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On admire avec raison les avantages que l'usage des pronoms personnels offre dans l'italien à l'écrivain habile, soit pour exprimer avec exactitude certaines nuances de la pensée, que l'on ne peut faire sentir dans les autres langues, soit pour donner à l'expression le charme de l'harmonie la plus analogue au sentiment. C'est ce que je vais essayer de faire sentir à mes lecteurs.

Les Français disent toujours je le vis. Quand un Italien veut énoncer cette idée, son esprit examine d'abord ( et ce jugement se fait avec une rapidité impossible à évaluer ), s'il doit accompagner son expression d'une certaine gravité, si la grace lui convient davantage, si la rapidité lui est nécessaire, et jusqu'à quel point. Dans le premier cas, il dira lo vidi, expression qui a toute la gravité possible; premièrement, parce que le mot lo est tel qu'il faut pour cela; secondement, parce qué de la combinaison de ces deux mots, il resulte un pied amphibraque (v-v) dont le son caractéristique est grave. Dans le second cas, il substituera au pronom lo, le pronom il: il vidi; la quantité sera la même, mais l'expression sera plus gracieuse, à cause de la mollesse naturelle à ce mot; enfin, s'il veut que l'expression soit rapide, il l'énoncera par un dactyle (vv) vidilo; et s'il veut s'énoncer encore avec plus de vitesse, il retranchera dans cette expression l'o final, et il lui restera un trochée (-v) vidil, qui est encore plus rapide que le dactyle.

On dit en français, je me rends à vous; mais en italien, il faut que l'écrivain choisisse dans les expressions suivantes, celle qui est le plus analogue au sentiment dont il est affecté.

Rendo me a voi.

A voi rendo me.

Mi rendo a voi.
Rendomi a voi.

A voi mi rendo.
Vi rendo me.
Rendomivi.

Voyons maintenant en quelle circonstance on doit employer plutôt l'une que l'autre de ces différentes formes."

Rendo me a voi. Cette expression est composée de cinq syllabes, dont trois sont longues et deux brèves. De la manière dont elles sont distribuées, il résulte un son grave et soutenu. Tel est en effet le caractère du premier pied (-v-), qu'on appelle amphimacre. Quant au sens de la phrase, elle exprime parfaitement que celui qui parle veut faire sentir à celui à qui il adresse la parole, 1o. le prix qu'il attache à sa propre personne ; 2o. l'exclusion absolue de tout autre individu à qui il pourrait se rendre. Il exprimera encore son idée avec plus de force, s'il dit: a voi rendo me. Mais s'il faisait usage de l'expression mirendo a voi, 1o. l'harmonie n'aurait plus la même gravité, à cause du premier pied (v-v), appelé amphibraque, qui lui

même a moins de dignité que l'amphimacre; 2o. celui qui parle ferait entendre qu'il ne s'occupe presque point de lui-même, mais qu'il porte tout son sentiment vers la personnne à qui il parle. S'il voulait rendre son expression plus rapide, ce qui peut souvent être nécessaire, alors il changera le premier pied en un dactyle (-vv), en disant, rendomi a voi. L'idée est la même que celle de la phrase précédente; mais celle-ci marche avec plus de rapidité. S'il veut exprimer la même idée avec plus de sentiment pour la personne à qui il parle, il dira: a voi mi rendo. En disant vi rendo me, l'intérêt principal se dirige sur l'objet de l'action. Enfin si la personne qui exprime son sentiment se trouve dans une situation qui lui donne à peine le temps d'énoncer son idée, et de ne s'occuper pas plus de lui que de la personne à qui il parle, il dira: rendomivi, expression composée d'un seul pied (-vvv), appelépéon premier, dont la marche est très-rapide.

Voici les différences de rythme qui résultent de ces différentes formes.

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Ce faible essai doit donner une idée de la richesse prodigieuse de la langue italienne, et de la place qu'elle doit occuper parmi les autres langues vivantes.

On examinera les exemples suivans, et surtout les remarques relatives à chacun d'eux.

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point les autres.

Poi cominciò nel beato Virgile dit, me rilega, 1o.

concilio

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Ti ponga in pace la verace

corte, Che me rilega nell' eterno esilio.

(Dante, Purg. 21.)

Tu mi fai rimembrar dove,
e qual' era
Proserpina nel tempo che
perdette

La madre lei, ed ella pri-
mavera. (Id. 28.)

parce que parmi tous ces esprits-là il est le seul relégué dans l'exil éternel ; 2. parce que s'il avait dit mi, il aurait passé trop légèrement sur une idée aussi affligeante que celle 'd'être relégué dans l'exil éternel.

Lei, parce que cet objet est

suivi immédiatement par un autre objet; ed ella (perdette) primavera.

A

Così la madre al figlio par A me et non mi, parce qu'il

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y a deux rapports d'attribution, la madre pare al figlio;... ella parve a me. A chiamar voi... Pétrarque ne pouvait pas dire vi, au lieu de voi, 1o. parce qu'il y a deux objets, e 'l nome, etc.; 2°. parce que s'il avait dit autrement, il n'aurait pas exprimé que Laure est la seule femme qu'il aime, 'qu'il appelle. Pétrarque a dit: parlo a te, et non ti parlo, par la raison qu'il donne lui-même, que la personne à laquelle il parle, est la seule qui puisse effectuer ce qu'il désire. C'est donc la raison et le sentiment qui lui ont fait employer cette forme, comme la seule analogue à sa pensée.

Parra forse ad alcun che'n Facendo lei, et non fa

lodar quella

Ch'i adoro in terra, er

rante sia 'l mio stile, Facendo lei sovr' ogni al

tra gentile, Santa, saggia, leggiadra, onesta, e bella; A me par il contrario. ( Id. S. 209.

cendola; car, par cette seule différence, le poète nous fait entendre que Laure est la seule personne qu'il élève au-dessus de toutes les autres. Il a dit a me, en opposition de parrà forse ad alcuno. Voilà donc la grammaire toujours d'accord avec le sentiment.

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