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tôt, toutes les autres parties du discours ne sont qu'une décomposition de celles dont cette même langue était composée.

Chacun peut avoir remarqué que, dans les momens où la force de la passion ne nous permet pas d'analyser nos sentimens, nous les exprimons par ces signes naturels et involontaires du langage primitif; il est donc probable qu'ils sont un effet nécessaire de notre organisation. Quoiqu'il en soit, la connaissance de ces signes, que Vénéroni et ses compilateurs ont ignoré tout-à-fait, est très-nécessaire pour reconnaître le mécanisme du discours, dont ils sont à la fois l'abrégé et la forme première; et il est naturel de commencer l'analyse d'une langue par celle de ces mêmes signes que les grammairiens placent ordinairement à la fin de leurs livres, dont l'assemblage bizarre ressemble précisément à une statue à laquelle l'artiste aurait placé les pieds où doit être la tête, et eut fait toutes les autres parties disproportionnées, inégales, informes, contre toutes les lois de la nature et de l'art. Ce défaut, où l'inexpérience et la force de l'aveugle usage nous avaient entraînés jusqu'ici, du moins en partie, sera réparé dans ce nouvel ordre de choses. Les élémens du discours seront distribués selon la création des idées dont ils sont les signes. Après quoi, si les routiniers se plaignent, s'ils crient, s'ils murmurent, nous opposerons à ces cris insensés de l'ignorance ou de la mauvaise foi, les lois sacrées de la nature, et l'exemple du

très-petit nombre des grands maîtres de l'art, dont nous nous faisons une vraie gloire de suivre fidèlement les traces.

Les cris que la passion nous arrache, sont appelés, bien ou mal, interjections.

Une interjection doit renfermer implicitement un sujet et un attribut, puisqu'elle représente à elle seule une proposition entière. En effet, le cri ah! veut dire, je suis souffrant ou je souffre. Oh! peut signifier, je suis étonné, stupéfait; etc. Doh! signifie, je suis courroucé, indigné; etc. Il en est de même de tous les autres signes de cette espèce.

Il y a entre les interjections une distinction importante à faire. 1o. Les interjections qui ne sont que des cris naturels; les seuls du langage primitif et inarticulé, qui se soient conservés dans les langues composées de signes arbitraires, tels que les suivans: oh! ah! etc.; 2°. les interjections, où des mots arbitraires et articulés se trouvent joints au cri naturel; comme dans oimè! ahimè! hélas ! etc.

Toutes les fois que d'autres mots se trouvent ajoutés au cri naturel, ces mots peuvent être considérés sous deux points de vue différens. Ils peuvent être les élémens d'une proposition elliptique, que la force du sentiment ne permet pas d'exprimer par les voies ordinaires; ou bien ils sont une sorte d'analyse de l'interjection véritable, c'est-àdire, une traduction en mots articulés et arbi

traires de cette espèce de cri naturel. Ainsi, quand dans l'excès de la douleur, le malheureux qui souffre, s'écrie: oimè ! il dit: oi; savoir, je souffre: me, c'est-à-dire, aiutate me, secourez-moi. Mais dans l'exemple suivant du Dante:

Ahi! quanto egli era nell' aspetto fero....

Hélas! combien son aspect était féroce....

Les mots quanto egli era etc., sont une analyse, ou une traduction en mots articulés du cri d'épouvante, ahi!

On pourrait appeler les premières ou les cris naturels, interjections pures; et les autres, savoir, celles où un autre mot se trouve joint au crì naturel, pourraient être dites, interjections mixtes. Voyons maintenant la nature et l'usage de ces sortes de mots.

Un homme dans l'excès de la joie qui inonde son ame, manifeste la surabondance de son allégresse, par le cri oh! qui, accompagné par l'expression inséparable du ton de la voix, du geste, et du mouvement de sa figure, fait comprendre aussitôt que cet homme est heureux, puisque le eri qu'il émet signifie, je suis heureux ! Mais ce même cri prononcé avec un ton analogue, peut aussi signifier, je suis malheureux ! j'ai sujet de me plaindre ! etc.; proposition que les cris ah! ahi! ohi! peuveut aussi exprimer.

Les Grammairiens placent l'adjectif buono, bon, parmi les interjections de joie. Ce mot ne

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peut appartenir à cette classe, que par l'intention de celui qui en fait usage. Il en est de même du mot bravo! qui, étant regardé comme le qualifiant de la personne à qui l'on parle, prend par conséquent les désinences analogues au genre et au nombre de la personne même. Ainsi on dit à un homme, bravo! savoir: tu sei bravo; et à une femme, brava! savoir: tu sei brava.

Un homme saisi d'étonnement manifeste ce sentiment par le cri o ! ou oh! ou bien oh, oh! selon les circonstances, qui signifie précisément, je suis saisi d'étonnement. O! mangiano i morti ? (Boc.) Oh! les morts mangent-ils ? La proposition, mangiano i morti? explique la cause de l'étonnement de celui qui parle.

Un homme fortement indigné exprime le trouble de son ame, par le cri doh! ou puh! ou par le mot, diavolo! Le premier exprime l'indignation; le second exprime de plus un certain mépris envers la personne qui est l'objet de ce sentiment; le mot diavolo, est l'élément d'une proposition entière, il diavolo ti porti, ou lo porti via! etc. Come, diavol! non hanno che una coscia ed una gamba? (Boc.) Comment, diable! n'ontelles qu'une cuisse et une jambe?

Quand on menace quelqu'un, on lui dit : guai a te! guai a voi! etc., malheur à toi! malheur à vous! Le mot guai, pluriel de guaio, qui signifie, disgrazia ou danno, est en ce cas, le sujet d'une proposition qui peut être, guai sono minac

ciati ou preparati a te, a voi! etc., des malheurs sont préparés pour toi, pour vous, Guai al peccatore il quale va per due vie (Mor. S.-Grég. 1. 10.) Malheur au pécheur qui va par deux chemins; guai, ou disgrazie, ou danni sono preparati al peccatore, etc.

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Le cri naturel oh! exprimant à lui seul la violence d'un désir, est une interjection de désir, Mais pourquoi les Grammairiens appellent-ils ainsi l'adverbe così, dans l'exemple de Bocace, Così non l'avessi io mai conosciuta, et dans tous les autres semblables à celui-ci? Cet adverbe est toujours le même. C'est l'ellipse difficile à connaître en ces circonstances qui a induit en cette erreur. Je vais donc rétablir l'ordre de la construction naturelle, afin que l'on reconnaisse dans le mot così sa valeur primitive, et que l'on saisisse en même temps la construction, et le sens exact de cette phrase et semblables: Come è vero ch' io l'ho conosciuta, così piacesse a Dio ch' io non l'avessi mai conosciuta. Il est facile de sentir à présent que ce n'est que dans une situation passionnée que l'on doit faire usage de l'ellipse des mots que la construction directe rend nécessaires.

Quand on est saisi par une crainte subite, un mouvement naturel nous fait prononcer le cri oh! parce qu'on n'a pas le temps de dire: Io ho paura, j'ai peur. Si on ajoute à ce cri le mot Dio; ce mot est encore le sujet de la proposition suivante; Dio aiutami; mon Dieu, secours-moi! Oh! voi

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