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mots qui composent le discours. Il y a plusieurs sortes d'accens, savoir : l'accent grammatical, dont la fonction se réduit à désigner la valeur des syllabes; le rationel qui indique le rapport des idées; l'oratoire, qui, par les différentes modifications de la voix, exprime les sentimens dont l'orateur peut être affecté ; l'accent particulier des nations, qui est le résultat de leur imagination et de leur sensibilité physique. Voici ce que l'immortel J.-J. Rousseau dit à propos de cet accent: « L'Allemand, par » exemple, hausse également et fortement la voix dans » la colère; il crie toujours sur le même ton : l'Italien, » que mille mouvemens divers agitent rapidement et suc»cessivement, dans le même cas, modifie sa voix de » mille manières; le même fond de passion règne dans » son ame : mais quelle variété d'expressions dans ses » accens et dans son langage! »

Enfin, il y a l'accent tonique, et c'est celui dont nous allons nous occuper plus particulièrement.

De l'accent tonique.

Dans chaque mot composé de plusieurs syllabes, il y en a toujours une sur laquelle la voix, en prononçant le mot, se fait entendre plus fortement que sur les autres; cette élévation de la voix, ce frappement plus sensible sur une syllabe, qui consiste en un coup de gosier qui élève le son d'un degré, pour reprendre à l'instant, le même son d'où l'on est parti, sur la syllabe suivante, est précisément ce qu'on appelle accent tonique. En prononçant le mot sovrano, l'oreille s'aperçoit que la voix s'élève sur la syllabe vra, ce qui fait connaître que, dans ce mot, l'accent tonique se trouve sur la pénultième syllabe.

Pour mieux sentir la force de cet accent, examinons pourquoi le mot caro rime avec amaro. Croit-on que cette correspondance de rime dérive de ce que ces deux mots sont terminés par la même voyelle? Si cela était,

qui n'est pas. Dira-t-on

caro et torto rimeraient aussi ; ce qui n'est que caro rime avec amaro, parce qu'ils sont tous deux terminés par la même syllabe? point du tout; car s'il en était ainsi, caro rimerait avec cavaliero, et cependant ils ne riment pas. Enfin, penserait-on que ces mots riment ensemble, parce qu'outre la dernière syllabe, ils ont la pénultième voyelle semblable? Ce n'est pas encore par cette raison; car si cela suffisait, caro rimerait avec barbaro, ce qui est impossible. Ce qui produit cette correspondance de rime n'est autre chose que l'accent tonique, qui se trouve dans les deux mots, sur la pénultième voyelle, qui a, par conséquent, le même son; donc, pour que deux mots riment ensemble, il faut que la voyelle sur laquelle se trouve l'accent tonique, et toutes les lettres après, celle-ci, soient exactement les mêmes, quant à la forme et à la quantité.

Ceci devrait suffire pour imposer silence à certaines personnes qui n'ayant pas reçu de la nature une oreille assez sensible, et ne pouvant pas soumettre à la raison ce qui se dérobe à leurs sens, croient suppléer à ce défaut par le faible secours de leurs yeux; à certaines personnes, dis-je, qui voient dans notre langue une rime perpétuelle, à cause, disent-elles, de la désinence des mots en a, en i, en o, etc., je devrais me borner à leur répondre par un sentiment intérieur de compassion; mais comme il arrive souvent qu'un jugement, quoique faux, prononcé avec un certain air d'intrépidité, engendre des préjugés dans ceux qui ne connaissent pas bien les choses, il faut détruire ici une opinion qui outrage à la fois la vérité et la raison.

On a déja vu que, par les règles du retranchement, on peut changer la forme d'un nombre infini de mots, et la changer de manière que leur son change aussi tout-àfait. C'est pour cela, qu'entre les mots amor et amore, son et sono, cantan et cantano, il n'y a aucune ressemblance

de son. On sait que par les règles des liaisons, on peut former un seul mot de deux, de trois et même de quatre: ferillo, pour lo ferì; vidilo et vidil, pour lo vidi, mangiaselo, pour , pour selo mangia; portandosenela, mot composé de quatre, etc. On doit savoir enfin que le même mot peut se présenter sous deux ou trois et même quatre aspects différens de composition et de son, comme tieni, tien, te'; amarono, amaron, amaro amar, et ainsi d'une infinité d'autres. Ne peut-on pas trouver dans ces différens changemens, un moyen d'éviter le désagrément d'une monotomie fatigante? Ne doit-on pas croire que nos poètes, naturellement ennemis de la monotonie, aient profité de ces avantages? Mais quel que soit l'usage de ces licences et leur utilité, je puis cependant assurer que les poètes italiens pourraient bien s'en passer, voulaient, sans s'exposer à tomber dans le vice qu'on ose reprocher à leur langue mélodieuse; car ce n'est pas la lettre, elle seule, qui produit tel ou tel son; ce sont de petites circonstances qui dépendent de celles qui la précèdent et la suivent, comme dans toutes les autres langues; mais surtout de l'accent tonique, qui, pouvant avoir lieu dans la dernière syllabe, dans la pénultième, dans l'antepénultième, etc., il s'ensuit que plusieurs mots peuvent avoir les mêmes désinences, et n'avoir entre eux aucune correspondance de rime, tels sont les suivans: pòrtano, invàno, àmano, dìcano, fùmano, mòrmorano, davano, dicevano, càntano, stùdiano, sàltano, vòltano, tòlgano, scintillano, palpitano, lèggano, fischiano, strisciano, fulminano, etc., etc. Ces mots sont tous terminés de la même manière, et cependant ils ne riment point ensemble, par les raisons exposées plus haut. La rime n'existe pas plus entre les mots àlito et dito, dilètto et afflitto, gusto et gustò, mòrmora et colòra, cènere et tenère, spirito et ferito, etc., etc.

