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tre fois plus long qu'à l'ordinaire; transportez dans ce monde les « hommes tels qu'ils sont ; ils seront témoins de ce spectacle, bien « nouveau pour eux. Peut-on nier que, sans changer leurs organes, « ils fussent en état de s'assurer de la longueur de ces jours? Il ne s'agit encore, comme on voit, que des témoins oculaires, c'està-dire, si un homme peut voir aussi facilement un miracle qu'un « fait naturel; il tombe également sous les sens. La difficulté est donc levée quant aux témoins oculaires.

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156. Or, ces témoins, qui nous rapportent un fait miraculeux, ont-ils plus de facilité pour nous en imposer que sur « tout autre fait? Et les marques de vérité que nous avons assi«gnées ne reviennent-elles point avec toute leur force? Je poura rai combiner également les témoins ensemble, je pourrai recon<< naître si quelque passion ou quelque intérêt commun les fait agir; il ne faudra, en un mot, qu'examiner l'homme, et consul« ter les lois générales qu'il suit : tout est égal de part et d'autre. « Vous allez trop loin, me dira-t-on, tout n'est pas égal. Je sais que « les marques de vérité ne sont point inutiles pour les faits miracu« leux ; mais elles ne sauraient faire la même impression sur notre ⚫ esprit. Elles ont la même force pour les faits naturels et pour les « faits surnaturels; mais dans l'un il y a un obstacle à surmonter, « dans l'autre il n'y en a point. Dans le fait surnaturel, je vois l'impossibilité qui s'oppose à l'impression que feraient sur moi ces marques de vérité; elle agit si fortement sur mon esprit, qu'elle le a laisse en suspens et m'empêche de croire.

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157. Ce raisonnement frappera sans doute tout homme qui le « lira rapidement sans l'approfondir, mais le plus léger examen « suffit pour en apercevoir tout le faux; semblable à ces fantômes qui paraissent durant la nuit, et se dissipent à notre approche. « Descendez jusque dans les abîmes du néant, vous y verrez les « faits naturels et surnaturels, confondus ensemble, ne tenir pas plus « à l'être les uns que les autres; leur degré de possibilité pour sor"tir de ce gouffre et paraître au jour est précisément le même; car « il est aussi facile à Dieu de rendre la vie à un mort que de la con« server à un vivant. Profitons maintenant de ce qu'on nous ac« corde : les marques de vérité que nous avons pour les faits natu«rels peuvent convenir aux faits surnaturels ; de sorte que, s'il n'y « avait aucun obstacle à surmonter, point de raisons à combattre, « nous serions aussi assurés d'un fait miraculeux que d'un fait na« turel. Or, j'ose avancer qu'il en est précisément de même d'un • fait surnaturel que d'un fait naturel; c'est à tort qu'on s'imagine

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toujours voir l'impossibilité physique d'un fait miraculeux com« battre toutes les raisons qui concourent à nous en démontrer la « réalité. Car qu'est-ce que l'impossibilité physique? C'est l'impuissance des causes naturelles à produire un tel effet; cette impossibilité ne vient point du fait même, qui n'est pas plus impossible que le fait naturel le plus simple. Lorsqu'on vient « vous apprendre un fait miraculeux, on ne prétend pas vous dire «qu'il a été produit par les seules forces des causes naturelles : j'avoue qu'alors les raisons qui prouveraient ce fait seraient non<< seulement combattues, mais même détruites, non par une impossibilité physique, mais par une impossibilité absolue; car il est absolument impossible qu'une cause naturelle, avec ses <«< seules forces, produise un fait surnaturel. Vous devez donc, lors« qu'on vous apprend un fait miraculeux, joindre la cause qui peut « le produire avec le même fait; et alors l'impossibilité physique « ne pourra nullement s'opposer aux raisons que vous aurez de « croire ce fait.... Je ne vois d'autres raisons que celles qui naissent « d'une impossibilité métaphysique ou absolue, qui puissent s'op« poser à la preuve d'un fait. Ce raisonnement sera toujours invin« cible. Le fait que je vous propose à croire ne présente rien à l'esprit d'absurde et de contradictoire : cessez donc de parler avec « moi de sa possibilité ou de son impossibilité....

