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Cette espèce de poésie peut traiter de toutes sortes de sujets. On en compose surtout les élégies, et les chapitres (capitoli), qui sont un tissu de tercets dont le nombre peut s'étendre depuis dix jusqu'à cinquante, et même au-delà. Le style du chapitre doit avoir le caractère et le ton du sujet qu'il traite.

Quant aux pièces de poésies appelées quadernario, quatrain; sestina, sixain; ottava, octave, du nombre des vers qui entre dans la composition de chaque strophe, il suffit d'en voir les modèles sans nombre dans les poètes qui ont traité les sujets analogues à ces sortes de poésies, et surtout dans l'Arioste et dans le Tasse.

Des Vers blancs (Versi sciolti. )

On appelle ainsi les vers qui ne sont liés ensemble par aucune correspondance de rime. On croit communément que ces sortes de vers ont été inventés par Trissino, quoique plusieurs écrivains en attribuent l'honneur à Jacopo Nardi, d'autres à Rucellai, d'autres enfin à Sannazaro. Aussitôt que cette espèce de poésie parut en Italie, elle y rencontra autant de partisans que d'ennemis. Le plus redoutable de ceux-ci, décria cette sorte de versification, jusqu'à prétendre que le vers italien étant dépouillé de la rime, il perd toute sa grâce et toute sa dignité. On aurait été entraîné par l'autorité d'un si grand écrivain, si le génie d'Alamanni, et de l'immortel Parini et de tant d'autres, n'eût fait voir par le fait, que cette opinion était erronnée. La composition du vers blanc est sans doute en italien plus difficile que celle des vers rimés. Les personnes qui s'imaginent qu'il est aussi aisé de composer de ces vers que de la prose, n'ont aucune idée ni de la prose ni de la poésie italienne, et prétendent juger par les yeux, ce que le sentiment et la raison peuvent seuls

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démontrer. Quelle que soit d'un côté la difficulté de la rime, il est incontestable qu'elle ajoute à nos vers une grâce et un coloris qui les embellit et les anime. Il faut donc que le poète supplée à ce défaut du vers blanc, par une élocution très-pure, par des expressions pleines de variété, par la noblesse des sentences, par la subtilité des pensées, par un tour majestueux, admirable, surprenant. C'est ici surtout que le poète doit s'étudier à varier les mouvemens par une harmonie tantôt lente ou rapide, tantôt grave ou gracieuse, et toujours rigoureusement analogue aux idées.

Les licences poétiques y sont réduites à un très-petit nombre, tandis qu'elles se prêtent dans les autres vers à toutes les intentions du poète.

Ceux qui désirent voir combien cette espèce de vers a de dignité et de charme, pourront lire le Virgile d'A. Caro, et de Solari; le Lucrèce de Marchetti; Alamanni, Rucellai, et surtout les Quatre parties du jour, du célèbre Parini, qui a eu la gloire d'élever cette poésie à son dernier degré de perfection.

De l'Impromptu (Canto all' improvviso.)

Parmi les efforts de l'esprit humain, il faut l'avouer, celui que les Italiens appellent verseggiare improvvisamente ou improvvisare ou canto all' improvviso, doit nous étonner le plus. Quelle situation surprenante! On voit le poète au milieu du feu divin qui échauffe son ame et l'embrase, suivre strictement le sujet proposé, enchaîner les faits et les preuves analogues avec un ordre admirable; embellir le tout par le choix des mots, par la vivacité des expressions et par l'élégance de l'élocution; lui donner toute l'étendue dont il est susceptible, le montrer dans tout son jour, se soumettre scrupuleusement aux arrangemens

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sévères des rithmes, à la combinaison des mesures, les enchaîner avec une harmonie délicieuse, les adapter aux sentimens qui affectent son ame, et suivre en même tems le chant, le son la rime; retenir son ardenr, la relever à propos, la modérer et parmi tant de trouble et tant d'objets qui absorbent son imagination et agitent violemment son ame, sa raison dispose, lie et arrange toutes les parties de son poëme, d'après les règles les plus sévères de la logique et de l'art. Tel est le véritable improvisateur.

