit de faire des ordonnances et des statuts pour la discipline de leurs diocèses. Le concile de Trente, qui est le dernier concile œcuménique, et les conciles particuliers qu'on a tenus depuis, ont réglé la discipline sans qu'on ait jamais osé attaquer la validité de leurs règlements par le défaut de consentement de la part des curés ou autres prêtres (1). Il est donc constant qu'on a toujours cru que le pouvoir législatif de l'Église réside dans le pape et les évêques, à l'exclusion de ceux qui n'ont que le caractère sacerdotal; et que ce pouvoir leur vient de Jésus-Christ, et non du peuple chrétien. Les deux propositions du synode de Pistoie, où l'on affirme que la puissance spirituelle a été donnée de Dieu à l'Église ou à la com

(1) Voyez le savant Traité de l'autorité des deux puissances, tome ш, etc.

nunauté des fidèles pour être ensuite communiquée aux pasteurs, en sorte que le pape et les évêques n'auraient plus qu'une autorité ministérielle, émanée du peuple chrétien, ont été condamnées comme hérétiques par la bulle Auctorem fidei, de l'an 1794. La puissance législative du pape et des évêques ne vient point, non plus, des princes de la terre; elle est, de sa nature, indépendante de la puissance temporelle.

CHAPITRE IX.

L'exercice du pouvoir législatif de l'Église est, de droit divin, indépendant de la puissance temporelle.

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1074. Cette proposition est de foi. « Nous reconnaissons, disait le pape Pie VI à l'infortuné Louis XVI, nous voulons même qu'il y ait, dans le gouvernement politique, des lois entièrement distinctes de celles de l'Église, des lois qui appartiennent à la puis«sance civile. Mais, tout en réclamant l'obéissance pour les unes, « nous ne permettrons pas que les autres, qui sont du ressort de a la puissance spirituelle, soient violées par l'autorité laïque (1). Quelle juridiction les laïques peuvent-ils avoir sur les choses spirituelles? De quel droit les ecclésiastiques seraient-ils soumis « à leurs décrets? Il n'y a point de catholique qui puisse ignorer que Jésus-Christ, en instituant son Église, a donné aux apôtres et à leurs successeurs une puissance indépendante de toute autre « puissance (2). »

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1075. En effet, les mèmes autorités qui prouvent la souveraineté de la puissance ecclésiastique prouvent en même temps son indépendance. C'est à Pierre, et non à César, que Jésus-Christ a remis les clefs du royaume de Dieu, en le chargeant de paître les agneaux et les brebis, c'est-à-dire, de gouverner l'Église universelle. C'est aux apôtres, et non aux princes du siècle, qu'il a donné le pouvoir de lier et de délier les consciences, de prêcher l'Evangile, d'administrer les sacrements, de se choisir des successeurs, leur promettant d'être avec eux jusqu'à la fin du monde. Quand il

(1) Bref du 10 mars 1791, à Louis XVI. —(2) Bref du 10 mars 1791, aux évêques de l'assemblée nationale.

leur dit, Toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre; je vous envoie comme mon Père m'a envoyé, il ne s'adressait point aux dépositaires de la puissance temporelle; il ne parlait qu'à ses disciples, auxquels il annonçait en même temps qu'ils seraient persécutés par les rois et les magistrats (1). Dira-t-on que ceux qui ont fait mourir les apôtres en avaient reçu la mission de Jésus-Christ? que ce ne sont point les évêques, comme le dit saint Paul, mais les Néron, les Dèce, les Dioclétien, qui ont été établis par l'Esprit-Saint pour gouverner l'Eglise de Dieu ?

1076. Mais écoutons les Pères. Saint Cyprien, parlant des droits de l'Église, et de son indépendance à l'égard des pécheurs qui voulaient être admis à la communion des fidèles sans avoir fait pénitence, s'exprime en ces termes : « Si on craint l'audace des mé« chants, et s'ils emportent, par la violence, ce qu'ils ne peuvent « obtenir par la justice, c'en est fait de la vigueur épiscopale, et de la puissance sublime que nous avons reçue de Dieu pour gouver«ner l'Église. Nous ne pouvons pas même être chrétiens, si nous