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158. « Pour ce qui regarde la certitude, il n'y a qu'une différence << entre les faits naturels et les miracles: pour ceux-ci on pousse les « choses à la rigueur, et on demande qu'ils puissent soutenir l'exa« men le plus sévère; pour ceux-là, au contraire, on ne va pas, à beaucoup près, si loin. Cela est fondé en raison, parce qu'un mi«racle est toujours un fait intéressant : mais cela n'empêche nulle«ment que la règle des faits ne puisse servir pour les miracles aussi « bien que pour les faits naturels; et si on veut examiner la diffi« culté présente de bien près, on verra qu'elle n'est fondée que sur ce qu'on se sert de la règle des faits pour examiner un miracle, et qu'on ne s'en sert pas ordinairement pour un fait naturel. S'il « était arrivé un miracle dans les champs de Fontenoy le jour que « se donna la bataille de ce nom; si les deux armées avaient pu l'apercevoir aisément; si en conséquence les mêmes bouches qui « publièrent la nouvelle bataille l'avaient publié; s'il avait été ac«< compagné des mêmes circonstances que cette bataille, et qu'il eût « eu des suites, quel serait celui qui ajouterait foi à la nouvelle « de cette bataille, et qui douterait du miracle? Ici les deux faits « marchent de niveau; ils sont arrivés tous les deux à la certi

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«tude (1). » L'incrédule ne peut donc se dispenser d'examiner et de croire, après examen, des faits rapportés dans le Pentateuque, dans les livres de Josué, des Juges, des Rois et des Prophètes, dans les Évangiles, les Actes des Apôtres, sous prétexte que ces faits sont, en grand nombre, des faits miraculeux, des prodiges opérés par l'intervention immédiate du Tout-Puissant.

ARTICLE I.

De la vérité des faits contenus dans le Pentateuque.

159. Nous divisons le Pentateuque en deux parties : la première, renfermée dans la Genèse et le premier chapitre de l'Exode, comprend en abrégé ce qui s'est passé depuis la création du monde jusqu'à la naissance de Moyse; la seconde contient l'histoire des Hébreux, depuis la naissance jusqu'à la mort de ce législateur. Les Hébreux s'étant prodigieusement multipliés en Égypte, les Égyptiens en conçoivent de la jalousie et les persécutent impitoyablement. Alors Dieu fait naître Moyse leur libérateur, le délivre des eaux du Nil, où il avait été exposé, et le fait tomber entre les mains de la fille du roi appelé Pharaon : celle-ci l'adopte pour son fils. Moyse tue un Égyptien qui avait maltraité un Hébreu, et s'enfuit dans la terre de Madian, où il paît les troupeaux de son beau-père Jéthro pendant quarante ans. Là, il entend la voix du Dieu de ses pères, qui le renvoie en Égypte pour tirer ses frères de la servitude. Il se présente donc, accompagné d'Aaron son frère, devant Pharaon, et lui intime les ordres du Seigneur. Le prince les méprise, et, au lieu de laisser sortir les Israélites, il appesantit encore leur joug. L'Égypte est frappée coup sur coup de dix plaies épouvantables; mais le cœur de Pharaon s'endurcit. Enfin les Hébreux, au nombre de six cent mille, non compris les femmes et les enfants, se rassemblent sous la conduite de Moyse, sortent de l'Égypte, prennent leur route du côté de la mer Rouge, et la passent à pied sec. Pharaon, que la fureur aveugle, veut les suivre; mais son armée est engloutie dans les flots. Depuis ce moment, l'histoire des Hébreux n'est, pour ainsi dire, qu'une suite continuelle de prodiges. Durant quarante ans, un pain céleste les nourrit dans les déserts arides et brûlants de l'Arabie; une colonne de feu éclaire leur marche pendant la nuit, et les préserve en même temps des ardeurs du soleil pendant le jour.

(1) Encyclopédie du xvII° siècle, art. Certitude.

Dieu publie sa loi sur le mont Sinaï avec l'appareil le plus formidable et le plus majestueux ; et plus d'une fois, à la voix de Moyse, la vengeance divine éclate sur ceux qui refusent d'obéir. Cependant ce législateur confirme le culte du vrai Dieu, institue le sacerdoce, établit une police admirable, et meurt sur les bords de la terre promise, laissant à Josué le soin d'y introduire les Israélites. Tel est le magnifique spectacle que nous présente l'histoire de Moyse, et nous ne faisons qu'indiquer une partie des merveilles dont les quatre derniers livres du Pentateuque sont remplis. Or, il est naturel d'examiner d'abord les prodiges qui se sont opérés sous les yeux et par le ministère de Moyse; car, une fois que ces miracles seront constatés, on sera forcé de reconnaître la mission divine de ce législateur; et son autorité, dès lors, nous garantira la vérité des faits contenus dans la première partie du Pentateuque, soit qu'il ait pu connaître ces faits par la tradition seule, soit qu'il ait eu besoin de la révélation.

