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L'òra del tempo, e la dòlce stagiòne.

Nel tempo oimè! (con sospiri il rammento)

Ch' amòr mostròmmi il leggiadro sembiante.
Doppia dolcezza in un vòlto delìbo.

Dans le premier de ces deux vers, on a trois mesures égales, composées d'une syllabe accentuée, et de deux sans accent, selon la règle troisième; dans le troisième, la première mesure n'ayant qu'une syllabe accentuée et une sans accent, d'aprês la règle huitième, il faut que l'on puisse y faire une pause.

Mais d'où nait ce charme divin qui pénètre dans l'ame, l'émeut, et y porte le sentiment des passions? Cela vient de la marche toujours égale des sons produits par l'uniformité des mesures; ce qui suppose, dans le poète, une agitation douce et uniforme, effet très-commun de la passion.

4°. En plaçant le premier accent sur la première ou sur la seconde, ou sur la troisième syllabe; le second 7 sur la sixième ; le troisième, sur la septième ; le quatrième, sur la dixième, on obtient une harmonie vive, décidée, et en même tems soutenue, telle que celle des

vers suivans:

Mentre con la maggior stizza del mondo.

Le donne, i cavalièr, l'arme, gli amòri.
D'amoroso disio l'animo caldo.

Ces vers ont quatre mesures. La première dans le premier, est composée d'une syllabe accentuée, et de quatre sans accent, selon la règle troisième ; dans le second, d'une syllabe accentuée, et de trois sans accent, d'après la règle dixième, conformément à laquelle il faut y faire une pause, à moins qu'il n'y ait l'élision, comme dans le vers cité; dans le troisième, d'une syllabe accentuée, et de deux sans accent, selon la règle troisième. La seconde mesure est composée

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dans tous les trois, d'une syllabe accentuée, et d'une pause égale à deux sans accent; la troisième, d'une syllabe accentuée, et de deux sans accent, d'après la règle troisième.

Ce qui produit cette harmonie vive, et en même tems soutenue, n'est autre chose que le contraste qui se trouve entre la marche très-rapide avec laquelle le vers commence, et le ton imposant que lui donnent les deux accens consécutifs, avec le double repos qui les sépare.

Il est impossible de bien lire ces vers, sans faire sentir le double repos qui existe entre le second et le troisième accent.

Je laisse aux savans à déduire de ces vérités évidentes, les conséquences que l'on doit en tirer en faveur de la poésie italienne. Mais cès beautés n'ont peut-être jamais été sensibles pour les étrangers, et le sont bien peu pour les Italiens mêmes.

5o. Si dans ces dernières combinaisons, on place le troisième accent sur la huitième syllabe, au lieu de le placer sur la septième, l'harmonie changera tout-à fait; la seconde et la troisième mesures seront composées, dans les trois combinaisons, d'une syllabe accentuée, et d'une sans accent, selon la règle huitième d'après laquelle il faut qu'il y ait une pause; tels sont les vers suivans:

Quando ritornerà la dolce amica.

Di sdegno e di furòr fremèndo assale.
Disperato dolòr che 'l còr mi prème.

L'harmonie qui résulte de ce petit changement a moins de force que la précédente; mais elle a plus de douceur, par la raison que les deux tons aigus, qui se suivaient immédiatement, étant séparés par une syllabe sans accent, l'effet qu'ils produisent ne peut pas

être le même que s'ils frappaient l'organe sans interruption, et presque en même tems.

Enfin lorsque les vers de onze syllabes ont cinq acvoici de quelle manière on doit les placer :

cens,

1o. On peut placer le premier sur la première ou sur la seconde syllabe indifféremment; le second doit être sur la quatrième; le troisième, sur la sixième ; le quatrième, sur la huitième ; le cinquième, sur la dixième, comme :

Quasi obbliando d'ire a farsi bèlle.

Levòmmi il mio pensièr in parte ov' èra.

Ces vers ont cinq mesures; la première, dans le premier, est composée d'une syllabe accentuée, et de deux sans accent, selon la règle troisième ; et chacun des trois suivans, d'une syllabe accentuée, d'une sans accent, et d'une pause égale à celle-ci, d'après la règle huitième. Les mesures du second vers sont toutes composées selon cette même règle.

