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• chose de savoir comment cette connaissance vient au secours des ⚫ gens pieux, et se défend contre les impies (1). •

7. Les vérités qui sont du domaine de la théologie étant fondées sur la révélation, le théologien doit procéder par la voie du témoignage et de l'autorité. Le philosophe lui-même, s'il veut être chrétien, ne doit point perdre de vue les enseignements de la religion lorsqu'il parle de la nature de Dieu, de l'origine et du gouvernement du monde, de l'homme et de ses destinées éternelles. Malgré ses prétendus progrès, la philosophie, qui ne veut pas d'autres lumières que celles de la raison, rejetant comme inutile le flambeau de la révélation qui éclaire tout homme venant au monde, ne peut que tomber dans de graves erreurs. La raison humaine ne connaît Dieu tel qu'il est que par la révélation divine; elle ne connaît ses mystères, ses décrets, ses desseins et ses volontés, que parce qu'il a bien voulu les faire connaître aux hommes par le ministère de ses envoyés. Il n'appartient qu'à Dieu d'avoir cette connaissance en propre; la science sacrée n'est pour nous qu'une science d'emprunt, qu'une science qui nous vient du dehors. Lactance (2), Arnobe (3), Clément d'Alexandrie (4), Tertullien (5), Théophile d'Antioche (6), S. Justin (7), en étaient bien persuadés. Après avoir consacré leurs travaux et leurs veilles à la recherche de la vraie sagesse, se sentant dans l'impuissance de la trouver en eux-mêmes, surtout à la vue des erreurs et des contradictions des plus grands génies de l'antiquité, ils se déclarèrent pour le christianisme; et, en devenant chrétiens, ils n'ont point cessé d'être philosophes, c'est-à-dire, amis de la sagesse. Ils avaient compris qu'il n'est point indigne de Dieu de parler à l'homme, ni indigne de l'homme de soumettre sa raison à la raison de Dieu. En effet, croire une vérité lorsqu'il est prouvé que Dieu l'a révélée, ce n'est point abdiquer sa raison, pas plus qu'un aveugle-né ne l'abdique en croyant ce qu'on lui dit de l'existence et de la variété des couleurs; pas plus que l'homme n'abdique sa volonté en faisant la volonté de Dieu, en exécutant

(1) Qua scientia non pollent fideles plurimi, quamvis polleant ipsa plurimum. Aliud est enim scire tantummodo quid homo scire debeat, propter adipiscendam vitam beatam, quæ nonnisi æterna est; aliud autem scire quemadmodum hoc ipsum piis opituletur, et contra impios defendatur. lib. xiv de Trinitate, c. 1. — (2) Voyez Lactance, lib. 1. Divin. Instit. c. 1 et m; lib. iv. c. xxiv. — (3) Voyez Arnobe, lib. 11. adversus gentes. (4) Voyez Clément d'Alexandrie, lib. et m Stromatum. —(5) Voyez Tertullien, de præscriptionibus. — (6) Voyez S. Théophile d'Antioche, lib. 1. ad Autolycum. ·(7) Voyez S. Justin, cohortatio ad Græcos et Epistola ad Diognetum. Cette lettre est de S. Justin, ou d'un auteur plus ancien,

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les ordres de ses supérieurs, en observant les lois de son souverain. Je commence, dit Fénelon, par m'arrêter tout court en « matière de philosophie, dès que je trouve une vérité de foi qui « contredit quelque pensée philosophique que je suis tenté de sui« vre. Je préfère, sans hésiter, la raison de Dieu à la mienne; et « le meilleur usage que je puisse faire de ma faible lumière, est de « la sacrifier à son autorité. Ainsi, sans m'écouter moi-même, « j'écoute la seule révélation qui me vient par l'Église, et je nie « tout ce qu'elle m'apprend à nier. Si tous les géomètres du monde << disaient d'un commun accord, à un ignorant sensé, une vérité de « géométrie qu'il ne serait nullement à portée d'entendre, il la «< croirait prudemment sur leur témoignage unanime: l'usage qu'il « ferait alors de sa raison ignorante serait de la soumettre à la su«périeure et mieux instruite de tant de savants. Ne dois-je point << bien davantage soumettre ma raison bornée à la raison infinie de « Dieu ? Dès que je le conçois infini, je m'attends de trouver en lui «< infiniment plus que je ne saurais concevoir. Ainsi, en matière « de religion, je crois sans raisonner, et je ne connais point d'autre • règle que l'autorité de l'Église, qui me propose la révélation (1).»

