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141. En un mot, on peut dire que jamais livre ne fut plus connu, plus répandu, plus populaire, que les livres du Nouveau Testament. Or, il est certain qu'un ouvrage est d'autant plus à l'abri de toute altération, que les exemplaires en sont plus multipliés : l'interpolation ne pouvant être générale, à moins qu'on ne parvienne à changer toutes les copies, la difficulté du succès augmente en raison du nombre des exemplaires. Que serait-ce si ce grand nombre de copies était dispersé dans des régions éloignées, et parmi des peuples qui n'eussent aucun commerce entre eux? Supposons qu'aujourd'hui on entreprenne de changer quelques versets des Évangiles: il faudrait commencer par anéantir tous les exemplaires imprimés et manuscrits répandus dans le monde. Or, toutes les puissances de la terre, fussent-elles réunies, n'en viendraient jamais à bout: on exterminerait plutôt tous les peuples qui ont quelque connaissance du christianisme. Mais si la chose est impossible maintenant, elle l'a toujours été, puisque, depuis le temps des apôtres jusqu'à nous, il y a toujours eu des églises chrétiennes dans les différentes parties de l'univers, en Orient et en Occident; il y a toujours eu par conséquent une multitude d'exemplaires des livres du Nouveau Testament (1).

142. Dira-t-on que toutes les églises, quoique dispersées, ont pu s'accorder entre elles pour corrompre les livres saints? Mais plus on suppose cet accord général et unanime parmi les chrétiens, plus cette supposition est absurde, plus elle répugne aux lois de la nature. Que deviendrait la société, que deviendrait le genre humain, si des peuples entiers étaient capables d'entrer dans un tel complot, sans que personne élevât la voix contre l'imposture, sans qu'on pût même assigner l'époque, ni nommer les premiers auteurs de l'attentat? Direz-vous qu'il y a eu des faussaires assez adroits ou assez puissants pour faire adopter l'interpolation des Écritures par tous les chrétiens? Mais, de grâce, faites-nous donc connaître ces imposteurs. Dites-nous de quelle partie du monde est sortie la fraude, quelles ont été ses premières conquêtes, comment elle a pu porter ses ravages partout, et bouleverser les croyances des évêques, prêtres, de tous les fidèles, sans rencontrer la moindre contradiction! Il est bien vrai que dans tous les temps il y a eu des nova

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quoad licet per tempus. Deinde, ubi lector desiit, is qui præest admonitionem verbis et adhortationem ad res tam præclaras imitandas suscipit. Postea omnes simul consurgimus, et preces emittimus: atque ubi desiimus precari, panis offertur, et vinum, et aqua. Apol. 1, n° LXVII. Edit. des Bénédictins, Paris, 1742, in-fol. (1) Duvoisin, Autorité du Nouveau Testament, c. xvш, art. 1.

teurs, et il y en aura toujours. Il y a eu des chefs de sectes, mais ils sont connus: sans parler des Cérinthe, des Marcion, des Valentin, on connaît les Arius, les Macédonius, les Pélage, les Nestorius, les Eutichès; et l'on ignorerait jusqu'au nom de celui qui, au lieu d'attaquer, comme ces hérésiarques, quelque dogme particulier, aurait tenté de falsifier les livres des apôtres, et aurait réussi à y insérer des faits, des miracles, des prédictions et des mystères qui sont un scandale pour les Juifs, une folie pour les Grecs! Non, évidemment, il n'était pas plus possible d'altérer ainsi les livres évangéliques que de les fabriquer après coup.

143. Nous irons plus loin: si vous persistez à soutenir que ces livres ont été altérés, permettez-nous de vous demander encore par qui ils l'ont été. Ils n'ont pu l'être que par les catholiques, ou par les hérétiques, ou par les Juifs, ou par les païens. Ils ne l'ont pas été par les catholiques: s'ils avaient osé se permettre la moindre tentative à cet égard, les hérétiques, dont la souche remonte aux temps apostoliques, quoiqu'ils ne descendent point les uns des autres, eussentils gardé le silence, eux qui ont toujours cherché à mettre les catholiques en défaut? N'eussent-ils pas crié au scandale, à l'imposture? Certes, c'eût été une belle occasion de confondre ceux qui les traitaient de novateurs. Cependant ces reproches, de la part des sectaires, à l'égard des orthodoxes, ne se trouvent nulle part; l'histoire n'en fait point mention, ou, comme nous le voyons dans Tertullien (1), elle n'en parle que pour la confusion de ceux qui se les étaient permis. Les hérétiques de tous les temps ont bien accusé l'Église de mal interpréter les Écritures; mais de les avoir altérées dans le sens des incrédules, jamais. Elles n'ont point été non plus altérées par les hérétiques : il est vrai que quelques-uns d'entre eux, parmi les anciens, ont tenté de le faire, non pour ce qui regarde les miracles, mais pour quelques textes qui étaient contraires à leurs erreurs; encore leur tentative est-elle demeurée infructueuse. Aussitôt qu'ils commencèrent à publier leurs exemplaires falsifiés, la fraude fut découverte, et étouffée par les réclamatious des catholiques, qui leur opposèrent l'ancienneté et l'universalité de leurs exemplaires. Les efforts des Marcionites, des Valentiniens et des Manichéens n'ont pas eu d'autre résultat que de prouver l'impuissance où ils étaient de corrompre les Évangiles, tout en