Qu'on ne s'imagine done pas que tous ceux qui ont de la facilité pour chanter des vers all'improvviso, puissent mériter le nom d'improvisateurs. Celui-là seul est digne de ce titre, dont les vers improvisés, peuvent être comparés à ceux qui sont le fruit de la méditation et de l'étude. D'après cela on ne doit pas s'étonner si, parmi le nombre infini d'improvisateurs qui inondent l'Italie, ceux qui excellent dans cet art, sont aussi rares que les grands poètes.

L'art difficile d'improviser, que Platon appelle inspiration divine, éloignement du corps, flamme émanée du ciel, qui élèvé le poète au-dessus de lui-même, flamme, ajouterai-je, que le bruit des armes, les doux accords de la musique, il sangue amabile dell' uve, l'étonnement, la surprise, la foudre du ciel, et mille autres causes, peuvent réveiller tout-à-coup dans le poète, a été d'abord admiré chez les Grecs et chez les Latins; mais il l'est encore plus chez les Italiens, à cause de cet amour naturel du beau et du merveilleux dont leur ame est si facile à s'enflammer.

Les Grecs vantent parmi leurs improvisateurs, Philoxène de Cithère, Carmus de Syracuse, Antipater de Sidon, Diogène, Bion le tragique, etc.

Les Latin's ont admiré particulièrement Archias de Tarente, qui improvisait également en grec et en la

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tin; et Quintus Rennius, et Fannius Palémon, dont

Suetone nous a conservé le souvenir.

Au tems de Léon X, Camillo Querno était excellent improvisateur en vers latins ; et sous le même Pape, et sous Adrien VI et Clément VII, Andrea Marone improvisait en vers latins avec une facilité et une élégance surprenantes.

Parmi ceux qui se sont acquis une vraie gloire, en improvisant en vers italiens, on doit surtout rappeler Mario Filelfo, mort à Mantoue, l'an 1480; Bramante, fameux architecte, né en 1450; Bernardo Accolti, d'Arezzo, dont l'Arioste fait une mention honorable dans le quarante-sixième chant de son grand poëme ; Cristofano, Florentin; Panfilo Sasso, de Modène; Giovanni Gelmi, qui vivait en 1480; Silvio Antoniano, né l'an 1540, dans l'Abruzze, qui, à l'âge de onze ans, composait déjà des vers italiens d'une beauté admirable; Bernardino Prefetti, de Sienne, couronné au capitole par ordre du pape Benoît XIII; Paolo Rolli, Marc' Antonio Zucco, Domenico Luchi; et de nos jours l'Italie a admiré les chants improvisés de la Bandettini, et ceux de G. Mollo, de' duchi di Lusciano, napolitain...

Mais parmi tous les improvisateurs italiens, celui qui, d'après l'avis constant et unanime des savans de l'Italie a surpassé, en cet art divin, tous ceux qui l'ont précédé, et ôté peut-être à ceux à venir l'espérance de l'égaler, c'est le poète Gianni, Romain, qui improvise sur des sujets donnés avec tant d'élégance, de facilité, de sublimité et de pureté de langage, tant de mouvement et de force dans les pensées, qu'il se montre toujours

Quasi torrente ch' alta vena preme.

On ne

doit pas s'étonner si des savans même sont

tentés de croire que les poésies de Gianni ne sont pas improvisées, mais bien travaillées et soignées avec étude et avec art, si, lorsqu'il chante ses sublimes poésies, l'on ne voyait ses yeux étincelans de ce feu divin qui l'enflamme, et bientôt une transfiguration totale de toute sa personne, on aurait raison de soupçonner, malgré les preuves contraires qu'il a données, en se soumettant même à la gêne de la rime prescrite par les assistans au moment de l'improvisation, que ce ne sont pas des chants improvisés, mais des chants qui ont donné au poète une peine proportionnée à leur mérite. Le chant improvisé par ce poëte, que je donne pour exemple, paraît au jour pour la première fois.

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