SI. Tout ce qui est écrit dans les quatre derniers livres du Pentateuque est vrai.

160. De l'aveu de tous, on doit regarder comme digne de foi, comme incontestable, toute histoire dont l'auteur n'a pu se tromper, n'a pas voulu tromper, et n'aurait pu tromper quand même il l'aurait voulu. Or, telle est l'histoire que Moyse nous a laissée dans l'Exode et les trois derniers livres du Pentateuque: Moyse n'a pu se tromper sur les faits qu'il rapporte; il n'a pas voulu tromper le peuple dont il était le chef; il n'aurait pu le tromper, quand même il l'aurait voulu. Donc on doit regarder cette histoire comme digne de foi, comme certaine et incontestable.

161. Premièrement Moyse n'a pu se tromper sur les faits qu'il rapporte dans les quatre derniers livres du Pentateuque. Comment, en effet, aurait-il pu être induit en erreur? Il ne s'agit pas ici de faits qui aient été hors de sa portée, de faits passés au loin, ni de faits fondés sur des bruits populaires, vagues, incertains; mais il s'agit de faits matériels qui ont eu lieu en sa présence et en présence de tout le peuple; de faits dont il a été tout à la fois acteur et témoin. Il n'est pas seulement question de quelques faits isolés et instantanés qui paraissent et disparaissent aussitôt; mais d'une multitude de prodiges qui se répètent pour ainsi dire à l'infini, et dont plusieurs, comme la colonne qui dirigeait la marche des Hébreux, la manne qui les nourrissait, la conservation de leurs vêtements, ont duré quarante ans. Dira-t-on de Moyse ce qu'un

prophète dit des idoles : qu'il avait des yeux, et qu'il ne voyait pas; qu'il avait des oreilles, et qu'il n'entendait pas; qu'il avait des mains, et qu'il ne palpait pas; qu'il avait des pieds, et qu'il ne marchait pas. Non, Moyse n'était point privé de l'usage de ses sens; une telle pensée ne peut se présenter qu'à l'esprit de celui qui serait luimême privé de la raison. Il suffit d'ouvrir le Pentateuque pour reconnaître qu'il n'est point l'ouvrage d'un homme capable de confondre les rêves de l'imagination avec les faits tels qu'il les décrit. Done Moyse n'a pu se tromper sur les faits qui sont l'objet de sa narration.

162. Secondement : Moyse n'a pas voulu tromper; en d'autres termes, Moyse n'est point un imposteur. D'abord, la religion, l'amour de la vertu éclatent dans toutes ses actions, et le peignent à chaque page de ses écrits. Ses lois n'ont d'autre but que de former les Hébreux à la pratique de tous les devoirs; elles ne respirent que la piété, la justice et l'humanité; elles ont pour base la connaissance et le culte du vrai Dieu. « Écoute, Israël; le Seigneur notre Dieu « est le seul et unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de « tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces (1). » Le législateur sublime qui, dans un siècle d'ignorance et de barbarie, a fondé sa constitution sur ce principe fondamental de la religion et de la morale, ne serait-il donc qu'un imposteur? Accuserez-vous Moyse d'avoir fait servir la religion à des vues ambitieuses? Mais quels traits d'ambition vous offre son histoire? Élevé dans le palais de Pharaon, il renonce aux délices et aux espérances de la cour pour s'occuper de ses frères, et se retire dans le pays de Madian, où il est appliqué à paître les troupeaux de son beau-père. Quand Dieu lui commande de se mettre à la tête des Israélites, il s'en excuse, et n'obéit qu'à regret. Il sacrifie son repos pour le salut d'un peuple indocile, ingrat, et s'oublie lui-même pour ne voir que celui qui l'envoie. Il ne veut pas que le pouvoir dont il est revêtu passe à ses enfants; c'est Josué, un homme étranger à sa famille et à sa tribu, qu'il désigne pour son successeur; il établit la souveraine sacrifi cature, qu'il rend héréditaire dans la famille d'Aaron; et la postérité du législateur demeure confondue dans la famille des simples lévites. Il ne déguise pas les fautes de Lévi, chef de sa tribu, ni celles d'Aaron son frère, de Marie sa sœur, de ses neveux Nadab et Abiu. Il ne dissimule pas même ses propres fautes; et il nous apprend lui-même qu'il a été puni de Dieu, qui lui ferma l'entrée de

(1) Deutéronome, ch. v, v. 4 et 5

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