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8. Toutefois, le théologien ne rejette point l'usage de la raison ; il le regarde comme indispensablement nécessaire, et l'appelle à son secours pour l'examen de ce qui a rapport aux fondements de la religion. C'est par l'exercice de nos facultés intellectuelles qui doivent leur développement à l'éducation, c'est par l'application

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(1) Lettre v sur la Religion. L'auteur de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion, après avoir admirablement établi la nécessité de la foi dans le premier volume, entreprit, dans le second, de fixer le criterium de la certitude en toutes choses sur le SENS COMMUN, dont il poussait trop loin l'application; et il plaça dans le genre humain, en dehors de l'Église et des traditions apostoliques, l'autorité qui doit servir de règle aux croyances du chrétien. Ce système a été condamné par l'encyclique Singulari de Grégoire XVI, du 25 juin 1834 : « Il est déplorable, dit ce pape, de voir jusqu'à quel excès se précipitent les délires de la raison humaine, quand quelqu'un se jette dans les « nouveautés; quand il veut, contre l'avis de l'Apôtre, être plus sage qu'il ne « faut l'être, et prétend, par une extrême présomption, chercher la vérité hors << de l'Église catholique, dans laquelle elle se trouve sans le plus léger mélange « d'erreur, et pour cela est appelée et est en effet la colonne et le fondement « de la vérité. Vous comprenez bien, vénérables frères, qu'ici nous parlons de « ce système trompeur de philosophie introduit récemment et tout à fait blå«mable, dans lequel, par un désir effréné de nouveautés, on ne cherche pas la vérité là où elle se trouve certainement, et, négligeant les traditions saintes «<et apostoliques, on admet d'autres doctrines vaines, futiles, incertaines et non << approuvées par l'Église, doctrines que des hommes légers croient faussement

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de nos sens et le témoignage des hommes, que nous arrivons à la connaissance des faits qui établissent la révélation, que nous prouvons l'autorité des livres saints et l'existence des traditions qui remontent les unes à Jésus-Christ, les autres à l'origine du monde. Mais une fois arrivée à la révélation divine par une voie naturelle, la raison elle-même, si elle ne se laisse point dominer par une orgueilleuse présomption, si elle n'a pas la folle prétention de s'élever contre la science de Dieu, s'arrête et se soumet au joug de la foi, soit qu'elle comprenne, soit qu'elle ne comprenne pas les choses que nous devons croire, sur la parole de celui qui est la vérité même.

9. Ce n'est pas à dire que l'homme délibère toujours avant de croire, ni que le doute précède la foi dans l'esprit du chrétien. Dans l'enseignement catholique, les motifs de la foi accompagnent les vérités qui en sont l'objet; de sorte qu'en apprenant ce qu'il doit croire, le chrétien apprend aussi, et par le même moyen, quels

• propres à soutenir et à appuyer la vérité. » Les évêques de France ont souscrit à l'encyclique de Grégoire XVI : nous avons été nous-même heureux de la publier comme vicaire capitulaire de Besançon, conjointement avec les autres administrateurs du diocèse. Par cet acte, nous rétractions tout ce que nous aurions pu dire ou écrire dans le sens du système philosophique de l'Essai. Ce système n'avait point été compris de ceux qui l'avaient embrassé; ils ne se le présentaient pas tel qu'il est ce qui explique la facilité avec laquelle ils l'ont abandonné.

On ne peut évidemment se prévaloir de cette encyclique en faveur de ceux qui rejettent la nécessité de la révélation primitive. Le saint-siége condamne le système de M. de Lamennais, non en ce qu'il tend à prouver que sans la révélation l'homme n'aurait pu connaître les vérités de la religion, mais bien parce qu'en négligeant les traditions apostoliques, on y cherche la vérité hors de l'Eglise, extra Ecclesiam catholicam, sanctisque et apostolicis traditionibus posthabitis. Aussi, dans son encyclique Mirari, du 15 août 1832, le même pape dit aux évêques : « Embrassant dans votre affection paternelle ceux qui s'appliquent aux sciences ecclésiastiques et aux questions de philosophie, • exhortez-les fortement à ne pas se fier imprudemment sur les forces de leur « esprit seul, qui les éloignerait du sentier de la vérité, et les entraînerait dans « la voie des impies. Qu'ils se souviennent que Dieu est le guide de la sagesse - et le réformateur des sages (Sapient. c. VIII. v. 15), et qu'il ne peut se faire • que nous connaissions Dieu sans Dieu, qui, par la parole, apprend aux hom- mes à connaître Dieu : ac fieri non posse, ut sine Deo Deum discamus, qui « per verbum docet homines scire Deum. Il est d'un orgueilleux, ou plutôt « d'un insensé, superbi seu potius insipientis est, de peser dans une balance - humaine les mystères de la foi, qui surpassent tout sentiment, et de se fier su notre raison, qui est faible et infirme par la condition de notre nature: nos• træque mentis rationi confidere, quæ naturæ humanæ conditione de· a bilis est et infirma.