(1) Liv. iv, contre Marcion, ch. 1, 1v, etc.; Liv. des Prescriptions, ch. xxxvII. —Voyez aussi S. Augustin, de l'utilité de croire, ch. ш, no 7, et liv. xi, contre Fauste, ch. 1, ш et iv, etc.

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nous donnant une nouvelle preuve de leur intégrité. Comment, en effet, l'Église catholique, qui n'a jamais souffert aucune nouveauté, ainsi que nous l'apprend l'histoire, eût-elle souffert qu'on altérât les livres dont elle était dépositaire, pour ce qui regarde les faits, les miracles et les dogmes de Jésus-Christ? Il faut donc recourir aux Juifs et aux païens. Mais une telle supposition tombe d'ellemême. Quoi! les Juifs auraient falsifié les Évangiles, en y insérant des faits qui sont un sujet d'opprobre pour la synagogue! Comment d'ailleurs auraient-ils pu en imposer à tous les chrétiens? Et les païens auraient cherché à faire triompher le christianisme, tandis qu'ils sévissaient contre les chrétiens, uniquement parce qu'ils étaient chrétiens, parce qu'ils confessaient Jésus-Christ! Non, les livres évangéliques n'ont pu être altérés ni par les païens ni par les Juifs, ni par les hérétiques, ni par les catholiques. Donc, encore une fois, ces livres sont parvenus jusqu'à nous tels, quant au fond de l'histoire et de la doctrine, qu'ils sont sortis de la plume de ceux qui les ont écrits.

144. Enfin, nous pouvons accabler nos adversaires par une preuve de fait qui est sous nos yeux. On peut leur dire : Nous possédons un grand nombre d'ouvrages des Pères des premiers siècles de l'Église; et l'on ne sache pas qu'aucun incrédule ait eu la pensée de dire que tous ces écrits auraient pu être supposés ou falsifiés par un imposteur. C'est comme si on disait que tout ce qui nous reste des anciens auteurs profanes, poëtes, rhéteurs, historiens, philosophes, qui ont paru en différents siècles, pourrait bien avoir été corrompu par un ou plusieurs faussaires: cette idée ne serait pas un paradoxe, mais une extravagance. Eh bien! si vous parcourez les écrivains de l'antiquité chrétienne, vous verrez que, dans leurs commentaires, dans leurs traités dogmatiques, dans leurs homélies et leurs livres de morale, ils ont transcrit en quelque sorte le Nouveau Testament tout entier ; vous y trouverez le sens et presque toutes les paroles mêmes des Évangiles; en sorte que si, par impossible, ces livres venaient à disparaître tout à coup, on parviendrait à les refaire en rassemblant les citations éparses dans les auteurs ecclésiastiques. Donc les Évangiles que nous avons entre les mains sont conformes aux Évangiles qu'on lisait dans la plus haute antiquité; done, en traversant les siècles, ils n'ont souffert aucune altération essentielle (1).

(1) Duvoisin, l'Autorité des livres du Nouveau Testament, ch. XVIII, art. 11; M. Frayssinous, Défense du christianisme, conf. sur l'autorité des Évangiles; Bergier, Abbadie, etc.

S III. Des objections contre l'intégrité des livres du Nouveau Testament.

