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L'alta virtù che già m'avea trafitto,
Prima ch' io fuor di puerizia fosse.
Volsimi a la sinistra col rispilto,

Con quale il fantolin corre alla mamma,
Quando ha paura o quando egli è afflitto,
Per dicere a Virgilio: men che dramma
ᎠᎥ sangue m'è rimasa che non tremi;
Conosco i segui dell' antica fiamma.
Ma Virgilio n' avea lasciati scemi

Di se, Virgilio dolcissimo padre,
Virgilio a cui per mia salute diemi.
Ne quantunque perdèo l'antica madre
Valse a le guance nette di rugiada,
Che lagrimando non tornasser adre.

De la puissance du Rhythme.

L'effet que le poète se propose de produire par ses tableaux, ne dépend pas moins des expressions et des couleurs qu'il emploie, que de la puissance du rhythme poétique. Il y a, dans les mots de chaque langue, une cadence naturelle qui naît du rapport des tons graves et aigus et de la quantité, et dont la mélodie est plus ou moins agréable, selon la sensibilité plus ou moins exquise des organes de ceux qui la parlent, et, selon la flexibilité plus ou moins grande de cette même langue.

On ne peut refuser aux Italiens cette sensibilité d'organes et une extrême. justesse d'oreille; c'est la source première de leur passion pour la musique; d'un autre côté, leur langue est si souple, si docile et si sonore, que l'on en peut tirer toute sorte de sons et d'harmonie.

Pour sentir jusqu'à quel point ils ont su tirer parti du

rhythme, il suffira de citer quelques vers pris au hasard dans la Divine Comédie, et d'en faire l'analyse. Cet exercice aura encore un autre avantage, celui de persuader les personnes qui n'ont fait qu'une lecture superficielle de cet ouvrage, que les Italiens qui trouvent dans ce poète plus de génie, plus de savoir et plus de beautés dans les autres, ne sont ni fanatiques ni aveugles. Si je n'ai pas le bonheur de détruire ce préjugé, j'aurai du moins la satisfaction d'avoir rendu une justice méritée au plus grand de tous les poètes italiens.

que

On admire avec raison le son rapide et frappant du vers suivant, où il peint la descente précipitée de la foudre, et en même tems le fracas du tonnerre.

Se subito la nuvola scoscende.

La légèreté et la rapidité des deux dactyles subito, nuvola, expriment divinement le vol rapide de la foudre : la force, la dureté et le son du mot scoscende, fait sentir le fracas du tonnerre.

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Venga in terra dal ciel con maggior fretta.

Voici comment il exprime par la force du rhythme, la respiration oppressée d'un malheureux échappé à la fureur de la tempête, après avoir long-tems lutté contre

les flots.

E come quei che con lena affannata...

L'harmonie de ce vers est tellement caractérisée, qu'il est impossible que l'idée qu'il exprime échappe à l'organe le moins exercé.

Voici un vers du neuvième chant du Purgatoire, d'une beauté surprenante, et dont le mérite cependant ne sera pas apprécié, si l'on ne consulte autre chose que les mots qui le composent, et le sens qu'il présente.

Ma pria tre volte nel petto mi diedi.

Dans ce vers, le poète non seulement veut nous faire savoir qu'il se frappa trois fois la poitrine; mais, ce qui` est bien étonnant, il veut nous faire sentir par l'harmonie, les trois tems égaux des coups dont il se frappe. En effet, les trois mesures égales de ton et de tems: tre vòlte, nel pètto, mi dièdi, expriment parfaitement, par la nature et l'égalité de leur son, non seulement les trois mouvemens égaux, mais aussi le moment précis où la main frappe la poitrine.

Que l'on examine les vers suivans, dont rien n'égale l'élégante simplicité.

Come la fronda che flette la cima

Nel transito del vento, e poi si leva

Per la propria virtù che la sublima.