Il est facile de comprendre que l'harmonie de ces vers doit être extrêmemeut lente et passionnée, à cause du si grand nombre d'accens et de pauses qui entrent dans leurs combinaisons, ainsi que par les élisions nombreuses qui s'y trouvent, plus que dans les autres, pour en obtenir un effet plus sensible.

2o. On peut placer le quatrième accent sur la septième, au lieu de la huitième, toutes les fois qu'il est possible de partager le vers en deux, dont le premier soit de six et le second de cinq syllabes, on a toujours des vers de cinq mesures, dont la troisième est composée d'une syllabe accentuée, et d'une pause égale à deux sans accent. Il faut que cette pause soit bien marquée dans la prononciation.

Amòr ch' al còr gentil ràtto s'apprende.

Dans ces vers, la combinaison des accens produit une harmonie aussi lente et aussi douce que dans les précédens; mais ici elle montre plus de vigueur.

Il reste démontré, sans doute, par tout ce que nous venons d'exposer jusqu'ici, que les Italiens ont cherché dans leurs vers, non seulement la sublimité des pensées, la grâce des expressions, la noblesse du langage, etc., etc., mais le charme de l'harmonie poétique, qu'ils ont porté au point que le cœur ne peut rien sentir, l'esprit rien concevoir, qu'ils ne l'expriment autant par un langage particulier à la poésie, que par une harmonie aussi variée que les sentimens mêmes, dont l'ame peut se trouver affectée. Heureux celui qui, en lisant nos poètes, peut sentir une partie de ce qu'éprouvent, à cette lecture, les vrais Italiens! Mais que l'on ne croie pas d'y parvenir, sans une étude bien dirigée, et proportionnée à la grandeur des choses qu'il faut apprendre!

Si Vossius avait pu sentir cette force et cette différence de rhythme, qui indépendamment des mots affecte nos ames, et y porte le sentiment des passions; s'il avait senti que, dans notre langue, les syllabes ont une quantité, tellement prononcée, qu'on peut y composer les hexamètres et les pentamètres des Latins,

par

les mêmes combinaisons des longues et des brèves ; s'il avait senti enfin que la rime n'est point défavorable au chant, il n'eût jamais dit dans son livre : De poematum cantu et viribus rhythmi, que le rhytme des langues modernes ne représente aucune image des choses, et ne peut produire aucun effet ; que ces langues ne sont pas propres pour la musique, et que nous ne pouvons avoir de bonne musique vocale, qu'en faisant des vers favorables pour le chant, en leur donnant la quantité et les pieds mesurés, et en proscrivant l'invention barbare de la rime.

Méthode à suivre dans l'étude de la versification italienne.

Un tout résulte de l'harmonie et de la réunion des parties qui le composent. Il faut donc savoir d'abord construire chaque partie séparément, avant de former cet assemblage, dont la beauté dépend de la régularité des parties. Ce principe, que la théorie prescrit à tous les arts, doit être rigoureusement mis en pratique dans la construction des vers italiens.

On commencera par faire composer aux étudians, de simples mesures, selon toutes les différentes règles que nous avons données; ensuite, on leur fera joindre ensemble d'abord deux, puis trois, quatre et cinq mesures la première, selon telle et telle règle; la seconde, selon telle autre, et ainsi de suite. Enfin, lorsqu'ils seront en état de bien faire cet exercice, on leur fera composer progressivement des vers, depuis ceux de cinq jusqu'à ceux de onze syllabes. Mais que l'on fasse bien attention que l'harmonie soit toujours analogue à l'objet; car si l'on exprimait la rapidité de la foudre par un vers endécasyllabe de cinq mesures, il est évident que son harmonie très-lente produirait un effet contraire à celui que l'on attend.

Après que l'élève aura bien appris les règles du rapport des accens toniques; pour lui rendre le mécanisme de ces mêmes règles plus familier, et pour accoutumer, en même tems, son oreille à l'harmonie qui en résulte, je crois qu'un des moyens les plus expéditifs, est de prendre un certain nombre de vers bien faits, d'en détruire l'harmonie, en déplaçant les accens et les mots, et de l'obliger lui-même à rétablir cette succession régulière de mesures d'où naît le vers. Prenons, par exemple, le vers de Pétrarque :

Non era l'andar suo cosa mortale.

où le poète, par une harmonie grave et soutenue,

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