145. Les Évangiles et autres livres des apôtres nous offrent, dit-on, un grand nombre de variantes. Mill, docteur anglais, parvint à en rassembler trente mille dans l'édition qu'il nous a donnée du Nouveau Testament. Ces livres ont donc été altérés. Ainsi raisonne l'incrédule. Mais n'en est-il pas de ces variantes comme de celles qui se trouvent dans les différents textes et les différentes versions du Pentateuque; comme de celles qui se rencontrent dans les ouvrages de l'antiquité, même dans ceux qui passent, au jugement de tous, pour être exempts d'altération? L'intégrité de l'histoire sera-t-elle donc compromise, parce qu'il n'est aucun historien, pour peu qu'il soit ancien, dont les écrits ne renferment plus ou moins de variantes? Il faut donc distinguer les variantes qui, en formant un sens différent, peuvent altérer le fond d'un livre, et les variantes qui n'en affectent point la substance. Le docteur Mill n'a pas fait cette distinction; tout a été variante pour lui les différences les plus légères, les moindres minuties, ont produit des variantes. Il a tenu compte des synonymes, des lettres et des syllabes, que la ressemblance de la figure ou du son a fait prendre aux copistes les unes pour les autres. Il n'y a pas jusqu'aux points et virgules dont il n'ait grossi son catalogue. Enfin on peut dire qu'il a porté l'exactitude jusqu'à l'excès. La plus petite différence dans l'orthographe, dans les particules, dans les articles, dans l'ordre et l'arrangement des mots, sans changement pour le sens, a été soigneusement observée et notée pour une variante. Ce n'est done pas sans raison que le savant Kuster, dans la préface qu'il a mise à la tête d'une nouvelle édition de Mill, dit que cet auteur a compris, dans le recueil de ses variantes, des différences insipides, ridicules et frivoles: Referre voluit varietates etiam insipidas, ridiculas et futiles.

146. Le docteur Mill reconnaît lui-même que la plupart de ses variantes ont peu d'importance; que, sur le nombre de trente mille, il n'y en a qu'environ deux mille qui lui paraissent devoir être préférées aux leçons vulgaires ; que parmi ces deux mille variantes il n'y en a presque point qui offrent un autre sens que les exemplaires que nous avons entre les mains, et que les différences les plus considérables n'intéressent ni l'histoire, ni le dogme, ni la morale. On ne peut donc rien conclure de ces variantes, quelque

nombreuses qu'elles soient, contre l'intégrité du Nouveau Testament: toute cette diversité de leçons ne consistant qu'en des minuties qui n'intéressent point le sens, les dogmes de notre foi ne sauraient en être altérés. Elles sont même une preuve non équivoque de la pureté originelle des livres saints. Cette multitude prodigieuse de variantes ne peut être qu'une suite du grand nombre de manuscrits, de versions et de citations. En effet, pour faire son travail, le docteur Mill a collationné le grec sur quatre-vingt-dix manuscrits; il l'a confronté avec les anciennes versions italique, vulgate, syriaque, éthiopienne, arabe, cophte, arménienne, gothique et saxonne; il l'a comparé avec toutes les citations du Nouveau Testament répandues dans les ouvrages des Pères grecs et latins des cinq premiers siècles de l'Église. Or, plus les manuscrits et les versions d'un livre sont multipliés, plus ce livre a été cité par les anciens écrivains, plus aussi on a raison de croire à son intégrité, si d'ailleurs, malgré les variantes, ces versions et ces citations n'offrent que des différences si légères, qu'elles ne touchent point à la substance de l'ouvrage. Il serait certainement plus facile d'altérer un livre dont il n'existe que quelques exemplaires, que d'altérer des écrits qui ont été traduits dans toutes les langues, et dont les copies sont répandues partout. En deux mots, le docteur Mill a fait un travail extraordinaire pour recueillir les variantes du Nouveau Testament; il en a signalé trente mille, dont aucune n'affecte ni la substance de l'histoire évangélique, ni la doctrine de JésusChrist et des apôtres; donc nos livres saints n'ont point été altérés (1).

147. Direz-vous qu'on ne peut concilier ces variantes, quelles qu'elles soient, avec l'idée de l'inspiration divine? qu'un livre inspiré ne peut être sujet à aucune variété, même non substantielle? Et pourquoi ne pourrait-on pas concilier ces deux choses? « Pour • prévenir les fautes des copistes, il eût été besoin d'une perpétuité « et d'une universalité de miracles que l'on ne peut raisonnable⚫ment exiger de la Providence divine, puisqu'elle a pu atteindre « le but qu'elle s'est proposé en nous donnant les livres saints, sans ⚫ cette foule de merveilles. On dit miracles, parce que ce n'en est

(1) Voyez Bullet, Réponses critiques à plusieurs difficultés concernant les livres saints, tom. II, page 432, édit. de Besançon, 1819; Duvoisin, l'Autorité des livres du Nouveau Testament, ch. xix; Whitby, Examen variarum lectionum, seconde édition, 1718; Psaff, Dissertation critique sur les véritables leçons du Nouveau Testament, etc.

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