sont les fondements de sa croyance; et comme les preuves de la révélation sont à la portée de toutes les intelligences, l'homme peut les saisir à mesure que l'enseignement se développe, sans avoir besoin de suspendre son jugement pour attendre de nouveaux motifs. La révélation se manifeste et se prouve comme tout objet d'enseignement, sans supposer un doute préalable, parce qu'elle repose sur des faits et des témoignages qui peuvent être compris sans effort, comme toutes les preuves du même genre; et qu'ainsi les motifs de conviction précèdent ou accompagnent toujours la connaissance, et légitiment par conséquent l'adhésion immédiate aux objets de la foi, absolument de la même manière que pour toutes les vérités analogues. En un mot, celui qui est élevé dans le christianisme n'a pas plus besoin de passer par le doute pour arriver à la foi, que pour arriver à la connaissance des premiers principes, des faits historiques, et de toutes les vérités qu'il adopte sur le témoignage d'une autorité qui ne lui permet pas de douter (1).

10. D'un autre côté, en partant des vérités révélées comme d'autant de principes incontestables, le théologien en tire, à l'aide du raisonnement, des conséquences ou conclusions théologiques, qu'on appelle ainsi parce que les prémisses ou l'une des prémisses d'où elles dérivent appartiennent à la révélation. Ces conclusions sont plus ou moins certaines, plus ou moins probables, selon qu'elles sont plus ou moins prochainement déduites des prémisses, et qu'elles s'accordent plus ou moins avec la croyance et l'enseignement de l'Église. Il y a même des conclusions théologiques qui sont articles de foi: ce sont celles qui nous sont proposées par l'Église comme révélées, ses décisions et ses symboles étant toujours fondés sur l'Écriture sainte ou la tradition. C'est encore par le raisonnement que l'on réfute les objections des hérétiques et des incrédules. Mais, en les réfutant, le théologien ne perdra jamais de vue les enseignements de la foi, dont il ne doit s'écarter en rien : c'est le moyen d'éviter le double danger, ou de tomber dans des exagérations qui compromettent la vérité, ou de faire des concessions qui seraient un sujet de triomphe pour les ennemis de la religion.

11. Les lieux théologiques, c'est-à-dire, les sources d'où la théologie tire ses preuves pour établir les différentes vérités dogmatiques et morales dont elle traite, peuvent se réduire au nombre

(1) Voyez l'Introduction à la Théologie, par M. l'abbé Receveur.

de trois : ce sont l'Écriture sainte, la tradition divine, et les décisions de l'Église. La première source est l'Écriture sainte, qui est la parole de Dieu écrite par des auteurs inspirés. La seconde source est la tradition divine, c'est-à-dire, la parole de Dieu qui étant transmise de vive voix s'est conservée dans les écrits des anciens, dans les symboles et la liturgie, dans la pratique constante et générale des peuples, et particulièrement de l'Église catholique. La troisième contient les décisions de l'Église, les décrets et règlements des conciles généraux et particuliers, les constitutions des Papes. De là, la nécessité pour le théologien de faire une étude particulière des livres saints, des écrits des Pères de l'Église, des conciles et des décisions du saint-siége. Il peut utilement appeler à son secours la connaissance des langues anciennes, et particulièrement de la langue hébraïque, de la langue grecque et de la langue latine, ainsi que l'étude des sciences naturelles, de l'histoire profane considérée dans ses rapports avec l'histoire de la religion. La connaissance de l'histoire ecclésiastique, qui fait suite à l'histoire sacrée que nous trouvons dans les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, est indispensablement nécessaire au théologien, puisque cette histoire contient les enseignements, les actes et les pratiques de l'Église. Néanmoins, ni l'histoire ecclésiastique, ni encore moins l'histoire profane, ni la philosophie, ni la raison par conséquent, ni les sciences naturelles, ne doivent être rangées au nombre des lieux théologiques proprements dits. Ce sont, il est vrai, autant de moyens d'arriver aux sources et de les protéger contre l'ennemi, mais ce ne sont pas les sources elles-mêmes où nous puisons la doctrine catholique.

12. Nous le répétons, comme la théologie a pour fondement la révélation, et pour objet les vérités révélées, ses vraies sources sont l'Écriture sainte, la tradition et l'enseignement de l'Église, qui est tout à la fois la dépositaire et l'interprète des Ecritures et des traditions divines. Il est donc naturel qu'avant de parler des dogmes en particulier, nous établissions dans les trois premiers traités: 1o l'autorité des livres saints et de la tradition; 2o la divinité de la religion chrétienne; 3° les caractères et les prérogatives de l'Église de Jésus-Christ. Comme cet ouvrage n'est pas proprement un livre de controverse, nous avons cru devoir nous attacher plutôt à l'ordre des matières qu'à l'ordre logique que semble réclamer la hiérarchie, pour ainsi dire, des erreurs et des égarements de l'esprit humain. Ainsi, par exemple, nous parlerons de la tra

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