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« nous abaissons jusqu'à redouter les menaces et les embûches des « hommes pervers (2). J'embrasse avec joie et avec amour ceux qui << reviennent avec un vrai repentir; mais s'il s'en trouve qui croient « pouvoir s'ouvrir la porte de l'Eglise par la terreur plutôt que par

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les larmes et par la soumission, qu'ils sachent que le camp invincible du Seigneur ne cède point à des menaces. Un évêque tenant l'Évangile et gardant les préceptes de Jésus-Christ peut être tué,

« mais il ne peut être vaincu... Faut-il abandonner la dignité de l'Église catholique et la puissance sacerdotale, au point que celui qui préside dans l'Église soit jugé par ceux qui sont hors de l'Église?... Que reste-t-il, sinon que l'Église cède au Capitole, que « les prètres se retirent, emportant l'autel du Seigneur (3)? »

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1077. L'empereur Constance, voulant juger des affaires de la foi, le célèbre Osius de Cordoue lui rappelle la distinction des deux puissances: «< Ne vous mêlez point, lui dit-il, des choses ecclésiastiques, et ne prétendez pas nous donner des ordres sur ces matières. Dieu vous a donné l'empire, et il nous a confié son Église

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« de même que celui qui contemple votre autorité avec des yeux jaloux contredit l'ordre divin, de même aussi craignez, en atti«rant à vous ce qui appartient à l'Église, de vous rendre coupable

(1) Saint Matthieu, c. x, v. 16, 17 et 18.—(2) Lettre LV. — - (3) Sacerdos Dei Evangelium tenens et Christi præcepta custodiens occidi potest, non vinci. Ibidem.

d'un grand crime. Il est écrit: Rendez à César ce qui est à Ce⚫sar, et à Dieu ce qui est à Dieu. Si donc il ne nous est pas per« mis de prétendre à l'empire sur la terre, il ne vous est pas permis, « non plus, d'usurper l'encensoir et le pouvoir sur les choses sacrées (1). »

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Si le même prince, au milieu des violences qu'il exerce contre les catholiques, se vante, comme le font ordinairement ceux qui oppriment l'Église, de prendre soin des canons, « Quel est donc, « lui demande saint Athanase, quel est le canon qui permet aux soldats et aux comtes d'envahir les temples, à ces spadassins <«< qui ne raisonnent pas, de dominer les Églises? Si c'est le juge«ment des évêques, qu'a de commun avec eux l'empereur? Quand vit-on pareille chose? quand le jugement de l'Église a-t-il emprunté de l'empereur son autorité? Il y a eu jusqu'à présent bien « des conciles, bien des décrets de l'Église; et les Pères n'ont ja«< mais rien conseillé de semblable à l'empereur ; jamais l'empe« reur lui-même n'a porté un œil envieux sur les affaires ecclésiastiques... Mais cette autorité que s'arroge aujourd'hui Constance, « et la liberté qu'il prend de présider aux jugements des évêques, « de traiter les affaires de la religion dans son palais, est l'abomination de la désolation prédite par Daniel (2). »

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1078. Saint Hilaire de Poitiers, l'Athanase d'Occident, écrivait au même empereur : « Que votre clémence ordonne que les juges « et les gouverneurs de provinces, qui ne sont chargés que des af«faires civiles, ne touchent point à ce qui regarde la religion; qu'ils ne portent pas la hardiesse jusqu'à juger les causes du clergé (3). » Comme on faisait valoir l'appui des pouvoirs temporels en faveur de la religion, ce grand évêque répondait : « Abus « déplorable! on croit que Dieu a besoin de la protection des hom<< mes, et que les puissances de la terre sont nécessaires à la dé«fense de l'Église. Eh! de quel appui se sont servis les apôtres ? quelles puissances de la terre les ont favorisés pour la prédication « de l'Évangile? Appelaient-ils quelque officier de la cour, quand ils «< chantaient les louanges de Dieu en prison, dans les fers, sous <«<les coups de fouet? Saint Paul formait-il l'Église de Jésus-Christ « par des édits de l'empereur, quand on le donnait lui-même en « spectacle dans les théâtres publics? L'Eglise se soutenait-elle par << la protection de Néron, de Vespasien ou de Dèce, dont la haine

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(1) Lettre à l'empereur Constance (dans la lettre de saint Athanase aux solitaires). · (2) Lettre aux solitaires. (3) Liv. 1, contre Constance,

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