On y voit sensiblement cette branche fléchir promptement sa cime au passage du vent, et se relever aussitôt par l'effet de sa propre vertu ; mais ce qui doit bien étonner, c'est que cette harmonie sautillante est rendue telle par la combinaison de quatre mesures égales, dont le premier vers est composé; harmonie qui prépare et annonce par elle seule l'idée toute entière ; le rhythme du mot flette qui marque à la fois la flexibilité et la résistance que la branche oppose à l'action du vent, l'impulsion momentanée du même vent parfaitement exprimée par le dactyle transito; et enfin l'harmonie imposante du troisième vers.

Sur la fin du troisième chant du Paradis, lorsque le poète parle du moment où la bienheureuse Piccarda, après avoir éclairci ses doutes, se dérobe à ses yeux,

il dit

Cosi parlommi, e poi cominciò ave

Maria, cantando e cantando vanio,

Come

per acqua cupa cosa grave.

Par l'accent qui se trouve sur l'i pénultième voyelle

du mot vanio, il exprime d'une manière très-sensible l'éloignement progressif de cette ame bienheureuse qu'il suit toujours des yeux; mais le troisième vers est encore plus admirable. Le nombre des accens et la manière dont ils sont distribués, nous mettent sensiblement sous les yeux la marche de ce corps grave qui descend vers le fond de l'eau et la résistance que cet élément lui oppose.

Dans le quinzième chant où, par des couleurs. vraiment célestes, Cacciaguida fait le portrait de ces tems trop changés, où les femmes de Florence trou vaient le bonheur dans le sein de leur famille, et dans les travaux domestiques qui les y fixaient, il s'exprime ainsi :

L'altra traendo a la rocca la chioma

Favoleggiava con la sua famiglia

De' Troiani, di Fiesole, e di Roma.

Chaque partie est admirable dans ces vers, tout est vrai, naturel et séduisant ; mais ce qui surprend davantage c'est le rhythme du premier vers. Ce vers est composé de quatre mesures; et ces mesures sont toutes de la même forme, savoir, d'une syllabe accentuée et de deux sans accent; d'où il résulte quatre pas ou quatre mouvemens parfaitement égaux; en outre, il n'y a point de repos dans aucune mesure, ce qui produit un mouvement interrompu jusqu'à la fin. N'estce pas nous faire voir cette femme tirer la chevelure de sa quenouille trois ou quatre fois ? N'est-ce pas nous faire entendre des coups et le moment précis où la main agit?

Plus j'étudie le Dante, plus j'y découvre des beautés qui m'étaient d'abord échappées; et persuadé que la même chose arrive à tous ceux qui l'étudient de même, je pense que chacun peut dire de lui :

Io non lo vidi tante volte ancora,

Ch'io non scorgessi in lui nuova bellezza.

De la force des lettres et des syllabes dans les descriptions poétiques.

Les lettres et les syllabes diffèrent les unes des autres, autant par leur forme et leur combinaison, que par la qualité et la force de leur son qui dépend des cordes vocales et de leur plus ou moins de tension. De là cette différence de tons, dans le chant et dans les expressions de la douleur, de la crainte, de la crainte, de la joie, et de toutes les affections de l'ame.

On a donné aux lettres et aux syllabes des noms analogues à l'effet que produit, sur l'organe de l'ouïe, l'action de l'air mis en mouvement, dans l'émission de la voix. Les unes sont appelées sonores; les autres sifflantes; celles-ci, douces; celles-là, fortes; et ainsi de suite.

Le poète doit choisir avec soin les mots dont les élémens offrent un son toujours analogue à la chose qu'il veut peindre. Le Dante, toujours fidèle à ce principe, nous en donne un exemple sensible dans le passage

suivant :

Vassi in Sanleo, e discendesi in Noli,

Montasi su Bismantova in cacume

Con esso i pie'; ma qui convien ch' uom voli.

Dico con l'ale snelle e con le piume

Del gran disio, diretro a quel condotto
Che speranza mi dava e facea lume.
Noi salivam per entro 'l sasso rotto,

E d'ogni parte ne stringea lo stremo,

E piedi e man voleva il suol di sotto.

En examinant chaque mot, on trouvera, depuis le premier jusqu'au dernier, que toutes les idées y sont

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