Or, s'il est vrai que la réalité l'emporte sur l'apparence,

il reste démontré aussi que la monotonie supposée du vers italien, n'est qu'un préjugé injurieux, mais facile à détruire aux yeux du goût et de la raison.

De la place que l'accent tonique occupe dans les mots.

L'accent tonique n'a point de place fixe dans les mots, il peut se trouver sur la dernière ou sur la pénultième, on sur l'antépénultième syllabe, et même sur celle qui la précède.

Tous les mots d'une seule syllabe ont naturellement l'accent tonique, excepté les pronoms mi, ti, ci, vi, si, lo, gli, la, le, li, ne; les articles il, i, lo, gli, la le, et les monosyllabes qui, dans le discours, sont pour ainsi dire incorporés à un autre mot, comme la négation non, et la conjonction e, et semblables.

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Quant aux mots de deux syllabes, si la dernière voyelle est accentuée, c'est sur elle que se trouve l'accent tonique, comme dans cantò, morì, etc.; mais si la dernière syllabe n'est pas accentuée, c'est sur la précédente que l'accent tonique est placé, comme dans màno, mònte, vènto, etc.

Ce qui est vraiment difficile à faire connaître aux étrangers, c'est la place de cet accent, dans les mots composés de plus de deux syllabes. Cependant comme cette connaissance est absolument nécessaire, non seulement pour composer des vers, et pour se rendre raison de l'harmonie de ceux qu'on lit; mais pour bien prononcer et surtout bien chanter; je m'étendrai sur ce point au-delà des bornes que je m'étais prescrites. Je recommande aux étudians de ne négliger aucune des règles que je vais donner à ce sujet.

Règ. Ire. Tous les mots terminés par a, e, i, o, u, dont on a retranché à la fin une voyelle ou une syllabe ont l'accent tonique sur la dernière voyelle; tels sont, carità, pour caritade; servitù, pour servitude; consentì,

pour consentio; spasimò, pour spasimoe; discredè de ce nombre sont aussi les mots discredeo, etc.; pour dont on a supprimé à la fin une voyelle par la règle du Letranchement, comme amòr, pour amòre; fedėl, pour fedèle; fatàl, pour fatàle, etc.

Règ. 2o.- Dans les noms terminés en io, si les deux dernières voyelles forment une diphthongue, comme dans les mots impaccio, impiccio, tempio, coraggio, dispregio, etc., l'io final est toujours d'une seule syllabe, et l'accent se trouve sur l'antépénultième ; mais si les voyelles io ne forment pas la diphthongue, ce que l'on connaît par un accent qui est placé sur l'i, ou par une plus forte percussion de la voix sur cette voyelle, comme dans les mots natio, mormorio, etc., etc., en ce cas, l'io final forme deux syllabes; et c'est sur l'i pénultième voyelle que l'accent est placé.

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Règ. 3o. Les noms terminés par ea, comme Andrèa, assemblèa, etc., ont l'accent tonique sur la pénultième voyelle; mais les adjectifs terminés en ea, ont l'accent sur la pénultième syllabe, comme, ferrea, terrea, marmorea, etc. On excepte ceux dérivés des noms propres de pays, qui ont tous l'accent tonique sur la pénultième voyelle; tels sont, Europèa, Morèa, Giudèa, etc.

Je préviens, une fois pour toutes, que le pluriel est toujours assujetti aux mêmes règles que le singulier: on dira donc, assemblée, fèrree, Europée, etc.

Règ. 4. Dans les mots terminés par ia, c'est sur l'i que se trouve l'accent tonique, comme leggiadrìa, bugìa, cortesia; exceptés quelques noms propres, comme Lappònia, Svèvia, Sèrvia, qui ont l'accent sur la voyelle précédente. Il faut aussi excepter certains noms dérivés du latin, dans lesquels l'i pénultième voyelle, est bref, et où, par conséquent, l'accent tonique ne peut être placé que sur la syllabe précédente, comme dans feròcia, reliquia, vittòria, stòria, glòria, memòria, etc.

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